Pourquoi créer des monnaies complémentaires et sociales

Cahier de l’entrée Coopérer/ Mutualiser    

Argumentaire

  • Indignons-nous sur la notion d’intérêt même, qui est l’ADN du système, qui est l’élément du systeme qui le perverti.

La création monétaire est l’acte de créer une unité de compte, de mesure, de thésaurisation et d’échanges ex-nihilo. Dès sa création, elle est soumise à l’intérêt (ce qui était pourtant refusé par Aristote et les principales religions). L’intérêt pourrait à la limite être acceptable s’il était payé au service de l’intérêt général.

Aujourd’hui, l’accaparement par le privé (Banques, finance internationale, particuliers, … ) de cet intérêt est « injuste ».

Il est nécessaire de se poser la question si d’un point de vue « écologique », l’intérêt n’est-il pas destructeur ?

L’intérêt composé engendre une courbe exponentielle. Poser la question du poids grandissant de la dette dans les budgets publics.

  • Indignons-nous sur l’absence de transparence concernant " l’état réel " de la situation: une nouvelle étape de la crise financière est proche et il faut le dire à tous.

La banqueroute du dollar est en train de se préparer. L’hyperinflation guette (cf baisse envisagée de la notation de la dette américaine).

  • Indignons-nous sur le manque d’information : à qui appartient l’argent ?

Les banques le créent virtuellement, pour autant leur appartient-il? contre la création d’une ligne de crédit peuvent exiger un remboursement même en biens réels.

Indignons nous sur l’absence de culture générale et de connaissances par la grande majorité de gens sur le processus de la création monétaire et de l’argent : qui aujourd’hui a le droit de créer de la monnaie, de l’argent ? Ces connaissances devraient être enseignées par le système scolaire ou autre.Et poutant l’ enseignement des SES est réduit ou supprimé.

  • Indignons nous devant l’abondance pour quelques uns et la pénurie pour la grande majorité : indignation face à l’abondance d’argent pour certains déconnectés de la réalité (les flux réels ne représentent pas plus de 3% des flux globaux, le reste n’étant que spéculation) et de l’absence de projets reliants, ce qui génère des « guerres économiques » entre les pays, de la maltraitance entre humains et entre les organisations.

  • Indignons nous sur les monnaies consuméristes à seule fin capitalistiques qui engendrent des inégalites croissantes et l’épuisement des ressources de la planète, tandis que le mythe de la croissance illimitée prévaut encore puisque le bien-être se mesure au bien avoir-beaucoup-dépensé de type Produit Intérieur Brut, installant des inégalités croissantes.

  • Indignons nous sur la privation d’un droit régalien, qui est de créer la monnaie. Aujourd’hui abandonné aux banques centrales et privées : un Etat paye un intérêt pour répondre à ses besoins, dès la première unité. Sans pouvoir sur la création et contrôle de la monnaie, ‘y a-t-il encore pouvoir politique ?

  • Indignons nous sur les exclus bancaires (en France cela concerne 6 millions de personnes selon le rapport « Endettement et surendettement des ménages », présenté par J.C. Le Duigou au Conseil économique et social en 2000)

Comment sensibiliser d’autres acteurs

  • Par des témoignages, par des études de chercheurs, par des outils pédagogiques (livres, films, expositions, jeux, …), par des accompagnateurs-tuteurs, par des rencontres, par des plateformes communes, etc…

  • Pour peser dans le débat et l’opinion public, les expériences de MSC ont besoin de faire mouvement et pour cela d’échanger de manière plus régulière et plus construite.

  • Diffuser les outils existants et/ou à développer

Conditions du développement

Commencer par reconsidérer la richesse, et mettre en place de nouveaux indicateurs à différents niveaux. Des indicateurs qui mesurent ce qui n’est pas mesurable, des indicateurs qui mesurent d’autres richesses que ce qui est vendable. On se réferera pour cela aux travaux de Dominique Méda, de Patrick Viveret.

Un pays heureux n’est-il pas est un pays où règne l’harmonie, la paix, la démocratie, ou l’éducation est là pour apprendre à vivre, où l’information est impartiale ? N’est-ce pas un pays où chacun s’épanouit, respecte l’autre et son entourage, et pour cela suit une nouvelle philosophie, celle de la sobriété heureuse – qui n’exclue pas des moments de fêtes !

Afin de développer l’émergence de ces « richesses cachées », de très nombreuses initiatives ont vu le jour en s’appuyant sur l’innovation monétaire au service de l’innovation sociale.

