Soutenons le développement en Bretagne d’Entreprises sociales et solidaires

Cahier de l’entrée Travailler / Entreprendre

Argumentaire

Une part croissante de la population est durablement exclue des emplois demandés par l’économie dominante (du fait de fragilités, d’insuffisances, de l’âge, etc). L’économie de l’insertion confrontée à des moyens en diminutions, à un raccourcissement de la durée des dispositifs d’aide aux contrats d’embauche et à une demande croissante de résultats chiffrés, peine à atteindre les personnes le plus en difficultés.

Elle ne réussit à insérer qu’une part limitée de ses employés en insertion (ceux qui sont les moins éloignés des emplois proposés) et cette insertion se limite le plus souvent à des tâches précaires sans valeur ajoutée qui ne peuvent déboucher sur des emplois stables.

C’est à l’inverse par des emplois stabilisés dans des entreprises adaptées qu’une solution peut être apportée à l’insertion sociale et professionnelle de tous ceux exclus des emplois offerts par l’économie dominante. Des expérimentations menées sur 9 années à TAE (Travailler et Apprendre Ensemble) comme dans certaines autres structures (ex.: EMMAÜS-Pau- Lescar) montrent que des solutions peuvent être apportées. Des instituts de recherche-action auditent ces expériences (le Laboratoire ERUDITE à l’UPEMLV) et/ou développent des études qui en enrichissent certaines thématiques (ex : le PADES).

Conditions du développement

Ces développements que nous proposons et les enrichissements que leur apportent des expérimentations analogues (EMMAÜS – Pau) méritent d’être étendus à de nouveaux espaces où se posent ces problèmes d’exclusion professionnelle et sociale :

  • de par leurs enjeux : ils ont capacité à lutter contre des risques croissants de ces exclusions et leurs conséquences graves pour les personnes et la société ;

  • de par leur illustration de valeurs propres à l’économie sociale et solidaire : ils montrent que des alternatives solidaires innovantes peuvent avec efficacité donner à l’humain priorité sur les contraintes économiques que nous oppose l’économie dominante.

Impacts de l’initiative

Nous avons, en tant que militants acteurs et chercheurs engagés, le projet de donner visibilité à ces initiatives auprès d’un public susceptible d’en soutenir le développement en Bretagne.

Nos objectifs sont de :

  • tirer de l’initiative de TAE (et de celles qui s’en rapprochent) des savoirs à mutualiser ;

  • sensibiliser des structures innovantes et les pouvoirs publics aux enjeux des expérimentations engagées et à la capacité de les essaimer ;

  • entreprendre avec les intéressés des études-action avec l’objectif d’en adapter les pratiques à leur environnement ;

  • d’associer au sein d’un collectif de recherches ces « acteurs innovants et chercheurs engagés ».

Les acteurs (Qui ?)

Fiche rédigée par Antoine Pillet, antoine.pillet@orange.fr

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

TAE : une expérience réussie d’intégration au travail des plus éloignés de l’emploi

« Travailler et Apprendre Ensemble (TAE) » est une entreprise pilote du Mouvement ATD Quart Monde qui a pour objet d’intégrer durablement des travailleurs très éloignés de l’emploi dans un collectif favorisant leur développement humain et social tout en contribuant à expérimenter de nouveaux rapports de travail et d’échanges entre l’entreprise et son environnement.

« TRAVAILLER » : TAE a pris le statut de chantier d’insertion et a ouvert en mai 2002 un atelier de remise en état et recyclage d’ordinateurs. Des ateliers de nettoyage de bureaux et de second œuvre du bâtiment ont suivi en mars et mai 2003. Ces différents ateliers qui regroupent 20 salariés proposent leurs services principalement à des clients associatifs et à des établissements publics dans le cadre de relations partenariales.

« TRAVAILLER ET APPRENDRE » : au cours de ses 9 années d’exercice, TAE a pu développer des pratiques originales montrant leur capacité d’intégrer durablement ce public au départ désocialisé. Apprendre des savoir-faire et les règles de vie en entreprise dans le cadre du travail , s’y former par échanges de savoirs avec ceux qui ont l’ancienneté des pratiques, créer des liens, c’est pour ceux qui connaissent des difficultés à s’intégrer dans la société dominante, la capacité de développer la confiance en soi, de se construire et de trouver un mieux-être.

L’apprentissage se fait en commun. Chacun peut aller d’un atelier à l’autre pour se former. Le droit à l’erreur est reconnu et chacun est appelé à aider celui qui a des difficultés dans son travail. La responsabilité est personnelle et collective : chacun partage à TAE le souci de la qualité des prestations à fournir. Une charte de partenariat, proposée aux clients, les appelle à contribuer au projet social de TAE tout en visant une satisfaction mutuelle.

Ces pratiques concernent la gouvernance de TAE autant que les modes de travail. La gouvernance met en œuvre une volonté de respect mutuel, d’équité et de responsabilité. Le respect se manifeste par l’écoute, l’égalité dans les rapports et le partage des responsabilités. Chacun est employé en CDI. Les salaires sont peu différents (écart maximum de 70%).Offre est faite à chacun de participer dans la transparence aux réunions de gestion de l’entreprise.

« TRAVAILLER ET APPRENDRE ENSEMBLE : TAE rassemble des travailleurs les uns éloignés de l’emploi et les autres des Compagnons de travail qui s’engagent à participer sur un certain nombre d’années à la vie de l’entreprise en travaillant en équipe à égalité avec les autres salariés. Il y a mixité sans différence de statuts. Les relations à TAE sont à la fois professionnelles et conviviales, faisant place aux échanges personnels comme à l’apprentissage partagé de réflexions-débats et de compétences d’autoproduction (jardinage ; cuisine ; etc.). Un temps est pris pour cela sur le temps de travail.

Cet esprit d’entreprise et ces pratiques ont évidemment leurs coûts. La gestion de TAE oblige à faire appel à une économie « plurielle » ajoutant aux revenus provenant des marchés les soutiens publics et privés à la réalisation de cet objectif social d’inclusion des exclus de l’économie dominante. Elle apporte en contrepartie à notre société ses « externalités » positives en termes de développement humain et avec lui de santé publique et de cohésion sociale de ces populations délaissées hors du monde du travail.

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

Face à l’exclusion durable de l’emploi, adaptons l’etreprise pour permettre des emplois stabilisés