Cahier de l’entrée Participer / Démocratiser
Toulouse est la quatrième ville de France en nombre d’habitant-e-s 1 et la capitale régionale de Midi Pyrénées .
Cette ville est essentiellement connue pour son industrie aéronautique, puisque l’avionneur Airbus y a élu domicile, aussi bien pour l’administratif que pour des usines de production et d’assemblage d’avions.
Elle est par ailleurs en pointe dans le domaine spatial et météorologique.
Dans les années 1960-70, Toulouse a acquis une certaine notoriété internationale en matière d’urbanisme. En effet, des logements sociaux, innovants pour l’époque, ont été construits à grande échelle, sur une zone périphérique intra-muros à la ville, appelée le Mirail.
Cette ville nouvelle dans la ville comprend des quartiers géographiquement délimités par un ensemble de boulevards urbains, Bellefontaine, Reynerie, Mirail Université et Pradettes. L’architecte Georges Candilis y avait développé, un logement d’habitat social destiné aux classes moyennes salariées. Des immeubles privatifs furent aussi érigés dans ces quartiers. La qualité de cet habitat social rompait avec les logements sociaux transitoires construits dans l’urgence de l’explosion démographique et du rapatriement des français d’Algérie. Les logements étaient spacieux, de nombreux espaces verts entouraient les immeubles, un réseau de coursives et de dalles favorisait la circulation pédestre et la rencontre. Architectes et officiels2 du monde entier sont venus s’inspirer de cette réalisation.
Cependant, le Mirail n’a pas résisté à l’évolution de la société. Les aménagements urbanistiques se sont transformés au gré des périodes de constructions, d’évolution de la pensée architecturale et d’intérêts financiers, dénaturant ainsi, le concept d’habitat social élaboré par Candilis. L’ascenseur social et l’individualisme ont, aussi, poussé les habitant-e-s à s’installer dans les banlieues pavillonnaires de l’agglomération. ès le milieu des années 1980, les populations issues de l’immigration, venues de la Briqueterie1 ou de pays du Sud, plus particulièrement du Maghreb, ont occupé les logements délaissés. Ces populations, souvent dans une grande précarité sociale, ont occupé la majeure partie des logements laissés vacants. Un phénomène de ghettoïsation 2 est alors apparu.
Révolte urbaine à la Reynerie, les enjeux d’un conflit. (1998-2008)
Avant de décrire les relations actuelles entre habitant-e-s et pouvoirs publics, plus particulièrement, la Mairie et l’État, il faut revenir sur le déroulement des évènements qui ont commencé une décennie plus tôt. A la fin de l’année 1998, un jeune de la Reynerie, qui était en train de voler une voiture, est tué dans des circonstances troublantes par un policier.
Le quartier, qui était déjà sous tension, s’enflamme. Toute la jeunesse du quartier s’engage dans la révolte urbaine. Il faudra une dizaine de jour, à la police venue en nombre3 pour rétablir le calme. Trois mois plus tard, à la suite d’une assemblée générale, des habitant-e-s, organisée par un collectif d’associations, une manifestation réunissant jusqu’à 1500 personnes, part du quartier de la Reynerie jusqu’au centre ville. En tête une banderole, s’adressait ainsi aux pouvoirs publics: « Justice, emploi, éducation ». La construction de la mobilisation s’est appuyée sur 4 pôles distincts, les jeunes rassemblés dans une association, le « 9bis », le mouvement des femmes du Mirail, les syndicats de travailleurs, une amicale de locataires, la CNL . Initié par la gauche sociale du quartier, ces quatre pôles se coordonnaient hebdomadairement et ont pu ainsi créer un regroupement d’associations qui a obtenu le gymnase du quartier pour organiser l’assemblée. Celle-ci a compté plus de 300 participant-e-s. Le modèle démocratique retenu était apparenté à la démocratie directe puisque la parole a été librement donnée aux habitant-e-s pour exprimer leur souffrance par rapport à l’état de violence dans lequel s’était retrouvé le quartier. Le principe de la « marche de Reynerie » fut adopté lors de cette AG.
