Cahier de l’entrée Travailler / Entreprendre
Les structures de l’ESS et notamment de l’IAE s’indignent sur des constats communs.
Notre vocation commune et partagée est de placer l’humain au centre de nos actions et de permettre à des personnes en difficulté sociale de retrouver une place « utile » ou « identitaire » voire un emploi et surtout pour l’ESS de modifier notre rapport au modèle économique actuel.
L’objectif final étant de permettre aux personnes de se (re)créer une place dans la société en construisant avec elles des solutions durables aux difficultés sociales et professionnelles qu’elles rencontrent et de repenser la place de l’être humain dans son environnement (naturel, économique, social, sociétal, etc.)
Plusieurs types de structures de l’IAE y prennent part :
• Les entreprises d’insertion (EI) ;
• Les associations intermédiaires (AI) ;
• Les ateliers et chantiers d’insertion (ACI) ;
• Les entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI).
Depuis les années 1970, nos structures expérimentent des dispositifs d’accompagnement à destination des publics en difficulté.
Notre action a fortement « inspiré » l’ensemble des dispositifs légaux et réglementaires qui structurent et encadrent juridiquement aujourd’hui le champ de l’IAE : nous sommes les inventeurs de notre cadre d’action.
Nous estimons également que nous sommes des contributeurs essentiels dans :
• La défense des valeurs qui ont présidées à la construction des dispositifs
• La capacité à analyser et à comprendre le monde économique et social qui nous entoure et ses évolutions actuelles
• La capacité à mettre en œuvre des accompagnements individualisés
• Le développement et l’enrichissement local
• La paix et la cohésion sociale
• La préservation de l’environnement
A l’heure où les choix de société nous ont conduits à laisser s’installer - voire à privilégier - un modèle de société de type libéral et individualiste, nous dressons le constat des conséquences économiques et sociales sur nos concitoyens.
Malgré les idées reçues, la crise n’est pas la cause unique mais bien une conséquence prévisible. La « crise » ne fait que renforcer et accélérer le phénomène de maltraitance des personnes par le modèle économique.
Aujourd’hui, la famille des publics précaires ou/et en difficulté s’agrandit de plus en plus vite et nos SIAE doivent y faire face plus que jamais.
Nos associations sont au plus près de l’humain et s’adaptent aux mutations sociales, alors que les dispositifs ne le font pas ou trop lentement – voire même refusent d’étendre leurs champs d’intervention pour des raisons financières (ex : travailleurs pauvres)
Au delà de la question de la réduction des financements, notre indignation porte sur la notion d’incertitude et d’erratisme des politiques publiques - et en particulier des politiques publiques nationales liées à l’emploi.
En effet, l’Etat et ses services associés qui ont toujours été des partenaires indispensables à notre action est devenu aujourd’hui générateur d’incertitudes.
Cette volonté de l’Etat produit des de effets immédiats:
• Désespérance et précarisation croissantes des personnes
• Remise en cause des fondements de notre action partagée avec les services de l’Etat
• Mise en danger économique de nos SIAE
Au terme de notre rencontre, nous réalisons collectivement qu’il est nécessaire de poursuivre la dynamique locale engagée en suscitant d’autres rencontres de travail autour la thématique retenue.
Rdv est pris pour le 5 mai 2011.
Au-delà de cet aspect, les conditions et facteurs de développement de nos actions et de nos projets ne peuvent être intégralement soumis au seul cadre « fonctionnarisé ». Puisque – plus ou moins – ils auront besoin de financements publics, ils vont donc s’adosser au politique ; et le politique ne peut se mettre en œuvre qu’autour du « sens » et non selon le seul cadre de référence. En cela le politique va favoriser l’innovation.
Commission de travail : Communiquons !
Notre constat :
• Nos SIAE n’rencontrent une difficulté récurrente à communiquer en externe. Ce constat est particulièrement vrai lorsque nous rencontrons des difficultés telles que celles auxquelles nous devons faire face aujourd’hui
• De la même façon, la représentation de nos publics et bénéficiaires dans nos organisations est difficile à organiser.
• Nous sommes individuellement porteurs de valeurs et de convictions qui ne sont jamais strictement identiques. Malgré tout, nous devons parvenir à exposer nos principes partagés
Nos propositions :
1. Créer / mutualiser / actionner une agence de communication dont c’est le métier qui relayera nos messages à l’extérieur (grand public, Etat et acteurs au sens large)
2. Créer l’évènement localement en rassemblant un maximum d’acteurs de l’ESS autour d’actions précises à destination du grand public
3. Construisons et distribuons des brochures de présentation de l’ensemble des SIAE du territoire afin de développer notre volet économique
4. Construisons des assises régionales de l’IAE en Région ou une manifestation à résonnace régionale
5. Prenons une part active dans le mois de l’ESS en novembre
Commission de travail : Travaillons en réseau pour devenir un « mouvement » !
La différence entre réseau et mouvement c’est la différence entre le constat et la proposition, entre la consolidation des structures et leur vision, entre leur pérennité et leurs valeurs.
Préserver l’outil et sa professionnalisation (travailler en réseau) au service des valeurs et engagements qu’elles nécessitent (se mettre en mouvement).
Notre constat :
Plus de la moitié des SIAE adhèrent à un réseau professionnel (COORACE, FNARS, UREI, etc.)
