Les Agora-é de la FAGE

Cahier de l’entrée Consommer / Se nourrir 

Argumentaire

Confrontés à un changement de mode de vie dès l’entrée à l’université, les étudiants prennent souvent, parfois sans s’en rendre compte, de mauvaises habitudes dans leur vie quotidienne. Beaucoup de facteurs rentrent alors en compte pour comprendre les mauvaises habitudes alimentaires des étudiants. La rupture avec les habitudes familiales, une «vie active déstructurée» (des horaires de cours pendant le déjeuner, un réveil «juste à temps») ou encore l’indépendance alimentaire (la responsabilité des courses et des repas)

6 étudiants sur 10 déclarent avoir sauté au moins un repas au cours des 7 derniers jours, la plupart du temps il s’agit du petit déjeuner pourtant essentiel à l’apport énergétique pour la journée.

L’alimentation des étudiants peut donner aujourd’hui matière à débattre. En effet, beaucoup d’étudiants, en situation de précarité, peuvent souffrir de malnutrition (repas peu équilibrés, peu variés…). L’alimentation a effectivement un impact sur notre santé et sur notre espérance de vie. Manger sainement dans notre jeunesse permet de fortifier notre organisme.

L’union nationale des mutuelles étudiantes régionales (USEM) a interrogé plus de 12 000 étudiants sur leur santé. Quelques chiffres concernant leur alimentation : 18 % ne prennent que deux repas par jour, parmi eux 12 % pour des raisons économiques ne font pas de repas supplémentaire ; chaque jour, 14 % ne mangent ni fruits, ni légumes ; 40 % souhaitent des actions sur l’équilibre alimentaire.

Depuis 2001, le PNNS (Programme National Nutrition Santé) propose de promouvoir et d’informer sur les comportements favorables à la santé. Cette démarche certes utile est-elle suffisante ? Être sensibilisé au bon équilibre alimentaire est un élément clé du processus mais qu’en est il des populations en situation de précarité ?

La population étudiante est une catégorie fragile ; la période des études supérieures, peut être vécue de différentes manières. Elle peut se dérouler paisiblement, ou peut rencontrer quelques obstacles en chemin.

Ce stade de la vie est un moment charnière où de nombreux changements s’opèrent. Les individus acquièrent une grande autonomie et par là une plus grande liberté. Cela s’accompagne souvent de nouvelles responsabilités auxquels l’étudiant doit faire face ; le premier emploi, une quantité de travail scolaire accrue ou encore la gestion du logement. A cela s’ajoute pour certains un éloignement géographique de leur famille et amis qui peut faire naître un sentiment d’isolement important

Tous ces changements peuvent entraîner, une augmentation du stress, de solitude, d’isolement ; un déséquilibre dans la vie de l’étudiant, engendrant un mal-être.

Ceci vient renforcer un phénomène de précarité étudiante dont ont pu rendre compte nos différentes associations sur le terrain.

Aujourd’hui, 107 000 étudiants seraient en situation de précarité, le terme « précarité étudiante » désignant l’accroissement des risques d’échec ou d’abandon des études qui résultent de la concurrence entre l’exercice d’une activité rémunérée et les exigences des études.

22 600 étudiants sont en situation de pauvreté grave et durable et 80 000 étudiants demandent chaque année une aide exceptionnelle.

Enfin, la population des 16-30 ans représente 30% des bénéficiaires du Secours Populaire Français.

Ce sujet reste tabou ; en effet dans les représentations collectives, les étudiants apparaissent comme une catégorie privilégiée de la population

Partant du constat de l’augmentation des difficultés financières des étudiants, notamment ceux issus des classes moyennes, la FAGE s’indigne des conditions de vie de certains étudiants.

La volonté de créer un dispositif d’aide alimentaire à destination des étudiants, est née des différentes enquêtes de terrain effectuées par les fédérations locales membres de la FAGE. Les résultats et analyses ont alors montré combien une telle initiative est nécessaire et appréciée par nombre d’étudiants. Nous avons, de ce fait, décidé de réfléchi à la mise en place du projet Agora-é en nous appuyant sur notre réseau national d’associations et de fédérations étudiantes.

Depuis plus de vingt ans, les conditions de vie des étudiants se dégradent, et malgré le nombre de tentatives (augmentation des bourses, multiplication des restaurants universitaires, logement étudiant…), la vie étudiante est trop souvent parsemée d’obstacles. Les étudiants boursiers, ceux issus de la classe moyenne n’ayant accès à aucune aide, les étudiants parents etc… se voient pour beaucoup, obligés de mettre de côté leurs études, voire de les abandonner pour subvenir à leurs besoins.

Un étudiant salarié est un étudiant qui ne se consacre pas pleinement à son apprentissage, et qui dispose de moins de liberté d’accès à la culture, aux loisirs et au bénévolat.

En créant les Agora-E, la FAGE veut aider tous les étudiants à être égaux dans leurs chances de réussite.

