Cahier de l’entrée Se loger / Habiter
Depuis des années, nous pouvons constater que de plus en plus de personnes vivent dans nos rues, nos espaces publics ou tout au moins, hors d’un logement. Il se trouve que depuis quelques années, la question de l’hébergement, de l’habitat, passe par le concept de logement : terme ayant des postulats très précis et fermes, voire enfermant pour certaines personnes. Or, il n’y a pas ou peu de réflexion sur la possible déclinaison du concept de « mise à l’abri ». En effet, lorsque l’on parle d’abri, d’habiter, ce n’est pas seulement disposer d’un logement, d’un abri comme le serait un terrier ; c’est avant tout composer avec ses propres limites psychiques déterminant ce lien de sécurité, de son moi. Habiter reste un geste fondateur par lequel l’être humain se pose dans le monde en s’appropriant « un lien à soi’ où il peut se reconnaître et se faire reconnaître (par l’autre de la cité) comme sujet désirant : un savoir vivre où se joue l’identité et la capacité de recevoir l’autre, de l’accueillir. Or, beucoup de lieux d’hébergements, de logements ne semblent plus pouvoir tenir compte de cette réalité subjective ou du moins, de constater que de plus en plus de personnes n’arrivent plus à se projeter dans leur conception d’habitant à partir de ce qui est leur est proposé comme « habitat normé ».
Présentation lors du 30° anniversaire aux 100 intervenants sociaux de Midi Pyrénées et régions voisines présents
Article de presse dans Lien Social
Réalisation d’un Film et diffusion
Site de l’association : www.regar.fr
Le développement du projet est lié au rythme du groupe de travail, des habitants. Aucun objectif n’a été fixé, ni aucune notion de temps posée ; ce qui est la source de la réalisation et de l’aboutissement de ce projet. La Barraka s’est construite au jour le jour
8 personnes habitent la maison
Environ 6 personnes sollicitent le lieu La Barraka pour accéder à l’hygiène, l’alimentation, voire la sécurité (saisonniers, personnes en camion…)
Possibilité d’accueillir les nouveaux arrivés sur la ville, gens de passage…
Depuis l’accès à la maison, chacun d’eux a développé une recherche d’activité, de travail (IAE, contrat aidé), de sortit de l’oisiveté, du rien à faire
La proximité de l’élu
L’investissement mutuel du groupe, des associations REGAR et GAF et de la Communauté de Communes
Une présence et un accompagnement quotidien des 2 associations (GAF et REGAR)
Bonne gestion quotidienne de la maison
Modèle associatif sur collégialité qui implique que toute décision est prise à l’unanimité par les membres de l’association
Création d’un potager
Volonté d’ouverture de lieux d’activités culturelles et sportives
Ouverture d’un groupe de travail intersquat
Les habitants ont pu s’imaginer habiter un lieu à eux et ne plus être seulement sur l’espace public, au vu de tous.
Ce travail collectif et l’engagement de la Communauté de Communes du Grand Auch ont également permis de construire l’amorce d’une nouvelle passerelle entre les élus, les structures médico-sociales et les personnes à la rue.
Cette initiative a démontré la possibilité de travailler autrement, auprès d’un public dit difficile et marginal. Elle confirme qu’il est possible de travailler auprès de ces personnes en situation de squat dans le département, voire de rencontrer les mairies qui rencontreraient des difficultés relationnelle avec des squatter.
Le groupe d’habitants a créé une structure de type association loi 1901 sous forme collégiale. Ils ont rédigé un réglement intérieur, une nécessité de la vie communautaire.
Une convention de mise à disposition de la maison a été signée entre l’association REGAR et la Communauté de Communes d’Auch. L’association REGAR règle les loyers et l’association La Barraka se charge des factures d’eau et d’électricité
L’accompagnement se décline en :
une rencontre tous les 15 jours entre REGAR, le GAF et la Barraka
une rencontre par trimestre à laquelle s’ajoute la directrice de l’association REGAR et l’élu de la Commune
En valorisant les coûts directs et indirects ainsi évités à la collectivité, et, l’inestimable gâchis humain que représente l’errance.malheureusement absente des plans comptables et modèles budgétaires,
Ce projet n’a pu se réaliser qu’au travers de l’investissement et le dynamisme de quelques acteurs :
Communauté de Communes
association REGAR
association GAF, association toulousaine
Personnes sans habitat
La Communauté de Communes du Grand d’Auch, le GAF
La Barraka, les associations REGAR et GAF, l’élu de la Communauté de Communes sont prêt à partager et à témoigner de leur expérience.
Comme disait Jean Michel BELORGEY rapporteur du projet de loi sur le RMI :
« Quand on voit tout ce qu’on exige des pauvres, bien peu de riches mériteraient d’être pauvre. »
La Barraka, les associations REGAR et GAF, l’élu de la Communauté de Communes sont prêt à partager et à témoigner de leur expérience.
