Cahier de l’entrée Coopérer/ Mutualiser
INTRODUCTION
Ce cahier d’espérance souhaite mettre en lumière des initiatives innovantes de la région Bourgogne, en proposant des exemples concrets.
Des initiatives créatrices de richesses autres que financières, qui contribuent au développement de relations économiques plus équitables…
Des initiatives productrices de citoyenneté, d’utilité sociale, de solidarité, de biens et services d’intérêt collectif…
Des initiatives innovantes au sens large :
PRODUITS ET SERVICES INNOVANTS
Nouvelles filières d’utilité sociale et environnementale.
Avec pour finalité explicite du projet : la communauté, intérêt collectif et non intérêt individuel
Exemples : services à domicile, mutuelles d’assurances des biens et de la santé, énergies renouvelables, habitat coopératif, logiciels libres, épiceries solidaires, covoiturage auto-partage…
MANAGEMENT INNOVANT
Nouvelle gouvernance des entreprises
Nouvelles formes d’organisation du travail
Nouvelles formes d’entreprises
Règles équitables de répartition du revenu
Distribution limitée du profit
Règles équitables de répartition des tâches
Processus de décision non basé sur la propriété du capital
Fonctionnement participatif
Exemples : SCOP, SCIC
DEVELOPPEMENT TERRITORIAL INNOVANT
Nouvelle gouvernance dans la gestion d’un territoire ou d’un secteur d’activité
Relations économiques plus équitables
Régulations économiques, sociales et environnementales
Fonctionnement participatif
Dialogue social territorial
Exemples : structures d’insertion par l’activité économique (SIAE), Associations de Maintien de l’Agriculture Paysanne (AMAP), relocations d’entreprises, groupements d’employeurs territoriaux…
EXEMPLE 1 : VAINCRE L’ISOLEMENT DES SENIORS PAR L’ESPRIT COMMUNAUTAIRE
Les Maisons Vill’âge Bleu
Mutualité française Côte d’Or – Yonne
bourgogne-sante-services.com
Séverine Gagey
Chargée de Mission
La Mutualité Française Côte-d’Or-Yonne lance un nouveau concept (protégé à l’INPI) : celui du Vill’âge bleu. Première commune à l’implanter : Venarey-Les Laumes.
Ce nouveau concept permettra aux personnes âgées autonomes souhaitant rester à domicile d’évoluer dans un habitat individuel regroupé au coeur d’un village de 10 à 15 maisons (modulable) d’une superficie chacune de 50 à 70 m².
Il reposera sur les principes suivants :
un habitat individuel pour préserver l’autonomie,
un habitat regroupépour favoriser la mise en place de services collectifs,
la proximité de commerces et de services publics, pour faciliter la vie quotidienne
un environnement sécurisé, pour une vie plus sereine,
un lieu de vie collectif, pour ne pas s’ennuyer.
Les maisons individuelles (type T2 ou T3) de plain pied seront situées au coeur de la ville, dans le respect des normes environnementales, et offriront un confort complet avec garage, terrasse et jardin. Par ailleurs, elles sont pensées pour l’accueil des personnes à mobilité réduite (cuisine amé¬nagée, barres d’appui dans la salle de bain et les sanitaires, douche de plain pied et range¬ments d’accès faciles…), respectant les normes de sécurité.
Le Vill’âge bleu permettra aux personnes de vivre en toute autonomie et sécurité, de rece¬voir leur famille dans un espace privé, tout en favorisant la mise en place de prestations de services collectifs.
À noter que l’intervention de l’aide et des soins à domicile, la téléassistance, le portage de repas… seront possible. Un espace commun sera également réservé pour se rencontrer autour de loisirs adaptés : activités créatives, gym douce… et sera disponible éventuellement pour recevoir la famille. Enfin, un concierge sera présent sur place pour assurer la surveillance du site ainsi que pour faciliter l’information, la liaison entre les habitants et assurer les petits services qui facilitent la vie au quotidien.
