L’ESS un levier pour la consommation alimentaire locale et solidaire

Cahier de l’entrée Consommer / Se nourrir 

Argumentaire

*CAPITALISME, SURPRODUCTION ET SURCONSOMMATION*

  • La libéralisation du commerce international qui accroît les inégalités Nord Sud, halte au tout marchand ! De plus, une spéculation sur les matières premières s’installe dans le monde. Fatalité ? non !

  • La montée en puissance du productivisme, menace pour le temps présent, qui accroît la détérioration des écosystèmes, participe aux dérèglements climatiques, accentue les dégâts de l’agriculture industrielle.

  • L’hyperconsommation est un modèle qui nous mène à l’impasse. C’est insoutenable dans toutes ses dimensions : sociales, environnementales, santé, qualité de vie, bien-être,…

  • De mauvais indicateurs nous amènent à prendre de mauvaises décisions (ex. du PIB)

  • L’Economie Sociale et solidaire reste l’alibi de l’économie classique, une vitrine pour certain, une variable d’ajustement pour d’autres, mais une valeur si peu partagée par les acteurs de l’économie.

  • Environ 80% de la commercialisation passe par la grande distribution, or la marge commerciale peut aller de 7 à 10 dans ces circuits.

  • Exploitation du “filon bio” par l’industrie et la grande distribution, dans une logique purement marchande, sans plus value sociale

  • Le développement de l’agriculture locale est menacé par un commerce inéquitable globalisé.

*EQUILIBRE ALIMENTAIRE, SANTÉ*

  • La consommation des produits frais diminue au profit des produits industriels.

  • Problème de prix : 25% de la population ne mange pas de produits frais (fruits et légumes) et 50% ne mange pas de viande fraîche

  • De moins en moins de produits frais dans les cantines

  • Equilibre alimentaire à revoir notamment en acceptant des menus sans protéines animales

  • Le lien entre alimentation et problèmes de santé est avéré, c’est aux pouvoirs publics de se saisir de cette problématique et d’agir en faveur de la production de qualité.

*PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT, GASPILLAGE, PRODUITS CHIMIQUES, MEILLEURE GESTION DES MATIÈRES PREMIÈRES … *

  • 150 tonnes de fruits et légumes sont jetées en moyenne par jour sur le département de Vaucluse. 15 tonnes seulement sont récupérées.

  • Les agriculteurs en bio doivent payer le label AB pour prouver la qualité de leur démarche.

  • Trop de produits chimiques dans les produits vendus aux consommateurs, trop de plats préparés qui détruisent l’environnement et la santé.

  • Le surcoût des produits bio est lié en grande partie aux subventions accordées à l’agriculture conventionnelle

  • Impact des pesticides dans nos assiettes sur notre santé, nourrir nos enfants avec une production empoisonnée

  • Certification bio qui dérive vers des produits bio avec des OGM et autres ingrédients impactant l’environnement (huile de palme)

  • L’économie de marché est une grande productrice de déchets mal gérés. Les ressources s’épuisent tandis que les déchets s’amoncellent et posent des questions environnementales et sociales majeures (comme par exemple le traitement des déchets électroniques envoyés en Afrique). Un résultat parmi d’autres : dans le Pacifique Nord, les courants océaniques charrient des millions de tonnes de plastique. Leur accumulation couvre désormais une zone grande comme six fois la France.

  • Dans la production de biens, les fabricants font tout pour faire consommer toujours plus et provoquer le rachat : obsolescence programmée, dégradation de la qualité et non réparabilité en sont des exemples.

*MAINTENIR ET STRUCTURER L’AGRICULTURE PAYSANNE DE PROXIMITÉ, LA BIODIVERSITÉ*

  • Nous sommes une région productrice où il est difficile de trouver des produits locaux.

  • Difficulté des petits producteurs locaux pour maintenir leur activité et pour vivre décemment de leur travail. Problème de rémunération dans l’ESS avec beaucoup d’emplois précaires.

  • Manque de systèmes de transports adaptés aux circuits courts. Il faut faciliter la coopération et la mutualisation entre les structures de l’ess.