A partir d’une volonté d’habiter, ces personnes se sont donnés une place dans la cité, une reconnaissance.
Apprenons à travailler avec ceux qui vivent la pauvreté au quotidien.
S’appuyer sur l’élu et son expérience pour qu’il puisse retraduire auprès de ses pairs l’intérêt et le bénéfice d’un tel travail en s’appuyant sur le film « La Barraka » et les témoignages conjoints de l’élu, du groupe d’habitants et des associations REGAR et GAF.
Proposer une autre façon de travailler avec un public sans logement pour disposer d’une alternative à l’expulsion et favoriser l’insertion.
DIffusion large du film « La Barraka » à titre d’exemple pour montrer qu’avec un travail spécifique, un investissement partenarial, des solutions adaptées peuvent voir le jour et permettre la « cohabitation » et l’intégration au sein de la cité, du quartier, d’un public dit difficile et marginal.
Il est nécessaire de se souvenir que lors de la rédaction de la charte des enfants de Don Quichotte, ceux-ci, pour la plupart des SDF, ont mis en avant cette idée de développer la notion d’habitat :
« ….des projets novateurs doivent être davantage développés et soutenus, compte tenu de la diversité des besoins et des choix de vie (maison relais, auberges, auto-construction, habitat semi-collectif, structures autogérées… »
C’est à partir d’une déclaration d’un groupe de personnes, revendiquant la possibilité de gérer un lieu d’habitat collectif en autogestion que le projet La Barraka a commencé. C’est sur un pari qu’un groupe de personnes sans abri a accédé à un lieu d’habitation collectif, mais surtout, à une forme de citoyenneté dans le sens d’un vivre ensemble dans la cité.
Si l’accompagnement a commencé en 2006, le groupe de huit personnes n’a accédé au lieu d’habitation (mis à disposition par la Mairie d’Auch) qu’en août 2010 :
la mise en place d’un travail hors les murs depuis 2004 s’appuyant sur 2 outils complémentaires rattachés à un lieu d’accueil fixe, le Pôle Santé, (aller vers et petits déjeuners) a permis de rencontrer des personnes sans logement ou en squat avec qui un climat d’honnêteté s’est instauré. L’objectif initial de rencontrer ces personnes, qui ne s’adressent pas ou peu aux services sociaux, de leur proposer de l’écoute, de l’information sur leurs droits et devoirs, a rapidement été rejoint par un objectif d’accompagnement à l’habitat : les rencontres régulières et l’écoute ont permis de déceler et de faire émerger auprès d’un groupe de jeune en squat, l’idée d’un abri, d’une façon d’habiter différente et d’une organisation communautaire.
En effet bien souvent, ces personnes parlent de leur impossibilité à « retourner dans un appartement » ce qui témoigne de cette impasse dans laquelle elles se trouvent dans les différents dispositifs d’accompagnement vers le logement. Proposer ce «vivre autrement son habitat », c’est l’inviter à se questionner sur sa capacité d’habiter quelque part.
Ce travail de prise en compte et son cheminement n’ont été possible qu’au travers de l’investissement mutuel du groupe de personnes, des associations Réseau Expérimental Gersois d’Aide et de Réinsertion (REGAR) et Groupe Amitié Fraternité (GAF) et de la Mairie d’Auch. Des rencontres régulières entre les différents acteurs ont permis aux habitants :
d’exprimer leurs besoins en terme d’habitat
de rédiger leur projet de vie
définir les travaux pour l’aménagement du lieu de vie (tonnelle, garage …)
rédiger un règlement intérieur pour en faire un lieu de vie dans le respect des autres et l’inscription dans le quartier
définir l’engagement de chacun des partenaires (habitants, associations et commune)
L’année 2010 a été le moment du passage du squat vers l’habitat alternatif. Ce mouvement n’a pas été sans peine ni difficultés pour tous : comment passer d’un squat à un lieu à vivre. Si le travail quotidien a été indispensable, il a aussi permis d’abouti à ce qu’ils nomment leur nouveau lieu de vie La Barraka.
La mise a disposition de la maison par la Communauté de Communes a été traduite par une convention d’occupation signée avec l’association REGAR qui gère le règlement administratif, (loyers, charges…)
L’installation a été effective au mois d’août 2010 et depuis, l’accompagnement se poursuit suivant les modalités définies plus haut, au rythme des avancées du groupe d’habitants.