Ainsi, la Région PACA et les institutions (Villes, CG, Etat) ainsi que les structures philanthropiques (y compris citoyennes) pourraient :

  • soutenir la mise en place d’une diversité de moyens d’échanges, plutôt que de ne promouvoir qu’un seul modèle

  • participer à la mise au point de la méthode,

  • soutenir les expérimentations et la recherche associée,

  • aider à faire repérer par les territoires ou acteurs locaux les besoins ou aspirations non satisfaits et non solvabilisés (les fameuses ‘’richesses cachées’’ non mesurée par le PIB),

  • aider à la mise en place des échanges d’expériences et des pratiques: plateforme web, organisations de rencontres (du genre monnaie-locale-complementaire.net/)

  • co-financer un/des postes de coordination pour créer des échanges entre les initiatives,

  • aider à des essais de modélisation en liens avec des labos de recherches,

  • accorder des bourses d’études ou de recherches sur ces sujets,

  • aider à la production et la réalisation d’outils d’informations (films, expositions, livres, conférences, créations artistiques, …) à destination des élèves, des professeurs, des associations, des entreprises, …

  • soutenir la résurrection d’une logique du don, de l’entre-aide et de la gratuité (cf Morin / La Voie page107) et non pas selon la logique marchande,

  • aider à la reproduction et à la diffusion de ces outils, comme par exemple les livrets déjà réalisés par JournArles (La face cachée de la Monnaie – vol 1, Le crédit et son intérêt -Vol 2),

  • co-financer des voyages d’études, des rencontres avec d’autres acteurs et chercheurs,

  • favoriser un changement d’échelle qui apporterait diversité et assise en payant une partie de ces subventions en monnaie sociale,

  • accepter de percevoir une partie des impôts en monnaie locale (comme cela se fait déjà en Uruguay avec le système C3 ou en Autriche dans la région de Vorarlberg)

  • inciter le déploiement de tels systèmes d’échanges au sein des PME, celles-ci représentant en général plus de 90% des emplois d’une région, mais sans pour autant oublier les objectifs éthiques !

Cela peut s’appliquer au niveau politique des quartiers, des zones rurales dévitalisées, et plus globalement peut avoir des retombées sur l’ensemble d’un territoire.

Données chiffrées

voir au dessus

Changement d’échelle possible

En juillet 2009, au Brésil, l’Institut Palmas a aidé à l’émergence de 46 banques communautaires… et près de 3 600 au Venezuela, toutes créées sur le modèle de Banco Palmas. Ce qui explique certainement le slogan de la banque : « Banco Palmas, un système intégré de crédit, production, commerce, consommation et bonheur humain. » (cf www.bancopalmas.org)

Facteurs de succès

  • Selon STRO (Social Trade Organiser) – une organisation internationale de recherche et de développement dans le champ des monnaies complémentaires, il faut éviter deux défauts principaux :

* 1/ Mettre l’accent sur l’idéalisme plûtot que le pragmatisme,

* 2/ Ignorer la méthode.

Ainsi, « il faut bien réfléchir sur la conception (et non pas l’obligation morale de leurs participants !) : garantie, émission circulation, gestion. (voir pour cela le texte Méthodes et succès pour les monnaies complémentaires, de Henk Van Arkel, Jaap Vink et Camilo Ramada). On peut aussi se réferrer à la méthode proposée par Ph. Derruder (voir : Guide de mise en œuvre d’une monnaie complémentaire locale.doc)

  • Selon l’institut Palmas : « le principal élément pour le succès du projet c’est justement cet esprit d’union entre les membres d’un quartier. Personne de l’extérieur ne peut imposer ou vouloir mettre en place un tel programme sans la prise en main par les habitants des quartiers en difficulté eux-mêmes. »

Ainsi, pour favoriser le succès, il faut

  • Se connaître, créer de la confiance,

  • Avoir envie de partager les richesses ‘’cachées’

  • Faire preuve de beaucoup de pédagogie pour expliquer l’intérêts des telles monnaies,

  • Etre transparent dans la gestion et fonctionner démocratiquement dans sa mise en place et sa régulation

  • Pour certains, afin d’encourager le commerce local, les monnaies doivent pousser dans les poches des « clients » et s’échanger tous azimuts.

  • S’associer à une banque ‘’classique » comme cela se fait aux USA ou au Brésil (Banque Populaire du Brésil)

Attention aux déceptions, aux effets de mode (voir écrits de Jérôme Blanc)

L’organisation

Ces propositions sont issues des 2 groupes de travail :

Dans le court terme :

  • Distribuer les petits livrets édités par JournArles lors de la journée du 19 mai à la Région + feuillet invitant à rejoindre le groupe de travail pour prochaines séances.

