Monnaies complémentaires et nouveau système de représentation de la création de richesse, plus respectueux des mouvements de la vie

Cahier de l’entrée Financer / épargner 

Argumentaire

Au-delà de l’indignation

La situation que nous constatons ne peut plus être endiguée à coup d’indignations collectives si ce n’est pour combattre les dénis qui entravent les débats.

Oui, notre système économique, celui qui a favorisé l’éclosion de notre industrie en Europe, ne répond pas aux exigences du 21ème siècle. Il dégénère. Ceux qui en profitent de l’intérieur doivent être traités comme ils le méritent.

Ceux qui en profitent de l’extérieur, les BRICS et principalement la Chine, nous imposent de franchir une étape en matière de démocratie.

En France la création des monnaies locales commence plutôt timidement. Outil de démocratie il est à craindre que localement elles soient confisquées par quelques uns voir par le pouvoir politique. L’Atelier Déontologie des monnaies et comptabilités complémentaires du Club Développement Durable du Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts Comptable à la demande de Ap2E - Agir pour une Économie Équitable a pour objectif de mettre en débat quelques principes essentiels pour que les initiateurs de monnaies locales puissent en élargir le champs d’action et les citoyennes et citoyens puissent en débattre en toute connaissance avec quelques clés et repères.

A partir du 4eme trimestre 2011 une large consultation internet sera organisée pour soumettre au plus grand nombre les propositions de l’atelier Déontologie des monnaies et comptabilités complémentaires ouvert à tous.

Comment sensibiliser d’autres acteurs

L’Atelier Déontologie des monnaies et comptabilités complémentaires du Club Développement Durable du Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts Comptable à la demande de Ap2E - Agir pour une Économie Équitable a pour objectif de mettre en débat quelques principes essentiels pour que les initiateurs de monnaies locales puissent en élargir le champs d’action et les citoyennes et citoyens puissent en débattre en toute connaissance avec quelques clés et repères.

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Données chiffrées

La reconnaissance des contributions

Les monnaies complémentaires ne sont pas des monnaies, mais des écritures sur des comptes spécialisés. Chacune de ces écritures suivent des règles définies en fonction de l’effet recherché. Par exemple, les cartes de fidélité donnent des crédits qui encouragent à la fidélité. Par le passé, les tickets de rationnement faisaient tourner l’économie de manière hautement régulée afin d’éviter les injustices sur une population meurtrie.

Les monnaies complémentaires prennent toutes sortes de forme de valorisation et d’utilisation. Elles sont aussi appelées « monnaies libres » : libres de suivre des règles convenues entre les parties prenantes de l’économie locale.

Concrètement, elles constatent un fait (par exemple un échange de bien ou de service), et reconnaissent des conditions de « réalisation » (par exemple achat de prestations pour personnes âgées à partir du moment où le porteur est classé GIR ).

Les monnaies complémentaires sont généralement fondantes (elles perdent de la valeur si on ne s’en sert pas) afin d’encourager les porteurs à faire tourner l’économie. Elles peuvent prendre une valeur intentionnelle (on ne peut les utiliser que pour certaines occasions).

Les règles d’acquisition, de valorisation et d’utilisation peuvent varier à l’infini, surtout si la représentation de cette monnaie est entièrement numérique, ce qui est de plus en plus le cas : les transactions de monnaies complémentaires tendent à se faire en ligne ou à l’aide de téléphones portables.

Cette simplification n’évite pas les débats compliqués à propos de la reconnaissance de la valeur créée. Il est donc nécessaire que la communauté qui les utilise définisse ses règles en fonction des effets attendus à court, moyen et long terme.

Bien que les monnaies conventionnelles n’aient qu’une seule représentation pour deux fonctions mélangées, échange et thésaurisation , les États ont toujours mis leur monnaie au service de leur stratégie.

Par exemple, le jeu de règles du Franc était destiné à favoriser les grands projets publics (TGV, Centrales Nucléaires …) dans une organisation non mercantile avec des prix encadrés. Ce système était vécu comme équitable. Il ne favorisait pas la qualité (rappelons-nous les années 80) et favorisait beaucoup de « coulages » (détournements sur les chantiers). Ce qui conduisait à des dévaluations régulières.

Les monnaies complémentaires sont donc une opportunité de démocratie locale et un instrument de développement ciblé et motivant, capable, le cas échéant, de se substituer un temps à une défaillance majeure du système qui permet à la monnaie conventionnelle de circuler.