  • Manque de formation adaptée pour une production de proximité respectueuse de l’environnement

  • Frein des marchés publics difficile à ouvrir à l’approvisionnement local

  • Risque de perte de l’autonomie alimentaire locale (souveraineté alimentaire), l’identité alimentaire locale

  • Manque de soutien aux structures agricoles de petites tailles (bio suppression de 50% des aides) ou pour le développement d’une agriculture de qualité (IGP.AOC.AB)

  • Difficulté pour les agriculteurs de se libérer pour une 2ème activité : la commercialisation

  • Difficulté à créer des filières commerciales et Points de Vente Collectifs : Informations légales, juridiques…Flou juridique des PVC (prolongation de la ferme)

  • Manque d’Abattoirs, ateliers de transformations…sur le territoire

  • La restauration scolaire et collective ne se fournit pas en produits locaux/proximité et les producteurs ne sont pas encore fédérés pour répondre à ce genre de commande publique

  • Dans le Vaucluse, le nombre de producteurs a diminué de 80% en 40 ans.

  • Difficulté d’accès au foncier agricole qui freinent l’installation des jeunes agriculteurs et producteurs.

  • Des espaces agricoles dégradés qui impactent a biodiversité, de la disparition des terres agricoles au profit des zones d’activités ou d’habitation, de la disparition progressive des agriculteurs du paysage local.

*LÉGISLATION SANITAIRE *

  • Répondre aux contraintes sanitaires est souvent problématique pour les petites structures et demande beaucoup d’investissements financiers

  • Les contraintes de la restauration scolaire sont importantes en ce qui concerne les

approvisionnements et les normes d’hygiène.

  • Législations phytosanitaires différentes suivant les 27 pays d’Europe.

  • Inégalité de traitement/réglementation d’un produit à l’autre. Cela concerne le phyto, le bio.

  • Du point de vue de la législation ce qui prime c’est l’hygiène : qu’importe ce que l’on mange, l’important c’est que ce soit hygiénique.

*SOUTIEN DES COLLECTIVITÉS ET DES INSTITUTIONS*

  • Incohérences politiques entre les actions gouvernementales et les réalités locales, entre les actions gouvernementales et les fondements du développement durable.

  • Lenteurs des décisions.

  • Difficulté à mobiliser les financements publics, les démarches sont longues et compliquées.

  • Qu’en est-il des engagements pris dans le cadre du Grenelle de l’environnement ? - Pas de visibilité locale sur la mise en place et les leviers concrets.

*MODÈLE ÉCONOMIQUE ET SOLIDARITÉ*

  • Peu de chantiers d’insertion en région PACA qui conjuguent une dimension sociale, lutte contre l’exclusion, avec un mode de production et de consommation biologique et solidaire.

  • Les petits prix que l’on trouve dans ces circuits classiques concernent des produits étrangers « hard discount ». Il y a un pillage des pays en voie de développement.

  • Les petits commerces disparaissent et les villages se meurent, il n’y a plus de magasins de petite surface.

  • Quelle place pour les citoyens, bénévoles dans les initiatives de l’ess ?

  • Manque de solidarité entre les acteurs (grandes et petites entreprises, associations , privé /public), il faut créer plus de lien et de mise en réseau

  • Explosion de la pauvreté et des difficultés à s’alimenter

*LA QUESTION DU PRIX*

  • Fruits et légumes trop chers

  • Les inégalités face à la nourriture sont créées par l’aspect financier : la part de l’alimentation dans le budget est en baisse.

  • Productivisme et mondialisation : c’est la recherche de marges par les grands groupes, les investisseurs qui cherchent avant tout à gagner de l’argent.

70% des acheteurs de produits frais se déterminent d’abord par rapport au prix : il y a un problème de pouvoir d’achat.

  • Le rayon Fruits-Légumes est géré avec une marge importante : l’importance du coefficient multiplicateur est toujours avancé. La rémunération des ouvriers agricoles est inférieure au SMIC. Le prix des paniers est trop élevé, alors qu’ils sont censés être des « paniers solidaires ».

  • Les agriculteurs s’appauvrissent alors que la grande distribution s’enrichit.

  • Les consommateurs sont-ils prêts à payer plus cher un produit issu de l’ESS ? Les personnes démunies peuvent-elles accéder aux produits vendus en circuits courts ?

*INFORMER POUR MIEUX CONSOMMER*

  • Il y a un manque de connaissances des produits et du fonctionnement de la grande distribution (problème d’éducation ?). Ils proposent un modèle à bas coût.