Aujourd’hui, une grande majorité de personne âgée (80%) vivent à leur domicile. Ce chiffre va croître considérablement au cours des prochaines années, lorsque les généra¬tions du baby-boom avanceront en âge. De nouvelles réponses adaptées aux attentes et aux besoins de ces générations sont donc à anticiper et à proposer.
S’installer au sein d’un Vill’âge bleu permettra de :
Préserver son autonomie
Vivre avec ses affaires, ses meubles, ses repères familiers, son réseau de connaissances (maintien du tissu familial et relationnel) à proximité des lieux où la vie active s’est déroulée
Rester citoyen, conserver une «utilité» sociale en particulier grâce au maintien du lien intergénérationnel
Proposer des services de maintien à domicile si nécessaire
Sécurité
des maisons de plain pied entièrement adaptées pour des personnes à mobilité réduite - un village clos par une murette et un portail - la présence d’un concierge qui habitera sur place - un éclairage extérieur sécurisant - ainsi qu’une convention avec l’EHPAD le plus proche - possibilité de téléassistance…
Autonomie
la présence pour chaque maison, d’un garage, d’un jardinet et d’une terrasse - domotique - services à domicile si besoin…
Confort
logement de taille adaptée T2/T3 de 50 à 70 m² - normes tendant vers HQE - domotisation des logements, rangements étudiés, douche de plain pied, revêtements non glissants, barres d’appui…
Vie sociale
la forme du village favorisant les rencontres - l’espace collectif pour les activités en commun, éventuellement les fêtes de famille - l’aménagement des espaces extérieurs communs : jardin arboré, bancs, jeux pour enfants, terrain de boules - l’ouverture du vill’âge sur la vie de la commune : ouverture aux associations locales notam¬ment, à la vie culturelle, politique, sociale…
Le premier Vill’Âge Bleu est actuellement en construction dans la ville de Châtillon-Sur-Seine et ouvrira en 2011.
D’autres vill’âges sont programmés, dont un premier lot sera mis en oeuvre en 2011 : à Vénarey-Les Laumes, Chamesson, Saint Honoré les Bains, Quarré-les-Tombes, Rouvray et Epoisses
EXEMPLE 2 : DEVELOPPEMENT D’UN SYSTÈME ALIMENTAIRE LOCAL AUTOUR DE LA FILIÈRE BIO
Projet PACTES
Mutualité Sociale Agricole (MSA) Bourgogne
msa-bourgogne.fr
Lionel Badot,
Chargé de projets économiques et sociaux
Action rurale de développement durable
Partenariat Agricultures Cuisines Territoires Environnement Solidarités
La MSA Bourgogne avec près de 40 partenaires a initié une démarche volontariste pour favoriser l’installation de producteurs en agriculture biologique et booster l’approvisionnement des cantines en produits locaux et bio dans le cadre d’une meilleure appropriation du Système Alimentaire Local.
Objectifs de PACTES
. Créer et gérer plusieurs lieux d’accueil, de professionnalisation et d’accompagnement, nommés « lieux-tests », pour des personnes voulant développer une production agrobiologique.
. Mener des actions d’approvisionnement de lieux de restauration collectif en produits locaux (dont bio) dans le cadre d’une démarche de Système Alimentaire Local ( SAL) permettant aussi de proposer des débouchés aux porteurs de projets en lieux test.
