Cahier de l’entrée Participer / Démocratiser
« Les richesses des 350 habitants les plus riches de la terre est égale à la « richesse » (ou la misère ?) des deux milliards trois cents millions des habitants les plus pauvres. Le système monétaire archaïque et périmé continue à régner en faisant des ravages dans l’humanité et nos télescopes sont si puissants que nous ne pourrons plus voir ce qui se passe ici, chez nous. ».
François Terris
C’est sur ce malheureux constat que le SEL est né, d’abord outre atlantique, puis en France, en 1995. Les dégâts humains engendrés par une gestion du bien publique et un modèle économique sont tels qu’aujourd’hui, nous déplorons :
un partage inéquitable des richesses entre grandes pauvretés et grandes fortunes
Des pressions économiques dramatiques sur les salariés, de la part d’un patronat décidé à augmenter le profit des actionnaires au détriment de ceux qui le produisent ; des pressions qui ont abouti à un nombre de suicides en accroissement constant de la part de ceux que l’on soumet à un harcèlement permanent.
l’absence d’information sur la vie économique du quartier où l’on vit, d’où une impossibilité ou une difficulté à s’impliquer individuellement ou collectivement dans des actions productrices de richesses.
la négation des individus dont la globalité des savoir et savoir-/faire n’est pas prise en considération comme source potentielle de richesse pour la collectivité
une évaluation de la richesse du pays beaucoup trop restrictive avec un PIB qui ne tient compte que du produit financier en ignorant tout ce qui résulte du bénévolat ou des échanges.
Une mauvaise répartition (concentration trop importante, d’une part, territoires déserts par ailleurs) en ce qui concerne les pôles d’activités sociales et économiques
le drame de la mondialisation de l’économie pour l’industrie et les savoir-faire locaux qui disparaissent, les dégâts socio-économiques causés par les délocalisations
La dérive de l’utilisation du système monétaire au profit d’intérêts financiers qui ont engendré une crise planétaire
Une augmentation de la population en situation de précarité
La difficulté de mettre en valeur des ressources et richesses locales face à des produits importés dont la traçabilité est quasi impossible
L’impossibilité de prendre en compte l’impact environnemental, sanitaire et social de ces produits et de leur production
Les collectivités territoriales constitueraient un partenaire intéressant. Les SEL sont en ce sens un outil simple et efficace de valorisation des ressources d’un territoire.
Dans tout groupement humain on se heurte vite à deux obstacles néfastes : le manque de règles ou des règles trop imprécises et, au contraire, un excès de règles paralysantes. Un bon développement du SEL passe par le respect d’une traçabilité accessible à tous les membres des échanges effectués : partenaires, catégorie de l’échange, nombre d’unités demandées et acceptées, date. Cette traçabilité permet à chacun d’avoir une idée d’ensemble sur ce qu’il a déjà offert dans un échange (et peut réserver des surprises intéressantes sur ses propres capacités) et permet d’avoir sur soi et les autres une opinion équilibrée. Car la nature humaine étant ce qu’elle est, les conflits peuvent exister et ils existent. La meilleure façon de les éviter ou de les résoudre, c’est la confrontation entre ceux qui ne sont pas d’accord avec ou sans l’aide d’un négociateur. C’est bien entendu la tolérance à l’égard du groupe et des membres et la conscience que tout développement peut passer par des phases de ralentissement.
Peu de données chiffrées existent en raison de l’extrême diversité des groupes locaux, se retrouvant néanmoins à travers une charte « Esprit de SEL ». Autour de 450 SEL se répartissent le territoire français. La taille des groupes varie de 10 à plus de 400 membres, soit environ 30000 personnes en France.
Le changement d’échelle a déjà eu lieu à l’étape à laquelle nous nous situons pour présenter ce cahier, puisqu’il s’agit d’encourager et de mettre en réseau des initiatives locales sur tout le territoire. Des circuits non monétaires sont d’ailleurs déjà actifs à grande échelle sur des thématiques bien précises telles que l’échange d’hébergement ou de savoirs à travers des stages ouvets à tous les sélistes de France.