  • Raymond Aitiken propose de monter un groupe projet ‘’C3’’en PACA afin de « formuler et évaluer le coût d’une étude de faisabilité pour un projet pilote dans la région Paca, qui conduirait à la création d’une monnaie régionale complémentaire. »

  • Mettre l’accent sur la méthode (la garantie, l’émission, la circulation, la gestion, ) et pas que l’approche éthique (cf texte Méthodes pour le succès des monnaies complémentaires de l’ONG STROhalm)

  • Modéliser des fonctionnements et en discuter

  • Prévoir un calendrier de dates pour continuer le travail /étude de faisabilité. Envisager de se déplacer en région (à Forcalquier, etc.) en organisant ciné débat et/ou action directe.

  • obtenir le partenariat des élus régionaux et de structures d’aide au développement d’initiatives solidaires et sociales (fondation, Europe, …).

à Prochaine réunion afin d’approfondir la réflexion prévue le 23 mai 2011 après-midi à l’APEAS

A plus longue échéance :

1 - Organiser des formations sur les Monnaies complémentaires locales, auprès des élus, des chambres professionnelles (métiers, cci, …), réseau d’économie sociale et solidaire, etc.

2 - Organiser des formations dans un langage compréhensible par tout le monde à tous les niveaux (Education nationale comme éducation pop !) pour sortir la connaissance de l’expertise. Faire un travail de vulgarisation concernant le vocabulaire notamment concernant les notions d’intérêts, de spéculation, etc. Faire réfléchir sur l’éthique de l’argent. Développer la citoyenneté économique (éducation, prise de conscience, responsabilité, …)

3 - Obtenir un portage politique fort (à plusieurs niveaux : ville, cg, région, ) afin de soutenir des études de faisabilité en amont. S’appuyer sur les groupes de travail existant dans les services.

4 – Informer en utilisant et en développant les Média citoyens. Utiliser et diffuser les outils de communication et d’info alternatifs (Journal la Dynamo, Radio Zinzine, Radio Galère, …). Financer la diffusion d’outils déjà développés (type La face cachée de la Monnaie édité par JournArles, …). Préparer des outils de communication pour les médias classiqes

5 - Faire comprendre que les monnaies complémentaires pourraient être parmi les solutions de résiliences locales, en continuant de financer l’économie réelle. De quoi est-on riche ?

6 - Développer des monnaies locales associées à des marchés locaux, pour développer des échanges basés sur des biens, des services réels et les liens associés. Pour développer du bien être.

7 - Penser diversité et développer plusieurs types de systèmes d’échange : des monnaies de reconnaissance, non monétarisée, des monnaies basées sur le temps de type crédit mutuel, des monnaies fondantes, des monnaies locales, basées sur des valeurs humanistes, basées sur des ressources (eau, … ), sur des prix libres

8 - Penser à l’interopérabilité entre les systèmes d’échanges

9 - Proposer aux institutions de verser les allocations sociales en monnaies locales (CG, CR, …) garantie par les fonds sociaux issues des cotisations sociales. Poser la question du revenu citoyen.

10 - Modifier le système du pouvoir d’achat pour devenir consom’acteurs,

11 - Se réaproprier le processus de création et de contrôle monétaire. Reprendre « le contrôle de l’argent » par la création d’une banque éthique.

12 – Travailler sur l’aspect psychologique afin de lever les doutes et l’éventuel sentiment de culpabilité face à la croyance que « battre monnaie » est interdit. Connaître et maîtriser la législation, le droit, …

Selon Bernard Lietaer (expert international), les 4 obstacles au développement des monnaies complémentaires sont:

  • l’obstacle sociologique : les sociétés traditionnelles se sont toutes développées autour de modèles patriarcaux hiérarchisés, et d’une monnaie centrale. Seules les sociétés matrifocales ont expérimenté des systèmes monétaires multiples, non centrées sur la rareté et sans taux d’intérêt.

  • l’obstacle politique : les modèles capitalistes comme communistes ont pour point commun un système de monopole monétaire centralisé.

  • l’obstacle institutionnel : les Etats imposent tous, pour prélever leurs taxes, un système central autour d’une banque centrale et d’une monnaie unique comme moyen monopolistique de paiement.

  • l’obstacle culturel : tous les économistes classiques suivent ce dogme intangible pour eux : « never touch the money system ».

La structure, porteuse de l’initiative

Collectif informel en liens avec structures ESS PACA et institutionnels

Les acteurs (Qui ?)

Daniel MAYER : correspondant régional de la Fondation MACIF, Paca Corse Languedoc,

intérêt sur la thématique : La Fondation Macif est intéressée pour promouvoir les Accorderies système canadien d’échange basé sur le temps et le crédit mutuel. La Fondation Macif et l’Avise porte un projet pilote à Paris 19ème.

Elle soutient les projets d’innovation sociale à dominante environnementale portés par des groupes de structures.

Ses attentes : curiosité et pour en savoir plus sur monnaies d’échanges.