Changement d’échelle possible

Avec 2.000.000 de Françaises et Français en dessous du seuil de pauvreté, avec 15 millions de Françaises et de Français qui a 50 euros ou 100 euros par mois sont au bord du gouffre de l’exclusion et pour certains du suicide, avec la déliquescence des liens sociaux. le changement d’échelle est devenu possible, voire indispensable, voire incontournable pour les politiques qui devront afficher un réelle volonté politique

Facteurs de succès

Les monnaies et comptabilité complémentaires peuvent être productives de pouvoir d’achat complémentaire et de maitrise de la valorisation des échanges par les citoyennes et citoyens donc de création de lien social. Deux sujets en pleine actualité

Impacts de l’initiative

De telles opérations ont pour objet de reconnaître une forme de création de valeur actuellement cachée et donc non reconnue. Par conséquent, elle n’est pas prise en compte dans le système légal et fiscal. Ceci doit donc évoluer. Des démarches sont en cours dans ce sens. Elles devraient faciliter la mise en œuvre.

L’organisation

Lors de la mise en route, il est recommandé d’accorder une dotation à la population concernée afin qu’elle soit incitée à entrer dans le jeu. Cette dotation donne nécessairement lieu au 1er débat concret, déterminant dans le succès de l’opération.

Il concerne les citoyens dans leurs relations entre eux, puis avec la collectivité locale, puis avec les commerçants et les prestataires de service puis avec les entreprises implantées sur le territoire.

La création de valeur immatérielle en liaison avec les parties prenantes de l’entreprise

  • La comptabilité sait reconnaître la création de valeur financière. La création de richesse extra-financière n’est pas reconnue. Or les clients, lorsqu’ils plébiscitent une entreprise créent « du capital confiance » qui va se retrouver dans la valorisation de la « marque » de l’entreprise. Il est possible d’imaginer qu’une part de cette valorisation puisse donner naissance à un circuit fonctionnant en monnaie locale. Les crédits ainsi acquis pourront être utilisés dans les débutances ou pour accompagner des créateurs d’entreprise.

  • Réciproquement, les collaborateurs passionnés améliorent sans cesse les connaissances collectives de l’entreprise, ce qui donne lieu, parfois, à une reconnaissance pécuniaire, versée sous forme de prime ou de part en capital. Il est possible d’imaginer que cette reconnaissance donne lieu à des crédits fondants sur le compte individuel de chaque collaborateur concernés. . Ainsi ; la création de richesse constatée rend au terreau local une partie de sa contribution.

La structure, porteuse de l’initiative

Atelier Déontologie des monnaies et comptabilités complémentaires du Club DD du CSOEC et Ap2E - Agir pour une Economie Equitable

Les acteurs (Qui ?)

Les monnaies complémentaires

Ce terme désigne des systèmes de reconnaissance de la valeur d’échange entre un producteur et un consommateur. Il ne s’agit pas de monnaies qui entreraient en concurrence conflictuelle avec celle émanant d’une Banque Centrale. Il s’agit simplement d’activateur économique.

Le cas de la favela de Las Palmas au Brésil peut être considéré comme un cas de jurisprudence internationale :

Cette favela a couplé une monnaie locale de circulation avec la monnaie officielle pour la production. Ce résultat est venu progressivement après de longues discussions avec la population qui constatait que le maigre trafic économique existant provenait d’aides extérieures et servait à acquérir des biens et des services eux-mêmes extérieurs.

Or, en favorisant la coopération entre des associations porteuses de connaissances et les volontaires résolus à essayer, des petits ateliers sont nés. En injectant du crédit à la consommation en monnaie locale, les 2 facettes de l’économie l’offre et la demande se sont mises en place. La Banque Centrale a attaqué puisque, au Brésil les moyens de paiement devaient être aux mains du réseau bancaire. La Banque Centrale a été condamnée à aider les banques Las Palmas. Le modèle a alors été reproduit à plus de 1 500 exemplaires.

Les monnaies complémentaires sont donc utilisées pour favoriser l’activité socioéconomique de manière à enrichir en permanence le terreau local et l’entrepreneuriat. Il s’agit de monnaies intelligentes, capables de tenir compte de la création de valeur qui n’est pas prise en compte dans la comptabilité officielle et de susciter des comportements de manière plus ciblée et plus efficace que ne le fait la fiscalité.

La mise en place de monnaies complémentaires constitue une démarche politique forte qui a pour effet de doper la démocratie locale. L’expérience montre que les opérations de trop petite envergure n’ont pas d’effet sur l’économie. Tout au plus, elles agissent sur le climat relationnel entre les concitoyens.

