L’ESS - des solutions pour l’accessibilité aux services dans les territoires

Cahier de l’entrée Coopérer/ Mutualiser    

Argumentaire

Plusieurs registres d’indignation animent les territoires :

  • l’exclusion géographique et économique :

o une concentration des services publics dans les pôles urbains excluant une grande tranche de la population,

o une réduction des dépenses publiques en matière de services publics, qui pour des économies d’échelle conduit à des situations humaines d’enfermement territorial,

o un désengagement de l’Etat qui se repose sur des acteurs locaux actifs, tels que les entreprises de l’ESS, qui rendent des services indispensables aux populations. Toutefois, les pouvoirs publics n’assurent pas de continuité ou de compensation financière, entrainant pour les structures de l’ESS un manque de visibilité, des difficultés financières voire leur fermeture,

o un glissement des finalités de la qualité/proximité vers le volume et le chiffre,

o la mobilité et l’accès aux services sont devenus un luxe, notamment dans les territoires ruraux,

o trop de personnes par manque de moyens (transport, argent…) refusent de se soigner,

o certains opérateurs de transports vendent leurs horaires.

  • la contrainte de l’accessibilité :

o des transports inadaptés aux personnes à mobilité réduite,

o des transports de fréquences et couvertures insuffisantes ou insuffisamment connues,

o l’offre de services étant concentrée les délais pour accéder à un service s’allongent inexorablement (rdv pour l’insertion professionnelle, prestations sociales, la culture, les loisirs, la santé…),

o si parfois les services sont gratuits, trop souvent les coûts pour y accéder sont trop grands, les personnes se heurtent alors à une nouvelle frontière,

o les horaires ne sont pas toujours, ou trop souvent inadéquats compte tenu des contraintes individuelles et territoriales,

o nous ne sommes pas tous égaux dans le droit à l’accès aux services, quels qu’ils soient,

o l’offre de services institutionnelle n’est plus en adéquation avec une demande car elle n’est plus en lien avec des besoins,

o il est nécessaire de ne pas être sur un ciblage des publics mais de construire de la mixité sociale, intergénérationnelle…

o l’accès aux services ne devrait pas être conditionné à la seule capacité de déplacement,

o les TIC (technologie de l’information et de la communication) accompagnées ont un rôle à jouer, or la couverture Internet n’est pas homogène à travers les territoires,

Les structures de l’économie sociale et solidaire refusent d’être perçues seulement comme des démarches palliatives aux carences des pouvoirs publics ou comme des prestataires de ces derniers.

Face à toutes ces fractures, comment attirer de nouvelles populations dans les milieux qui ne connaissent que des soldes migratoires positifs mais subissent pleinement la désertification de services ? Comment vivre et travailler au pays ?

Comment sensibiliser d’autres acteurs

Afin de prouver notre plus-value notamment en termes d’aménagement du territoire, au sens large, il nous faudrait développer des outils d’évaluation permettant d’observer et de comparer l’utilité sociale produite par les entreprises de l’économie sociale et solidaire. Montrer par des critères objectifs une évaluation comparée entre le système dominant et l’opportunité que défend l’économie sociale et solidaire pour une économie responsable.

Conditions du développement

Le succès de partenariats entre les structures de l’économie sociale et solidaire et les collectivités locales, dépend fortement de la convergence entre l’orientation politique et la capacité de l’ESS à s’y inscrire.

Données chiffrées

L’économie sociale et solidaire dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur représente plus de 155 700 emplois et 48 178 établissements à travers le territoire, offrant un véritable maillage porteur de richesses sociales, économiques…

C’est un acteur économique important et indispensable aux développements des territoires quel que soit le type d’activité exercée.

www.cresspaca.org/observatoire-presentation.html

Changement d’échelle possible

L’information est un enjeu, en termes de mobilité et plus précisément de déplacement, il faut développer de véritables plates formes ou centrales de mobilité sur une offre multimodale de transport. Des structures associatives le font localement, le changement d’échelle peut se faire par le partage, le regroupement d’information et la mutualisation de ressources.

