Pour une politique d’accueil de la petite enfance qui donne leur chance aux enfants de ce pays

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Argumentaire

Accès inégal à un accueil de qualité pour tous les enfants, en fonction de leur territoire d’habitation, de la situation professionnelle et des revenus de leurs parents, ou de la présence d’un handicap ou d’une maladie chronique, dans une période où cette question de l’accueil des très jeunes enfants constitue une priorité politique en raison de ses incidences sur l’accès à l’emploi, la réduction de la pauvreté des familles et une plus grande égalité hommes/femmes.

L’accueil de la petite enfance est un enjeu essentiel pour l’avenir d’une société. Alors que la France connaît une grande vitalité démographique, il n’y a assez de places pour accueillir les jeunes enfants (déficit de 300 000 à 550 000 places) et la qualité de l’accueil se dégrade.

Le contexte politique :

  • la marchandisation de l’accueil de la petite enfance que l’on voit apparaître va s’accélérer avec la transposition de la directive européenne sur les services que l’Etat français a décidé d’appliquer aux établissements d’accueil de la petite enfance, et avec la mise en concurrence des acteurs non lucratifs avec ceux des entreprises de crèche, par les collectivités territoriales, dans le cadre de la commande publique.

  • le récent décret Morano (juin 2010) abaisse le niveau de qualité de l’accueil des moins de 6 ans : augmentation du nombre de professionnels dit non qualifiés de 50 à 60% dans les crèches ; augmentation du nombre d’enfants accueillis par professionnel ; création de « jardins d’éveil"pour les 2-4 ans avec un taux d’encadrement très faible d’un adulte, sans la qualification requise, pour 12 enfants, payants de surcroit alors que l’école maternelle est gratuite ; création de maisons d’assistantes maternelles, accueil collectif qui ne dit pas son nom hors des normes de sécurité et de qualité des soins et de l’éducation dont ont besoin les tout petits.

L’Uniopss défend l’accès à un accueil de qualité pour tous les enfants, quel que soit leur territoire d’habitation, la situation professionnelle et les revenus de leurs parents, ou la présence d’un handicap ou d’une maladie chronique, dans une période où cette question de l’accueil des très jeunes enfants constitue une priorité politique en raison de ses incidences sur l’accès à l’emploi, la réduction de la pauvreté des familles et une plus grande égalité hommes/femmes.

Dans le contexte volontariste actuel d’augmentation du nombre de places d’accueil pour répondre aux besoins des familles, et compte tenu des contraintes économiques :

  • nous voulons inciter et favoriser l’accès à un mode d’accueil pour les enfants qui en ont le plus besoin (et pas seulement ceux dont les parents travaillent) dans le cadre d’une politique universaliste non stigmatisante (par opposition aux programmes ciblés sur des enfants ou des familles) et respectueuse des choix des parents (droit opposable, service public de la PE, maintien de la scolarisation à 2 ans…) ;

  • nous voulons préserver l’existence d’une offre d’accueil, notamment associative, diversifiée dans un contexte où les contraintes gestionnaires incitent à la concentration, où les procédures d’appel d’offre mettent en concurrence, le plus souvent, sur la base du critère du moins disant économique, et où la possibilité de l’innovation n’a plus sa place dans la réglementation ;

  • nous voulons identifier et prévenir les causes des difficultés parfois majeures que rencontrent certains parents dans l’éducation de leurs enfants, même petits. Nous voulons que soient mis en place et développés des dispositifs pour que les parents trouvent l’aide dont ils ont besoin au moment où ils en ont besoin (cf. les expériences développées dans le cadre des REAAP (réseaux d’Ecoute, d’Appui et d’Accompagnement des Parents) plutôt que des sanctions ou des mesures contraignantes qui n’ont aucune vertu pédagogique chez des adultes.

  • nous voulons que soit mis en œuvre un plan métier qui respecte la spécificité de l’accueil des jeunes enfants pour pallier la pénurie de professionnels.

L’Uniopss défend l’idée que la petite enfance constitue la première composante du droit à l’éducation, comme cela est réaffirmé par les instances et engagements internationaux. En effet, l’éducation des plus jeunes ne se limite pas à l’enseignement scolaire, elle commence par leur accueil et leur accompagnement dans la découverte du monde, aux côtés de leurs parents et dans le respect de leur besoin fondamental de sécurité affective. Il n’est pas là question de promouvoir un service public de la petite enfance mais de reconnaître que la petite enfance constitue une mission d’intérêt général.