Pour être efficace, il convient de développer un plan stratégique en plusieurs étapes :

  • L’incitation au bien vivre ensemble : ce type d’action vise à inciter les citoyens à utiliser au mieux les infrastructures et échanger entre eux des biens et des services de proximité.

  • L’incitation à l’économie locale : l’usage de la monnaie complémentaire peut être étendu à la sphère professionnelle et para-professionnelle afin de lui donner plus de force,

  • L’activation entrepreneuriale : elle peut ensuite être mise en action dans l’accompagnement de projets entrepreneuriaux,

  • L’appel à l’épargne locale : cette ouverture fait apparaître des besoins en investissement sous forme de monnaie conventionnelle,

  • Les usines à startup (débutance) : un processus qui vise à faire émerger des activités d’excellence en y impliquant l’ensemble des acteurs locaux (en savoir plus ap2e.org ou Geneviève Bouché genevieve.bouche@bbox.fr).

Les partenaires

Les élus territoriaux, le monde associatif, le monde économique

Message à l’opinion

Échanger autrement, selon d’autres valeurs est possible.

Message aux décideurs

Revenir à l’économie réelle, utiliser la création de monnaies selon des décisions citoyennes et non spéculatives

en savoir plus ap2e.org

Message à ceux qui font l’ESS

Mettre en valeur les expériences en cours, mettre en œuvre des contre pouvoir garantissant la démocratie, éviter la caricature et la marginalité.

S’unir et non se diviser. Définir en toute clarté et lisibilité pour les élus politiques et les citoyens un plan ambitieux de développement non seulement des monnaies mais aussi des comptabilités complémentaires

Proposition pour influencer les décideurs

Des rencontres sont en cours et seront élargies avec les pouvoirs publics et plus particulièrement les élus territoriaux.

Propositions pour convaincre l’opinion

Démocratiser l’information, mettre en valeur les expériences en France ( encore peu significatives) et surtout à l’étranger Europe et Amérique Latine.

Éviter les caricatures dans les expériences de sensibilisation qui pourrait trop se rapprocher du jeu de « Monopoly »

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

Les raisons du changement

Après la conquête des terres, l’ère industrielle à poussé les hommes à se battre pour la conquête des marchés. A présent, c’est la conquête des talents et des savoirs qui devient stratégique.

Le public occidental veut désormais des biens et des services beaux, intelligent et capables de respecter la nature. Pour répondre à cette demande, il faut mixer en permanence des savoirs et des talents dans des logiques de « friction créative ».

Les savoirs constituent une accumulation de richesse immatérielle au sein d’une communauté géographiquement et effectivement délimitée. Quant aux talents, ils se révèlent à travers l’activité sociale et économique de cette même communauté. Chaque communauté a donc la possibilité de créer sa propre richesse sur le moyen et le long terme.

Éduqué, le public occidental entend désormais profiter de ses talents en contribuant à la vie de la société. L’assistanat le rend agressif car il ne répond pas à ses attentes.

Paradoxalement, l’Occident possède l’offre et la demande qui correspondent à la société à laquelle aspirent ses concitoyens, mais elle ne parvient pas à réaliser le couplage magique.

Son élan est entravé par la dégénérescence du système financier qui torpille le système démocratique. En effet, l’ère industrielle a nécessité le développement de la finance. Celle-ci est devenue omniprésente, au point de subordonner les états, les entreprises et les ménages en imposant sa vision de grand ordonnateur des projets de chacun.

La finance repose sur la confiance. Lorsqu’elle crée de la défiance, la finance ne peut plus fonctionner correctement. La confiance est une histoire d’hommes et de proximité. Or, l’idée dominante qui marquera l’époque que nous allons quitter sera marquée par « la loi du plus fort ».

Cette notion est contraire à la réalité de la vie.

En effet, dans la nature, le plus fort se garde bien d’écraser le plus faible sous peine de briser son propre biotope. Les espèces font en permanence des compromis avec leur voisinage et s’adaptent au gré de l’évolution de l’écosystème. Ainsi, pour survivre, il vaut mieux entretenir de bonnes relations avec ses partenaires et veiller à demeurer agile et donc adaptable.

La proximité (réalité terrain) est une composante de l’adaptabilité : les prises de décisions ne peuvent pas être prises loin de la vie réelle, mais organisées dans un circuit itératif de niveau en niveau.

Le caractère immatériel de notre économie rend les situations complexes, les évènements y sont difficiles à prévoir. C’est pourquoi, organiser la concertation active devient donc un défi où chacun, à son niveau, doit apprendre à contribuer à la recherche de solutions acceptables par l’ensemble des parties prenantes de la vie sociale et économique. Ceci met un terme au système dual du décideur face à ses opposants.

