Culture et ESS : Opportunité ou opportunisme

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Impacts de l’initiative

Le projet met en lumière l’impact qu’un projet artistique participatif peut avoir pour révéler les ressources d’un territoire et sa traduction en terme économique. (Développement de chambre d’hôte, de séjour, des emplois pour les habitants comme celui de chauffeur/guide…etc)

L’organisation

L’organisation

Le projet Hôtel du Nord est organisé sous forme coopérative. Son objet social est de valoriser économiquement le patrimoine présent dans les 15ième et 16ième arrondissements de Marseille pour le conserver « en vie » et améliorer la vie de ceux qui y vivent et travaillent.

Les principes fondateurs de la coopérative sont l’adhésion libre, volontaire et ouverte, le pouvoir démocratique exercé par les membres (un membre, une voix), le contrôle par les habitants des communautés patrimoniales (ils détiennent statutairement au moins 51% des droits de vote), l’autonomie et l’indépendance et l’éducation, la formation et l’information avec une « Ecole des hôtes ».

Ses activités sont la gestion de sa marque Hôtel du Nord (un nom, un signe, un label et un symbole qui en permet l’identification), l’éducation, la formation et l’information via l’Ecole des hôtes et la co-production de mises en valeur du patrimoine.

Les acteurs (Qui ?)

Les hôtes, mais aussi les habitants, artistes, entreprises, centre sociaux, acteurs de la politiques de la ville accueillent et animent des balades patrimoniales, des rencontres… en particulier lors des Journées Européennes du Patrimoine. Des publications, ouvrages écrits ou sonores contribuent à rendre vivant le patrimoine matériel et immatériel.

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

Parmi les projets artistiques, des initiatives dites participatives et interactives, remettent en cause le primat absolu qui a été donné à l’offre artistique professionnelle d’excellence, comme base exclusive du développement socioéconomique de la culture et des arts. Ces propositions intègrent la participation de citoyens dans le processus de création et/ou de diffusion, aux côtés d’artistes.

De par les modes de mises en œuvre de ces projets, leur rapport au territoire et les valeurs qu’ils véhiculent, ces propositions artistiques s’inscrivent davantage dans une démarche d’économie sociale et solidaire et d’éducation populaire que les offres culturelles habituelles.

L’objectif est de réactualiser l’hospitalité qui fonde les quartiers des 15 et 16ème arrondissements de Marseille (près de 100 000 habitants 40% de chômeurs)

La coopérative « Hôtel du Nord » a pour cadre de référence la Convention européenne de patrimoine intégré, dite de Faro, qui met l’individu au centre d’un processus de développement durable. Il vise un réseau de 50 chambres pour l’accueil qui se co-construit durant 3 ans, jusqu’à 2013.

Les artistes ont un rôle primordial dans ce processus dans la mesure où l’artiste apparaît comme le révélateur sensible de ces territoires. Ils tendent par leurs interventions à mettre en valeur, en lumière, une conversation intime entre les hommes et leurs milieux. A travers des balades périurbaines commentées et décalées, qui interrogent les frontières de la ville, les artistes s’appuient sur la maitrise d’usage et l’expertise que les habitants ont de leurs territoires et de ses ressources. Ces balades révèlent ainsi tant les richesses patrimoniales que les richesses humaines de ses quartiers.

II/ Réalisation artistique :

Balade patrimoniale périurbaine

Réalisation de documentaire radiophonique

Création graphique de carte sensible de ces territoires

Edition 15/16 > recueil des expérimentations en cours (en référence à l’édition 10/18)

…etc

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

I / Donnée de cadrage de l’emploi en PACA :

L’emploi dans l’ESS :

 155 000 salariés pour 13 122 entreprises employeuses

 Cf.L’ESS – Panorama & Enjeux en PACA – 2011 CRESS PACA

L’emploi Culturel :

 46 200 salariés pour 2406 employeurs

 Cf. Arts du spectacle PACA – Etat des lieux – Collection Repères 2008 ARCADE PACA

Dans les 46 200 salariés sont intégrés les agents territoriaux qui représentent prés de 10500 agents. Toutefois, un pan entier de la culture n’est pas présent dans ces chiffres dans la mesure où les travailleurs indépendants affiliés à la Maison des Artistes ou à l’AGESSA ne sont pas comptabilisées. (Photographe, plasticiens…). En Région, ces emplois se répartissent entre différents statuts : les emplois de droit commun, les emplois aidés type CAE CUI, les emplois aidés régionaux ou ADDAC (d’Agent de Développement Artistique et Culturel à peine 120 salariés concerné) et l’intermittence.

II / La question des CAE CUI :

L’emploi culturel est atomisé avec une myriade de micro structures employeuses et doit faire face en grande partie aux politiques erratiques en matière d’emploi, qui précarisent les parcours professionnels et obère toute capacité à se projeter pour les structures employeuses (budget prévisionnelle, GPEC…)

Cf. Une typologie de l’emploi salarié dans le secteur culturel - 2007- DEPS Ministère de la Culture

Cf. Les associations culturelles employeurs en France - 2008 – Cnar Culture

Cf. Bilan recensement CUI- CAE Collectif PACA emploi Aidés.