A. Lutte contre l’exclusion : accueil des jeunes parents en « centre parental »

Les centres maternels accueillent les jeunes femmes enceintes ou les mères d’enfant de moins de 3 ans. Or certaines mères ont un conjoint, père de l’enfant, qui se trouve exclu par les conditions d’hébergement dans le centre ; il arrive même que les mères cachent l’existence du couple : l’accueil des seules mères isolées peut fragiliser leurs liens jusqu’à entraîner la rupture.

B. Accueil des enfants en situation de handicap

Malgré le cadre légal qui oblige les crèches à accueillir les enfants en situation de handicap, cet accueil est loin d’être acquis. Seules certaines structures ont fait la démarche de former les professionnels et d’adapter les locaux ou le matériel. Cette exclusion des enfants en situation de handicap de l’accueil collectif s’auto entretient : d’une part, les CAMSP n’orientent pas toujours les parents vers les structures classiques, d’autre part, les professionnels ne sont pas formés pour prendre en charge ces enfants.

C. Créer des solutions pour accueillir les enfants en horaires atypiques et impliquer les entreprises

« 80 % des enfants de moins de 7 ans et demi dont les parents travaillent, ont au moins un parent concerné par des horaires de travail irréguliers ou décalés, ce qui est source de tension forte pour ces familles. Celles-ci demandent des « services d’accueil à la carte » très flexibles donc forcément plus onéreux » (1).

Or, d’une part, les horaires atypiques concernent souvent des emplois peu qualifiés, donc des parents qui, par manque de moyens, n’ont pas d’autre choix que de trouver des solutions de débrouille pour que leur enfant soit gardé. D’autre part, ces horaires sont souvent imposés par l’entreprise alors que celle-ci n’est qu’exceptionnellement impliquée dans le surcoût occasionné par ces horaires atypiques.

(1) Bresse S., Le Bihan B. et Martin C. (2007), « La garde des enfants en dehors des plages horaires standard», Études et Résultats, n° 551, janvier, DREES.

D. L’insertion des parents grâce à l’accueil des jeunes enfants

Il est impossible pour les mères de jeunes enfants de chercher ou trouver un emploi ou une formation en l’absence de solution d’accueil pour leurs enfants. Or les structures d’accueil collectif accueillent prioritairement les enfants dont les parents travaillent et manquent souvent de place pour accuellir de façon non programmée les enfants de parents qui obtiennent un stage ou quelques heures de travail. Comment rompre ce cercle vicieux et engager les parents dans un processus d’insertion sociale ou professionnelle ?

E. Le site Accueil petite enfance

Depuis de nombreuses années, les associations, à leur mesure, contribuent activement à l’innovation sociale dans l’accueil de la petite enfance.

Soucieuses de favoriser l’accès à l’éducation de tous les enfants, en étroite collaboration avec leurs parents, et dans la diversité de leurs besoins et des ressources des territoires, elles imaginent des modalités d’accueil innovantes qui tiennent compte du cadre légal et des contraintes financières. Ces réalisations des acteurs de l’économie sociale demeurent souvent confidentielles et ne sont connues qu’au plan local. Leur richesse, leur diversité et leur capacité d’initiative restent ignorées.

Facteurs de succès

L’accueil des enfants en situation de handicap

On peut constater à travers les exemples présentés dans la deuxième partie qu’une des clés de l’accueil des enfants en situation de handicap est la volonté de former les professionnels et une seconde réside dans le rapprochement des structures avec les CAMSP (centres d’action médico-sociale précoce). La mutualisation des informations et des outils pédagogiques entre associations est essentielle pour que cet accueil se développe.

Créer des solutions pour accueillir les enfants en horaires atypiques et impliquer les entreprises

De multiples initiatives mises en oeuvre par différents réseaux ont ce point commun du recours aux assistantes maternelles pour un accueil en horaires atypiques en complément de l’accueil dans la structure collective. Il est important de pouvoir impliquer les entreprises dans les surcoûts liés à l’accueil des enfants en horaires atypiques ; les entreprises peuvent défiscaliser une partie de leur participation au titre du crédit impôt famille. Il reste cependant difficile de les convaincre du bénéfice (non financier) qu’elles peuvent tirer de cet investissement vis-à-vis de leurs salariés.

L’insertion des parents grâce à l’accueil des jeunes enfants

Les quatre exemples présentés dans la 2è partie sont portés par des associations et des réseaux différents qui fonctionnent sur le même principe : l’accueil des enfants dont les parents vont pouvoir rentrer dans une démarche d’insertion sociale ou professionnelle. Une volonté politique récente laisse entendre que ce principe pourrait être généralisé, mais on voit mal comment dans le contexte actuel de pénurie de places et de manque de moyens supplémentaires il pourrait réellement être mis en œuvre. Pourtant les différents acteurs qui portent ces projets sont unanimes sur leur utilité et leur efficacité. Les financements sont, pour l’instant, assurés pour une partie sur les fonds propres des associations et sur des subventions type Plan espoir banlieues, donc non pérennes.