Points d’innovation :
Nouveaux produits – Nouveaux services
on essaie d’avoir de nouveaux produits par une approche localisée et chargée de « sens » , en permettant aux cantines de changer leur approvisionnement avec des produits bio et des produits locaux et ce faisant on permets une ré interrogation sur ces produits par leur lien à la santé, leur lien à l’environnement, leur lien à l’économie locale, leur lien au goût…le choix du produit devient chargé de « sens ».
on essaie par cette action de changer le regard, de produire du changement social:
on développe une démarche exigeante qui doit favoriser la prise de conscience mais aussi du changement sur les pratiques , visite d’expériences avec élus, cantinières, parents d’élève, ré interrogation sur l’alimentation, découverte et visites des producteurs locaux, mutualisation des moyens, formations, gestion des déchets…ou par exemple en proposant une approche de l’installation agricole un peu différente plus progressive, plus solidaire…
Nouveaux clients – Nouveaux publics
On construit de nouveaux clients, en apportant une réponse concrète et collective voire coopérative à des besoins/désirs/ambitions exprimés, et qui permette de fabriquer des « consom’acteurs » :
le temps de l’expression de chacun est important « pourquoi je veux cela », que l’on soit parents d’élèves, élus, gestionnaires, porteurs de projets en agriculture bio, propriétaires de terrains à mettre à disposition. Ces échanges expriment des valeurs, et ce n’est qu’ensuite que l’on travaille sur la demande, celle-ci n’est plus centrée sur une seule vision du client qui veut satisfaire une demande immédiate, mais sur un collectif qui tient compte de l’avis de tous et qui co construit, qui participe, qui donne son avis aussi.
Il y a le souhait de démocratiser l’ouverture du plus grand nombre à un alimentation bio, « saine », réfléchie : le fait de travailler avec les écoles nous amène aux parents d’élèves, ou « comment je mange »…
Nouvelles formes d’entreprises – d’organisation
Nous souhaitons traduire ces partenariat riches en une forme coopérative du type SCIC : en attendant on est dans un « Partenariat de Développement » ou un « pôle de coopération » ou une « plateforme collaborative », mais devrait se traduire juridiquement par un statut permettant ces co-réalisations. On est dans une logique de groupement de coopération. À titre d’exemple, cela permettra de faire évoluer y compris l’embauche des 10 cantinières sur un secteur, avec un seul employeur sous forme de groupement d’employeur.
On essaie d’avoir une approche globale de l’amont à l’aval et une co gestion de l’offre et de la demande. On favorise l’installation de porteurs de projets d’agriculture bio, dans des lieux test, et dans le même temps on développe des actions d’approvisionnement en produits bio et en produits locaux de lieux de restauration collective dans le cadre de système alimentaire locaux sur des secteurs pour permettre à ces futurs porteurs de projets d’avoir des marchés parmi d’autres. Dans ce cadre on mobilise les futurs clients de ces porteurs de projets sur une action collective comme les gestionnaires de cantines en clunysois et on travaille ensemble sur les prix avec eux et les producteurs dans une action co construite.
On s’inscrit donc dans le cadre d’une expérimentation avant de passer à la réalisation, ce qui suppose des phases d’incertitudes, des phases itératives, des phases de rercherche, avec un temps nécessaire d’interconnaissance entre les acteurs, de co construction du projet en allant voir des expériences similaires, en faisant des « allers retours » sur notre projet en réfléchissant ensemble, afin de bien définir la finalité du projet, ces missions, et les actions à réaliser.
Nouvelle gouvernance dans la gestion du territoire ou d’un secteur d’activité
Au-delà de la SCIC qui est les statut qui serait le plus adapté, il est important de réfléchir concrètement à la co gestion coopérative ; et pour cela l’entreprise sociocratique me paraît être une des solutions qui permettent de faire vivre cette coopération :
Il s’agit d’une gouvernance par consentement qui permet l’expression de chacun, le respect de chacun et la co décision, cette approche s’appuie sur l’intelligence collective, et bien que mis en place aussi dans le système des entreprises classiques, elle me paraît être beaucoup plus en phase avec la détention collective du capital, que propose l’ESS.