Pour les activités en itinérance le changement d’échelle est possible pour reproduire la même initiative ailleurs (partenariat avec les collectivités, implications des habitants, de bénévoles…), toutefois, couvrir des territoires plus vaste par une mettre structure semble difficile compte tenu des temps et des coûts de déplacement.

Facteurs de succès

Les facteurs de succès sont :

  • la force des acteurs de l’économie sociale et solidaire à s’organiser, coopérer et se fédérer en réseau,

  • la capacité de l’économie sociale et solidaire à mener des actions collectives,

  • la présence active (mais trop discrète en tant que modèle économique) et irremplaçable de l’ESS dans la société,

  • la proximité avec les personnes,

  • les partenariats avec des acteurs privés et publics dans les territoires quelle que soit l’échelle,

  • les structures de l’économie sociale et solidaire sont des acteurs de terrain et jouissent d’une connaissance de leur territoire d’action et de leur environnement.

Impacts de l’initiative

Les impacts des différentes initiatives citées précédemment sont nombreux et de nature variée :

  • création de richesses dans les territoires (création d’emplois, revenus distribués, relations avec des fournisseurs, versement d’impôts locaux…),

  • création de richesses sociales par la création de lien social, la réponse à des besoins locaux,

  • participation des usagers qui permet d’enrichir le projet, d’apporter leur expertise, témoigner de leurs besoins, construire une veille en termes de mobilité…

  • mise en relation des personnes et construction d’échange,

  • casser les fractures géographiques, culturelles, économiques…

  • œuvrer pour l’accessibilité à tous types de services et par tous,

Les acteurs (Qui ?)

Les acteurs dans les territoires sont nombreux, on peut en citer quelques uns, notamment à travers les tables citoyennes et le forum thématique :

  • regroupement de l’économie sociale et solidaire : Chambre Régionale de l’ESS (CRESS PACA), l’Agence Provençale de l’Économie Alternative et Solidaire (APEAS), l’Union Départementale de l’Économie Sociale et Solidaire Hautes-Alpes (UDESS 05),

  • des acteurs de l’ESS : l’ADELHA/Ligue de l’enseignement, l’Association pour le Développement en Réseau des Territoires et des Services (ADRETS), la Mutualité Française,

  • des initiatives dans le territoire des Hautes-Alpes : Ludambule, Coodyssée Coopérative d’Activités et d’Emploi, l’Association Culturelle Sportive et Sociale Queyras (ACSSQ), Mobil’idées, les Relais de Services Publics (RSP), Autopartage, Planète Champsaur, Rions de Soleil, Fourmidiable…

Les jeunes

Des initiatives sont développées pour et avec les jeunes, notamment les transhumances inter associatives, un échange européen avec des jeunes du Portugal, de Hongrie et de France dans le Pays Sisteronais Buëch.

Message à l’opinion

Les médias doivent être une force aux côtés de l’économie sociale et solidaire pour être un outil de :

  • communication sur les initiatives développées dans les territoires, pour les citoyens, par les citoyens organisées à travers les structures de l’économie sociale et solidaire,

  • informer sur l’offre existante et les modalités d’accès (en termes de santé, de transport, d’emploi…),

  • sensibiliser le grand public, les pouvoirs publics et les acteurs privés aux modèles socioéconomiques des entreprises de l’économie sociale et solidaire,

  • rendre visible les services proposés et contribuer à l’accessibilité des personnes,

Message aux décideurs

Les acteurs de l’économie sociale et solidaire sont des partenaires pour répondre à l’objectif d’intérêt général, ils sont un lien sur le terrain, contribuent à l’aménagement du territoire par le maintien et le développement d’activités économiques et sociales, ils sont une ressources pour les collectivités locales…

Il faut que les pouvoirs publics se saisissent de leur possibilité de construire un aménagement du territoire durable, social et solidaire notamment par :