. Il est nécessaire de pérenniser des financements dédiés et de favoriser, par des mesures incitatives, l’inscription de ces actions isolées dans le droit commun

Le site Accueil petite enfance

La mise en commun des expériences et des outils pour la création, la gestion et l’animation des structures, par les réseaux de l’économie sociale est essentielle au développement de cette économie et des innovations sociales. C’est tout le sens du travail de l’Uniopss et de la commission Petite Enfance qui réunit les grands réseaux associatifs et mutualistes ainsi que les représentants des associations locales qui développent des actions pour les jeunes enfants et leurs parents.

L’enjeu est de valoriser les initiatives et les pratiques innovantes des acteurs de l’ESS dans le champ de la petite enfance, mais aussi de leur donner une plus grande visibilité en vue de développer l’offre d’accueil proposée par le secteur non lucratif.

L’organisation

L’Uniopss et les associations de solidarité, sanitaires, sociales et socio-judiciaires en France

L’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires

et sociaux) est une association française loi 1901 reconnue d’utilité publique.

Depuis 1947, l’Uniopss est présente sur tout le territoire national.

Elle regroupe 25 000 établissements et services privés à but non lucratif du secteur social, médico-social et sanitaire, au travers de :

  • 23 Uriopss (Unions régionales) ;

  • 110 fédérations et unions nationales de défense et de promotion des personnes,

de gestion d’établissements et de services, de soutien aux activités sociales, sanitaires, médico-sociales et socio-judiciaires ;

  • Cet ensemble représente environ 75% du secteur non lucratif de solidarité et emploie 750 000 salariés ;

  • Les missions de l’Uniopss :

 Organiser une concertation et une représentation transversales aux secteurs traditionnels de l’action sanitaire et sociale (personnes âgées, personnes handicapées, enfance famille, pauvreté exclusion- santé…),

 Valoriser le secteur à but non lucratif de solidarité, en France et en Europe,

en contribuant à sa modernisation,

 Veiller aux intérêts des personnes fragiles dans la construction des politiques sociales, et faire le lien entre l’Etat, les pouvoirs publics territoriaux et les associations du secteur.

Les valeurs qui nous rassemblent : primauté de la personne, non lucrativité et solidarité, participation de tous à la vie de la société, innovation dans les réponses sociales, alimentée par l’observation des besoins.

Les adhérents de l’Uniopss, des Uriopss et des adhérents nationaux sont des personnes morales à but non lucratif ainsi que les établissements et services qui leur sont attachés.

Il peut s’agir de fédérations et de leurs représentants locaux, de personnes morales uniques d’implantation nationale, internationale, ou locale (régionale, départementale, municipale, etc.)

Ces structures ont en commun d’agir dans le secteur sanitaire, social et médico-social, auprès de personnes exclues, ou en situation de précarité, de personnes malades, handicapées, âgées, ou encore auprès de familles, d’enfants ou d’adolescents en difficulté.

L’Uniopss est membre du Collectif SSIG (www.ssig-fr.org), d’EAPN France et au niveau européen du CEDAG (Comité européen des associations d’intérêt général).

Plus d’informations : www.uniopss.asso.fr

Union nationale interfédérale des organismes privés sanitaires et sociaux

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

Devant les problématiques présentées, les associations et les mutuelles ont mis en place des réponses adaptées aux besoins des enfants et des parents. Elles ont ainsi développé des structures, des services permettant :

A. l’accueil des jeunes parents en centre parental

B. l’accueil des enfants en situation de handicap

C. l’accueil des enfants en horaires atypiques

D. l’insertion des parents par l’accueil de leur enfant

E. l’essaimage des innovations grâce au site Accueil petite enfance

A. Lutte contre l’exclusion : accueil des jeunes parents en « centre parental »

1. AIRE DE FAMILLE

Aire de Famille est une association qui a été fondée autour d’un projet de création de Centre Parental. Celui-ci a ouvert ses portes en mars 2004. Depuis 2006, l’association gère deux autres établissements, une crèche familiale et un lieu d’accueil Enfants Parents, de type Maison Verte.