Cette état de fait est d’autant plus insoutenable car les employeurs sont considérés comme la variable d’ajustement des politiques publiques en matière d’emploi (rempart à la crise, diminution des chiffres du chômage, insertion…) Nos métiers ne sont pas considérés alors même que les salariés du secteur culturel sont hautement qualifiés. Ce mépris se caractérise à travers l’instruction faite par la DGEFP à l’attention des Pôles Emploi et des DIRECCT. Les CAE CUI doivent permettre d’« acquérir une expérience professionnelle permettant de développer ou consolider des compétences transférables au secteur marchand ». Ainsi, les acteurs culturels qui ne se positionnent pas clairement dans les secteurs marchands sont seulement bon à être des sasses transitoires vers de « vrais » emplois.

III / La question des intermittents :

L’indemnité d’assurance chômage est devenue un des éléments constitutifs du modèle économique du spectacle vivant. Les intermittents et leurs employeurs ont tendance à externaliser une partie des coûts salariaux sur l’assurance-chômage. Mais comment pourrait-il en être autrement si les pouvoirs publics versent à des entreprises de spectacles des dotations qui ne permettent pas le respect des règles sociales.

Les deux annexes (8 et 10) qui composent le régime de l’intermittence sont régulièrement montrées du doigt.

Le MEDEF c’est positionné clairement pour leur suppression et ainsi faire passer les artistes et techniciens sous l’annexe 4 qui régie les salariés intérimaires. Or, il est intéressant de souligner que l’annexe 4 est également déficitaire mais ne semble quant à elle pas poser de problème.

Cf. « Intermittents du spectacle, le scandale continue. » Le point 27-04-11

Cf. « Le régime des intermittents plombe les comptes de l’Unedic » Les Echos 21-01-11

Pour les CAE comme l’intermittence, il est important que les employeurs du secteur appliquent le coût réel du travail. Sans le concours des pouvoirs publics, l’application du coût réel du travail impactera directement les bénéficiaires finaux et induira l’abandon de l’idée selon laquelle la culture est un droit et qu’il faut en garantir l’égal accès.

IV / Les tiers employeurs comme solution collective aux problématiques d’emploi.

Face aux problématiques d’emploi, les acteurs culturels expérimentent de nouvelles formes d’organisation en privilégiant des solutions collectives par des processus de mutualisation. Depuis les années 80 de nouvelles formes d’emplois émerge : Groupement d’employeurs, coopérative d’activité et d’emploi, Entreprise à temps partagé, Société Coopérative d’Intérêt Collectif…

Ces nouvelles organisations du travail font évoluer le cadre du droit du travail fondé sur la relation bilatérale qui unit employeur et salarié. Les tiers employeurs introduisent une relation tripartite entre employeur de fait (un client), employeur de droit (ex : le GE, la CAE…) et le salarié. Aussi, avec l’émergence de ces nouveaux outils juridiques deux directions s’offre à nous : l’une libérale, l’autre solidaire.

Les partisans d’une économie libérale y voient des outils de dérégulation du marché du travail et de flexibilité des salariés. (Cf. Les tiers employeurs, ou comment conjuguer compétitivité et responsabilité dans le France du XXIème siècle. Rapport réalisé Thomas Chaudron à Mr Brice Hortefeux ministre du travail février 2009.) A l’inverse, les opérateurs culturels y voient une solution collective à l’emploi, associant les salariés au devenir de leur activité. Il faut selon moi que les acteurs de l’ESS s’emparent de cette question pour faire entendre leur singularité et faire de ces outils statutaires un levier pour nos valeurs.

Témoignages

En 2010, la commission patrimoine et Marseille-Provence 2013 coproduisent la phase pilote d’Hôtel du Nord. Elle est hébergée par la coopérative Place. Un séjour pilote « Eaux et Jardins » est construit pour les Journées Européennes du Patrimoine 2010 et est mis en vente par Taddart, entreprise de tourisme participatif.

Pour les Journées Européennes du Patrimoine du 17 au 19 septembre 2010, plus d’un millier de personnes participent aux rencontres, expositions et balades patrimoniales créées et organisées par les communautés patrimoniales des 15ième et 16ième arrondissements de Marseille et la mairie de secteur.

Pendant ces 3 journées, 17 personnes venues de France, du Mali et de Suisse sont accueillies par 6 hôtes dans le cadre du séjour « Eaux et Jardins ».

Le séjour génère des recettes directes dont plus de la moitié pour les chambres d’hôtes classifiées en trois catégories : Bastide, Maisonnette et Appartement. Ce séjour a permis de tester l’offre de séjour et les opérateurs : agence de voyage, chambres d’hôtes, restauration, point accueil et accompagnateurs