Si les problématiques sont partagées, nous dressons un constat commun : se mettre en mouvement est nécessaire pour :
Sortir de l’urgence de notre quotidien
Se fédérer autour d’un discours commun
Porter une parole « politique »
Nos SIAE doivent mettre en évidence les valeurs communes partagées et les porter collectivement au niveau local, régional et national.
Nos propositions :
1. Un réseau ou une représentation d’une « Economie sociétale » peut être utile pour fédérer les énergies autour de problématiques liées aux politiques publiques
2. Organiser des « maisons de l’ESS » sur les territoires qui proposeraient leurs services à tous types de structures de l’ESS et favoriseraient notre action commune ainsi que notre visibilité au niveau local
3. Au niveau régional, mobiliser la CRESS et l’APEAS comme porte voix du secteur. Alimenter ces deux représentations en propositions afin qu’elles en deviennent référent régional.
4. Modifier le rapport de force à l’Etat en étant force de proposition et acteur local.
L’ESS n’est pas n’est pas une économie parallèle ou subventionnée mais bien un choix de société.
Accompagnez l’innovation,
Respectez l’ESS comme un acteur local avec la même considération que celle apportée à l’économie classique,
Comprenez et évaluez le retour sur investissement lorsque l’Etat engage des fonds
La création d’emplois n’est pas une value en soi, elle doit s’accompagner des conditions intangibles de non destruction de l’humain comme de l’environnement.
Au même titre que le décideur demande à l’ESS de se professionnaliser, peut être faut qu’il incite plus l’économie marchande à devenir citoyenne et éco-citoyenne.
Le développement durable et territorial se fera par la réconciliation et le rapprochement de ces deux économies.
Evitons le piège de la modélisation et de la reproduction de ce qui fonctionne. Ce qui fonctionne sur un territoire donné, a sa logique propre eu égard de son histoire, de ses acteurs et de son environnement sociopolitique.
C’est à partir de nos valeurs et non pas des actions que nous dégagerons un langage commun.
Les actions sont des modes d’expression de nos valeurs et en cela elles sont adaptables mais pas obligatoirement modélisables.
Travaillons sur le sens de notre engagement, revisitons les valeurs fondatrices de nos structures car c’est là que résident la logique, le fondement et la pérennité de leur existence.
Commission de travail : Partageons nos problématiques : « y’en a marre »
Notre constat :
L’ensemble des SIAE du Var partagent les mêmes problématiques en ce qui concerne la précarisation croissante des publics et des financements de leurs actions.
Au-delà de ces difficultés quotidiennes, s’ajoute le sentiment d’isolement des SIAE dans leurs problématiques vécues.
Les problématiques partagées par tous sont les suivantes :
1. Les effets de la crise ont des conséquences économiques et sociales énormes sur nos publics. Nous constatons également l’entrée de nouveaux publics qui relèvent des valeurs et des actions de l’IAE mais qui ne sont pas éligibles aux critères imposés. Alors que par ailleurs, nos moyens d’intervention se réduisent considérablement alors que nous sommes en première ligne en matière de solliciation
2. L’incertitude financière met en danger nos SIAE :
Aucune visibilité sur le financement des politiques publiques de l’emploi / des annonces suivi d’actes contraires
Les politiques de « stop & go »
Des difficultés de trésorerie récurrentes dues aux retards de paiement de nos partenaires
Les fonds d’Etat seraient inexistants pour l’IAE alors que nous constatons qu’ils peuvent être mobilisés rapidement et massivement (soutient aux banques par exemple)
3. Le service que nous rendons à la collectivité et au territoire est méconnu
4. L’ESS et l’IAE sont des investissements de la puissance publique avec un retour évident à la société pour elle-même et non pas des structures budgétivores
5. Nous ne sommes pas rémunérés à hauteur des moyens que nous engageons : devons nous être des bénévoles ou des professionnels comme nous engage l’Etat pour glisser du social à l’humanitaire?
6. Notre relation avec l’Etat ne fonctionne aujourd’hui que dans le champ de l’injonction
Faire plus et mieux avec moins : c’est illogique !
Les obligations statistiques sont en décalage complet avec les problématiques des publics : c’est inutile !
Faire du Chiffre d’affaire et produire des prestations de qualité alors que les agréments et contrats aidés sont aujourd’hui limités aux publics les plus éloignés de l’emploi : c’est impossible !
Nos propositions :
Une idée forte et centrale ressort de cette commission de travail : véhiculer publiquement les causes argumentées de notre mécontentement en « prenant la parole »
Trois propositions peuvent être mises en œuvre au niveau local et reprises au niveau national :
1. Interpeller le grand public par une lettre ouverte sur nos problématiques. Lettre rédigée ou co-signée par des leaders d’opinion reconnus par tous
2. Organiser une résistance administrative pour mettre l’Etat en responsabilité
3. Informer régulièrement nos clients et nos salariés de la problématique vécue par leur prestataire ou employeur afin d’informer nos concitoyens
Au même titre que notre modèle économique maltraite nos concitoyens et confisque les ressources, l’Etat maltraite ses partenaires historiques et confisque les ressources de l’IAE en générant une incertitude permanente sur les financements et en multipliant les annonces contradictoires (en particulier sur le nombre de contrats aidés et d’agréments qui servent de support à notre action).
Nous refusons l’instrumentalisation de nos services qui ne nos permet pas d’être en accord avec nos valeurs!