L’association accueille quinze jeunes couples en situation de vulnérabilité psychosociale, voire d’errance et qui attendent leur premier enfant.. Aire de Famille propose un accompagnement global qui repose sur l’hébergement de ces jeunes familles dans des studios relais puis des appartements en baux glissants (le bail est d’abord signé au nom de l’association puis est repris au nom de la famille une fois à la sortie de l’accompagnement). La direction clinique de l’équipe du Centre Parental est assurée par un psychologue clinicien. L’équipe est composée d’une assistante sociale, d’une éducatrice de jeunes enfants, de deux éducateurs spécialisés et d’une psychologue-psychanalyste à mi-temps. Cet espace favorise la maturation affective et la construction personnelle des résidents pour leur permettre d’évoluer vers une authentique autonomie. Ils pourront ainsi se former, obtenir un diplôme au cours de l’accompagnement au Centre Parental qui constitue un levier d’insertion sociale et professionnelle.

Voir une vidéo sur le centre Aire de famille.

Pour en savoir plus : Brigitte CHATONEY, directrice de l’association et Frédéric VAN DER BORGHT, responsable du Centre parental Aire de Famille - 59, rue Riquet - 75019 Paris - Tél. : 01 46 07 00 31 ou/et 06 14 79 41 72 / adf.chatoney@wanadoo.fr, adf.fvdb@orange.fr

2. CENTRE MATERNEL LA MAISONNÉE

Dans le centre maternel « La Maisonnée », en 2004, grâce à l’obtention d’un accueil dérogatoire, l’établissement a pu impliquer un père en accueillant le couple parental avec leur enfant. Ce précédent a levé une barrière et d’autres jeunes femmes ont demandé à être accueillies avec leur compagnon, l’équipe du centre maternel a souhaité également aller dans ce sens qui paraissaient plus naturel et pouvait lever beaucoup de difficultés. Au-delà, il s’agit également du droit de l’enfant à vivre avec ses deux parents.

Aujourd’hui, l’association accueille deux à trois couples simultanément (toujours par accueil dérogatoire) sur 15 femmes accueillies. Dès l’entretien de pré-admission, il est proposé à la mère (enceinte ou avec un enfant de moins de 3 ans) de venir avec le père. Si la jeune mère est en couple, ils s’installent alors dans une maison ou un appartement du centre maternel et peuvent commencer à construire une vie de couple et de famille. Parfois le père choisit de rendre visite régulièrement à la mère et à leur enfant, sans vivre avec eux. Dans un cas comme dans l’autre, le père bénéficie du même accompagnement parental, social, professionnel que la mère dans le cadre du centre maternel.

Deux auxiliaires de puériculture (un temps plein et un temps partiel) peuvent accueillir l’enfant pour soulager les mères ou les couples, prendre le relais quand ils commencent à travailler en attendant un accueil pérenne ou font des démarches administratives, c’est un accueil à la carte. Ils sont accompagnés par le centre maternel tant qu’ils en ont besoin pour devenir autonomes.

Pour en savoir plus : Marie-Pierre Janssoone - Temps de vie - 108, rue du Docteur Delegrange - 59200 Tourcoing

Tél. : 03 20 01 82 14 / cm.tourcoing@tempsdevie.fr

B. Accueil des enfants en situation de handicap

1. RODOLPHE, SERVICE D’AIDE AU REPIT

Les parents d’enfants en situation de handicap ont des difficultés pour s’absenter une journée ou une nuit que ce soit par contrainte ou par besoin de répit. Le service d’aide au répit « Rodolphe », créé en 2006, est destiné aux parents d’enfants mineurs ou majeurs en situation de handicap. L’enfant est pris en charge en l’absence de ses parents par des auxiliaires de vie formées au handicap, au domicile de la famille. Ainsi l’enfant reste dans son environnement familier et ses repères comme son rythme de vie sont préservés. Ce service fonctionne sur l’ensemble du département de Dordogne grâce à un partenariat avec un réseau de cinq associations d’aide à domicile. La participation financière des parents, de 0 à 5 euros de l’heure est fonction de ses revenus.

• Ce service a pu voir le jour grâce au travail coordonné de plusieurs réseaux associatifs présents sur le territoire dont l’APF, l’ADMR, l’UNA.

