Enseigner, former, accompagner pour ceux qui veulent travailler et entreprendre autrement

Cahier de l’entrée Travailler / Entreprendre

Argumentaire

L’importance de l’économie sociale et solidaire (ESS) est aujourd’hui indéniable. Le CEGES (Conseil des Entreprises et groupement de l’économie sociale) souligne que plus de 1,8 millions de salariés œuvrent au sein de l’ESS, principalement au sein des associations (soit 7,5% des actifs occupés en France), ce qui est loin d’être anecdotique.

Parallèlement, de plus en plus de jeunes déclarent vouloir donner du sens à leur vie professionnelle et travailler dans des entreprises sociales. D’après les résultats de l’enquête AVISE/CSA publiés en février 2010, 75% des jeunes choisiraient prioritairement de postuler dans une entreprise sociale. Parmi les Français qui veulent se lancer dans la création d’entreprise, 62% se disent prêts à créer une entreprise sociale. Ce pourcentage atteint même 70% chez les femmes.

L’expertise de nouvelles générations de diplômés formés à l’Economie Sociale et Solidaire est indispensable pour favoriser la création, le développement de projets et de nouvelles entreprises ancrés dans les territoire, conciliant utilité sociale et efficacité économique.

Pourtant, il existe encore très peu de formations d’enseignement supérieur prenant en compte les spécificités de la création et du management des entreprises sociales : ressources financières hybrides, ressources humaines salariées et bénévoles, fonctionnement démocratique, gouvernance élargie, parties prenantes multiples…

Peu de formations, de recherches et de publications académiques sont consacrées à l’innovation sociale (par rapport à l’innovation technique, technologique, financière…)

Plus largement, alors que la financiarisation de notre économie est questionnée, et que de nombreux dirigeants actuels n’ont pas encore pris la mesure de la nécessité de changer le modèle économique dominant, il est important que les grandes écoles ouvrent d’autres perspectives et développent auprès de leurs étudiants une autre vision de l’économie, plus humaine et plus durable.

Comment sensibiliser d’autres acteurs

Par la diffusion de travaux de recherche, articles académiques et de connaissances pour le secteur.

Données chiffrées

Chaque année, entre 20 et 25 étudiants suivent le cursus entier de la Chaire Entrepreneuriat Social et une centaine d’étudiants suivent une partie des cours proposés par la Chaire (sur une promotion comptant 400 étudiants).

La demande est forte puisque depuis quelques années, une cinquantaine d’étudiants se portent candidats à la Chaire, pour moins de 25 places proposées.

Concernant la formation continue, une vingtaine de cadres, essentiellement des cadres de l’économie sociale, suivent la formation continue diplômante (de niveau 1).

Changement d’échelle possible

Les grandes écoles (ingénieurs, de commerce) mais aussi les universités doivent s’inspirer des initiatives existantes pour promouvoir l’entrepreneuriat social auprès de leurs étudiants, et ainsi multiplier les formations dédiées.

Facteurs de succès

Une formation spécifique à l’entrepreneuriat social adossée à une formation généraliste type grande école de commerce est essentielle car elle permet aux entrepreneurs sociaux d’avoir accès à une palette élargie de compétences pointues, et parce que très souvent les entreprises sociales reposent sur des modèles de valeurs hybrides (marchand et non marchand) et doivent parler 2 voire 3 langues (celles de l’acteur économique, social et politique).

Impacts de l’initiative

Depuis sa création en 2002, environ 150 étudiants en formation initiale ont suivi le cursus de la Chaire Entrepreneuriat Social (en 2010).

En 2010, 54% de ces étudiants avaient rejoint une entreprise sociale ou solidaire, 10% travaillaient dans le secteur public, et 36% travaillaient dans une entreprise classique.