La sociocratie le permet car elle permets aussi la Convivialité et réciprocité
créer toutes les occasions pour développer les échanges, les rencontres, les relations interpersonnelles, la réciprocité….exemple avec l’événement porté par Réseau Coop et Pactes dans le mois de l’ESS sur « la Ronde des circuits courts » qui a fini avec des danses collectives, avec des événements autour de dégustation de produits locaux, avec des visites collectives ( 4 jours en Italie à 23 personnes ), visites des exploitations agricoles par les cantinières, et visites des cantines par les producteurs….
EXEMPLE 3 : HEBERGEMENT ET ACCOMPAGNEMENT DE LA CRÉATION D’ENTREPRISE
POTENTIEL 71
Couveuse d’entreprises de Saône et Loire
potentiel71.com
Jean-François Gueidan, président
La Couveuse Potentiel 71 est née en 2005 d’un constat : le manque d’un outil « test » intermédiaire entre les porteurs de projets qui sont accompagnés et le lancement effectif de leur activité. Depuis son lancement 300 projets ont été accueillis dont une majorité ont trait à l’ESS.
Association créée en 2006 à l’initiative de la Boutique de Gestion 71 et d’un réseau de partenaires socio-économiques, POTENTIEL 71 est la couveuse d’entreprises de Saône et Loire. Labellisée depuis 2007 par le réseau national « Union des Couveuses », POTENTIEL 71 est par ailleurs adhérente à la Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire de Bourgogne et fait partie du dispositif régional « J’Entreprends en Bourgogne ».
Qu’est-ce qu’une couveuse d’entreprises ?
Une Couveuse permet de tester grandeur nature son projet de création d’entreprise durant une période déterminée au cours de laquelle vous commencez de manière réelle et dans un cadre légal à facturer, prospecter, acheter, gérer, tout en étant accompagné(e) et en préservant votre statut et vos droits antérieurs.
Dans quels buts ?
S’assurer de l’existence d’une clientèle
Appréhender progressivement les fonctions de chef d’entreprise : la prospection, la communication, la gestion du temps, l’organisation administrative, la comptabilité….
Acquérir plus de crédibilité auprès des futurs partenaires de l’entreprise
Quelles sont les fonctions d’une couveuse ?
L’hébergement : la couveuse vous prête son N°SIRET, assure votre comptabilité, souscrit votre assurance responsabilité civile professionnelle, gère les déclarations fiscales et sociales et tient votre compte bancaire professionnel.
L’accompagnement (individuel et collectif) : la couveuse vous accompagne dans votre démarrage commercial et vous forme à la gestion de votre activité.
Pour la Couveuse Potentiel 71, la réussite du mélange ESS et innovation peut se résumer en 8 points :
1) Les projets doivent répondre à des besoins réels avec de vrais porteurs sur le territoire : la Couveuse a été créée parce qu’elle répondait à une demande réelle sur le territoire concerné.
2) Le droit à l’initiative économique est un outil de développement important : création par l’Etat du contrat CAPE pour les entrepreneurs en couveuse.
3) Un projet ne peut pas exister sans des moyens humains et financiers : le soutien des collectivités, des pouvoirs publics et de partenaires privés est essentiel.
4) Rester dans son cœur de métier tout en privilégiant un travail partenarial avec les acteurs déjà présents sur le territoire : la Couveuse a passé des conventions de partenariat pour la partie accompagnement des porteurs qu’elle accueille avec les structures qui existent déjà (Active 71, IDEO Boutique de Gestion).
5) La bonne structuration du projet : la forme associative a été privilégiée au départ pour la Couveuse même si le statut SCIC est en réflexion sur le long terme.
6) Réussir à fixer des objectifs et les moyens d’y arriver : cela renforce la crédibilité du projet.
7) La volonté d’essaimer le projet : la Couveuse souhaite se développer sur les autres départements – elle a modifié ses statuts pour passer d’une vocation départementale à régionale.
8) Apporter un « plus » : pour Potentiel 71, il s’agit de sa démarche de réalisation d’un rapport sociétal (téléchargeable sur : potentiel71.com/2009.pdf).