Pour en savoir plus : Marie-Christine CABARAT, référente du groupe des Parents : APF - Délégation Dordogne, 85 route de Bordeaux- 24430 Marsac-sur-l’Isle - Tél. : 05 53 53 13 25 / dd.24@apf.asso.fr

2. CRECHES MUTUALISTES : L’ACCUEIL DES ENFANTS EN SITUATION DE HANDICAP

L’objectif des 5 établissements d’accueil de la Mutualité Française du Rhône est de favoriser l’accueil et l’accompagnement d’enfants en situation de handicap ou atteints de maladies chroniques dans des structures ordinaires de la Petite Enfance. En fonction du handicap de l’enfant, pour permettre son éveil et le respect de son rythme, les professionnels de la structure aménagent leurs horaires et peuvent renforcer leur présence sur les temps de repas. Le matériel peut être adapté sans qu’il soit forcément très spécifique. L’équipe travaille en partenariat avec le CAMSP (Centre d’Action Médico-Sociale Précoce) ; les échanges permettent une meilleure prise en charge de l’enfant, et de rassurer et d’encourager les parents dans leurs capacités. En 2010, dans les 5 établissements mutualistes d’accueil de la petite enfance du Rhône, 7 enfants en situation de handicap étaient accueillis entre 10 et 30 heures par semaine. Pour chacun, un projet d’accueil individualisé a été élaboré en collaboration avec les parents et les institutions.

La Mutualité française du Rhône a mis en place une formation spécifique destinée aux professionnels de son secteur Petite Enfance avec l’association La Souris Verte (structures parentales d’accueil des jeunes enfants et formation à l’accueil des enfants en situation de handicap). A l’issue de ce travail, un groupe a réalisé une affiche et une plaquette à destination d’un large public afin de promouvoir ce type d’accueil.

Pour en savoir plus : Fawzi Bernardia, Coordinateur des projets Petite enfance : Mutualité Française du Rhône - 1, place Antonin Jutard - 69003 Lyon Tél. : 04 78 95 82 84 / f.benarbia@mutualitefrancaiserhone.fr

3. UN MULTI-ACCUEIL VOLONTARISTE POUR L’ACCUEIL DES ENFANTS DIFFERENTS

Dans le cadre de son activité de service à la personne, l’UNA a constaté les difficultés rencontrées par les parents d’enfants en situation de handicap pour trouver un accueil collectif. En 2008, l’association a décidé de créer un multi-accueil dont un tiers des 66 places sont réservées à des enfants en situation de handicap (moteur, sensoriel, psychique…), sans condition autre que la capacité de l’enfant à vivre en collectivité. Outre le matériel technique destiné à l’accueil des enfants en situation de handicap, l’équipe est renforcée en effectif et a suivi des formations spécifiques. Un psychologue intervient 24h par mois en soutien à l’équipe et en lien avec les familles. L’enfant peut bénéficier du suivi thérapeutique par son équipe soignante dans nos locaux. La structure est située sur un terrain limitrophe d’une école maternelle, ce qui lui a permis de mettre en place un principe de passerelle entre l’école et la crèche pour l’ensemble des enfants. Pour les enfants en situation de handicap, cela permet une grande souplesse dans l’adaptation à l’école : une animatrice peut à tout moment, à la demande de l’enfant ou de l’école, venir chercher l’enfant pour le ramener à la crèche située à quelques mètres de là. Cet accueil à la carte a pour but d’offrir la meilleure prise en charge possible de l’enfant. Si certains parents ont pu avoir des réserves par rapport à l’accueil de leur enfant avec des enfants en situation de handicap, la solidarité qui unit les enfants a vaincu toutes les réticences.

Pour en savoir plus : André CHATRON COLLIET (directeur général) : Réseau

UNA, association APAF, 393 avenue du Prado - 13008 Marseille Tél. : 04 91 32 02 30 / contact@apaf.asso.fr

C. Créer des solutions pour accueillir les enfants en horaires atypiques et impliquer les entreprises

1. MAMHIQUE (MODES D’ACCUEIL MUTUALISES EN HORAIRES ATYPIQUES)

Suite au constat fait par le service social de la préfecture des Côtes d’Armor de l’absence de solution de garde à des horaires atypiques, la Mutualité Française Côtes d’Armor a proposé Mamhique, dont elle est gestionnaire. Mamhique est un mode d’accueil en relais qui répond aux besoins des parents pour lesquels les modes de garde « standards » ne sont pas adaptés (horaires d’ouverture, âges des enfants accueillis). Mamhique développe une démarche innovante d’accueil des enfants de 4 façons :

  • Garde d’enfants jusqu’à 12 ans inclus, lorsque les deux parents, ou le parent en situation monoparentale, travaillent à des horaires atypiques (avant 7h30, après 20h, la nuit, les dimanches et les jours fériés).

  • L’accès au service n’est possible que si l’employeur d’au moins un des deux parents est engagé dans le dispositif. Cet engagement se traduit par la signature d’une convention qui prévoit le financement du coût du service apporté par Mamhique plus une « indemnité compensatrice pour horaires atypiques » (ICHA), versée chaque mois aux familles, pour compenser le surcoût de la garde des enfants. Ce fonctionnement permet d’impliquer les entreprises dans la problématique de conciliation des temps de vie qui a une répercussion directe sur le recrutement et la stabilité des emplois.

