ENTREPRENDRE EN COOPERANT

Cahier de l’entrée Coopérer/ Mutualiser    

Argumentaire

Avec la crise, nos modèles économique, financier et social dominants ont fait la démonstration de leur incapacité à donner à tous et aux jeunes en particulier une place dans le monde du travail et dans la société en général.

En France la destruction d’emplois est d’environ 2000/3000 emplois nets par jour ;

Un nombre toujours croissant de personnes exclu du marché du travail se trouve de plus en plus en situation de grande précarité. Cette ressource humaine dévalorisée est de ce fait exclu également de tout processus de développement. Depuis le début de la crise sur le territoire de la Communauté de communes Caux vallée de Seine (CVS) se sont près de 500 emplois qui ont été détruits, la situation des femmes et des jeunes sur le marché local du travail est particulièrement défavorable du fait de la structure économique et industrielle fondée sur ces modèles dominants.

Les enjeux environnementaux constituent une dimension supplémentaire à l’insoutenabilité de ce mode de développement à une échelle mondiale mais aussi locale. On assiste à un épuisement des ressources alors que localement certaines ressources (déchets notamment) ne sont pas exploitées ou mal valorisées pour être productives de valeur ajoutée.

Conditions du développement

ENTREPRENDRE EN COOPERANT est un processus socio-économique animé par des acteurs de la médiation qui met en lien les activités économiques et les organismes sociaux tout en contribuant à une création de richesses économiques (non par une redistribution), mais en rassemblant les ressources d’une communauté d’acteurs. La démarche prend en compte prioritairement les externalités positives et négatives que produit l’activité économique et s’inscrit de ce fait dans le souci de la gestion durable de la ressource.

ENTREPRENDRE EN COOPERANT, c’est d’abord un système de coopération et de mutualisation.

Cet apprentissage qui s’est réalisé sur des filières économiques nécessairement simples au départ doit être absolument capitalisé par les acteurs du territoire pour permettre l’entrée dans l’économie de la connaissance en lien avec les acteurs de l’ESS.

Données chiffrées

Focus sur la filière textiles usagés

ou illustration du passage d’une expérimentation sous la forme d’un chantier d’insertion

vers la structuration d’une filière régionale de valorisation des déchets textiles

De nombreuses rencontres avec les partenaires ont eu lieu entre 2007 et 2010 : avocat pour l’éco référencement, ICIAD, COTEXI 276, ITS IAE (ingénieur éco concepteur de la ligne de tri textile), Raynaud Industrie (effilocheur), Conseil Régional de Haute Normandie.

Parallèlement a été étudié les lieux d’accueil de l’activité par la visite de locaux pour l’implantation de la ligne de tri sur la Communauté de communes Caux vallée de Seine

Un dossier a été réalisé pour l’intégration au sein de l’appel à projet du programme de recherche « matières » financé par l’Agence nationale de la Recherche (non retenu)

Les premiers résultats d’une recherche menée par l’ICIAD (acteur IAE – porteur d’une enveloppe solo) a été faite auprès de l’ESITPA (Ecole d’ingénieurs agricoles Mont Saint Aignan) sur les propriétés combustibles des fibres textiles naturelles

Les premières buchettes textiles ont été par ailleurs expérimentées sur la chaudière collective de Gonfreville-l’Orcher, en lien avec la CRAM.

Eu égard aux premières activités initiées, la Communauté de Communes CVS a reconnu l’opportunité d’un développement économique de la filière en mobilisant cette fois-ci les acteurs de la recherche aux côtés des acteurs de l’IAE.

Changement d’échelle possible

Vers un développement durable par la compréhension du métabolisme du territoire

L’émergence des premières filières met en lumière l’importance pour le territoire de se lancer dans une démarche d’écologie industrielle : la perspective est d’aller au-delà des politiques environnementales sectorielles et de répondre à des défis plus globaux et intégrés.

L’écologie industrielle part, en effet, des limites des démarches traditionnelles qui raisonnent en termes de réduction des pollutions qu’il s’agisse d’approches en « bout de chaîne » (« end of pipe ») ou, dans une moindre mesure, « à la source ». Les technologies propres ne visent souvent que des optimisations sectorielles au travers de la mise en place d’un équipement, au mieux d’une installation, dont il est parfois difficile d’évaluer l’impact global.