Raymond CHANELIERE

Participe au projet en cours de Monnaies locales LA ROUE à Carpentras. Statuts écrits, et maquette prévue le 20 mai avec Ph. Derruder !!

Les élus (CG84) sont d’après lui très ouverts aux MCL (Monnaies complémentaires locales)

Ses attentes : s’informer.

Raymond AITIKEN (Forcalquier) : s’intéresse au système d’échange appelé C3. Souhaite lancer un projet pilote. Ses attentes : prendre des contacts pour travailler sur ce sujet.

Joëlle TAILLEFER (Var/ St Raphael). Ex consultante, puis travaille dans insertion, puis militante ESS. A organisé une semaine sur MCL avec Ph. Derruder de sensibilisation + ateliers. Campagne EEV / CG.

Vivien LETURCQ, promoteur de la Roue / Isles sur Sorgue et Carpentras. Chantier tout récent, juin 2010 (suite a un atelier des rencontres intersel qui posait la question les sel sont ils une réponse a la crise financiére, plustot non donc recherche ssur une monnaie alternative)

Concerne trois départements (84/13/04). Euro bloqués, fondante, taxée à 5% sur conversion pour professionnels

Roger FERNANDEZ (Apt). Fait parti d’un collectif de militants. Réflechissent à un sytème d’Eco Circulaire à partir déchets verts et déchets fermentescibles. Utilisation d’une monnaie locale pour cette activité d’où rapprochement avec SEVE et la Roue.

Eric FAïSSE . collabore dans ‘une épicerie paysanne sur Marseille. Intéressé par la question de l’argent depuis 10 ans

lien entre circuit court et systéme d’échange alternatif

Pascal HENNEQUIN, membre co-fondateur de fokus 21, media citoyen. Coordinateur de festivals (Festisolies, Festi’Sol) afin d’informer et de mettre en liens. Travail sur le projet de MCL en PACA avec APEAS.

Corinne MISIRI / association SEVE/

Attente pour recueillir info.

Vincent DELAHAYE , intéressé par système C3 utilisant le logiciel libre Cyclos. Importance d’impliquer les élus, la Région.

Bruno LASNIER (APEAS / 60 structures de PACA) . Intéressé à plsrs titres : project collectif, valeurs éthiques, favorisant les échanges. Veille. Permettrait de faciliter trésorerie, …

Philippe CHEMLA (Energie Alternatives) CAE Nice. Intérêt pour la viabilité des projets / aspect financier. Permettrait de dvlper les échanges, l’émergence d’un marché, et de s… Monnaie au service de l’activité.

Hannes LAMMLER : membre co-fondateur de Longo Maï

Se penche sur la question de l’argent depuis 15 ans

Gros travail de vulgarisation de la création monétaire co-produit avec Journ’Arles

Attentes : trouver un groupe et du temps pour avancer sur C3 (instrument de paiement electronique, )

Jean-Marie JUVIN (chantier en cours avec Hannes sur C3)

Participation à distance :

Florence Delahaye (Assodev-Marsnet)

Soutien et Entraide aux associations à travers l’usage des Logiciels Libres et de l’Internet Solidaire.

Intéresée par les Système échange autres que l’argent des banque.

Projet de monter un SEL informatique libre ou/et inter-asso

Projet de développement des partenariats de co-développement (valorisation des échanges d’entraide entre association)

N’a pu être avec nous :

nebot.raymond@neuf.fr / Sel de Mars/ Participe à la mise en place de la Roue avec SEVE et travaille avec Pascal sur les MCL.

Les partenaires

APEAS

Structures de l’ESS en PACA (SEL, fokus 21, ….)

(en cours)

Message à ceux qui font l’ESS

Soyons curieux, soyons créatifs, ouvrons les yeux et les oreilles et passons à la pratique pour expérimenter.

Nos espèrances et nos rêves :

  • > que l’on reconsidère les richesses de notre territoire par la mise en place des nouveaux indicateurs,

  • > que les échanges et la coopération autour de ces « nouvelles » richesses entre les personnes et les organisations soient connus et encouragés,

  • > que ces monnaies d’échanges deviennent variées et abondantes, réensemençant de la (bio)diversité et de la coopération.

C’est ainsi qu’on développera la vraie richesse d’un territoire et de ses habitants.

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

Pourquoi développer des monnaies locales et d’autres systèmes d’échanges non monétaire?

  • parce qu’ils servent à promouvoir l’économie locale et restent complémentaire de l’euro,

  • parce qu’ils créent une dynamique d’échange au sein des populations en privilégiant les circuits-courts, en développant les produits et services à forte valeur écologique et solidaires, en revitalisant le commerce local, en renforçant le lien social tout en réduisant l’empreinte écologique, en facilitant les échanges et les coopérations, en créant des mécanismes de solidarité, en permettre l’appropriation démocratique de l’usage de la monnaie par les citoyens.