  • Une offre au niveau du département, favorisant la mobilité géographique et respectant les rythmes de vie de l’enfant, par la proposition d’un accueil au plus près, voire au domicile des parents. L’accueil des enfants est assuré par des assistant(e)s maternel(le)s agréé(e)s ou par des intervenant(e)s à domicile volontaires pour travailler avec le réseau Mamhique, employé(e)s par les parents et pour lesquel(le)s des modes de rémunération en horaires atypiques ont été créés.

  • Un accompagnement social et financier des familles en horaires atypiques, avec une attention particulière aux familles monoparentales et/ou en précarité. Outre le montage du projet avec l’entreprise, Mamhique propose un accompagnement aux familles quant à l’organisation, la recherche, le conseil et le suivi de l’accueil des enfants.

Mamhique est désormais agréé Ram (relais d’assistantes maternelles), ce qui lui permet de travailler en réseau et en partenariat avec les Ram du département sur des réflexions et des outils communs (contrats de travail, règlement intérieur, charte commune…).

L’équipe de Mamhique est constituée d’une coordinatrice, d’une animatrice de service, éducatrice de jeunes enfants, et d’une assistante. Le réseau Mamhique compte actuellement 169 assistant(e)s maternel(le)s et 173 intervenant(e)s à domicile, sur l’ensemble des deux départements. Mamhique est reconnu, tant au niveau départemental, régional que national, comme solution alternative à la garde des enfants répondant aux besoins d’un territoire. En 2010, 13 entreprises étaient conventionnées avec le dispositif, ce qui représente 96 places d’accueil « familles » sur les deux départements, soit 150 enfants. Une des perspectives de développement de Mamhique est de construire des projets avec des entreprises des secteurs de l’agroalimentaire, de la grande distribution, des transports ou de l’hôtellerie-restauration. Deux communautés de communes se sont engagés financièrement pour déployer le service sur leur territoire dans la perspective d’un relais par les entreprises.

Pour en savoir plus : Carmen TOUDIC, coordinatrice Mamhique 22 (Côtes d’Armor) Mutualité Française Côtes d’Armor - 7 rue des Champs de Pies - 22000 Saint-Brieuc Tél. : 02 96 75 44 44 / P. 06 75 62 56 78 / ctoudic@mutualite22.fr / www.mutualite22.fr/innovations-developpements/mamhique.html

2. MULTI-ACCUEIL BALTHAZAR - SERVICE D’ACCUEIL FAMILIAL

Le Multi-accueil Balthazar de la Fondation d’Auteuil, ouvert en janvier 2008, accueille les enfants de familles du quartier de Hautepierre de la ville de Strasbourg. Il est apparu très vite que nombre de ces familles présentent des besoins spécifiques et/ou ont des emplois à des horaires atypiques (hors du 7h30-18h30) et parfois le samedi (emplois en grande surface, ménage…) ou peuvent bénéficier de formations dispensées le soir. Par ailleurs, le besoin a émergé pour certains enfants d’avoir un accueil plus individualisé avant d’intégrer une vie de groupe au sein du multi-accueil ou de l’école maternelle. Pour répondre à ces différents besoins, le multi-accueil a décidé d’embaucher des assistantes maternelles qui accueillent les enfants à leur domicile, ce qui permet de :

  • proposer aux parents des horaires atypiques : avant 7h30 ou après 18h30 et le samedi,

  • proposer aux parents un accueil individuel pour un enfant pour lequel l’accueil collectif est plus difficile (soit qu’il soit justifié par les contraintes professionnelles des parents ou spécifiquement demandé par les parents) ;

  • assurer une socialisation très progressive et répondant aux besoins de l’enfant (en l’accueillant également au multi-accueil pour entrer progressivement dans une vie de groupe). Les assistantes maternelles sont salariées du multi-accueil et sous la responsabilité de la directrice, les démarches sont simplifiées pour les parents et la sécurité de l’accueil assurée. La directrice se rend régulièrement au domicile des assistantes maternelles pour s’assurer que le projet d’établissement est bien mis en place et que le projet éducatif est appliqué.Les assistantes maternelles salariées de la structure participent donc aux réunions d’équipe, à la relecture des pratiques, aux activités mises en place. L’assistante maternelle recrutée suit d’abord un stage au multi-accueil avant d’accueillir un enfant. Elle peut être amenée à passer d’autres moments au multi-accueil (si en attente d’enfants, lors d’accompagnements de l’enfant pour des activités…). L’enfant peut être accueilli dans les 2 types d’accueil, tout en respectant un nombre d’heure maximal de 11 heures par jour.