  • Il faut respecter la saisonnalité, c’est un problème d’éducation.

  • Méconnaissance des enjeux socio-économiques autour de l’alimentation qui ne permet pas aux consommateurs de faire des choix en toute conscience.

  • Besoin de réapprendre à cuisiner/consommer

  • Consommation responsable peut coûter moins cher à long terme mais désinformation massive du grand public

  • Manque de communication pour améliorer la visibilité des acteurs

  • Soucis de lisibilité des labels. Pas d’identification sur la provenance (étranger ou France) ou pas assez significative. Les signes de qualité sont trop nombreux, on ne sait pas à quoi ils correspondent. Les différentes normes et labels de qualité sont mélangés avec les labels commerciaux. L’étiquetage n’est pas assez lisible.

  • A l’école, pas d’éducation sur la qualité gustative, pas d’éducation nutritionnelle.

  • Dans une société surinformée, qui a le droit, l’objectivité, les moyens, la légitimité, la compétence et/ou la connaissance ? Comment savoir qui dit vrai ?

Conditions du développement

*INTÉGRER LES PROBLÉMATIQUES DU SECTEUR DE L’ALIMENTATION ET DE LA CONSOMMATION DANS LA PROBLÉMATIQUE GLOBALE DU MODÈLE ÉCONOMIQUE : *

  • Intégrer le développement de l’agriculture locale de qualité dans un contexte socio économique global : création d’emploi, développement du tourisme, maintien des terres agricoles, souveraineté alimentaire, structuration de la logistique, programmes d’éducation à la consommation responsable, politique de santé, développement de formations adaptées …

  • Ouvrir les marchés publics et adapter les politiques d’achat des collectivités aux opérateurs locaux de la consommation responsable : cantines scolaires, restauration collective …

  • Travailler sur la question du prix : juste rémunération des producteurs, prix accessibles pour tous (consommateurs et professionnels), comment dépasser la tension entre ces deux facteurs clés ? Définition de prix agricoles réalistes et l’élaboration de marges de distribution cohérentes, afin de mettre en place des filières locales viables pour les producteurs et les intermédiaires et accessibles pour les consommateurs.

Renforcer l’articulation entre filières courtes d’échelle locale et filières équitables d’échelle internationale.

  • Réintéroger le modèle économique actuel en développant les bonnes pratiques : en réduisant les intermédiaires, en raccourcissant les délais de paiement, en évitant la spéculation, en favorisant la consommation responsable

  • Taxation de la grande distribution : un outil législatif existe avec la loi sur le coefficient multiplicateur pour la grande distribution mais elle n’est pas appliquée. Ou alors appliquer le principe pollueur / payeur.

  • Activer concrètement les cadres et les innovations en cours : agendas 21, ville en transition, RSE …

  • Intégrer des actions notamment liées au web 2.0. pour renforcer les échanges locaux : un outil permettant de créer du lien social lorsqu’il est utilisé à bon escient, tout en réduisant les inégalités. Bien utilisé, il permet de s’appuyer sur la puissance des foules (le crowdpower) et permet de générer des mécanismes de confiance entre inconnus, favorisant les comportements collaboratifs.

*DÉVELOPPER ET ACCOMPAGNER LES PRODUCTEURS, LES FILIÈRES DE TRANSFORMATION, LES FILIÈRES DE COMMERCIALISATION ET LES SYSTÈMES D’ÉVALUATION :*

  • Rassembler et mobiliser nos réseaux respectifs pour lutter face à la disparition du foncier agricole. Pourquoi pas une « Loi de protection nationale des terres cultivables ». A coordonner aussi avec une maîtrise de l’étalement urbain.

  • Faciliter l’installation de paysans : protéger les terres agricoles et rendre le foncier accessible, accompagner l’installation, revaloriser l’image du métier, améliorer la rémunération et les conditions de travail, accompagner les projets agro collectifs.

  • Développer des filières locales complètes : production, transformation ( abattoirs, untités de transformation, conserverie, pressoir, mise en bouteille..) commercialisation ( lieux de vente collectif, marché de producteur, réseau de petite et moyenne distribution, épiceries solidaires, coopératives de consommateurs…) en favorisant la mutualisation, l’intérêt collectif et la mobilisation de l’épargne locale.