  • parce qu’ils « transforment les pratiques et les représentations de l’échange (selon Jérôme Blanc) comme par exemple en revalorisant les capacités productives des personnes qui ne sont plus considérées dans la vision capitaliste de notre société, en revalorisant le liens plutôt que le bien (doctrine des Systèmes d’Echanges Locaux – SELs/LETs)

D’un point de vue historique, les civilisations sumériennes, égyptiennes, romaines et la transition en Europe au cours de la 13 ème siècle ont fonctionnés à partir des monnaies locales et en parallèle à un monopole centralisé et privé qui était maintenu par la force de l’état​​. Selon Alternatives Economiques (avril 2011), « il en existait des centaines sous l’Ancien Régime et encore quelques-unes au milieu du XXe siècle. »

1. Dans le monde

Toujours selon Alternatives Economiques, « depuis une dizaine d’années, les monnaies locales réapparaissent en Europe, en Asie et en Amérique. Avec une pluralité d’objectifs : favoriser une économie et une production régionale, rendre plus visibles des secteurs d’activité (agriculture bio, commerce équitable, coopératives, etc). Les nouvelles monnaies locales, celles qui réussissent, proviennent d’initiatives citoyennes. »

« Depuis les années 1980, se sont développés dans le monde des dispositifs locaux d’échange basés sur la mise en oeuvre de monnaies spécifiques. On ne dispose que d’estimations discutables sur leur étendue, et leur diversité est méconnue ; mais il semble que 4000 à 5000 dispositifs de ce type existent aujourd’hui dans plus de 50 pays, autour d’un nombre de plus en plus important de modèles : LETS, banques de temps, réseaux de trueque sur le modèle argentin, monnaies Hour sur le modèle d’Ithaca, monnaies de type Regio sur le modèle allemand, monnaies et banques communautaires sur le modèle de Fortaleza, monnaie à projets multiples comme la monnaie SOL en France, monnaies locales de « villes en transition », systèmes de type RES, etc. Cette vague de monnaies est inédite à l’échelle mondiale depuis les débuts de l’industrialisation au tournant du XIXe siècle. Ces dispositifs sont qualifiés de « monnaies sociales », « monnaies complémentaires », « monnaies communautaires », « monnaies locales » ou encore « monnaies libres ». Ces diverses dénominations ne renvoient pas exactement aux mêmes objectifs ni aux mêmes réalités. Jusqu’ici, ces dispositifs n’ont généralement pas franchi deux frontières : celle de la soumission à de purs objectifs politiques, et celle de l’intégration dans la logique lucrative d’une entreprise ou d’un groupe d’entreprises. » (extrait du colloque de Lyon CC-CONF février 2011 : triangle.ens-lyon.fr/spip.php?article1588)

A lire aussi : le document de Jérôme Blanc Extrait de Exclusion et liens financiers : Monnaies sociales, rapport 2005-2006, Paris, Economica.(voir document BlancIntroGRappex.pdf)

Ainsi, nous présentons ici plusieurs initiatives ayant chacune leurs propres caractéristiques liées au contexte de mise en place :

  • Le Palmas émis par la Banque Palmas à Fortaleza (Brésil) : monnaie locale imprimée, à parité sur le Real, avec un couplage microcrédit-monnaie sociale, car rare dans les dispositifs de monnaie locale. Ce projet, démarré entièrement par une association de quartier, a été le premier mis en place au Brésil, en 1998, et est considéré aujourd’hui comme une réussite dans la lutte contre l’exclusion et la pauvreté.

  • Les systèmes Accorderie (Canada/Québéc): « En opération depuis 2002, L’Accorderie de Québec a été fondée par la Caisse d’économie solidaire Desjardins et la Fondation St-Roch de Québec. Ces deux organismes souhaitaient répondre aux besoins des personnes en situation de pauvreté ou d’exclusion sociale tout en favorisant l’organisation de nouvelles formes de solidarité.

L’Accorderie de Québec a donc mis en place un système d’échange de services, ainsi que deux activités collectives d’échange, soit un service d’achat regroupé de nourriture et un projet de crédit solidaire afin d’accorder de petits prêts à ses membres n’ayant pas accès au crédit. » (extrait du site : www.accorderie.ca/)

« L’Accorderie, c’est à la fois un système d’échange de services basé sur le temps, un dispositif de crédit solidaire et un groupement d’achat. Ce dispositif a pour vocation de tisser des liens dans la communauté et de permettre aux personnes à faibles revenus d’améliorer leurs conditions socioéconomiques en favorisant l’organisation de nouvelles formes de solidarité (…) Un Système d’échange à trois niveaux : individuel (type LETS/SEL), un niveau d’échange collectif (groupement d’achat et crédit solidaire), et un niveau d’échange associatif. (NDLR : voir le détail dans l’article en ligne)

