Cahier de l’entrée Créer/ s’évader
La COFAC s’indigne de l’absence de valorisation des capacités créatives de chacun,
du peu de place faite au processus démocratique et citoyen dans l’élaboration des
politiques publiques de la culture, et par là, du trop peu de place réservée au
processus de co-construction des politiques publiques de la culture.
Les associations constituées par des citoyens qui décident de se réunir sans but lucratif
pour un objectif culturel sont partie prenantes de l’intérêt général.
Les associations concourent au développement de l’ensemble des secteurs culturels,
permettent l’expérimentation et l’initiation, elles ont un rôle de transmission des
cultures et participent de la diversité culturelle. Et pourtant elles ne sont que peu
prises en compte dans l’action publique en faveur de la culture.
Elles devraient participer à la co-construction des politiques culturelles, et pourtant, la
révision des politiques publiques, la mise en place de la LOLF se font sans
consultation des partenaires associatifs. L’évaluation faite par les pouvoirs publics de
l’action associative n’est pas toujours basée sur des indicateurs pertinents et adaptés
aux réalités du monde associatif et l’action culturelle publique n’est que trop peu
évaluée dans sa globalité avec l’ensemble des acteurs partenaires, y compris
associatifs.
La déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle, adoptée à
l’unanimité des parlementaires, affirme que « toute personne doit pouvoir participer à
la vie culturelle de son choix et exercer ses propres pratiques culturelles ». La
déclaration de Fribourg sur les droits culturels rappelle que les « droits culturels » font
« partie intégrante des droits de l’homme ». L’Agenda 21 de la culture, la stratégie de
Lisbonne ont réaffirmé que la meilleure façon de mettre en oeuvre ces déclarations est
d’associer les personnes, en particulier lorsqu’elles sont associées collectivement, dans
les organisations à but non lucratif, à la co-construction des politiques publiques. Et
pourtant, trop souvent, les sens et la valeur culturels sont définis par quelques
institutions culturelles, mais sans les citoyens.
La COFAC s’indigne que le sens de l’action culturelle puisse être réduit à un objectif
de rentabilité économique ou à un objectif de rentabilité politique, sans être pensé
dans sa globalité.
L’utilisation marchande et financière de la culture nuit à la diversité culturelle et à la vocation sociale, solidaire et démocratique de la culture.
Donner à la culture un objectif de rentabilité politique, c’est la détourner à des fins de
marketing politique et de visibilité qui occultent le travail des acteurs de territoire et le
sens d’une action culturelle de proximité, avec les citoyens.
L’utilité sociale des projets artistiques et culturels ne peut être rapportée à une seule
utilité politique et économique. Au de là de la création de contenus, la culture et la
créativité, dans un objectif social, contribuent au développement soutenable de nos
sociétés : intégration et cohésion sociale, renforcement de compétences de
publics exclus, etc…
L’élaboration des politiques publiques de la culture doit être faite par des élus
visionnaires et non pas gestionnaires.
La COFAC s’indigne du fossé entre les réalités du monde associatif culturel et son
inscription de plus en plus marquée dans le champ concurrentiel.
La généralisation de la logique de financement uniquement sur projet ne tient pas
compte des réalités de la vie associative.
La disparition progressive des subventions publiques de la culture au profit de la seule
commande publique est inquiétante.
L’inscription de l’action associative dans des politiques publiques prédéfinies formate
les réponses et bride l’initiative et la participation de la société civile.
Que penser de la volonté, via la commission européenne et les interprétations gouvernementales du droit européen, d’inscrire de plus en plus fort
les associations dans le champ concurrentiel et de la remise en cause de la notion
d’intérêt général par la commission européenne ?
Les associations continuent à véhiculer des valeurs telles que l’engagement bénévole
et l’envie de s’impliquer sur un territoire. Les 134 000 bénévoles responsables à la
COFAC en sont la preuve vivante.
Inquiets de la relève, fatigués par la complexification et la lourdeur croissante de la
gestion associative, ils se posent la question du soutien au monde associatif, de sa
reconnaissance et des moyens mis en oeuvre pour favoriser le bénévolat dans une
politique globale, forte et cohérente.
La COFAC s’inquiète de la difficulté des réseaux à exister. Leurs financements se
raréfient, leur existence et leurs actions sont de ce fait parfois remises en question. Ils
sont pourtant des lieux importants de la structuration des associations culturelles qui
veulent se fédérer et des lieux de mutualisation, ils contribuent aux dynamiques
communes, ils sont des lieux de réflexion et d’innovation et les porte voix de la société
civile organisée.
La COFAC s’interroge sur l’intitulé du groupe auquel sont rattachées les associations
culturelles : « Créer, s’évader ». L’action culturelle permet-elle de s’évader ou de
s’intégrer au maximum dans le monde dans lequel on vit ?
En tant que réseau national regroupant une grande variété d’associations culturelles, il nous est difficile de mettre en exergue l’initiative d’une association plutôt qu’une autre. Par la diffusion des cahiers d’espérance, nous laissons le soin à celles qui le souhaitent de répondre.
La culture n’est pas une espérance mais une production sociale à encourager, dans sa grande diversité. Elle ne saurait se plier à des seules logiques de rentabilité économique, politique ou de mise en concurrence.