  • Développer les démarches qualités, les systèmes d’évaluation participative ( exemple du SGP des AMAP), sortir des logiques de standardisation exclusive pour aller vers des système de démarches progrès

  • Développer les commandes groupées auprès des producteurs qui sont le plus en difficulté. Ces derniers sont étranglés par la grande distribution et les filières d’importations agricoles et ont besoin d’écoulements sécurisés pour se maintenir et pour assurer la transmissibilité future de leurs exploitations. Cette approche ne peut se concevoir hors d’une transparence financière sur les moyens de production et les revenus base de confiance et d’engagement éthiques réciproques.

  • Proposer aux élus un « Plan d’Optimisation Agricole et Alimentaire Régional »  qui réponde au défi de notre souveraineté alimentaire territoriale.

  • Développer des structures d’insertion qui intègrent les 3 axes : insertion professionnelle, production « bio » et éducation à une alimentation équilibrée

  • Soutenir l’innovation en créant des opportunités techniques et financières pour l’expérimentation de ces nouveaux modèles.

  • Intégrer dans la politique agricole locale les problématiques du développement des filières locales pour une alimentation de qualité.

  • Inciter l’Etat ou les collectivités locales à se porter caution de projets citoyens d’acquisition de terres agricoles (garantir le fermage).

*FAVORISER LA COOPÉRATION ET LA MUTUALISATION ENTRE PARTIES PRENANTES DU SECTEUR DE L’ALIMENTATION : *

  • Développer la mutualisation : unités de transformation, moyens d’information, transports, distribution, espaces partagés (exemple du partage de jardins pour le déploiement de potagers domestiques), les services centrés sur l’usage,……

  • Favoriser les regroupements des petits producteurs pour répondre au besoin des collectivités

  • Revitaliser les coopératives agricoles dans le champs de l’agriculture vivrière en réfléchissant aussi à la mutualisation des facteurs de production afin d’éviter la « concentration commerciale.

  • Favoriser la participation des citoyens dans les circuits financiers : GFA, Fonds de garantie, Foncière terre de liens, pré paiement et partage du risque type contrat AMAP…

  • Mutualiser les énergies et les compétences dans l’accompagnement des initiatives, favoriser les coopérations et mutualisations entre les différents acteurs de l’accompagnement plutôt que les logiques de concurrence. Hybrider les logiques et favoriser les démarches partenariales.

  • Développer l’hybridation des ressources financières entre aides publiques et financements citoyens.

  • Redévelopper les systèmes de solidarité entre acteurs : échanges de savoirs, système d’échanges libres, monnaie complémentaire, plateforme de consommation collaborative et partagée, redynamisation des marchés de redistribution (comme le troc par exemple),……

  • Organiser une approche plus collective de notre marché alimentaire local afin de positionner nos offres de services et nos implantations géographiques de façon concertée. Nous devons en effet trouver La bonne segmentation entre circuits de vente directe et circuits avec intermédiaire(s), faute de quoi les premiers pourraient être fragilisés par les seconds, ce qu’il faut impérativement éviter.

  • Mutualiser les moyens de communication : sans pour autant lisser les démarches on doit pouvoir trouver des outils qui communiquent de manière globale sur les initiatives ( exemple de la BDIS, base de données des initiatives solidaires utilisée dans le cadre des EGESS)

*ÉDUQUER ET FORMER LES CONSOMMATEURS ET CITOYENS SUR LES ENJEUX DE L’ALIMENTATION ET DE LA CONSOMMATION RESPONSABLE *

  • Développer les actions pédagogiques autour de la consommation responsable exemple des fermes pédagogiques éducatives.

  • Au delà des actions de sensibilisation, intégrer les enjeux de l’alimentation et de la consommation dans les programmes de l’éducation nationale.

  • Créer des passerelles entre les acteurs de l’éducation ( éducation populaires, éducateur spécialisés, travailleurs sociaux ) et les acteurs de l’alimentation ( nutritionnistes, producteurs, économiste…) pour favoriser l’éducation des enfants aux enjeux de l’alimentation et de la consommation

  • Communiquer et veiller à synchroniser les propositions et les demandes sur un territoire : développer les outils et les réseaux permettant de mettre en relation et de favoriser les échanges solidaires. S’appuyer sur la puissance latente de groupes (comme le nettoyage de 10.000 tonnes de déchets en Estonie par 50 000 volontaires – soit 4% de la population totale – en seulement 5 heures).

