L’incapacité programmée de plus pouvoir et de ne plus savoir se nourrir sainement

Cahier de l’entrée Consommer / Se nourrir 

Conditions du développement

Il faut que les politiques d’aménagement du territoire laissent une place significative au

foncier non bâti pour favoriser les cultures vivrières.

Données chiffrées

De 4 à 5 familles au début, nous arrivons aujourd’hui à 25 familles soit 20% des

familles, soit 30% des habitants, qui utilisent ce service. Le Foyer compte une petite

centaine d’adhérents sur une population totale de 200, ce qui prouve l’intérêt du

village pour ses actions.

D’autres chiffres très convaincants et sans aucune négociation à la baisse avec les

producteurs, sont les prix des légumes : 1kg de carottes : 1,17 €, 1kg de pomme de

terre Désirée : 1,06€, 1kg d’oignons 1,43€, 5kg de farine 7,30€.

Ce qui est certain aussi c’est qu’il est encore impossible de créer un emploi dans

ces conditions, ces prix sont possibles parce que la distribution est assurée par des

bénévoles.

Il y a un chiffre que je ne pourrais jamais vous donner parce qu’il n’est pas

monnayable c’est celui du bien être.

Changement d’échelle possible

À partir de là nous pouvons imaginer et développer un tout autre système

économique. Grâce au réseau des Foyers ruraux, il est possible d’imaginer que

chaque village décide de produire lui même une partie de sa nourriture (les légumes,

les oeufs, la viande) selon ses ressources et possibilités naturelles et climatiques.

Soit dans des jardins individuels ou soit en jardins collectifs avec une personne

salariée pour gérer les cultures.

Facteurs de succès

Les facteurs de réussite sont :

La valeur de l’exemple concret et éprouvé

L’éducation des plus jeunes aux pratiques économiques et alimentaires saines pour eux et l’environnement.

L’appropriation par les adultes grâce à l’échange d’idées et l’analyse

Impacts de l’initiative

l’impact de cette initiative sur la population est naturellement une réduction des

déplacements

Une façon de se nourrir sainement à des prix peu élevés,

Un échange entre les habitants au sein de l’épicerie.

L’impact sur l’économie est le soutien des producteurs locaux pour leur permettre de vivre de

leur production.

Nos actions permettent aussi l’intégration très rapide des nouveaux habitants du village.

L’organisation

Créé en 1996, le Foyer Rural Bouilland est une Association d’éducation populaire, sportive et culturelle de type loi 1901.

Extrait des statuts : L’association doit être un élément important d’animation et de

développement du milieu rural.

Dans la pratique ses buts sont :

  • de susciter et de promouvoir, d’exercer et de développer les activités récréatives,

culturelles, sportives…, concernant la commune et la vie locale

  • de renforcer la solidarité morale des habitants, l’esprit de compréhension mutuelle et

d’entraide.

Elle adhère à la Fédération Départementale des Foyers Ruraux de Cote d’Or (FDFR21), qui elle même encourage ces initiatives à l’intérieur du mouvement et qui donne aussi l’exemple en favorisant les producteurs locaux au sein de l’écluse de la Charme.

Depuis toujours, la commune soutient et aide le Foyer, elle nous laisse à disposition à titre gratuit une salle. Notre budget étant trop faible, nous ne pouvons pas avoir de salarié, ce sont donc les bénévoles qui l’animent et organisent toutes les actions. Des personnes qui donnent de leur temps sur leur vie privée et professionnelle parce qu’elles se sentent citoyennes de leur commune et veulent que leur village soit vivant.

Notre mission d’éducation populaire se retrouve à travers des activités éducatives,

culturelles, sportives et solidaires. Grâce aux manifestations de l’année, le foyer finance les activités à plus de 60%, le reste est à charge des participants.

La structure, porteuse de l’initiative

un réseau associatif structuré avec une volonté politique.

Les acteurs (Qui ?)

Le projet est né d’exemples donnés par le Foyer Rural. Il est soutenu par les

bénévoles du Foyer et apprécié par le conseil municipal. Les producteurs jouent

également le jeu car ils ne nous facturent pas les transports. En sont bénéficiaires

tous les habitants du village. Il suffit qu’ils adhérent au Foyer, Ceci permet au

mouvement des Foyers Ruraux (FDFR21) de promouvoir des actions d’éducation

populaire telle que celle ci, et jouer pleinement son rôle de réseau.