Pour en savoir plus : Multi-Accueil Balthazar -3 place Flaubert - 67200 Strasbourg Tél.: 01 46 23 28 32

3. MICRO-CRÈCHE MOSAÏQUE

Le Conseil général de Loire-Atlantique et la communauté de bassin d’emplois (association d’employeurs) avaient constaté un chômage relativement élevé chez les femmes, l’une des principales causes étant le manque d’offre d’accueil des jeunes enfants. Parallèlement, le secteur hospitalier menait des actions dans le cadre du programme européen « Equal mosaïques » pour améliorer les conditions de travail de son personnel grâce à la mise en place d’un accueil des enfants à proximité du lieu de travail de leur parents.

Il a été décidé de créer une micro-crèche financée à la fois par la Caf et les entreprises. Outre l’accueil des enfants, son but est l’accès ou le maintien à l’emploi des parents. La micro-crèche Mosaïque accueille les enfants du lundi au samedi de 6h à 22h. Hormis la Caf et les familles, elle est aujourd’hui financée par 6 entreprises (PME, PMI, du privé et du public réservant des heures ou des places) qui bénéficient du contrat enfance de la Caf (le financement des entreprise couvre le différentiel entre les coûts et ce que versent les familles). Les employeurs, l’hôpital notamment, essaie d’adapter les plannings des salariés au regard des disponibilités d’accueil des enfants.

Aide pour le personnel dans la conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle, c’est aussi un argument de poids pour le recrutement de nouveaux salariés, et cela dès la phase des entretiens. Les entreprises peuvent proposer aux candidats de déposer leur enfant à la micro-crèche le temps de l’entretien, ou pour d’autres démarches liées à l’embauche, par exemple, une future salariée a pu passer son permis financé par l’employeur en confiant son enfant à la micro-crèche.

Certaines entreprises ont des problématiques de saisonnalité (grande distribution pour Noël, coopérative agricole…) auxquelles la micro-crèche peut répondre. Ainsi c’est un véritable accueil à la carte qui est mis en place : régulier ou occasionnel, en urgence… L’association d’employeurs du bassin d’emplois communique sur ce dispositif et les familles le font également connaître à des entreprises qui n’y participent pas encore.

L’organisation est souple pour les entreprises : elles peuvent choisir de réserver une/des places, ou bien un volume d’heures. Tous les modes d’accueil sont proposés : régulier, occasionnel, programmé, ponctuel, d’urgence.

Pour en savoir plus : Lionel LE GOUALE- Mutualité Harmonie Soins et services Enfance et Famille, 29 quai François Mitterand - 44273 Nantes cedex 2 Tél. : 02 40 41 27 07 / lionel.le-gouale@mla.fr

D. L’insertion des parents grâce à l’accueil des jeunes enfants

1. MULTI-ACCUEIL MÉDITERRANÉE

Ce multi-accueil accueille des enfants dont les parents ne travaillent pas et s’engagent dans une démarche d’insertion sociale ou professionnelle. Après plusieurs années de travail avec les partenaires - Caf, ville de Marseille, Conseil général, PLIE (Plan local pour l’insertion et l’emploi)… -, nous avons créé un multi-accueil de 54 places dont 10 sont réservées à l’accueil d’urgence d’enfants dont les parents sont en grande difficulté (30 % des familles du multi-accueil vivent sous le seuil de pauvreté). La structure a été implantée dans le quartier avec un grand souci d’intégration à son environnement. Les enfants sont accueillis de manière régulière ou occasionnelle. Les projets social et éducatif ont été construits en intégrant systématiquement les problématiques des familles en difficulté, et en prenant en compte les capacités éducatives et d’insertion des parents.

Les partenariats noués avec les différentes associations et institutions ont rendu possible l’orientation de ces familles vers ce multi-accueil. Les enfants sont accueillis à la condition que le ou les parents s’engagent dans une démarche d’insertion en lien ou non avec l’un des partenaires associatifs de la structure. De plus, en collaboration avec l’association HAS (Habitat alternatif social), 1200 heures d’accueil par an ont été allouées pour l’accueil d’enfants nés de jeunes mères assumant avec difficulté leur maternité. Cela permet à la mère de rechercher un emploi ou une formation. Avec plusieurs années de recul, cette démarche apparaît comme une réussite pour l’insertion des familles et l’action des partenaires sociaux.