  • Considérer la baisse de pouvoir d’achat comme angle pour faire adhérer à des comportements collaboratifs ou partagés : bon pour le portefeuille, mais également générateur de capital social et de bénéfices environnementaux.

  • Rendre lisibles et compréhensibles les différentes offres de produits de la consommation responsable : clarifier les objectifs, les avantages et inconvénients des différentes démarches, filières… le bio, les circuits courts, le commerce équitable, les appellations, les labels/certifications… améliorer la traçabilité des produits, les informations sur les méthodes de production et la transparence sur les prix.

  • Former les cuisiniers de la restauration collective et scolaire : approvisionnement, qualité nutritionnelle, saisonnalité …

  • Valoriser la production locale et de saison auprès des touristes

  • Soutenir les campagnes type : boîte à fruits dans les cartables, Journées portes ouvertes chez les agriculteurs …

  • Mettre en place des « maisons de l’alimentation » : lieux ressource pour améliorer l’éducation et les réseaux de l’information

  • Développer les formations des jeunes agriculteurs avec des apports en connaissances sur l’environnement mais aussi sur le modèle économique et la posture commerciale (ESS) associer pour cela différents partenaires (agricole, enseignements, ESS, territoire).

Données chiffrées

En Provence Alpes Côte d’Azur de nombreux acteurs de terrain agissent pour une consommation responsable. Ces initiatives allient innovations économiques, utilité sociale et respect de l’environnement.

  • 181 structures* organisent la distribution de produits issus de la consommation responsable locale,

  • 127 structures* agissent pour une agriculture écologique et solidaire (groupements de producteurs, structures intermédiaires …)

  • 165 structures* travaillent pour l’éducation et l’information à la consommation responsable et la formation à des modes de production durable.

*Source la BDIS – Janvier 2011 / www.la-bdis.org*

Impacts de l’initiative

Dans un climat de crise globale, les propositions portées par les initiatives de l’économie sociale et solidaire se positionnent comme des alternatives concrètes, cohérentes et innovantes pour répondre aux problématiques de consommation actuelles, qu’elles soient socio économiques ou environnementales. C’est en créant des espaces de concertation autour de ces initiatives avec les collectivités que nous arriverons à changer d’échelle, changer de cap.

Les acteurs (Qui ?)

  • marchés paysans : marché paysan de Carpentras, marché paysan du Cours Julien à Marseille, marché paysan de Coustellet, ADEAR…

  • AMAP : Carpentr’AMAP, AM’Apt, Alliance Provence …

  • jardins solidaires : Semailles, Le Village, Université populaire du Ventoux

  • points de vente collectifs : collectif des agriculteurs du Parc à Apt, Univerts Paysans à Forcalquier

  • paniers : Fleur de Carotte (Apt), Cyclo paniers (Avignon), Le Panier paysan.com (Saumane de Vaucluse)

  • épiceries solidaires : Filière Paysanne à Marseille, Solid’Arles à Arles

  • biocoop : Biocoop Jojoba, Biocoop de L’auzonne

  • groupement de consommateurs : La Coopé à Marseille

  • intermédiaires relais : la SCOP EPICE, la SCIC Agrobioprovence, le Pays de Haute Provence, le projet de La ferme à ta cantine du PNR Lubéron

  • commerce équitable : Artisans du Monde, Label Ethique, PCES (Pôle du commerce équitable et solidaire en Paca)

  • formations : Parcours éco paysan, Lycées agricoles et CFPPA

  • restauration collective : J-éco.org, Opération de la ferme à ta cantine – PNR Lubéron, PER circuits courts – Pays de Haute Provence, Salon de Provence, Agenda 21 de Camaret sur Aigues, crèche de la Tour d’Aigues, Agribio de Provence, cantines bio à Mouans Sartoux …

  • foncier agricole : politique agricole de la Communauté des communes du Pays des Sorgues et des monts du Vaucluse, Foncière Terres de lien, collectifs de défense des terres fertiles

  • éducation à la consommation responsable : De la ferme à ta cantine, Agribio de Provence …

  • web2.0 : la BDIS, Freecycle, Recupe.net …

Propositions pour convaincre l’opinion

A mesure que les dérives économiques et les urgences environnementales augmentent, les inégalités sociales se creusent. Avec un taux de précarité de 13% et un taux d’endettement de 51% des ménages en France, mais aussi avec la disparition progressive des surfaces agricoles (l’équivalent d’un département par an en France) et une tendance à la délocalisation, ou l’augmentation des gaz à effet de serre liés à la production de biens de consommation, les initiatives durables proposées par l’économie sociale et solidaire montrent leur intérêt dans la mise en place de nouveaux modes de production et de distribution pour une consommation responsable.