Il est capital d’être présent dans le quotidien (vie communautaire délicate), d’autant qu’un temps d’installation a semblé nécessaire au groupe pour s’adapter à ce nouveau lieu. Le rythme de cheminement du groupe a été respecté par les accompagnants, REGAR et GAF, sans jugement, sans autres nécessité que de pointer les dysfonctionnements mis en avant. Il est nécessaire d’accorder aux habitants ce temps de travail sur eux-mêmes : le quotidien apporte la nécessité de s’organiser, de se structurer. La fin de l’année 2010 a été une année de test pour le collectif.
L’année 2011 devrait permettre de consolider leur lieu de vie, voire d’ouvrir un espace d’activité (en dehors du lieu de vie) autour de la création artistique, du sport. Ce projet semble indispensable pour lutter contre une forme d’oisiveté, de sans rien-faire qui reste l’élément le plus dangereux à les écouter : lutter contre le « trainer à la rue » semble indispensable.
L’association REGAR a été sollicitée par des personnes vivant sur d’autres lieux gersois (squats, campements) qui se posent la question de participer aux rencontres avec l’élu de la Communauté de Communes et sollicitent, eux aussi, et viennent titiller le salarié de REGAR autour de leur projet de vie et leur type d’habitat.
Personnes en voie d’exclusion impliquées dans un projet citoyen.
Soutien des associations REGAR et GAF, de la Communauté de Communes du Grand Auch à ces initiatives
Ressources humaines :
4 salariés de l’association REGAR : 1 directrice, 1 psychologue, 1 secrétaire, 1 comptable
1 personne ressource du GAF intervenant de façon régulière
Un élu de la ville
Financement spécifique : FILE (FNARS) à hauteur de 3 500 €
Moyens utilisés : mise à disposition d’une maison par la Communauté de Communes du Grand Auch, travail rue (aller vers, petits déjeuners), espace d’accueil CAARUD et diffusion de matériel de prévention, financés dans le cadre de l’action Errance par l’Etat, jusqu’en 2010, et la Communauté de Communes. Les autres moyens affectés par l’association n’ont bénéficié d’aucun financement. Le Film a été réalisé avec les fonds propres de l’association.
Le désengagement de l’Etat pose un soucis majeur : pour maintenir cet accompagnement en 2011, l’association recherche d’autres moyens de financement.
« Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence ». Art L 345-2-2 Code de l’action sociale et des familles. 100.000 personnes en sont privées en 2011 !
Aidons ces citoyens à conquérir leur droit à habiter ?
Devant l’augmentation du nombre de personnes vivant hors d’un logement, refusant les habitats normés, il serait temps de développer l’offre de l’habitat social dans une philosophie de « vivre son habitat ».
Film « La Barraka » Voir site de REGAR www.regar.fr/
« Projet pour un squat libre » rédigé par l’un des habitants :
Nous souhaitons créer quelque chose pour les gens de la rue ; géré par les gens de la rue car seule l’autogestion est possible. Au niveau des habitations, nous pouvons proposer un accueil différent de celui proposé par les accueils de nuit : par exemple, plus de facilité pour l’accueil des animaux. Des SDF géreraient ce lieu, ce qui faciliterait la compréhension et la communication et attirerait les SDF avec plus d’aise, car étant des gens de la rue nous sommes mieux placés pour nous comprendre et nous entraider.
Nous sommes intéressés pour créer une salle de sport (sac de frappe, tatami, gant, casque…). Souvent, vous constatez des problèmes de violence dans la rue car souvent les gens sont à bout et c’est là que ça dérape. Moi, je leur propose de venir se défouler pour apprendre à se découvrir et à se maîtriser pour pouvoir gérer cette violence. Nous avons déjà une personne licenciée de boxe thaïlandaise qui est prête à nous enseigner son savoir. Ainsi nous pourrions partager notre savoir du combat dans le respect d’autrui ; car n’oublions pas, un guerrier est un protecteur, il n’a rien à voir avec un soldat ou un assassin. C’est cela que nous voulons communiquer pour pacifier les gens et leur apprendre à se contrôler et à respecter son prochain. Là, je pense qu’en arrivant à attirer l’attention de certaines personnes, nous pourrons leur donner une seconde chance pour se réintégrer.
Vous avez dû rencontrer aussi le soucis de retrouver des graffitis, des tags ou même des dessins à même les murs. Cela fini souvent avec un mur à repeindre et une personne au tribunal ou avec une amende. Mais en leur donnant une salle où justement ils pourront s’exprimer librement sans déranger autrui. Car n’oublions pas qu’il existe des artistes dans la rue, des gens qui ont du talent et qui n’ont pas les moyens où n’osent pas l’exprimer. Entre gens de la rue, ils s’encourageront à aller de l’avant et cela servira sûrement à dévoiler des talents.
Nous proposons un lieu d’accueil, un toit ainsi que des ateliers culturels, créés par des gens de la rue pour des gens de la rue.