Traumatisée par l’ampleur que prirent ces évènements, la Mairie, réagit officiellement, trois années plus tard, par un article dans le journal local, « la Dépêche du midi ». Il y était annoncé qu’un Grand Projet de Ville allait commencer par détruire un certain nombre d’immeubles du Mirail. Cet article ne s’adressait pas de fait aux habitants du Mirail qui auraient du être les premiers concernés. La majorité municipale de l’époque, entrée en campagne pour les municipales 2001, produisait un effet d’annonce adressé aux habitants de Toulouse pour leur dire qu’elle allait régler le problème du Mirail, considéré comme une verrue criminogène. Au non de la sacro-sainte mixité sociale, le but de l’action inavoué était de vider le Mirail de ses habitant-e-s pauvres pour récupérer un foncier attractif, pour les promoteurs immobiliers1. Cependant, on ne « transfère pas des populations »2 sans préparation initiale. Aucune concertation préalable n’avait été engagée auprès des habitant-e-s. Les pouvoirs publics se sont alors rendu compte que la majeure partie des locataires concernés par les démolitions souhaitait rester dans le quartier. De sérieuses contradictions se sont révélées.
La Mairie a imposé aux organismes HLM de reloger les locataires prioritairement sur le parc existant, au gré des logements libres. Cette situation n’a fait qu’accroître le déficit de logements sociaux sur la ville remettant les autres demandes récentes aux calendes grecques.
Ces populations socialement fragilisées, à qui pendant des années, on a refusé tout logement extérieur sous prétexte de pénurie, se sont vues offrir tout à coup, dans l’urgence, un certain nombre de logements disponibles, y compris pour ceux et celles qui n’avaient pas demandé de mutation.
D’autre part, les pouvoirs publics n’ont cessé d’annoncer que le quartier requalifié allait devenir un havre de bonheur, une fois leur départ survenu. Ce genre de communication s’est révélé comme une faute caractéristique de « mauvais goût » qui ne fut pas vraiment appréciée par le quartier.
Pour toutes ces raisons, entre autres, l’individualisation des offres de relogement a créé un climat de suspicion et de tension de la part des locataires qui se pensaient, une fois de plus être les dindons de la farce. Les salariés, de l’organisme HLM concerné l’OPAC1, envoyés, auprès des locataires subissaient, leur agressivité. Lorsqu’un tract diffusé par « Reynerie se bouge 2» dénonçant l’attitude de l’Office, fut diffusé dans les boîtes à lettre, il s’en suivi une mini émeute dans les locaux de gérance. L’OPAC, avec l’accord de la Municipalité suspendit plusieurs mois les offres de relogement, retardant d’autant les démolitions.
Toute cette impréparation a créé de fâcheux contre temps. Tout d’abord, le projet a changé plusieurs fois de configuration révélant les incohérences sur le choix des destructions d’immeubles. Le premier projet stigmatisait un certain nombre de bâtiments enclavés considérés comme les plus criminogènes, sans en analyser les véritables caractéristiques sociales et permettre une véritable rénovation urbanistique. Ainsi, la première barre détruite fut celle où les jeunes regroupés autour de l’association 9bis avaient pour habitude de se rassembler. Ceci apparut à la population comme une vengeance des pouvoirs publics face à la évolte urbaine de 98 et fut ressenti par les jeunes comme une humiliation supplémentaire qui s’est perpétuée dans la continuation d’exactions délinquantes contre productives.
Cette situation jalonnée d’incertitudes dura l’ensemble du mandat municipal. Les élections municipales de 2008 opérèrent un changement de majorité : la gauche prit, après 35 années d’absence, la Mairie. Elle fut notamment élue grâce au vote populaire qui s’est avéré être en sa faveur, dans les quartiers du Mirail. Néanmoins, le conflit perdure.
1:L’aire urbaine toulousaine est peuplée d’environ 1 100 000 habitants.
2:Le soviétique Kossigine, le chinois Ten Siao Ping ont visité le Mirail
3:Immeuble dégradé situé à l’époque à l’est de la ville qui était considéré comme le bidonville de Toulouse.
4:Accroissement et concentration de misères sociales sur un espace géographique donné.
5:1000 policiers pour un quartier de 11000 habitant-e-s
6:Ce quartier est à10 minutes en métro du centre ville, entouré de zones industrielles à haute technologie, avec des espaces verts attrayants.