Pour en savoir plus : André CHATRON COLLIET (directeur général) réseau UNA APAF, 393 avenue du Prado - 13008 Marseille Tél. : 04 91 320 230 / contact@apaf.asso.fr

2. MICRO-CRÈCHE LES FABULETTES

Les assistantes maternelles du quartier Mosson à Montpellier connaissaient des baisses d’activités (quartier peu prisé auprès des montpelliérains), et d’autre part la présence des enfants auprès de leur mère dans le cadre d’actions de formation et d’alphabétisation, menées par des associations, gênait le bon déroulement des activités et n’était pas satisfaisante du point de vue de la sécurité des enfants.

Il était trop compliqué pour ces mères de devenir employeur d’une assistante maternelle : coût, barrage de la langue, démarches administratives trop lourdes, difficultés à anticiper les temps de garde…

De nombreuses rencontres et un travail de partenariat entre les assistantes maternelles, l’animatrice du Relais d’assistantes maternelles et les différents partenaires ont permis d’aboutir à la création de cette micro-crèche par l’association Languedocienne pour la Jeunesse, en lien avec les associations partenaires engageant des actions de formations sur le quartier.

La micro-crèche a donc un double intérêt en terme d’insertion :

  • donner à des mères en démarche d’insertion sociale les moyens de confier leurs enfants non scolarisés afin de mener leur projet de formation dans de meilleures conditions,

  • donner à des assistantes maternelles agréées les moyens de sortir d’une impasse économique. Les publics concernés sont des mères de jeunes enfants bénéficiaires de minima sociaux, souvent d’origine étrangère et maitrisant très mal le français, ou inscrites dans une démarche d’insertion ou dans une obligation de formation par le biais d’un contrat d’intégration. Les enfants, âgés de 3 mois à 4 ans, bénéficient d’une place dans la structure durant le temps de formation de leur mère. L’objectif étant de permettre à ces enfants d’intégrer une vie collective facilitant leur éveil et participant de leur développement global. Il s’agit également de participer à l’éducation à la santé et à l’hygiène de l’enfant.

Pour en savoir plus : Sylvie Dugarin / Sylvie Chamvoux Centre social Caf, 410 avenue de Barcelone - 34080 Montpellier Tél. : 04 67 63 44 41 / abri@alpj.org

3. MICRO-CRÈCHE JEANNE BERETTA-MOLLA

Les professionnels d’une résidence sociale, d’un CHRS et d’un CHU accueillant des femmes avec enfants témoignaient des difficultés de garde pendant le temps de travail de leur mère. Cela représentait une difficulté supplémentaire pour l’insertion de ces femmes souvent en recherche d’emploi ou de formation. La micro-crèche est un nouveau dispositif permettant notamment d’apporter des réponses aux besoins d’horaires atypiques et de proximité. La Fondation d’Auteuil a créé cette micro-crèche, accueillant simultanément 10 enfants, à proximité de la résidence sociale, aux horaires calés sur les besoins spécifiques des mères. Ces horaires permettent une prise de poste matinale ou un retour tardif, leurs emplois étant souvent des emplois de ménage, de logistique en grande surface…

Savoir que son enfant est bien pris en charge permet à la mère d’asseoir durablement sa situation professionnelle. La micro-crèche est aussi un lieu de soutien du lien mère-enfant, en continuité de ce qui fait déjà au sein de la résidence sociale (ateliers, groupe d’échanges…).

Pour en savoir plus : Micro-crèche Jeanne Beretta-Molla - Château de Combreux - 77220 Tournan-en-Brie - Tél. : 01 46 23 28 32 / 06 69 31 26 84

E. Le site Accueil petite enfance

www.accueil-petite-enfance.fr a pour ambition de mieux faire connaître aux élus locaux et conseils généraux, aux entreprises, aux professionnels et aux parents, les actions innovantes créées par les acteurs de l’économie sociale.

L’Uniopss est consciente d’une certaine méconnaissance des porteurs de projets, de la capacité des associations à créer des solutions de la plus simple à la plus complexe pour l’accueil des jeunes enfants et l‘appui aux parents. L’idée est de créer une banque d’expériences et de savoir-faire qui puisse à la fois constituer une vitrine de ce travail mais aussi et surtout essaimer sur tous les territoires où ces innovations seraient pertinentes. Plus de cinquante actions sont ainsi recensées dans toute la France et les acteurs de l’ESS développent le site en permanence en y ajoutant de nouvelles innovations.

Le site est un outil interactif, dynamique, qui met en relation les porteurs de projets avec des réseaux associatifs, moteurs de l’innovation en France.

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

Pour une politique d’accueil de la petite enfance qui donne leur chance aux enfants de ce pays