EXEMPLE 4 : LUTTE CONTRE L’EXCLUSION ALIMENTAIRE ET RÉINSERTION DURABLE DE PERSONNES EN DIFFICULTÉ
COLLECTIF BOURGUIGNON DES EPICERIES SOCIALES ET SOLIDAIRES
epiceries-solidaires.org
Alain Metge, président
Fondateur d’Epi’Sourire, epicerie solidaire de Dijon
Le collectif est né en avril 2009 d’un besoin des épiceries, dont les situations sont très hétéroclites, pour pouvoir mieux s’organiser. Il regroupe 22 épiceries, 27 salariés, 127 bénévoles, 83 administrateurs, 5800 familles soit 16 000 bénéficiaires.
Si ce collectif n’est pas innovant en soi (il en existe un en Rhône-Alpes : le GESRA), le principe d’une fédération des épiceries sociales et solidaires sur le territoire de la Bourgogne est lui nouveau.
Les objectifs à court terme sont l’élaboration d’une charte commune et de travailler sur des ateliers de sensibilisation.
À plus ou moins long terme, le collectif souhaite travailler sur la création d’une plateforme centrale d’achats solidaire. Ce projet permettra de créer des emplois, de baisser les coûts d’achats des produits vendus par les épiceries en pesant sur les fournisseurs et les décideurs en globalisant les demandes.
Portés par des valeurs humanistes et de solidarité, le collectif a pour objectifs de :
définir et construire le collectif bourguignon des épiceries sociales et solidaires
identifier et valoriser la démarche des épiceries sociales et solidaires
analyser, prospecter, consolider et développer le partenariat engagé
soutenir les projets en création ou en restructuration
Elle soutient le développement des Épiceries Solidaires, associations caritatives qui proposent, à 20% du prix usuel, des produits de consommation courante à des personnes en situation de précarité.
Le principe des Épiceries Solidaires est de lutter contre l’exclusion sans favoriser l’assistanat, de respecter la liberté des personnes et de promouvoir leur réinsertion durable.
Le nombre de bénéficiaires de ces épiceries a fortement augmenté et ce constat risque de se confirmer cette année. Face à cet accroissement de la demande, les épiceries ont la volonté de se regrouper afin de réduire leurs coûts, harmoniser leurs pratiques et parler d’une même voix auprès de leurs partenaires.
EXEMPLE 5 : FAVORISER LA COOPÉRATION D’ENTREPRISES CULTURELLES ET CRÉATIVES DANS UN QUARTIER EN RENOUVELLEMENT URBAIN
La Coursive Boutaric – Pôle de coopération culturelle, économique et sociale
Association Zutique Productions
zutique.com
Frédéric Ménard,
Directeur de l’association Zutique Productions
Constat :
Des entreprises culturelles en difficulté (financements, difficulté d’accès
au marché, des salariés sous rémunérés au regard des qualification,…) qui
souhaitent coopérer et entreprendre autrement, coordonner leurs actions,
partager des compétences, des outils et des projets des projets de recherche
et développement, et plus globalement être acteurs et « vecteurs » pour la
définition de nouvelles politiques culturelles locales.
Les cultures et leurs diversités sont un vecteur de mixité et de lien social
(droit culturels des personnes)
Projet :
Le pôle de coopération culturel, économique et social Dijon Bourgogne va se développer et permettre aux entreprises culturelles et créatives de Dijon et de la région de réaliser des économies d’échelle, de partager des projets, d’effectuer de la recherche et du développement et ainsi de faire face, ensemble, aux effets de la rigueur budgétaire et des mutations dans le monde culturel (nouvelles formes d’entrepreneuriat) et technologique (nouveaux média).
Installé dans l’immeuble Boutaric situé dans le quartier des Grésilles à Dijon, le pôle fera partie d’un ensemble comptant également des logements, une pépinière d’entreprises et un espace d’interactions culturelles avec les habitants.