L’écologie industrielle recherche, quant à elle, une optimisation à l’échelle de groupes d’entreprises, de filières, de régions, et même du système industriel dans son ensemble. Pour ce faire, elle favorise la transition du système industriel actuel vers un système viable, durable, inspiré par le fonctionnement quasi cyclique des écosystèmes naturels.

En pratique, pour tendre vers cet objectif, l’écologie industrielle s’attache à :

  • Valoriser les déchets comme ressources (filière des textiles usagés), en visant notamment la création d’activités (à développer en fonction des besoins)

  • Boucler autant que possible les cycles de matières et minimiser les émissions dissipatives liées aux usages qui dispersent les produits polluants dans l’environnement ;

  • Dématérialiser les produits et les activités économiques ;

  • Décarboner l’énergie.

L’approche proposée est celle de la compréhension du « métabolisme » du territoire. Il s’agit de réaliser une comptabilité en tonnes et en joules des flux de ressources entrants/sortants du territoire de l’ensemble de l’estuaire de la Seine dont Caux vallée de Seine fait partie.

Les enjeux du métabolisme pour le territoire Caux Seine :

Enjeux de la mesure :

  • Produire de l’information sur les données de flux,

  • Créer une base de données dédiée au métabolisme du territoire,

  • Définir des indicateurs sur l’intensité matérielle de l’économie du territoire

Enjeux de l’analyse :

  • Prendre en compte la dimension territoriale des flux, en combinaison avec l’approche strictement « activités industrielles » (ne représentant qu’une partie du cycle des matières),

  • Comprendre l’impact du développement du territoire Caux Seine sur la consommation des ressources et ses externalités sur d’autres territoires,

  • Comprendre l’interaction du territoire Caux Seine avec d’autres territoires, du point de vue échanges de flux (dépendance énergétiques, de traitement de déchets, etc.),

  • Identifier des gisements peu exploités d’économies de matières,

Enjeux de la gouvernance :

  • Appréhender les enjeux spatiaux (proximité) et territoriaux (acteurs, institutions, structures) de la gestion des flux de matière,

  • Intégrer la gouvernance des flux des ressources dans la gouvernance globale du territoire

Facteurs de succès

ENTREPRENDRE EN COOPERANT comme politique locale des territoires, s’inscrit dans les enjeux du développement durable et à ce titre nécessite la mise en œuvre de nouvelles formes de gouvernance ou de coopération et de mutualisation.

ENTREPRENDRE EN COOPERANT propose un processus de développement à l’échelle des territoires, considérant ceux-ci comme l’espace le mieux adapté à la gestion des relations sociales, à la prise d’initiative répondant à la réalité des besoins. C’est également l’espace de coopération où l’on peut inventer collectivement des alternatives locales de développement.

Impacts de l’initiative

  • mise en place d’un chantier d’insertion expérimental sur la filière textile (12 postes°

  • actions de formation et d’insertion professionnel

  • progrramme de recherche et développement

  • développement de partenariats croisés R&D, IAE, Enterprise, Territoire

  • objectif de création d’une plateforme de tri textiles régionale (30 postes)

La structure, porteuse de l’initiative

Les collectivités territoriales sont appelées, dans le cadre du chapitre 28 de l’Agenda 21 de Rio, à mettre en place un programme d’Agenda 21 à leur échelle, intégrant les principes du développement durable

La CVS s’est engagée dans l’élaboration d’un Agenda 21 depuis l’été 2007. Ce dernier constitue un véritable levier pour impulser une dynamique territoriale visant à concilier développement économique, avec le développement social et la préservation de l’environnement

Les acteurs (Qui ?)

Depuis son lancement en mars 2006, la démarche a permis de construire une Communauté d’acteurs composée d’entreprises, d’élus et d’acteurs de l’économie sociale sur le Pays de Caux Vallée de Seine. Cette nouvelle forme de coopération ouvre de nouvelles possibilités à la fabrication de nouvelles « chaines de valeur économiques » notamment par l’accès à des dispositifs de recherche et de développement.