7:Terme employé en public par le sous préfet à la ville lors d’une réunion d’information aux habitant-e-s
8: L’OPAC était le principal Bailleur concerné par les démolitions sur la Reynerie. Sa Présidente était la première adjointe au Maire, d’où les relations de proximité entre la direction de l’OPAC et la Mairie.
9: Les gauches sociales sont des noyaux de résistance présents dans les quartiers populaires. Ces militants sont constitués d’individus ou de réseaux qui développent au quotidien des espaces possibles de citoyenneté.
Cette gauche sociale ne crée que rarement l’événement capable de percer les médias, mais travaille sans relâche avec peu de moyens au développement d’une parole habitante autonome. Ces réseaux militants informels s’apparentent au concept de la « minorité agissante ». Le terme de « gauche sociale », encore peu usité en dehors des sphères militantes, mérite donc d’approfondir sa définition.
Il se distingue de la gauche politique par le caractère même de son investissement militant qui est orienté essentiellement vers le terrain social de proximité. Les enjeux électoraux ne constituent pas le ferment de l’activité.
C’est un militantisme essentiellement tourné vers les faits de sociétés vécus quotidiennement dans les quartiers. On trouve des militant-e-s syndicaux, des antiracistes, des antifascistes, des féministes et autres militant-e-s nommés « alter mondialistes ». Ce concept recoupe aussi des militant-e-s d’organisations politiques qui privilégient l’action sociale à la démarche partisane. Leur activisme consiste essentiellement à organiser des réseaux associatifs plus ou moins formels fondés sur la dynamique revendicative, la parole citoyenne et le contre pouvoir. Ce qui pousse ces militant-e-s à s’investir dans les quartiers repose avant tout sur des valeurs humanistes telles que la justice sociale, la démocratie ou le refus de l’autoritarisme. « Reynerie se bouge » qui s’apparente à cette démarche, existe, sur le quartier, depuis les mouvements sociaux de 1995. Ce réseau s’exprime essentiellement par tracts distribués dans l’ensemble des boites à lettre du quartier. Il incite les habitant-e-s à formaliser la contestation reprenant dans le texte leurs aspirations.
L’habitant citoyen doit en tout cas se préserver des pressions étatiques pour conserver sa liberté de parole comme d’action et établir un rapport de force suffisant pour amener les relais institutionnels à prendre en compte ses doléances.
La mobilisation des citoyens portée par « Reynerie se bouge » et le tissu associatif du quartier ainsi que l’initiative d’une consultation démocratique a permis aux habitants de se faire entendre .
Néanmoins , le processus de participation démocratique affiché par les pouvoirs publics dans les politiques de rénovation urbaine montre, dans cet exemple, ses limites.
Par sa forme, il ne mobilise que très peu d’habitants mais les pouvoirs publics s’en contentent pour justifier d’une démarche participative valorisée dans le champ des nouvelles politiques publiques décentralisées.
Cette situation exacerbe les tensions avec la population sollicitée, car au final, le processus reste figé, les pouvoirs publics exposant avant tout leur projet pour le valider. Cette situation génère des résistances individuelles, famille par famille , dans les immeubles , qui s’articule avec l’activité militante.
La Mairie recule.
Quelques jours avant de provoquer une conférence de presse avec le DAL, la Mairie annonce officiellement que le projet de destruction est abandonné.
Devant les locataires, l’adjointe au Maire avoue que la mobilisation a joué un rôle. Mais pas seulement, il n’y avait pas de projet crédible proposé par les urbanistes!!!
Cette dynamique perdure, un temps, au travers de la vigilance de certains habitants concernant tous les nouveaux projets urbains du quartier. Lors des rencontres publiques, qui ont suivi, organisée par la Mairie, concernant le réaménagement global du quartier, les habitants ont posé des questions perspicaces, développant ainsi une vigilance accrue envers les intentions des pouvoirs publics.