L’alimentation est un secteur particulièrement touché avec une part du budget familial en France qui est passée de 40% en 1960 à 14% en 2009. Dans les années 70, le développement de l’urbanisation, l’évolution démographique et la croissance économique globalisée ont considérablement modifié nos modes de vie. Le modèle d’équipement commercial des villes et des zones rurales pour répondre aux besoins en alimentation a été repensé et orienté vers la grande distribution. Ce nouveau mode d’organisation a largement déstabilisé les circuits de production et de distribution locaux en même temps qu’il a modifié nos habitudes alimentaires et la qualité des produits que nous consommons au quotidien.

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

*Les marchés paysans, circuits-courts traditionnels :*

Les circuits-courts existent depuis…plusieurs millénaires ! En effet, la vente des produits alimentaires ont été la base des premiers échanges commerciaux. Traditionnellement situé sur la place du village, en général en matinée, les paysans vendant sur les marchés locaux ont été de plus en plus « noyé » par les revendeurs. Pour gagner en visibilité, depuis quelques années, des organisations agricoles ou collectivités locales re-créent des marchés paysans : seuls des paysans peuvent y venir vendre leurs productions. Leur format a évolué : ils conquièrent de nouveaux quartiers, proposent des horaires mieux adaptés aux profils de consommateurs (en soirée par ex).

Leur développement est malgré tout fortement dépendant de la volonté des élus locaux (autorisation de vente au déballage …).

*Les AMAP*

En 2001, les premières Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne sont nées en Provence. L’objectif : soutenir des producteurs locaux par un paiement à l’avance d’une partie de la récolte en échange de produits frais, de saison et sans produits de synthèses. Aujourd’hui au sein des 150 AMAP en région PACA, plus de 20 000 citoyens vont à la rencontre chaque semaine de 300 fermiers de familles. Les producteurs, qu’ils cultivent des légumes ou fruits, élèvent de la volaille fabriquent des fromages, du miel, du pain et de nombreux autres produits, viennent apporter leur production de saison.

Les AMAP ont une croissance exponentielle entre 2003 et 2007… les listes d’attentes s’allongent dans les groupes locaux et l’offre des producteurs ne suffit pas pour répondre à la demande des consommateurs. De plus, le modèle AMAP nécessite un fort investissement des « consomm’acteurs »… si les consommateurs sont de plus en plus nombreux à vouloir des produits de proximité et sains, cela n’en fait pas forcément des bénévoles militants.

*Les jardins solidaires*

A travers la production et la distribution de légumes biologiques, sous forme de paniers hebdomadaires, à des adhérents-consommateurs, ces Jardins permettent à des adultes en difficulté de retrouver un emploi et de (re)construire un projet personnel.

*Les points de vente collectifs*

Il existe plus de 200 PVC en France actuellement : des producteurs s’organisent collectivement pour gérer leur propre lieu de vente. Cette démarche permet pour les producteurs de créer des débouchés locaux, de minimiser la part de leur travail sur la commercialisation par de la mutualisation. Pour les consommateurs la démarche est une garantie pour la diversité des produits locaux disponibles.

*Les paniers*

Suite au développement des AMAP, de nouvelles formes de paniers se créent. Ces paniers adaptent chacun à leur manière la relation du consommateur au producteur : modes de livraison, engagement réciproque, intermédiaire, composition du panier …

*Les épiceries solidaires*

Ces épiceries de quartier propose à la vente des produits issus de la production locale de qualité. Leur démarche prend en compte le partenariat avec les producteurs, l’information du consommateur, l’accessibilité des produits dans une logique d’utilité sociale.

*Magasins biocoop*

Au départ des Biocoop il y a des consommateurs qui se regroupent et organisent collectivement l’approvisionnement en produits alimentaires et autres. Aujourd’hui les magasins biocoop proposent de nombreusesréférences dont une partie en approvisionnement en filières courtes.