À ce jour, trois entreprises culturelles et créatives sont déjà installées dans l’immeuble et commencent à mettre en commun des moyens, des compétences pour fonctionner et se développer.
Ces trois structures représentent un total de 13 salariés permanents, près de 200 salariés artistiques et techniques en CDD d’usage, une cinquantaine de bénévoles et un budget consolidé d’environ 1 million d’euros.
Elles sont très impliquées, à travers de nombreuses actions, dans le territoire dijonnais et bourguignon et rayonnent bien au delà (France, Europe).
Elles souhaitent conjuguer une démarche artistique, un projet économique, une dimension sociale, une gouvernance participative. L’ambition de ce projet est l’accueil d’une trentaine d’entreprises culturelles et créatives.
Ainsi elles coopèreront et mutualiseront leurs moyens, leur recherche ; elles coordonneront leurs accès à des ressources nouvelles (mécénat, marché, garanties d’emprunt…).
Elles s’inscriront ainsi dans les démarches de cluster, de grappe d’entreprises, autrement dit de « Pôle de coopération d’entreprises culturelles et créatives ».
L’immeuble Boutaric se situe dans le quartier des Grésilles, à proximité immédiate du centre-ville de Dijon, du Campus Universitaire de Dijon qui regroupe près de 25 000 étudiants et de nombreuses Unités de Recherche, et de la Zone d’Activité Economique « Cap Nord » qui compte près de 400 sociétés et 16 000 salariés.
Le quartier des Grésilles est le plus ancien grand ensemble de l’agglomération dijonnaise. Il compte près de 10 000 habitants (5% de la population dijonnaise) et plus de 4 000 logements, dont 57 % locatifs sociaux. Les Grésilles sont en pleine mutation, à travers une vaste opération de renouvellement urbain dans le cadre d’une convention ANRU - Grand Dijon - OPAC de Dijon. Outre les opérations concernant l’habitat, cette convention a un volet « diversification des fonctions » (activités tertiaires, commerces, bureaux…).
Le conseil d’administration de l’OPAC de mars 2010, sur proposition de son président, a voté un projet de recyclage immobilier pour l’immeuble Boutaric, mêlant diversité d’usages, mixité sociale et écoréhabilitation.
Des études, commanditées par le Grand Dijon, sont en cours sur les problématiques de création d’activités et de pépinières d’entreprises.
L’association La Coursive Boutaric, créé en décembre 2010, s’intègre donc dans un projet global, sectoriel et territorial.
Dans ce cadre, elle porte et pilote les axes suivants :
Pôle de coopération d’entreprises culturelles et créatives,
Développement de l’art dans les territoires,
Lien social et relation à la population et aux associations du quartier
Formation, recherche et développement.
Innovation dans la gouvernance du projet et son rayonnement sur le territoire : démarche participative, évaluation, projet partagé et maîtrise d’usage (citoyens,
entrepreneurs, collectivité), l’intersectorialité (culture, économique, social… et environnement = recyclage immobilier) et l’interterritorialité (l’ancrage local et l’ouverture au global).
Des solidarités entrepreneuriales (en termes de ressources humaines, de compétences et de ressources financières)
EXEMPLE 6 : ALTERNATIVE ECOLOGIQUE ET ÉCONOMIQUE, GROUPEMENT D’ACHAT EN MILIEU RURAL, FILIERES COURTES, SOUTIEN AUX PETITS PRODUCTEURS LOCAUX
Foyer Rural de Bouilland
foyerruralbouilland.monsite-orange.fr
Sylvie Mouquet
Une autre façon de s’organiser dans un village.
Créé en 1996, le Foyer Rural Bouilland est une Association d’éducation populaire, sportive et culturelle de type loi 1901. Elle adhère aux mouvements des Foyer Ruraux (CNFR)
L’association est un élément important d’animation et de développement du milieu rural. Elle a pour buts :
de susciter et de promouvoir, d’exercer et de développer les activités récréatives, culturelles, sportives…, concernant la commune et la vie locale.
de renforcer la solidarité morale des habitants, l’esprit de compréhension mutuelle et d’entraide.