SEL’idaire est une plateforme de mutualisation des informations qui caractérise les SEL et facilite la mise en réseau des SEL sur le territoire. Les SEL se retrouvent une fois par an lors de rencontres annuelles pour échanger. Des ateliers transversaux permettent également des échanges intersel sur des thématiques précises.
La mise en réseaux de ces pôles de ressources locales que constituent les SEL sur le territoire est la clé de réussite pour une économie alternative d’envergure nationale. Les unités d’échanges qui circulent sur le réseau permettent de rééquilibrer les surplus / déficits d’une région sur l’autre, pour peu que le problème des transports des gens et des biens soit étudié.
Ce qui se passe d’important dans un SEL au niveau individuel se réalise au moment de l’échange :
par le déplacement de la notion d’utilité sociale. Ceci part du principe que tout le monde est capable d’apporter son savoir faire, et valoriser le temps passé avec d’autres à leur rendre service ; valoriser prenant ici un sens très concret, puisque ce temps passé permettra aussi de recevoir
par la réappropriation citoyenne de la capacité de produire / mesurer de la richesse, et d’émettre de la monnaie. Car la monnaie n’est finalement rien d’autre que cela : un instrument de mesure. Pourquoi dans ce cas ne pourrions-nous pas en créer nous-mêmes au gré de nos besoins ? C’est ce qui se produit dans un SEL : de la monnaie est créée par l’existence-même de l’échange, nul besoin d’en posséder au préalable pour bénéficier d’un bien ou d’un service. Elle permet de mesurer la valeur qui transite d’une personne à l’autre, et son mouvement d’un compte à l’autre en fait un outil démultipliant les possibilités d’échanges. Par son intermédiaire il devient possible tant de différer que de diversifier le bénéfice ou l’offre d’un service ou d’un objet. A grande échelle, c’est plusieurs milliers d’unités qui se créent et circulent sur le réseau. N’est-ce pas là une belle démonstration du pouvoir dont chaque citoyen dispose de battre monnaie ?
De façon plus collective, il s’agit de favoriser une certaine prise d’autonomie du groupe par rapport à l’environnement économique, par la circulation de biens et de compétences sans passer par les circuits monétaires officiels. Dans l’absolu ce sont des projets de commandes groupées, des distributions de biens autogérés (atelier de couture, amap – biocoop, garage… autogérés associatifs) qui pourraient permettre à un groupe local d’organiser concrètement une partie de la vie courante, à l’image de l’exemple cité plus haut dans le Gard.
Voir les paragraphes précédents
Il n’y a pas de structure centralisatrice des SEL. Chaque SEL est autonome dans ses choix et son fonctionnement. SEL’idaire, qui permet aux SEL de communiquer, est la structure la plus adéquat pour porter le projet.
Il s’agit d’un réseau où biens, services et savoirs circulent sans argent ! L’utilisation des euros est alors réservée aux frais incompressibles liés aux dépenses engagées pour la réalisation de ces échanges (matière première, transport…)
Les SEL sont des groupes locaux d’expérimentation d’une autre forme d’économie basée sur les compétences des membres qui le compose. Il en existe de nombreux (450 ?) répartis sur le territoire français. Il n’est pas aisé d’en dresser un tableau homogène tant ses formes (juridiques, organisationnels…) diffèrent. Basiquement, ce sont des individus mettant en commun un minimum de moyen pour permettre la circulation des annonces (offres, demandes) et coordonnées des membres du groupe. Une charte commune aux SEL permet néanmoins à ce groupe de se retrouver sur quelques fondamentaux communs exprimés à travers la charte « Esprit de SEL » : www.selidaire.org/spip/rubrique.php3?id_rubrique=194
Outre le partenariat de l’ensemble des SEL sur le réseau, SEL’idaire adhère au Mouvement d’Economie Solidaire (MES) dont il partage les valeurs. De façon assez informelle, les membres des SEL sont bien souvent également membres de structures proches autour des AMAP ou de l’Ecologie.