Les jeunes

Ils ne participent pas directement au groupement d’achat et à l’épicerie puisque ce sont leurs parents qui achètent. Par contre ils ont pour la plupart participé au club nature durant leur enfance, et tenu des petits jardins. Et ils continuent dans ce sens en participant aux diverses actions sur l’environnement. Maintenant nous continuons aussi les jardins avec les plus jeunes à partir de 6 ans.

Message aux décideurs

Afin de poursuivre ce genre d’actions il est indispensable d’aider les structures à les mettre

en place.

Aider les producteurs en agriculture biologique à s’installer sur des terres,

Délimiter des périmètres de cultures vivrières autour des villes et des villages.

Quand allons-nous créer des outils capables de mesurer le Bonheur Intérieur Brut ?

Propositions pour convaincre l’opinion

Plutôt que de laisser une terre stérile et des dettes à nos enfants il est grand temps de

réapprendre à devenir autonomes à commencer pour les besoins alimentaires.

Les habitants peuvent trouver sur place des produits de qualités et locaux au prix des

producteurs. En se retrouvant au Foyer pour faire leurs achats les personnes discutent,

échangent des recettes, essaient de nouveaux produits, apprennent à se connaitre…….

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

Les foyers ruraux font de l’éducation populaire, nous essayons de redonner confiance aux personnes pour reprendre le pouvoir. Trop longtemps considérés comme incapables de prendre des décisions, et d’être maitres de leur destin (puisque confié à des spécialistes en tous genres), nous essayons de leur montrer qu’il y a des alternatives et qu’ils sont capables, du fait de leur expériences de vie, et malgré leurs différences, leur contradictions d’intérêts de s’associer pour arriver à un consensus. Que leur avis doit être pris en compte autrement, par un vrai processus démocratique. Le Foyer est un espace public ou chacun peut s’exprimer. Un proverbe chinois dit : « Si nous avons un objet et que nous l’échangeons, nous avons chacun un objet. Si nous avons chacun une idée et que nous l’ échangeons nous

avons deux idées.  »

Le succès du groupement d’achat et de l’épicerie démontre que l’environnement, l’économie locale et le bien être sont des valeurs partagées par un nombre croissant d’habitants. L’épicerie associative redonne tous leurs sens aux producteurs locaux et à l’agriculture biologique et permet de les soutenir. Elle évite les déplacements en ville et surtout elle permet un échange entre habitants. De là naissent des idées pour poursuivre dans ce sens.

Celle de créer des jardins collectifs pour produire certains légumes fait son chemin ou même de cultiver soi même son potager de façon écologique. (favorisée par la pratique du compostage)

Ressources, financements et moyens utilisés

Notre action a été soutenue par la Caisse d’Epargne qui nous a attribué une subvention dans le cadre d’un PELS (projet d’économie Locale et Sociale) :

· Création du groupement d’achat et sensibilisation des habitants à une consommation locale de produits sains

· privilégier les circuits courts de distribution, et encourager les producteurs en vente

directe.

· Mise en commun d’un jardin pour permettre aux personnes sans terrain de créer un

potager.

· Agrandir la mare réalisée avec les enfants du club nature

· Eco-construction d’un abri de jardin, avec divers matériaux pour initier les intéressés

à différentes techniques de construction (mur en paille, en bois cordé et bois).

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

L’incapacité programmée de plus pouvoir et de ne plus

savoir se nourrir sainement

Témoignages

Une habitante de Bouilland, qui tient des comptes très précis, m’a expliqué qu’elle réalise près de 3.000 € d’économies par an depuis qu’elle a changé sa façon de consommer !!! Elle ne va quasiment plus au supermarché, mais cultive son jardin potager et utilise les services du groupement d’achat du Foyer.

Ainsi, d’une part elle a beaucoup réduit ses allés et venues vers Beaune, et d’autre part elle n’achète plus quantité de choses inutiles et chères. (Un aller retour à Beaune coute en moyenne 15€).

Sans parler du gain de temps et de tranquillité, des conséquences sur l’environnement et sur l’économie locale, ainsi que probablement sur la santé… Autant de bénéfices qui sont difficilement chiffrables, mais tellement importants.