Notre défi aujourd’hui

Rome a sombré dans la décadence après avoir nié la fin de son modèle économique qui reposait sur la main d’œuvre gratuite. Nous sommes dans une posture semblable : encore actuellement, seuls les biens et les services comptabilisés officiellement sont pris en considération dans le circuit financier.

Or, il s’avère que la création de richesse s’opère de plus en plus en dehors de ce circuit marchand.

Pour prospérer, une zone géographique doit avoir un secteur marchand dynamique qui s’adosse à un système régalien efficace. Au fil du temps, le secteur marchand est devenu un lieu de production intense qui permet de vendre des biens et des services aboutis, conçus pour être vendus au plus grand nombre de consommateurs, à l’intérieur comme en dehors de la zone géographie où il est produit.

Cette production intensive nécessite une grande accumulation de savoirs et un renouvellement constant par l’intégration d’innovations :

Pour obtenir des savoirs de qualité, il faut un terreau social et culturel dynamique. Actuellement, cette forme d’économie est dévolue au tissu associatif, avec le soutien, pour une part, de l’état et les collectivités locales mais aussi du sponsoring. Ce dernier point, en pleine expansion, limite l’universalité des voies explorées étant donné que plus le secteur marchand devient fort, plus le sponsoring est utilisé comme moyen de communication.

L’innovation se développe dans le secteur pré-marchand, c’est-à-dire l’espace où la richesse crée est occultée puisqu’elle n’est qu’en devenir. De fait, les biens et les services qu’elle produit n’ont pas la maturité requise pour entrer dans le secteur marchand. Cet espace trouve ses ressources dans des structures floues et donc faibles tel que la love monnaie, l’Angela ou encore les aides publiques dont les ressources sont limitées.

Cette zone d’activité socioéconomique a un rendement financier très décevant car très risqué. Elle est délaissée par la finance et très mal soutenue par les grandes entreprises.

Or l’avenir à moyen terme se prépare dans le secteur pré-marchand et à long terme dans le secteur associatif.

Par ailleurs, l’organisation de l’économie vers laquelle nous nous acheminons repose sur la productivité intensive des entreprises et la création de valeur par la cross-fertilisation des idées et des talents via les startups. L’ensemble est loin de créer autant d’emplois que l’ère industrielle à son apogée. En revanche, cette organisation requiert une répartition du travail plus proche des temps de la vie (j’apprends, je fais, je transmets, je me rends utile), où le salariat n’est plus la norme. Tour à tour, chacun devient un agent économique parfois local proche, parfois moins proche, ce qui lui permet d’importer et d’exporter de la richesse.

Pour toutes ces raisons, les collectivités locales doivent reprendre en charge le développement de leur propre prospérité pour lequel un nouveau paradigme est requis.

Ressources, financements et moyens utilisés

La décision de se lancer dans de tels projets ne se prend pas au vu du retour sur investissement mais sur les perspectives envisageables, comparées à la décision de ne rien faire. En effet, la réimplantation d’entreprises délocalisées ne recréera pas le bassin d’emploi perdu car trop de paramètres ont changé depuis les délocalisations. Les entreprises ne seraient plus créées avec la vision de l’ère industrielle, mais avec la culture du tissu collaboratif, c’est-à-dire : plus d’entreprises, plus petites et plus efficaces, externalisant plus de fonctions.

Toutefois, il est possible d’avancer quelques chiffres :

  • le budget de mise en place d’une monnaie locale doit prévoir les coûts d’élaboration d’une stratégie et l’acquisition d’un système de monnaie adapté aux attentes. Ce budget s’évalue à moins de 50 000 €,

  • à titre indicatif, la France dispose d’un pool de 2 millions de porteurs de projets, dont 600 000 voulant passer à l’action, dont 60 000, bien que peu innovants, présentent un réel intérêt socioéconomique. L’idéal est de prévoir un budget d’accompagnement porteur de projet d’environ 10 000 Euros.

  • les effets de dynamisation sont visibles au bout de 3 à 5 ans pour ce qui concerne l’échange de prestations entre les citoyens et entre les citoyens et les institutions privées et publiques.

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

La monnaie et surtout la création de monnaie ne peut plus échapper aux citoyennes et citoyens ( Un euro déposé dans une banque lui permet de créer 8 euros en pratique par le crédit : donc lui donne la maitrise de l’économie réelle et surtout de l’économie virtuelle spéculative)