Chantier théâtral des contes de la richesse

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Argumentaire

Aborder les questions sociales, environnementales, économiques, politiques n’est pas seulement une question d’argumentation, de raisonnement, de stratégie. Le rapport sensible à ces questions nous semble aussi important que leur approche intellectuelle.

Ne pas laisser ces questions à des spécialistes, des experts et urgence à redonner la parole aux individus.

Comment se réapproprier la question de la richesse ? Comment reconsidérer la richesse au- delà de la richesse financière?

Conditions du développement

Les contes de la richesses, un chantier de coopération artistique international sur le mode des logiciels libres :

Coopération entre la Tribouille et le Théâtre du Public (Belgique), le théâtre Parminou (Québec), la Cie Libertalia (Italie) et la coopérative de Théâtre de Salvador de Bahia (Brésil).

Comment ça marche?

Après plusieurs rencontres, un protocole de travail se met progressivement en place entre les structures. Basé sur le respect de la spécificité artistique de chaque compagnie, ce protocole propose : De créer les conditions d’un espace d’échange qui impulse, qui génère une diversité d’approches artistiques, politiques, sociétales et culturelles, en explorant 3 grands axes principaux:

1.penser autrement la richesse : la question des indicateurs, tout ce qui guide nos choix, nos décisions, collectivement et/ou individuellement

2.intégrer les questions anthropologiques (notamment la qualité des relations humaines),  dans tous les niveaux de réflexion et d’actions : politique, économique, social, environnemental, culturel, démocratique, etc…

3.repenser radicalement nos moyens d’échange :

un autre rapport à la monnaie

le développement d’autres systèmes alternatifs au fonctionnement actuel de la monnaie officielle

Un échange régulier du travail d’adaptation des textes de Patrick Viveret, sur le principe des « logiciels libres »: Nous sommes tous faits des savoirs accumulés et croisés depuis des siècles…Un développement humain accéléré nécessite une circulation aisée des idées pour nourrir la créativité de chacun. Il s’agit donc de mettre en pratique un « troc artistique » en bousculant la notion de propriété artistique et intellectuelle et en croisant nos compétences et nos expertises singulières. Par exemple, chaque texte est librement mis à disposition des autres créateurs pour être récupéré, transformé, avant de nourrir en retour l’équipe qui l’a créé initialement.   

Des périodes de rencontre et d’accueil organisées par chacune des compagnies : par exemple un temps au Québec, un temps en Belgique et un temps en France, durant lesquels les équipes travaillent ensemble sur des propositions des metteurs en scène.

Des recherches communes de diffusion de chacune des créations dans les réseaux respectifs ; un suivi de l’évolution des créations par le Web.

Données chiffrées

A ce jour plus de 250 représentations ont déjà été données un peu partout sur le territoire par notre compagnie.

Plus les représentations des autres compagnies liées au chantier de coopération artistique international (voir plus loin) à l’étranger : Brésil, Italie, Belgique et Québec.

Impacts de l’initiative

Le spectacle reste une rencontre éphémère. A ce titre il nous est difficile de mesurer l’impact sur une population. Nous avons des retours réguliers d’organisateurs qui parlent des traces de notre passage et des réflexions qu’il a suscité. Le propos de nos spectacles,qui pouvait sembler « compliqué » est accessible et reçu par toutes les populations avec le même désir de comprendre, de s’emparer de cette complexité (chaque rencontre d’une heure, après la représentation, conforte cette idée).

L’organisation

La Tribouille est une association loi 1901, fondée en 1982.

La structure, porteuse de l’initiative

La Tribouille existe depuis 1982.

Le terme de compagnie se justifie d’autant plus que l’ensemble du personnel partage

la conception et la réalisation des projets, s’implique dans l’esprit qui préside à leur mise en chantier.

La compagnie se définit comme une équipe de créateurs impliquée dans la vie de la cité. Pour nous, le théâtre doit en permanence tisser des liens, dépasser les barrières sociales et culturelles, donner à voir et à entendre des oeuvres dont le public peut s’approprier le contenu.

Vivre dans notre compagnie ce que nous défendons sur le plateau. L’importance de la relation humaine, en tenant compte des réalités, des désirs de chacun d’entre nous. Prise de décisions collective tant sur les questions artistiques, que les questions salariales, ou d’engagement politique, mise à disposition de notre salle de travail pour d’autres compagnies qui ne trouvent pas d’espace de répétition…

Les acteurs (Qui ?)