Un nouveau projet qui tarde à venir.(2010)
La proposition évoquée par le tract de « Reynerie se bouge » d’introduire du logement étudiant dans l’immeuble est intégré au projet de réaménagement de l’immeuble. En effet , avec la proximité de l’Université du Mirail, cela permettrait de renforcer l’offre de logement étudiant déficitaire sur la ville. Une aile du tripode est alors attribuée à cet effet tout en satisfaisant la demande majoritaire des résidents actuels à rester sur place. Cet immeuble est en partie vide (65 logements inhabités) car précédemment des habitant-e-s avaient été relogés ailleurs.
La mise en place de cette mobilisation et le recul institutionnel permettent de mettre en pratique une mixité sociale partagée. Provoquant la mobilisation, les militant-e-s de la gauche sociale souhaitaient mettre en échec une politique trop bien rodée qui consiste à détruire, au nom de la mixité sociale, des ilots de pauvreté trop visible. L’éparpillement des familles, au gré du logement vide à l’échelle de la ville, permettait à la Mairie de s’acheter une bonne conscience à bas coût en diluant les problématiques de misères sociales sans les résoudre. Les pouvoirs publics et l’organisme HLM vont devoir assurer la sérénité des relations entre deux types de population aux comportements sociaux et culturels très différents et qui n’ont pas l’habitude de se côtoyer (étudiants et anciennes familles). Si la question sociale n’est pas prise au sérieux, et les moyens mis au bon endroit, il y a fort à parier que des tensions entre nouveaux arrivants et anciens locataires vont vite apparaître. L’intérêt de la situation montre que le seul bâti est loin de résoudre les difficultés sociales et que la gestion de l’humain est bien le fondement de la problématique, le volet rénovation urbaine n’étant qu’un accompagnateur positif de la démarche. C’est malheureusement l’inverse qui est souvent mis en place, montrant ainsi les limites des politiques publiques actuelles.
Cependant, après quelques coups de peinture en bas d’immeuble, rien, en 2011 n’est encore formalisé. Les méandres bureaucratiques et financiers laissent un flou exaspérant à un projet de rénovation qui aurait du être une priorité dans les décisions adoptées par la Ville. Les divergences politiques apparaissent en filigrane entre la préfecture sous influence gouvernementale et la Mairie passée à gauche. Quelles qu’en soient les raisons, les pouvoirs publics peinent à harmoniser leurs décisions. Les enjeux qui se sont focalisés sur cet immeuble montrent que le fossé démocratique se creuse, chaque jour un peu plus, entre les attentes des habitant-e-s et la hiérarchie pyramidale de l’appareil d’état1 dont la prise de décision échappe aux choix des habitant-e-s. Les habitant-e-s se sentent de nouveau abandonnés et l’exaspération continue à perpétuer un climat de méfiance et d’agressivité envers toute représentation institutionnelle. Les habitant-e-s, une fois encore désillusionnés, baissent les bras face à l’adversité et ne sont plus en capacité de se mobiliser collectivement. Les premiers à faire les frais de cette situation sont les salariés de terrain (personnel de service , travailleurs sociaux , ouvriers de maintenance , ..) délaissés par leur hiérarchie et confrontés à la mauvaise humeur des locataires.
Aujourd’hui, le bilan est aussi négatif pour les militant-e-s de la gauche sociale qui n’ont pas pu faire perdurer cette mobilisation habitante et faire accélérer le processus de rénovation.
Dans un tel contexte, ces militant-e-s sont mis à mal et leur faible nombre ne permet pas de développer une constante de la mobilisation.
1: Ensemble des pouvoirs publics du niveau local au niveau national
collectif associatif de quartier .
« Reynerie se bouge » , militants .
Régie de quartier Reynerie-Toulouse
L’interaction gauche sociale - associations de lien social - habitant-e-s peut devenir un véritable ressort d’une démocratie directe garantissant l’autonomie d’action des structures habitantes et construisant avec sens, la confrontation sociale face à l’État. La démocratie participative, appelée de leurs vœux par l’ensemble des opérateurs de l’État, élus comme techniciens, peut-elle se révéler autrement que dans une relation conflictuelle entre habitants et l’appareil d’État ?
En 2009, la lisibilité du projet reste très floue. En effet, un immeuble en tripode destiné à la destruction, en périphérie du quartier, reste suspendu à la décision de la nouvelle Municipalité. De nombreux arguments font pencher la logique vers l’arrêt de la destruction. En voici les principaux repris sur un tract de « Reynerie se bouge »:
Les surfaces habitées sont spacieuses, très bien éclairées, fonctionnelles.