Nous sommes depuis 2000, entre 70 et 100 adhérents dans un village qui compte un peu moins de 200 habitants. Depuis toujours, la commune soutient et aide le Foyer. Les bénévoles qui l’animent sont des personnes qui donnent de leur temps sur leur vie privée et professionnelle parce qu’ils se sentent citoyens de leur commune et ils veulent que leur village soit vivant.
Il est important d’aider à retrouver du bon sens dans nos campagnes, de retrouver des pratiques abandonnées, et un équilibre entre l’humain, l’écologie et l’économie.
Notre Foyer retrouve là son rôle et sa mission d’éducation populaire à travers des activités éducatives, culturelles, sportives et solidaires. Grace aux manifestations de l’année, le foyer finance ses activités à plus de 60%,, le reste est à charge des participants.
Nous proposons des activités dans divers domaines :
Activités sportives : gymnastique, escalade, tennis, randonnée…
Activités culturelles et d’expression : théâtre, dessin, peinture, musique…
Activités éducatives et sociales : club nature, informatique, journal, infos et débat…. Activités récréatives et festives : Bouilland gourmand, spectacles, concert, veillée musicale, vide grenier…
Sensibilisation à l’environnement par des pratiques alternatives.
Il est certes important de faire découvrir des activités culturelles et sportives, d’animer le village par des rencontres festives, mais aujourd’hui en matière d’éducation Populaire, notre rôle de Foyer est aussi d’aider à retrouver du bon sens dans nos campagnes, de retrouver des pratiques abandonnées, et un équilibre entre l’humain, l’écologie et l’économie.
Une autre activité importante a vu le jour cet automne…
Depuis longtemps nous avons pris conscience de la chance que nous avons de bénéficier d’un site naturel remarquable. C’est pourquoi depuis sa création le Foyer anime un club nature avec les enfants. Ce club s’est élargi aux adultes et en plus de l’éducation et de la sensibilisation à l’environnement, il développe des alternatives écologiques et économiques.
Ce projet est né en octobre 2008, soutenu par la Caisse d’Epargne qui nous a attribué une subvention dans le cadre d’un PELS :
Création d’un groupement d’achat, afin de sensibiliser les habitants à une consommation locale de produits sains, privilégier les circuits courts de distribution, encourager les producteurs en vente directe.
Permettre à tous et sans condition de revenu de bénéficier d’une alimentation saine et respectueuse de l’environnement, et des hommes. Nous soutenons ainsi des petites exploitations agricoles qui contribuent à maintenir les campagnes vivantes, dynamisent nos villages et caractérisent nos paysages.
Nous étions 4-5 familles au début de l’automne 2008 pour atteindre aujourd’hui une quinzaine. Nous avons trouvé plusieurs producteurs locaux sensibles à notre projet et qui acceptent de travailler avec nous et de nous livrer les produits.
Pour les produits non locaux (comme l’huile et le riz) nous nous adressons à une SCOP (Société coopérative de production) située en Ardèche qui a aussi une démarche écologique et solidaire dans sa région.
Mise en commun d’un jardin pour permettre aux personnes sans terrain de créer un potager. D’expérimenter des techniques d’agriculture biologiques en permaculture, sans labour du sol, sans bêchage, utilisation du paillage, du BRH (bois raméal fragmenté), association des plantes etc. Réapprendre au ruraux des pratiques de culture vivrières et prouver qu’il est possible de se nourrir à la campagne.
Agrandir la mare réalisée avec les enfants du club nature
Créer une aire de compostage collectif sur ce terrain. (non réalisé pour le moment)
Eco-construction d’un abri de jardin, en botte de paille avec les jeunes et moins jeunes. (en cours)
information et réunion sur les sujets touchant l’environnement et le milieu rural
L’avantage d’un foyer est qu’il est au centre des préoccupations d’un village, il connait les habitants, il discute avec eux, il perçoit leur difficulté, il reçoit leurs idées et leurs envies de changer les choses. Il vit avec eux au quotidien.