Typologie Partenaire,

Région Haute Normandie

DIRECCTE

PNRBSN Parc Régnional des Boucles de la Seine

ADEME

ADRESS (Association régionale pour le développement de l’ESS)

Caisse des dépôts et de consignation

Mission Locale

Entreprises

DEHONDT

SME

Legrand Normandie

CRAM

AI Teck

Raynaud industrie

Bouclon Energies nouvelles

Guy Durand

Laboratoires

ESITPA/CREPIM/IFPH/Université du Havre

Associations d’insertion

ICIAD

Bateau de Brotonne

Naturaulin

Cotexi 276

Potager de Repainville

AIPPAM

SOS

Défis Ruraux

ANETH

EDEN

AIDSA

AMO Auxilia Mydiane

Autres

Les modalités de coopération et de mutualisation

 ENTREPRENDRE EN COOPERANT met en synergie les acteurs institutionnels, économiques et solidaires.

 Après avoir été sollicité, chacun reste libre de s’investir ou non, et du niveau d’investissement qu’il consent.

 Le territoire est un catalyseur : il permet ainsi l’émergence des filières, coordonne l’action de l’ensemble des partenaires autour de la structuration des filières et peut apporter soutien logistique et financier.

 Les acteurs économiques (secteur marchand ou social et solidaire), tout en restant autonome sur leurs objets et leurs vocations participent uniquement aux travaux des filières au sein desquelles ils souhaitent participer.

 Tout accord opérationnel ou financier passe par la rédaction d’un document conventionnel co signé.

 Dans tous les cas la priorité est accordée aux acteurs locaux, issus du territoire.

Rôles et contributions des différents acteurs

Acteurs R&D :

 Ouverture de pistes de recherche

 Force de proposition

 Mise en réseau des acteurs « Entreprises »

Acteurs Entreprise :

 Expertise technique

 Don de temps

 Apport de compétences entrepreneuriales

Acteurs Sociaux :

 Ancrage de la dimension sociale dans la démarche

 Portage des projets

 Expérimentation sur des phases non rentables (chantier d’insertion)

 Formation du personnel en vue d’un transfert d’activité sur le secteur marchand

 Agitateurs d’idées

Acteurs Territoire (CVS) :

 Impulsion d’une dynamique de projet

 Financements

 Coordination des financements

 Mise en relation des acteurs

Proposition pour influencer les décideurs

1. Sensibiliser les élus par une approche progressive de l’ESS en veillant à sortir des schémas traditionnels qui placent généralement les associations au cœur du dispositif d’ESS alors que c’est l’ensemble des acteurs économiques et institutionnels qui devraient s’investir dans le processus de développement d’activités sur le modèle de l’économie sociale et solidaire

2. Faire de l’ESS un projet de territoire qui implique de faire émerger une culture du changement et d’accepter une certaine prise de risques pour faire émerger de nouvelles activités économiques sur ce modèle

3. Placer le curseur davantage sur l’économie circulaire et l’écologie industrielle dans les schémas de développement économiques régionaux

4. Impliquer et accompagnement financièrement la recherche et développement dans le processus d’innovation technologique et sociale pour trouver de nouvelle voies de valorisation des ressources locales et des sous produits

5. Optimiser l’utilisation des nouveaux outils de portage d’activités tels que les SPL ou SCIC

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

ENTREPRENDRE EN COOPERANT est une démarche initiée sur le territoire de la Communauté de Communes Caux vallée de Seine (CVS) depuis 2006. ENTREPRENDRE EN COOPERANT vise à conjuguer les stratégies solidaires et environnementales avec la capacité du territoire à accompagner les innovations qui émaneraient de cette dynamique.

Les idées conductrices d’ENTREPRENDRE EN COOPERANT sont :

 Orienter le territoire vers un développement économique créateur d’emplois peu ou pas dé localisables et économe en ressources à partir des ressources existantes du territoire,

 Combiner la création de valeur économique et d’emplois avec la protection de l’environnement,

 Apporter un contenu à la responsabilité sociale des entreprises et du territoire,

 Développer la capacité de coopération et de partenariat entre acteurs de la société civile (entreprises, associations) et les collectivités locales.

Il s’agit aussi d’accompagner la mutation de l’économie locale, encore très industrialisée, vers d’autres types d’activités relevant davantage de l’économie circulaire, tout en privilégiant l’emploi.

Finalité de la coopération et de la mutualisation (POURQUOI)

Objectifs généraux

 Renforcer les liens économiques entre les structures d’ESS porteuses des activités et les entreprises du secteur marchand et la recherche (créer des passerelles – emplois, formation, etc. – contribuant à sécuriser l’activité en place) pour les filières identifiées, « lin », « Textiles usagés », « bois énergie ».