Si l’on s’intéresse au type d’activités vers lesquels les anciens étudiants de la Chaire se sont tournés, les chiffres les plus significatifs sont les suivants :

• 16% travaillent dans des organisations d’accompagnement et de financement d’entreprises sociales

• 11% ont rejoint des associations humanitaires ou de développement

• 8% travaillent dans le secteur de l’insertion ou du médico-social

• 14% ont choisi d’autres activités d’intérêt collectif (commerce équitable, logement social, culture…)

• 7% travaillent dans l’environnement

• 6% ont préféré la banque ou l’assurance mutualiste

L’organisation

Une équipe de 20 personnes regroupant des enseignants, des chercheurs et des chargés de projets opérationnels, organisés en 4 pôles:

• Entrepreneuriat Social (création, stratégie et management) : au-delà de la formation initiale et de la formation continue, le pôle Entrepreneuriat Social développe notamment un incubateur d’entreprises sociales, Antropia, et conduit un programme de recherche sur la question de la mesure de l’impact social.

• Responsabilité Sociale des Entreprises et « Base de la Pyramide »(BOP) : ce laboratoire d’expertise et d’expérimentation a pour mission de développer des réflexions et des connaissances sur les stratégies Base of the Pyramide des entreprises.

• Egalité des Chances dans la Formation : ce pôle développe des programmes de tutorat étudiant auprès de jeunes ayant plus difficilement accès aux études supérieures : lycéens et collégiens issus de milieux modestes ou de quartiers défavorisés, jeunes porteurs d’un handicap moteur ou sensoriel.

• Philanthropie : ce pôle est une Chaire de recherche qui se donne pour objectif de contribuer au renforcement de l’impact social des acteurs philanthropiques par la production et la diffusion de connaissances sur la philanthropie en France et en Europe.

La structure, porteuse de l’initiative

L’Institut de l’Innovation et de l’Entrepreneuriat Social, au sein de l’ESSEC

www.iies.fr

Le modèle financier

Il s’agit de générer des sources de financement spécifiques au sein des établissements d’enseignement supérieur, sous forme de fonds capitalisés constitués par les entreprises privées et les pouvoirs publics (qui constituent un effet de levier pour lever des fonds privés).

Les acteurs (Qui ?)

L’ESSEC, et au sein de l’ESSEC, l’Institut de l’Innovation et de l’Entrepreneuriat Social (ESSEC IIES) qui comprend deux Chaires d’enseignement et de recherche (formation initiale et continue).

Les jeunes

Un des principes d’action de l’IIES est de mettre systématiquement les étudiants au cœur de ses activités en les associant aux actions de recherche et aux projets innovants. Par exemple, des étudiants participent régulièrement à l’accompagnement d’entrepreneurs sociaux, à l’organisation d’une compétition mondiale de business plan, à la conception de cours e-learning sur le champ de l’entrepreneuriat social…

Les partenaires

• La MACIF, la MAIF et la Caisse d’Epargne Ile de France sont les partenaires fondateurs de la Chaire Entrepreneuriat Social.

• Le Fonds Européen de Développement Régional (Feder)

Message à l’opinion

Créez des entreprises sociales ! Travaillez dans l’entrepreneuriat social ! Il existe des parcours intéressants et normalement rémunérateurs dans les entreprises sociales.

Sophie Keller, étudiante de la Chaire en 2007 : « L’Entrepreneuriat Social demande une grande exigence, on peut être professionnel, structuré, ambitieux, efficace, et mettre toutes ces qualités au service d’un projet qui a du sens, aussi bien personnellement que professionnellement »

Message aux décideurs

L’entrepreneuriat social propose des alternatives et des solutions aux enjeux sociaux, climatiques, économiques auxquels le 21ème siècle doit faire face. Former les étudiants à ces nouvelles façons d’entreprendre, c’est miser sur leur avenir.

Message à ceux qui font l’ESS

Le changement d’échelle de l’ESS passe par la formation des futurs managers d’entreprises sociales et entrepreneurs sociaux de demain.

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

L’ESSEC Business School a créé en 2002, à travers son Institut de l’Innovation et de l’Entrepreneuriat Social (ESSEC IIES), une Chaire d’enseignement sur l’entrepreneuriat social et un pôle d’expertise sur ce sujet, avec pour objectifs de :

• Former les entrepreneurs sociaux et les managers de demain, dans le cadre de programmes de formation initiale et continue

• Produire et diffuser des connaissances sur l’innovation sociale et l’entrepreneuriat social

• Créer des outils et matériaux pédagogiques pour favoriser la professionnalisation du secteur social.