Changement d’échelle possible

Le réseau de la FAGE permet d’ouvrir différentes Agora-é dans plusieurs villes. A terme, le but est de créer un véritable réseau d’épiceries solidaires étudiantes et ainsi de mutualiser les expériences.

Les Agora-é entrent alors dans un réseau plus vaste, celui des épicerie solidaires et de l’aide alimentaire d’une manière générale. Chaque structure est en relation avec les structures d’aide alimentaire au niveau local afin de mettre en relation leur travail, à la fois pour bénéficier de leur expérience mais aussi pour ne pas entrer empiéter sur leurs actions.

Enfin, les Agora-é, par le biais des fédérations et associations porteuses du projet, s’inscrivent dans le domaine de l’économie sociale et solidaire et sont donc amenéés à travailler conjointement avec les Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire (CRESS)

Facteurs de succès

Dans un premier temps il s’agira de récolter des informations sur les usagers, grâce à la collaboration avec les assistantes sociales entre autre (Nombre d’étudiants touchés, typologie des étudiants, fréquence d’utilisation par étudiant…)

Rapport d’activité.

Nous pourrons également examiner la fréquence d’ouverture, ainsi nous aurons une idée de la fréquentation du lieu. Les Projets montés au sein de l’Agora-é feront l’objet de bilan détaillé.

La commission de suivi et les comités de pilotage locaux feront le point sur les thématiques développées. Ces temps de réflexion et d’analyse, permettront d’évaluer le projet Agora-é par Agora-é, ainsi que dans sa globalité sur le territoire.

Les observations recueillies permettront d’éditer un bilan annuel faisant office d’état des lieux et d’outils sur la condition sociale des étudiants.

Les observations recueillies lors de ces rencontres donneront des perspectives de développement au projet Agora-é. Ce sera également l’occasion d’échange avec les partenaires sur ces éléments et de permettre une réflexion sur les projets et les synergies à développer.

Impacts de l’initiative

A l’heure actuelle, différentes Agora-é sont en cours de réalisation dans plusieurs villes (Lyon, Strasbourg, Reims, Nancy…). Aucune Agora-é n’étant ouverte pour le moment, il est difficile de mesurer réellement l’impact que celles-ci pourraient avoir.

Toutefois, si nous nous basons sur les enquêtes de terrain réalisées auprès de la population étudiante, nous pouvons nous faire une idée sur leurs besoins et leurs attentes. Ainsi nous avons pu constater qu’un nombre important d’entre eux étaient intéressés par la mise en place d’une épicerie solidaire étudiantes.

Les retombées peuvent être analysées à la vue de celles que pourrait avoir une épicerie solidaire « classique ». Le premier constat est évidemment l’aide apporté aux personnes en situation de précarité. En effet, ils pourront ainsi avoir accès à des denrées à moindres coûts et donc abaisser leur budget alimentaire.

Les produits à l’Agora-é seront en libre service car nous pensons que cela participe à la dignité de la personne que de pouvoir faire des choix.

L’Agora-é a pour vocation de s’adresser ç tous les étudiants, même si tous ne bénéficieront pas de l’aide alimentaire (réservée aux étudiants qui auront fait valider leur dossier auprès d’une assistante sociale) chacun pourra y trouver un soutien.

La structure vise à susciter l’esprit solidaire, l’étudiant pourra donc s’engager dans un projet associatif, l’Agora-é sera de cette façon un lieu promoteur de lien social.

L’Agora-é vise à améliorer les condition de vie des étudiants et à leur permettre de poursuivre leurs études convenablement. Ainsi, l’étudiant pourra se consacrer pleinement à ses études et à sa vie étudiante. Les Agora-é seront des lieux de vie et d’échanges visant à dynamiser les campus.

L’organisation

L’accès au volet alimentaire

Les étudiants souhaitant bénéficier de l’aide alimentaire de l’Agora-é devront faire valider leur demande par l’assistante sociale du CROUS ou de l’établissement d’Enseignement Supérieur. La démarche de la FAGE vient se positionner en complémentarité de celle des CROUS avec les restaurants universitaires.

L’accès aux droits

Les Agora-é sont aussi un centre d’information sur les aides sociales à destination des étudiants. Parce qu’elle permet aux personnes d’être mieux informées, d’être mieux orientées, d’être assistées dès que surgissent des difficultés juridiques et de bénéficier de la possibilité de résoudre à l’amiable les conflits, l’aide à l’accès au droit contribue à réduire les tensions sociales et les risques d’exclusion. Elle permet de prévenir les litiges. A ce titre, elle est un facteur de cohésion sociale».

Les étudiants peuvent donc entrer en contact avec des assistantes sociales, bénéficier de tout un système d’informations sur l’accès aux droits, l’accès aux soins, et bien sûr, d’une aide administrative.

L’accès au milieu associatif : monter des actions au sein de l’Agora-é

Grâce à son pôle Prévention, la FAGE a mis en place toute une gamme d’outils permettant de réduire des comportements à risques que la population étudiante peut développer. En ce sens, la FAGE compte mettre à disposition et répercuter ces actions tout au long de l’année au sein des Agora-é, notamment sur les questions de nutrition et bien-être.