L’immense majorité des humains du monde est touchée par un chômage grandissant, qui les empêche de faire face à leurs besoins élémentaires ; en arrière-plan, la raréfaction des matières premières associée à des techniques synonymes de gaspillage et de pollution incite à modérer ces besoins et choisir les modes de consommation et d’approvisionnement les plus économes. L’échange, tel qu’il est pratiqué dans les SEL et concernant à la fois les biens, les services, les informations, les formations, le simple soutien entre toutes les couches de la société représente la meilleure façon de répondre à cette double menace tout en améliorant le lien social, l’objectif étant d’assurer notre autonomie sur tous les plans de la vie courante, par la mise en commun de nos compétences entre voisins.
Il existe depuis longtemps entre grandes entreprises internationales un système d’échanges de marchandises qui permet de ne pas utiliser de monnaies, nationales ou internationales.. La monnaie d’échanges du SEL a franchi une étape supplémentaire puisqu’il n’est plus nécessaire qu’il y ait égalité dans les biens échangés. Elle peut être utilisée à titre individuel, par des entreprises de petite dimension ou par des municipalités : certaines l’ont déjà adoptée pour leurs aides aux citoyens, des unités étant par ailleurs créées par le prêt de matériel informatique aux SEL ou de locaux pour leurs réunions. Le Japon a largement développé ce système. Et l’Argentine, quand elle s’est trouvée confrontée à un grave problème monétaire, a développé un système parent du SEL qui a aidé considérablement le pays et les citoyens à se sortir de leur crise
Il manque un champ commentaire ! Voici notre conclusion et nos références.
Conclusion :
La révolution que les SEL seraient en mesure de porter ne vient pas forcément par le rapport de force, les manifestations et les porte-voix. Elle peut aussi se répandre doucement d’immeuble en immeuble, de maison en maison, en un mouvement silencieux grâce auquel, un jour peut-être, les euros ne serviront plus qu’aux impôts et aux collectionneurs.
Cette révolution-là, c’est celle qui combine le Rêve et l’Evolution. Le rêve dans son utopie, comme finalité que l’on cherche à atteindre et l’Evolution comme réalité à partir de laquelle nous traçons le chemin pour parvenir à l’organisation sociale que nous souhaitons, avec les outils que nous nous donnons. Notre part de rêve de séliste, c’est la conscience que si les peuples se prenaient en main par petits cercles de voisins, tout deviendrait possible.
Références :
• www.selidaire.org - Association SEL’idaire, Information générales sur les SEL, avec notamment :
• www.selidaire.org/spip/article.php3?id_article=1881
• intersel.apinc.org - Coordination Ile de France
• www.dionyssel.net - Exemple d’un SEL local en Seine Saint-Denis, avec notamment :
• www.dionyssel.net/spip.php?article175 Article « SEL et Révolution », DionysSEL
Les principes de l’Economie sociale et solidaire sont proches parents de ceux qui sont à la base du Système d’échange local : prise en considération dans l’entreprise des différentes catégories de personnel, toutes représentées dans le conseil d’administration, avec le principe une personne/une voix, obstacle à toute possibilité de spéculation des actions en cas de départ de l’entreprise et équilibre dans l’éventail des salaires, respect de normes environnementales. Les Sélistes cherchant un emploi trouveront la meilleure place dans l’ESS. Mais inversement l’ESS trouvera en eux ses meilleurs collaborateurs.
Tout décideur soucieux du développement de son territoire ne peut rester insensible au formidable outil que constituent les SEL. Il est aisé, et peu couteux, de réaliser toute la richesse que les habitant d’une ville, d’un village, d’un quartier par le simple parcours du catalogue que les membres du SEL tiennent à jour.