Avec plus de 1 000 « Accordeurs » et 700 services proposés, on ne peut que constater la réussite du dispositif de l’Accorderie et l’engouement qu’il suscite au vu de la croissance rapide du nombre de ses membres. Un des facteurs de ce succès consiste dans sa capacité à combiner intégration sociale et échange de services ainsi qu’une vie « associative » très forte, favorisant sentiment communautaire et échanges. La stratégie de développement de l’Accorderie, axée sur l’essaimage de son modèle, a induit la création d’un réseau composé actuellement de trois Accorderies, celle de Québec (l’originelle), celle des Trois-Rivières et celle de Montréal. » (extrait d’un article d’Alpes Solidaires, écrit par Marie Fare, doctorante)

Voir aussi le document comparant Accorderies/SEL et LETS rédigé par Marie Fare, doctorante à l’Université Lyon II (document : Art Accorderie-Eco et solidarité V2.pdf)

  • Le Berkshare (USA)

Dans le Massachussets, les Berkshares offrent 10 % de discount à leurs détenteurs dans les

commerces acceptant la monnaie. Avec 2 millions de billets en circulation, 350 commerces

et cinq banques participantes, celle-ci est la plus importante monnaie locale au monde. Des comptes bancaires en Berkshare, des distributeurs de billets distribuant des Berkshare, des prêts en Berkshare devraient bientôt débarquer !

  • Le Chiemgauer

En Allemagne, le Chiemgauer de Bavière, est la plus populaire de ces monnaies dont la vocation n’est pas de remplacer l’euro, mais d’encourager le commerce régional tout en

finançant des projets associatifs (crèches, orchestres, complexes sportifs). Lors du lancement du Chiemgauer, en 2003, 20 entreprises participaient au système. Elles sont aujourd’hui 600 et comptent 180 associations partenaires.

  • A Ithaca, dans l’Etat de New York, le « hour » circule depuis 1991. L’objectif social de cette monnaie est simple, raconte le site internet : encourager les habitants à acheter local et réduire la facture énergétique liée à l’importation de produits. Le nom de la monnaie – “hour” pour “heure” en français - en dit déjà long sur sa mission : « Si la monnaie est un vecteur d’échange de produits et services, elle représente aussi le travail de quelqu’un, le temps pris pour exprimer un talent ou rendre un service », souligne le site. Aussi la valeur d’un hour correspond-elle au tarif horaire du travail lors de la création de la monnaie en 1991, soit 10 dollars.

  • Au Canada, le dollar de Toronto, créé en 1998, joue la carte sociale. A chaque échange de dollars canadiens en dollars de Toronto, 10% de l’argent échangé est versé dans un fonds communautaire local.

  • En Suisse, le BonNetzBon (BNB) en circulation à Basel est aussi un instrument de microcrédit. Le réseau coopératif à l’origine de sa création promet en effet d’offrir des prêts en BNB aux organisations et associations sociales qu’elle jugera éthique.

  • En Suisse les PME ont mis en place un système monétaire d’échange entre elles, le Wir, depuis 70 ans. Il leur permet un effet de résilience en temps de crise économique.

  • En Belgique, la monnaie complémentaire RES (comme « la chose » ou « la cause » en latin), est née autour de 1995 en Belgique, portée par un entrepreneur, Walter Smith, connaissant notamment des difficultés d’accès au système bancaire. (il s’était fait plumé par les banques !)

Son objectif est le développement de l’activité de petites entreprises de l’artisanat et du commerce (non franchisés) via un système de cartes de paiement et de fidélisations électroniques (types cartes Smiles).

Les entreprises payent 500€ d’adhésion et bénéficient en échange de deux avantages : des clients captifs et fidélisés puisqu’ils payent en RES (qui est convertible en €) ; des prêts à taux zéro en RES. Cette monnaie inter-entreprise est utilisée par 5000 PME en Belgique qui ont vu augmenter leur chiffre d’affaire de manière mécanique.