Objectifs spécifiques

 Affiner la cartographie des ressources du territoire et identifier les acteurs remarquables afin d’extraire de nouvelles niches.

 Pérenniser les activités en cours dans les filières suivantes : filière « textiles usagés », filière « lin », filière « bois énergie », et (accompagner) favoriser la R&D au regard des besoins sur ces filières

 Mettre en place les groupes de travail pertinents afin de préfigurer la chaîne économique des (nouvelles) activités émergentes envisagées sur le territoire,

 Communiquer sur l’initiative territoriale et la faire connaître le territoire comme lieu de référence de la démarche : ouvrir de nouveaux espaces économiques, mobiliser de nouveaux acteurs, etc.

Résultats attendus

 1 dynamique territoriale sur les principes de la démarche ENTREPRENDRE EN COOPERANT

 de nouvelles activités innovantes porteuses d’emplois,

 1 expertise de la Communauté de communes Caux Vallée de Seine dans la mise en œuvre de la démarche au sein de sa politique ESS,

Les activités (QUOI)

Les dates-clé

2006 – lancement du projet avec les premiers financeurs Conseil Régional et Caisse Des Dépôts et Consignations

2008 – lancement des études de faisabilité des premières niches d’activités identifiées et études des programmes de recherche

2009 – accompagnement de la structuration des acteurs – lancement de la SCIC Naturaulin

2010 – objectif de consolidation des premières filières (filière régionale textiles usagées, filière bois énergie)

1ère étape : une cartographie des ressources

Cet état des lieux du territoire, réalisé dès le début de la première phase, a permis de dégager les perspectives de développement d’une économie sociale et solidaire plus respectueuse de l’environnement.

Un travail de recherche de quelques entreprises intéressées pour contribuer au développement d’une telle économie a été mené au cours de cette étape.

2ème étape : l’Exploration de niches de marché innovantes

Trois entreprises ont été sélectionnées pour constituer le terrain d’exploration de ces niches de marché. Il s’agit des entreprises DEHONDT, LEGRAND et SME.

Ces entreprises ont été sélectionnées, d’une part pour leur degré de sensibilité à la démarche et pour leur adhésion à ses principes. Chacune de ces entreprises a émis la volonté de consacrer du temps « non productif » pour favoriser l’émergence de filières. D’autre part, les filières investies correspondent au cœur de métier de ces structures qui, par le même temps, apportent leurs expertises techniques ainsi que leurs compétences. L’implication de ces trois entreprises réside dans le fait qu’elles souhaitent recentrer localement leurs activités.

3ème étape une Détermination des conditions de développement de ces activités

Il s’agit de déterminer les conditions socio-économiques et environnementales nécessaires au démarrage et à la croissance de ces activités (financement, compétences, ressources diverses, localisation, …..), qui se traduit notamment par l’étude de projet d’activité et le montage du (business) plan de financement pour l’entreprise d’insertion

Ressources, financements et moyens utilisés

La communauté de communes a investi dans une Assistance à Maitrise d’ouvrage pendant trois ans pour accompagner et structurer la démarche ; La collectivité a accompagné financièrement les acteurs de l’économie sociale et solidaire dans la phase expérimentale (chantier d’insertion), dans la phase d’études de faisabilité, la mise à disposition de locaux – Coût d’accompagnement sur trois ans 300 000 euros dont

Une convention financière a été signée par ailleurs entre la Communauté de communes et le collectif COTEXI 276 pour le soutien à la structuration de la filière, la collecte, l’éco référencement et l’implantation de la plate forme régionale de tri textile sur le territoire de la communauté de communes

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

La crise économique, avec son lot incessant de licenciements, engendre des drames sociaux à l’échelle des territoires, il devient urgent de repenser les modes de coopération et de mutualisation pour donner du sens au concept de « développement durable » mais aussi de permettre l’émergence d’un modèle économique qui permette de mesurer pour les individus, leur mieux vivre en accroissant leurs potentialités et leurs libertés tout en étant un facteur d’innovation technologique et de performance économique territoriale.

Les collectivités territoriales entendent répondre à ces enjeux parce qu’il est désormais évident que le développement économique et l’attractivité territoriale naissent d’une prise en compte, simultanée et proactive, de l’environnement et des conditions sociales du développement.