La consommation responsable au centre du Projet Agora-é

Grâce aux différents outils développés par le pôle Citoyenneté de la FAGE, les étudiants usagers de l’Agora-é peuvent avoir accès à des informations et à une sensibilisation à la consommation responsable et au développement durable.

L’objectif est d’une part de les responsabiliser en consommant des produits locaux (en favorisant les partenariats avec les AMAP, les agriculteurs locaux, les Jardins de Cocagne…), et de leur apprendre à les cuisiner de manière simple et saine.

Etre un consomm’acteur est donc un concept central du projet Agora-é. En effet, donner la possibilité aux étudiants de baisser leur budget mensuel, permet également de les aider à l’équilibrer en ayant recours à des fruits et légumes de saison pour compléter leurs achats à l’Agora-é.

Les produits vendus dans l’Agora-E auront un minimum d’emballage, et des documents explicatifs sur le tri des déchets seront en libre service.

La création de lien social

Les Agora-é doivent être des lieux de vie et d’échanges à destination de tous les étudiants ne donnant pas l’image d’un lieu réservé aux plus précaires.

L’Agora étudiante ayant aussi pour vocation de créer du lien social, des actions de prévention, de sensibilisation aux bonnes habitudes alimentaires ou à la consommation responsable (…) ainsi que des activités culturelles y seront organisées.

L’étudiant pourra prendre le temps de s’engager sur des thématiques qui suscitent son intérêt. Cela permettra de favoriser l’accès au milieu associatif, en donnant la possibilité aux usagers des Agora-é de s’impliquer dans la structure et ses projets.

Les acteurs (Qui ?)

Lanceur du projet, la FAGE coordonne sa mise en place au plus près des campus. Elle se pose en véritable plateforme opérationnelle, ce qui permet un accompagnement personnalisé de la création des Agora-é.

La FAGE a pris contact avec un certain nombre de partenaires experts sur chaque étape du développement d’épiceries sociales et/ou solidaires, ou de projet de lutte contre l’exclusion. Par exemple, l’Association Nationale du Développement des Epiceries Solidaires (ANDES), la Fondation Auchan pour la Jeunesse, la Fédération des Banques Alimentaires.

Des acteurs experts du monde étudiants, comme des administrations d’universités, le Centre National des Ĺ’uvres Universitaires et Scolaires (CNOUS), dont les assistantes sociales interviendront au sein des Agora-E, facilitant ainsi l’accès des étudiants aux différents dispositifs d’aides sociales qui leur sont destinées.

Les jeunes

Les jeunes, et en particulier les étudiants sont au coeur du projet Agora-é. La défense de leur droit et leur représentation sont des missions principales pour la FAGE.

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

Les premiers étudiants concernés par le projet Agora-é sont les étudiants en grande difficulté sociale qui consacrent peu ou pas de moyens à leur alimentation. Il est également destiné aux étudiants issus des classes moyennes ayant peu d’accès aux aides sociales, rendant leur quotidien difficile. Ces Agora-é seront situées sur les campus et distribueront des produits dits de première nécessité vendus entre 10% et 30% du prix pratiqué dans la grande distribution.

Par ailleurs, les Agora-é ont pour objectifs de développer :

  • l’aide alimentaire

  • l’accès au milieu associatif et la création de lien social

  • l’accès aux droits

  • la solidarité

  • l’accompagnement de projet

  • le conseil à la vie quotidienne

Les notions d’accompagnement et de parcours ont pris une place importante dans le projet : les Agora-é se veulent être des structures complètes, qui répondent à plusieurs besoins identifiés par la FAGE : précarité, exclusion sociale, accès aux droits, isolement…

Cet aspect permet de ne pas stigmatiser l’Agora-é comme un lieu pour étudiants en situation précaire, risquant d’en réduire l’accès pour des questions de fierté. Le fait de l’ouvrir à tous offre la possibilité de la démocratiser et de toucher plus facilement les étudiants qui en ont réellement besoin.

Ressources, financements et moyens utilisés

La FAGE est en partenariat de longue date avec la Fondation MACIF qui, en tant qu’acteur de l’économie sociale et solidaire partage des valeurs citoyennes et humanistes. C’est pourquoi ils accompagnent la FAGE dans la mise en place de ces épiceries solidaire étudiantes aussi bien au niveau local qu’a l’échelle nationale.

En ce qui concerne l’approvisionnement, les Agora-é pourront bénéficier des denrées alimentaires du PEAD et du PNAA grâce à des partenariats avec les Banques Alimentaires.

Grâce au partenariat avec l’ANDES, chaque structure bénéficiera de bons d’achats permettant de faire des achats dans des grandes surfaces. Par la suite, il sera possible de se mettre en relation avec les producteurs locaux afin de proposer des fruits et légumes au sein de l’Agora-é.

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

Le phénomène de précarité touche de plus en plus d’étudiants