Les consommateurs bénéficient de deux avantages : une première remise de 10%, car l’achat initial de RES s’effectue avec un taux de change avantageux (100€ = 110RES) les incitant à consommer davantage en RES ; des remises effectuées par chaque commerçant, contribuant à fidéliser la clientèle. Grâce au fond de trésorerie généré, entre autres, par les adhésions, des TPE telles que des librairies de quartier ont pu être sauvées de la faillite via l’injection de fonds RES. (extrait du site de vertsregion.org/article.php?article_id=802)

  • Le mouvement Villes en transition est la branche francophone des Transition Towns, lancées en Angleterre par Rob Hopkins dans les villes de Totness, Brixton, …

(www.villesentransition.net)

Ce modèle des villes en transition est très utile et important, car il aborde des lacunes importantes du système monétaire existant, qui est conçu pour être à la fois prédateur et spéculatif, et créé ainsi une économie mondiale qui manque de résilience en termes de ce qui est nécessaire pour les deux à court terme et à long terme la survie de l’homme, à savoir l’énergie, l’eau et de nourriture. La priorité pour une monnaie complémentaire en termes de développement économique local doit être porté sur ces aspects importants, sinon il n’existe aucune base immédiate pour résister à l’oppression destructrice du système actuel, ni la capacité à long terme pour créer un monde meilleur pour l’humanité.

2. En France

  • Des monnaies fictives, créations éphémères et gratuites ont déjà sauvé des économies malades, avec pour seule posologie leur circulation à tout prix, pour rétablir et vivifier les échanges vitaux. Dans les années 1950, le village français de Lignières en Berry en a fait l’extraordinaire expérience. Voir le texte Expérience de Lignières.doc, complet sur : www.silesfemmescomptaient.com/fr/bibliographie/silence_lignieres-...

  • Les SEL (Systèmes d’Echanges Locaux) : système de crédit mutuel basé sur le temps. Il y a 432 SEL référencés en 2011 (voir selidaire.org/)

  • Le SOL : Utilisation d’une carte magnétique. Nombreuses initiatives en France à différents niveaux d’avancement (selon le magazine Territoires février 2011) : Bretagne, Ile-de-France, Rhône Alpes (Sol Alpin), Nord Pas de Calais, Alsace, Toulouse (Sol-Violette pour avril 2011)

  • L’Abeille : Monnaie locale (billets) mis en circulation à Villeneuve Sur Lot (Lot et Garonne) par l’association Agir pour le Vivant : voir agirpourlevivant.org.

  • L’occitan : lancé en février 2011. Voir : www.deviseoccitan.org/

Autres projets en cours :

  • L’écho (Maine et Loire), premiers billets prévus en juin 2011

  • Le Bogue, en Ardèche (billets en circulation)

  • La Luciole (Sud Ardèche) : billets imprimés, démarrage printemps 2011

  • La Mesure (Romans sur Isère (Drôme) : billets prévue pour mai 2011

  • Projet d’Open Money (développés par The Transitionner / JF Noubel)

  • Projet d’Accorderie (Chambéry, Paris) :

3. En PACA

Émergence de dynamiques autour des monnaies locales en Paca

Du côté du Vaucluse (84), un travail de réflexion se construit autour de l’association SEVE (Système d’échanges pour vitaliser l’économie) située à Carpentras dont le but est de favoriser la production, la circulation de biens et de services au niveau local et de jeter les bases d’une économie réelle (non spéculative) grâce à une Monnaie Complémentaire ou tout autre moyen approprié dans le respect des personnes et de la dignité humaine. Cette monnaie complémentaire a une valeur adossée à l’euro. Une première réunion d’information a été organisée à Apt, le 14 janvier 2011 autour de la projection de La double face de la monnaie. Une soixantaine de personnes a participé. Une soirée de lancement de leur monnaie intitulée la « roue » est prévue le 20 mai à l’Isle-sur-Sorgue avec la présence de Philippe Derruder.

Contact : mlcpacaouest@free.fr

Du côté du Var (83) et Alpes Maritimes (06), plusieurs conférences de Philippe Derruder et projections-débats autour de l’Argent d’Isaac Isitan ont été organisées en novembre 2010 dans différents lieux du département (Correns, Mouans Sartoux, Draguignan, Puget sur Argens et Saint Raphael). L’objectif était de « comprendre la nature profonde des dysfonctionnements financiers actuels. Nous libérer du conditionnement mental qui nous tient prisonniers d’une logique contraire à notre propre bien-être et aux intérêts de l’humanité entière. Concevoir ce que nous pouvons faire dès maintenant pour relever le défi écologique et humain propre à notre temps et lancer les bases d’un monde réconcilié et durable. »

Contact : Joëlle Taillefer luciole9@gmail.com

Dans les Bouches du Rhône (13) et particulièrement à Marseille

Depuis 2 ans, dans le réseau d’économie sociale et solidaire de PACA, l’APEAS (Agence Provençale pour une économie alternative et solidaire) avec l’aide d’autres structures (Les Sels, fokus 21, l’Equitable Café, des personnes en liens avec le Marché Paysan…) mène une campagne d’information et de réflexion sur les systèmes d’échange alternatifs. Ont été organisés plusieurs conférences, des ateliers-débats (intervention de JF Noubel, de Célina Whittaker, de Patrick Viveret, de Philippe Derruder, de JM Cornu de la FING, …), des projections de films, et d’autres événements (pièce de théâtre le radeau de la Monnaie, BLE, interventions en milieu scolaire, co-organisation avec l’Equitable Café de la Semaine « La bourse ou la vie » autour de la question de l’argent qui a eu fin février 2011 à Marseille. sur la finance solidaire, les monnaies sociales et complémentaires, …).