  • dans les marchés publics développer des critères prenant en compte la gouvernance des entreprises, la participation des usagers, la prise en compte des problématiques territoriales…

  • construire avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire une base financière stable pour une durabilité des actions dans le temps,

  • les TIC (technologie de l’information et de la communication) sont un outil potentiel de désenclavement et d’accès à des services, or tout le monde n’a pas d’accès Internet, il faudrait développer, de la même manière que pour la téléphonie, un abonnement Internet social,

Message à ceux qui font l’ESS

  • il faut rendre visible la plus-value et les actions de l’économie sociale et solidaire pour les populations et ainsi mettre en exergue leurs contributions à l’intérêt général,

  • il faut sensibiliser les jeunes, mais également les pouvoirs publics et les acteurs privés, à l’économie sociale et solidaire,

  • il nous faut optimiser notre capacité et force à coopérer,

  • construire et structurer un partage d’expérience des initiatives existantes dans les territoires,

Proposition pour influencer les décideurs

Développer les démarches de diagnostics locaux de territoire associant les populations, donc dans un processus de co-construction afin de répondre à l’objectif d’identifier les besoins et attentes des citoyens. Les acteurs de l’économie sociale et solidaire peuvent être un appui dans la méthodologie et la mise en œuvre de diagnostics participatifs et de citoyenneté active.

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

Les initiatives dont sont porteuses les entreprises de l’économie sociale et solidaire doivent se construire en cohérence avec les pouvoirs publics et avec la participation des citoyens.

On peut classer trois registres d’initiatives qui reposent sur :

1. l’efficience de la mutualisation,

  • La SCOP Coodyssée qui héberge fiscalement et juridiquement l’activité économique des coopérateurs et réalise les tâches administratives et comptables qui ne sont pas leur cœur de métier, leur permettant de dégager du temps. En mutualisant les compétences et les moyens la coopérative favorise les partages, les rencontres, les regroupements, l’ouverture à de nouveaux marchés, les projets collectifs, les partenariats opérationnels…

  • l’association Garrigues : service Internet de co-voiturage qui agrège également l’information sur les transports publics (train, bus…),

  • l’habitat collectif par de la collocation, notamment pour des personnes âgées, leur permettant de vivre ensemble, de rester plus longtemps à domicile plutôt que d’intégrer des centres coûteux…

2. La nécessité de l’accessibilité :

  • l’Association Culturelle Sportive et Sociale Queyras (ACSSQ) qui diffuse les informations auprès de ces adhérents pour qu’ils puissent accéder à des services (exemple : la venue d’un médecin spécialiste) - mise en relation de personnes,

  • Mobil’idées qui œuvre pour le développement de mobilité douce,

  • Ludambule et autres initiatives d’activité en itinérance qui permet aux personnes ne pouvant pas se déplacer pour accéder à certains services (culturels, sociaux, publics…) d’amener ces services vers eux,

  • l’ADRETS qui développe l’usage des TIC (technologie de l’information et de la communication) et notamment la visio communication pour permettre la mise en relation et l’échange entre les personnes physiquement éloignées.

3. La dynamique de projets collectifs : de manière transversale toutes ces initiatives de l’économie sociale et solidaire reposent sur des dynamiques collectives et participatives.

Ressources, financements et moyens utilisés

Il faut casser l’image qui voudrait que les structures de l’économie sociale et solidaire fonctionnent uniquement avec des fonds publics, c’est faux ! De plus ces entreprises produisent des richesses économiques qui au-delà des retombées en termes de consommations par les revenus, génèrent des revenus pour les collectivités locales (taxe foncière, taxe de séjours…) qui sont une contribution supplémentaire au développement de services d’intérêt général.

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

Dans tous les territoires, et plus spécifiquement dans les territoires ruraux, la mobilité est un enjeu de désenclavement pour permettre aux personnes de ne pas être enfermées dans leurs territoires, et avoir les transports, les TIC et autres moyens pour accéder à l’information, à la santé, aux loisirs et sports, à l’emploi, à la culture…