Le SEL constitue également, à travers la diversité des monnaies locales utilisées sur le réseau, un véritable outil de lien social bien réelle, ancré dans la proximité, et ceci est d’autant plus essentiel que les amitiés virtuelles qui apparaissent sur des réseaux sociaux via internet ne démontrent aucune efficacité en matière de développement territorial
Enfin, un fort potentiel créatif existe dans le large panel d’offres qui apparaissent dans ces catalogues d’échanges sans argent, là où l’utilisation de l’euro constitue un frein.
Les SEL intéressent beaucoup les médias. Il n’est pas difficile en ce sens de toucher l’opinion sur l’existence de ces groupes. La difficulté majeure se situe dans la présentation qui en est faite, bien souvent sous l’angle du pouvoir d’achat, des économies en euros qu’il permet de réaliser (une expression de « radin-attitude » a même été employée par un journaliste pour qualifier le SEL !). Le caractère « débrouille » est une dimension indéniable qui caractérise les SEL. Néanmoins, les médias qui s’arrêtent à cet aspect sont bien en deçà de la réalité.
Des permanences publiques sont également pratiquées pour toucher l’opinion de façon plus locale. A l’occasion des Bourses Locales d’Echanges, de fêtes, de « troquets-SEL » etc…
Les Systèmes d’Echanges Locaux (SEL) sont des groupes de personnes qui pratiquent l’échange multilatéral de biens, de services et de savoirs en dehors du système monétaire officiel, dans le but d’organiser une partie de la vie courante. La valeur de l’échange est mesurée à l’aide d’une monnaie virtuelle qui se créé par l’existence même de l’échange. Ne s’agissant que d’un outil de mesure et non d’un avoir, le plus souvent indexé sur le temps passé, nul besoin d’en posséder pour réaliser un échange. Cette « monnaie », mémoire d’échange, revient aux usages de base de la monnaie : elle ne se capitalise pas et ne génère aucun intérêt. A l’inverse, certains SEL la font fondre avec le temps.
Il ne peut donc exister aucun métier d’argent dans un système économique fondé sur de telles règles.
Chaque SEL est libre d’organiser comme il l’entend son système d’échanges, dans un esprit de valorisation des ressources de son territoire et du réseau qu’il fédère. Une pratique répandue à travers les groupes locaux consiste en réunions spécifiques pour l’échange d’objets : les Bourses Locales d’Echanges (BLE). Ces réunions ponctuent de moment conviviaux les échanges de savoir et de services qui ont lieu par ailleurs à tout moment entre sélistes.
Les SEL peuvent vivre simplement de la cotisation de leurs membres, parfois de subventions publiques. Mais fidèle à leur objectif d’autonomie et avec le moins d’euros possible, les SEL sont capables avec peu de moyens, et sans subvention de monter des projets locaux de circuits courts, à la manière d’une AMAP. C’est ainsi qu’un SEL du Gard a monté sa biocoop, grâce au simple prêt d’un local et au travail entièrement bénévole de tous les adhérents, les produits étant toutefois achetés (le plus possible en local) et revendus en euros.
A plus forte raison pour un fonctionnement ordinaire, aucun financement spécifique n’est nécessaire pour faire vivre un SEL, en dehors de quelques frais bureautiques et postaux.
De trop grandes disparités économiques sur le territoire, l’insuffisance des liens de solidarité entre les individus pour y faire face, la monopolisation des monnaies officielles par les banques et la spéculation qui en découle.
De nombreux témoignages existent dans la presse.
Voici quelques sujets écrits / tournés à l’occasion de l’intersel national 2010 qui s’est déroulé en région parisienne : Le parisien, France 24, La Croix, RFI, Libération, France Info…
intersel.apinc.org/spip.php?article1126
Plus anciens :
100% Mag sur M6 : intersel.apinc.org/spip.php?article1046