La compagnie de théâtre la Tribouille ; Philippe Piau (mise en scène, écriture et adaptation)

Patrick Viveret, auteur du rapport « Reconsidérer la Richesse » et personne ressource

Partenariat avec le collectif Richesse, le collectif FAIR…

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

D’un rapport ministériel à trois pièces de théâtre…+ des petites formes pour la rue

Le rapport « Reconsidérer la Richesse » de Patrick Viveret a pour objet de renouveler la question de la représentation de la richesse et de réinscrire la monnaie au cœur de l’échange humain, en rassemblant les multiples tentatives françaises et étrangères, en lançant des expérimentations, en alimentant un vaste débat public. Les perspectives s’organisent autour de l’évaluation démocratique comme outil privilégié et du développement humain durable comme finalité. La démarche du philosophe, ex-conseiller Maître à la Cour des Comptes, interroge chaque citoyen sur la société à construire dès aujourd’hui, et met l’accent sur l’urgence à redonner la parole à chacun.

À la lecture du rapport, il nous ait apparu très rapidement qu’une telle réflexion ne pouvait être porté sur scène en une seule pièce. Le risque était de simplifier le propos, alors que c’est justement la complexité qui en donne toute la richesse. Nous avons fait le choix d’extraire trois idées fortes traitées en trois spectacles, accessibles à tous, qu’on soit non-philosophe, non-économiste, non-sociologue…

Un tryptique « Les Contes de la Richesse » :

Le Paradoxe de l’Erika (création janvier 2006) sur les indicateurs de richesse.

Le Radeau de la Monnaie (création juin 2007) sur la monnaie et les systèmes d’échange.

La Fascination de L’Iceberg, polar anthropologique (création avril 2011) sur les enjeux démocratiques

Chaque représentation est suivi d’une rencontre.

La diffusion de ces spectacles se démarque de la diffusion habituelle : une co-élaboration de moments de rencontre prenant pour appui le spectacle, mais faisant résonner ces questions de façon différentes. Ainsi, le spectacle s’intègre régulièrement dans des projets jumelant mise à disposition de documentation synthétique, conférences, projections, débat, expo, etc. En complément, l’espace de jeu est régulièrement mis à disposition en tant qu’espace naturel de débat (circulaire comme une agora, jauge limitée à 150 places permettant encore la prise de parole), ou de projection.

Le choix de la compagnie de se rendre le plus autonome possible (techniquement), permet de jouer dans toutes sortes de lieu (gymnase, salle municipale, théâtre, etc…).

Des petites formes « Les Petits Contes de la Richesse »

Plusieurs années après son lancement par notre compagnie , le projet des « contes de la richesse » franchit une nouvelle étape : Par des formes courtes et qui envahissent l’espace public, il se rapproche un peu plus des personnes qui n’osent pas encore venir dans des lieux de représentation.

Petits Contes :

«  Le bain de la grenouille ». « Carte blanche » à notre chorégraphe Josias Torres Galindo.

«  La finale du championnat du monde de la stratégie d’évitement des questions fondamentales pour l’humanité » : la matérialisation sportive et ludique du jeu favori des êtres humains…

«  Les Porte-parole » : derrière une forêt de micros, enfin de bonnes nouvelles pour l’humanité, la planète et les voisins !

Ressources, financements et moyens utilisés

Auto-financement de la compagnie (vente de spectacles), subventions à la création (villes, département, région, ADAMI…), fondations (fondation de France, fondation Beija-flor…), mécénat de particuliers.

Diversifier les financements nous permet de garder une liberté et une indépendance dans les choix artistiques et politiques de la compagnie.

Tarifs des spectacles : Le principe est la confiance réciproque. Généralement nous ne connaissons pas les structures qui font appel à nous. Nous présentons les tarifs comme une échelle sur laquelle ils peuvent se situer. Faire comprendre à nos interlocuteurs que le juste prix pour les uns peut être un prix inabordable pour d’autres. Une structure financièrement solide, pourra, par un prix de cession plus élevé, permettre à des structures plus fragiles d’acheter nos spectacles à un prix plus bas.

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

Ne plus laisser des experts, des spécialistes répondre à notre place.

Témoignages

Que cela se passe en milieu rural, au milieu d’un public d’agriculteurs (Montbert, 44) où la question de la peur de disparaître était des plus présente, ou bien lors des Assises Nationales du Développement Durable (Nantes, Lyon) devant un public très « militant », les réactions sont toujours aussi fortes. Lors du Festival Soir d’Eté (Le Mans), c’est un public d’une cité HLM qui nous accueillait sur son terrain de sport… Alors que nous avions rencontré quelque temps avant des chefs d’entreprises à l’occasion d’une séance à Valence dans les locaux de l’INEED (Innovation pour l’environnement et l’économie durable en Rhône Alpes). A plusieurs reprises, c’est un public universitaire qui s’est trouvé confronté à cette approche sensible de questions fondamentales, qu’il aborde plus souvent de manière intellectuelle (Université de Poitiers, Lyon, Alençon etc…).