Il est proposé un cursus de formation initiale et un cursus de formation continue.

La formation initiale s’adresse aux étudiants de l’ESSEC (Grande Ecole), à partir de la 2ème année. Les étudiants admis dans ce programme doivent suivre et valider des cours relatifs à l’entrepreneuriat social : « Enjeux de l’Economie Sociale », « Entrepreneuriat Social » (études de cas d’entreprises sociales), « Entreprise et Développement Durable » ; dans le cours « Créer un Business Plan Social », les étudiants sont amenés, par groupes, à élaborer et présenter le business plan d’un projet d’entreprise sociale. Enfin, le programme « Bonnes pratiques de gouvernance et de gestion associatives » permet aux étudiants de rentrer au cœur des problématiques du management associatif en réalisant un audit des pratiques d’une association volontaire.

Des rencontres professionnelles avec des acteurs de l’entrepreneuriat social sont régulièrement organisées, sous forme de journées de bénévolat, de conférences autour d’experts, des visites de terrain et un voyage d’étude à l’étranger.

Par ailleurs, l’ESSEC IIES a développé un programme de formation continue s’adressant aux professionnels de l’économie sociale et aux cadres d’entreprises souhaitant développer des compétences particulières en entrepreneuriat social.

Quelles alliances positives ?

L’ESSEC IIES monte des filières de formation de formateurs pour les écoles d’ingénieurs (non formés à la gestion et au management), en partenariat avec elles, pour qu’elles puissent former leurs propres étudiants à l’entrepreneuriat social.

Ressources, financements et moyens utilisés

Les ressources principales de la Chaire Entrepreneuriat Social, et plus largement de l’ESSEC IIES, viennent de partenaires entreprises privées, dont les partenaires fondateurs : MACIF, MAIF et Caisse d’Epargne, et du Feder (Fonds Européen de développement régional).

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

Trop peu de grandes écoles d’enseignement supérieur et d’universités forment les entrepreneurs sociaux et les managers d’entreprises sociales de demain.

Témoignages

Sophie Keller, ancienne étudiante de la Chaire (promotion 2007) :« Dans la Chaire Entrepreneuriat Social, on est amené très vite à se poser les vraies questions sur « à quoi j’aspire ? », « quelles sont mes valeurs ? », « est-ce que j’ai envie d’être en harmonie dans ce que je fais et dans l’ensemble de ma vie, aussi bien dans mon travail que dans ma vie personnelle ? ». La Chaire ES nous pousse à cela. »

Emeline Stievenart, ancienne étudiante de la Chaire (promotion 2006) : « La Chaire Entrepreneuriat Social, c’est un cursus pour des jeunes en quête de sens dans leurs études et leur futur métier »

Romain Slitine, ancien étudiant de la Chaire (promotion 2003) : « Au sein de la Chaire Entrepreneuriat Social, on se rend compte qu’on partage cette conviction personnelle et ces valeurs avec beaucoup de personnes impliquées. J’ai apprécié aussi la dynamique, c’est-à-dire de pouvoir rencontrer d’autres étudiants qui partageaient des valeurs très proches ; c’est une dimension extrêmement motivante pour la suite. »

Amandine Barthélémy, ancienne étudiante de la Chaire (promotion 2003) : « La Chaire a eu ce rôle catalyseur, de révélateur de parcours professionnels qui correspondait totalement à mes attentes. »

JM Borello, Délégué Général du Groupe SOS (2010) : « Nous avons aujourd’hui dans nos équipes 3 étudiantes de la Chaire, elles sont très engagées, et elles ont envie d’entreprendre différemment. Depuis 25 ans, nous attendons ce type d’étudiants, ce type de formation ; Dépêchez-vous de terminer vos études et de venir poser votre candidature chez nous ! »