*Groupements de consommateurs*

Des consommateurs se regroupent pour organiser une réponse collective à des besoins en alimentation de proximité et de qualité. Ils créent des partenariats avec des producteurs ou des fournisseurs qui livrent chaque semaine ou plus les produits.

*Les intermédiaires relais*

La demande d’approvisionnement local croît aussi du côté des restaurateurs, des cantines scolaires, des crèches, des maisons de retraite, etc.. Dans le cadre de la RHD – restauration hors-domicile, l’approvisionnement en circuits-courts n’est pas toujours simple (le format panier n’est pas adapté, il n’y a pas toujours un marché paysan ou un magasin de producteur dans son quartier, sa commune). Pour pallier ces limites, de nouveaux acteurs tentent de redonner sens au rôle d’intermédiaire éthique, en proposant des produits locaux, de saisons et en assurant de la transparence sur les conditions de production à destination de la RHD.

*Le commerce équitable*

Que l’on parle de commerce équitable local ou nord/sud, il s’agit de repenser le commerce comme un moyen d’émancipation pour les producteurs (qui doivent pouvoir vivre décemment de leur production) et pour les consommateurs (qui doivent avoir accès à des produits de qualité en toute transparence). Pour les productions importées de l’étranger (chocolat, café, thé sucre …) le commerce équitable permet de garantir un revenu juste aux producteurs, les principes de solidarité internationale et de souveraineté alimentaire.

*Formations*

Le développement des filières agricoles locales passe aussi par des formations adaptées aux nouveaux modes de production (diversité d’une exploitation, saisonnalité, agriculture biologique) et de commercialisation (circuits courts, relation du producteur aux consommateurs).

*Restauration collective*

Avec un objectif dans le cadre du Grenelle de l’environnement de passer de 0,7% à 20% de produits bio dans la restauration collective d’ici à 2012 … les étapes àfranchir restent nombreuses. Pour autant différents acteurs publics et privés s’organisent pour mettre en place des circuits d’approvisionnement, de la formation des cuisiniers, de la sensibilisation auprès des enfants …

*Problématique du foncier agricole*

La pression foncière sur le territoire est importante. D’un coté, les agriculteurs, qui cessent leur activité, hésitent à vendre, attendant souvent le passage de leurs terres en terrains constructibles dans l’espoir d’en tirer un meilleur prix et des terres qui restent de plus en plus souvent en friches; et de l’autre coté, de jeunes agriculteurs qui n’arrivent pas à s’installer par difficultés d’accès au foncier.

*Education à la consommation responsable*

Tous les acteurs concernés par le développement des filières courtes de qualité en sont convaincus : pour installer les projets à long terme, la démarche doit être accompagnée par un volet de sensbilisation et d’information autour des enjeux liés à la consommation et à l’alimentation responsable.

*Nouvelles tendances de consommation à partir du Web 2.0.*

Des consomm’acteurs partent des facilités qu’internet offre pour pouvoir adopter de nouveaux modes de consommation dans la vie réelle. Il s’agit de consommation partagée, de consommation servicielle centrée sur l’usage ou encore de consommation collaborative, …Ces initiatives nous aident à changer d’échelle tout en développant le local et à revenir aux fondamentaux de l’échange (troc, lien social,…)

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

Nous vivons dans une société consumériste où nos modes d’alimentation sont irraisonnés.

Le secteur de l’Alimentation est mondialisé et les filières de production et de distribution locales sont confrontées à une concurrence internationale déloyale.

La place de la grande distribution est très largement majoritaire et pèse fortement sur les producteurs et notamment les paysans qui sont en grande difficulté et n’arrivent plus à tirer une rémunération suffisante de leur travail. L’accès au foncier devient problématique, de moins en moins de jeunes ne s’installent et le nombre d’exploitations ne cesse de diminuer depuis de nombreuses années.

Nous sommes confrontés à une surproduction avec gaspillage et destruction de l’environnement associée à une production intensive entraînant une utilisation abusive des intrants chimiques et une surexploitation des sols.

Dans le même temps les produits alimentaires de qualité deviennent inabordables pour une part importante des consommateurs. Les produits locaux et biologiques restent pour l’instant l’apanage d’une minorité. Les citoyens sont peu informés sur la manière dont est produit ce qu’ils consomment et pas assez éduqués sur la question de l’alimentation et de la production alimentaire.