En juin 2010, nous avons d’ailleurs battu monnaie lors de Festi’Sol, polyforum des initiatives citoyennes en région PACA, et pu en tirer une première expérience (voir le rapport bilan sur le site de www.festisol.org). A l’issue de ce festival, se dégageait alors un besoin d’aller plus loin sur ces expériences d’ « autres » échanges. Pascal Hennequin, coordinateur de festisol et fondateur de fokus 21 a participé en « éclaireur » et en tant que photographe-réalisateur, aux rencontres de Brest sur les usages coopératifs, à celles d’Autrans et au colloque CC-CONF organisé à Lyon par l’équipe menée par Jérôme Blanc et Marie Fare.

Plusieurs pistes sont évoquées actuellement :

  • Volonté de développement d’un système d’échanges entre structures ESS de l’aire marseillaise élargie,

  • Volonté aussi de développement d’une Monnaie Locale (sous forme imprimée) en s’appuyant par exemple sur les commerçants liés au Marché Paysan du Cours Julien et l’ADEAR dans le même esprit que celle de Villeneuve-sur-Lot (monnaie locale a parité avec l’euro émise par une association et utilisable dans un réseau de commerçants) ou de celle de Pézénas (outil de fidélisation basé sur l’euro, monnaie achetée et distribuée par les commerçants, artisans, paysans) : voir www.deviseoccitan.org/index1_1.html,

  • Réflexion autour du système Accorderie basé sur le temps et permettant des échanges à plusieurs niveaux (interpersonnels, interstructures, bénévoles-structures).

Une étude de faisabilité pourrait être lancée par l’APEAS, fokus 21 et d’autres personnes ou structures avec le soutien de fonds européens (FEDER) et de la Région, afin de travailler sur les systèmes d’échanges possibles et d’oeuvrer dans un troisième temps à sa mise en place, avec l’aide d’outils pédagogiques (film et expositions photographiques) mais plus génériques. Cela pourrait se faire en partenariat très certainement avec d’autres expériences (Paris, Chambéry)

Contacts : Raymond Nebot / Sel de Mars - nebot.raymond@neuf.fr ou Pascal Hennequin/fokus 21 / contact @fokus21.org

Dans les Alpes de Haute Provence (04) , Raymond Aitken ainsi que plusieurs autres personnes de la coopérative Longo Maï proposent de travailler sur le système C3, c’est à dire cette « méthodologie de développement économique décentralisé appelé la C3 (Circuit de Crédit Commercial), qui utilise un logiciel open source appelé Cyclos (project.cyclos.org/ ). Le système de C3 peut transformer les flux d’argent classiques (par exemple d’euros) dans une monnaie régionale complémentaire, d’une manière tout à fait légale, de sorte que les régions peuvent atteindre une autonomie économique génératrice d’emplois et de gérer le développement de leur économie locale (y compris les zones rurales), en fonction de leurs valeurs, objectifs et conditions.

Dans le contexte de Paca, le C3 pourrait être mis en œuvre un projet pilote au sein du nouvelle pôle économique désigné, le « Val de Durance », où il pourrait être utilisé pour contrer les effets destructeurs d’un système financier mondialisé qui exige une croissance exponentielle économique, ce qui signifie la transformation exponentielle en argent du capital social et de la richesse naturelle.

Le système de C3 a déjà été mis en œuvre avec succès dans plusieurs pays d’Amérique du Sud (notamment au Brésil et au Honduras), et est actuellement mis en place au niveau national en Uruguay, en partenariat avec le gouvernement national et la banque centrale. Le système de C3 est également encouragée pour la mise en œuvre en Europe par Bernard Lietaer (www.lietaer.com/other-languages/francais/), un ancien banquier central et d’experts de monnaies complémentaires. »

Voir à ce sujet l’interview réalisé dans CC-Mag, le magazine international sur les monnaies complémentaires de février 2011. (ccmag_feb_2011.pdf)

Raymond Aitken est en communication par courriel avec le Social Trade Organisation (www.socialtrade.org/ ) (STRO), qui sont des créateurs du système C3 et du logiciel Cyclos.

Quelles alliances positives ?

Alliances possibles avec les institutionnels et les banques éthiques

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

« Il est temps de déterminer où nous voulons aller et concevoir un système monétaire pour nous y emmener» Bernard Lietaer. Il est temps de Fair(e) et de le faire savoir.