Et c’est dans ce quotidien que les gens peuvent mesurer ce qu’une action va changer. Il y a un travail en amont à faire pour que chacun ose s’exprimer, c’est un des rôles de l’éducation populaire. Puis il faut attendre encore que les idées fassent leurs chemins; Bouleverser des habitudes et penser autrement ne se fait pas du jour au lendemain. Surtout lorsque le système, les organismes et les collectivités, eux, continuent de fonctionner sur un schéma conventionnel c’est à dire basé sur la richesse financière plutôt que sur celle du bien-être.
C’est donc petit à petit que les actions se mettent en place et que des changements apparaissent dans le comportement des gens, mais cela ne se fera pas s’ils ne l’ont pas choisi eux mêmes, il faut donc leur accord et surtout leur participation.
Ainsi nous arriverons, peut être, à la mise en place d’un projet plus vaste qui est en gestation : la CURE (Coopérative Utile aux Ruraux et à l’Environnement).
Un lieu de vie, solidaire et écologique, un lieu polyvalent, ouvert et convivial, démontrant qu’il est possible de retrouver en milieu rural des ressources, des services et une autre organisation économique, fondé sur la réhabilitation d’un patrimoine communal bâti existant, un jardin potager, un espace forestier, la pluriactivité, les échanges et la coopération.
Les portes d’entrée parmi les possibilités sont pour ce projet :
Se former, apprendre
Consommer, se nourrir
Participer, coopérer
Et j’y ajouterai
éduquer, concrétiser
CONCLUSION – PROPOSITIONS
Il faut défendre l’Innovation sociale comme on défend l’innovation technologique
Les incubateurs académiques sont généralement dédiés à l’innovation technologique et articulent laboratoires scientifiques et entreprises.
Comment favoriser le développement d’innovations sociales susceptibles de répondre à des besoins sociaux à travers des initiatives collectives combinant projets de territoire, laboratoires de recherche et projets d’entreprises ?
Il faut défendre le droit à l’innovation et à l’expérimentation en ESS, et la protection des innovations lorsqu’elles deviennent rentables.
L’ESS est une économie de la coopération, la logique du brevet s’applique difficilement… Mais il est épuisant pour les acteurs de voir leur travail récupéré par des entreprises classiques, le tout accompagné par l’action publique (logique de marchés publics).
Ex. : orga de formation Cesam – problème des critères d’attribution des marchés, il faut que les collectivités maintiennent des appels à projets / subventions, seulement logique de marchés publics nous conduit à l’impasse
Ex. : asso d’educ pop Cemea, pas possible de concourir sur la seule logique des marchés publics, prendre en compte la démarche, l’éthique, la plus value humaine et sociale
Quelques idées en vrac pour favoriser la généralisation des formes d’innovation sociale dans tous les domaines : services à la personne, systèmes d’échanges locaux, protection de l’environnement et gestion des déchets, commerce équitable, développement culturel…
Financier
Créer un fonds de soutien à l’innovation dans l’ESS
Créer un fonds d’investissement pour entreprises socialement innovantes
Educatif / Culturel
Créer un fonds de formation et de professionnalisation en ESS
Développer des filières de formation à l’ESS dans les universités, les écoles de commerce… Ex : Wellience, formation CNAM…
Développer les pratiques coopératives à l’école
Juridique
Favoriser la création de groupements d’employeurs
Encourager l’accompagnement et l’hébergement de porteurs de projets socialement innovants : couveuses, pépinières, coopératives d’emploi et d’activité…
Ce cahier d’espérance souhaite mettre en lumière des initiatives innovantes de la région Bourgogne, en proposant des exemples concrets.