Le quartier jouit d’un nombre d’équipement de proximité (poste, Caf, commerces, métro, etc.), d’autres quartiers proposés sont nettement moins pourvus en transports et en services.
Tous les espaces publics vont être joliment réaménagés.
Rapport qualité prix, l’OPAC , devenue Toulouse Habitat , peine à trouver des logements équivalents, les loyers et charges sont plus chères, d’autant que les logements sociaux neufs tardent à sortir de terre.
Tous les logements sociaux du quartier sont occupés : les locataires ne peuvent plus être relogés sur place.
Esthétiquement, ce tripode n’est pas très haut et correspond à la forme de construction élaborée initialement par Candilis.
L’axe routier, pour lequel on veut faire disparaître cet immeuble pourrait tout à fait passer à côté sans encombre, car il y a suffisamment de place.
Une architecte, habitante du quartier a proposé un projet de rénovation de l’immeuble, le mettant en valeur.
La mixité sociale pourrait s’organiser en logeant, des étudiants eux même en manque de logement, car cet immeuble se trouve à proximité de l’université du Mirail.
La nouvelle Municipalité gèle rapidement le projet, ce qui est interprété par les locataires comme une victoire. Entrent alors en action des structures associatives du quartier en soutien aux locataires. Ce sont 5 associations du lien social, une de chômeurs, une d’éducateurs de rue, la régie de quartier, une d’animation et une spécialisée dans l’apprentissage environnemental à la science. Ce regroupement d’association initie avec une association d’ habitant-e-s de l’immeuble, une consultation démocratique en pied d’immeuble. Le vote est organisé à bulletin secret après un débat entre locataires. Les résultats affichent une forte participation des locataires et se traduisent par un vote à plus de 90% se prononçant contre la démolition, même partielle. Les associations organisatrices ont préalablement pris le temps de faire des bulletins exprimant chacune des trois positions : destructions, maintien d’une aile ou de l’immeuble dans son intégralité. La proposition de la Mairie de maintenir une aile, ayant été prise en compte comme troisième proposition.
Ce vote qui est salué par la Mairie comme une bonne initiative, n’empêche pas celle-ci d’annoncer qu’elle maintient la destruction de deux ailes du tripode. Fruit de négociation avec la Préfecture, la Mairie ménage la chèvre et le chou. Elle accepte les injonctions préfectorales à détruire partiellement l’immeuble et compte reloger l’ensemble des locataires sur une seule barre, quitte à accroître un phénomène de ghettoïsation accru sur la barre restante.
Un tract est alors lancé par « Reynerie se bouge » dans les boîtes à lettre de l’ensemble du quartier avec pour titre : « Le Capitole1 capitule ».
A l’annonce municipale, un certain découragement est apparu chez les locataires de l’immeuble. Cependant, il semble que l’office HLM conscient des tensions au sein de l’immeuble ait arrêté le programme de relogement. De l’autre côté le Dal 2Toulouse et les étudiant-es en lutte de la fac du Mirail, voisine du quartier, ont été sollicités, par « Reynerie se bouge » pour intervenir.
1:Bâtiment du siège de la Mairie au centre de la Ville.
2:Droit au logement, association nationale intervenant contre les expulsions de logement et prônant la réquisition des logements vides.
3:Ensemble des pouvoirs publics du niveau local au niveau national
La présence de gauches sociales joue alors un rôle moteur garante de l’auto organisation habitante. Néanmoins, ces gauches sociales n’arrivent à mobiliser l’énergie des habitants que dans des situations conflictuelles. Seule la réussite ponctuelle de mobilisations au travers de coups d’éclat, permet de relativiser l’échec d’une agitation sociale permanente, pourtant salutaire. Chaque nouvelle tension provoque une tentative collective de mobilisation qui s’estompe une fois celle-là affaiblie. Ainsi, la parole habitante collective peine à activer les mécanismes permanents d’une démocratie directe au quotidien.
Les pouvoirs publics tiennent-ils réellement compte de la parole habitante ? .