Cahier de l’entrée Travailler / Entreprendre
Les acteurs de l’ESS mettent au cœur de leur activité et de leur développement la réponse aux besoins des personnes. Ils portent des valeurs fortes (gestion démocratique, non lucrativité, utilité sociale….).
A partir de ce constat et au service de ces principes, les dirigeants de l’ESS mettent en oeuvre des actions spécifiques en matière de formation, de recrutement, de gouvernance.
Ces actions sont vecteurs d’innovation sociale, en encourageant la participation des salariés, en réduisant la souffrance au travail, en construisant des parcours professionnels cohérents….
De plus, dans le secteur de l’insertion, certains clichés restent prégnants. Les publics en insertion ne seraient pas capables de participer à la vie de l’entreprise et à son avenir. Les structures d’insertion sont également souvent réduites aux recettes publiques qu’elles perçoivent alors qu’elle apportent une réelle plus-value à la société et qu’elle participe de l’équilibre sociétal et du développement local.
1) Management
Développement de la formation des cadres dirigeants
Sensibilisation des responsables RH
Importance de la recherche universitaire afin d’ :
Identifier les bonnes pratiques et les faire connaître
Modéliser les pratiques de management.
Apporter des préconisations afin d’impulser des dynamiques de changement au sein des entreprises de l’ESS
Possibilité de s’appuyer sur une chaire spécialisée ESS (une chaire universitaire)
2) Reconnaissance des salariés en insertion
Modification de la loi, donnant un statut « ordinaire » aux personnes en contrats aidés tout en garantissant un accompagnement financier des structures jouant le jeu (mise en place d’IRP, inscription au plan de formation…)
Inscrire pleinement les acteurs de l’insertion dans le champ de l’ESS au niveau des politiques régionales
Macif Nord-Pas de Calais, Flandre Ateliers, Association d’insertion SEWEP, réseau COORACE, la Ferme des Vanneaux
Plusieurs initiatives peuvent être données en exemple. Elles concernent la rémunération, la formation des cadres et des salariés, la gestion des parcours, l’environnement de travail, le temps de travail, la gestion des objectifs….
1) Macif :
• La rémunération des conseillers ne dépend pas du volume de cotisations dégagé
• A fonction égale, les salaires sont identiques entre les hommes et les femmes
• Formation mutualiste à l’embauche en plus de la formation technique (2 mois)
• Promotion interne : les cadres dirigeants sont majoritairement choisis en interne
Meilleure connaissance des métiers, de la culture mutualiste et des spécificités de la Macif
• Baisse du temps de travail (durée hebdomadaire : 31h30 aujourd’hui)
2) Flandre Ateliers
Flandre APPEL
Présentation de la structure
• Activité : centre d’appel
• Statut : entreprise adaptée
• 50 personnes en CDI à plein temps
• Création il y a 20 ans, en partenariat avec les 3 suisses (gestion des commandes et des appels entrants)
• 100% des opérateurs sont des travailleurs handicapés
• Gestion de 1 500 000 appels / an
• Des marchés porteurs
Une gouvernance spécifique
• Création d’un centre de formation dés le départ afin de former des publics peu qualifiés, recherche de montée en compétences des salariés
• Absence de turn over
• Valorisation du résultat collectif généré par l’ensemble des salariés
• Importance de l’accompagnement individuel afin de permettre à chacun de progresser à son rythme
• Une autre approche de l’évaluation : les 3 suisses proposent un questionnaire de recrutement (embauche à 7 sur 10), Flandres Appel, à partir du même questionnaire, recrute à 4 sur 10. L’accompagnement et le suivi proposé permettent ensuite aux salariés embauchés de monter en compétences. Grâce aux compétences acquises, certains salariés sont même parfois débauchés par d’autres centres d’appel ensuite.
Insertel :
Présentation de la structure
• Activité : centre d’appel
• Statut : entreprise d’insertion (les salariés embauchés sont majoritairement des travailleurs handicapés)
• Objectif : insérer des salariés au sein de centres d’appel (80% de sorties positives)
• Gestion d’appels sortants (clients orange, relance des donateurs de l’Etablissement Français du Sang)
Une gouvernance spécifique
• Priorité donnée à la formation et à la montée en compétences
• Espace de travail pensé comme un lieu de vie (espaces collectifs, temps d’échange, organisation sous forme de plateau téléphonique)
Recode (statut associatif)
• Actions :
Favoriser les transitions professionnelles (notamment entre le secteur industriel et le secteur des services)
Gestion d’un centre d’appel
Système de tutorat
3) Association d’insertion SEWEP (réseau COORACE)
Participation des salariés en insertion à la vie de l’entreprise
Mise en place de réunions de salariés (permanents et en parcours professionnalisant) annuelles et obligatoires (les 2 heures de présence sont rémunérées).
Celles-ci sont programmées sur le 2ème semestre de l’année et sont délocalisées dans 5 communes différentes (afin qu’elles se déroulent au plus près du domicile des salariés).
Objectifs :
Echanges des pratiques entre salariés
Prises de paroles dans le cadre de la P.S.V.E. (Participation des Salariés à la Vie de l’Entreprise)
Echanges sur les problèmes et/ou interrogations liés au contrat de travail, à la relation avec les clients/utilisateurs, à l’association et à son environnement
But de ces rencontres :
Echanger avec les permanents et les administrateurs
Faire remonter au Conseil d’Administration les points abordés (en vue d’éventuellement ajustements)
Sensibiliser les salariés en parcours au monde de l’insertion afin que l’un d’entres eux se désigne au poste d’administrateur (1 place au Conseil d’Administration est réservée annuellement, avec voix consultative)
4) La ferme des vanneaux
« Nous sommes des gens ordinaires »
Objectif :
Etre reconnu et faire reconnaître les salariés de la ferme des vanneaux comme des salariés comme les autres
Permettre aux salariés en contrats aidés d’accéder au même statut, aux mêmes prérogatives qu’un salarié ordinaire :
Actions mis en oeuvre :
Les salariés en insertion ont des élus dans les instances représentatives du personnel (collège spécifique CE, DP, CHSCT).
Les salariés en insertion bénéficient des œuvres sociales
Les salariés en insertion bénéficient de l’accès au plan de formation associatif, aux congés conventionnels…
Malgré une non sélection à l’embauche (accueil des publics les plus éloignés de l’emploi), les outils que nous mobilisons permettent d’obtenir des résultats de sorties à l’emploi honorables : 20%
Besoin de partenariats financiers : les décisions prises ont un coût non négligeable et doivent être prises en compte pour ne pas devenir invalidantes pour l’employeur (subventions, recherches d’autofinancement…)
Porter les valeurs de l’ESS suppose de faire des choix forts en terme de gouvernance.