Cahier de l’entrée Se former /Apprendre
La Jeunesse, source d’innovation pour une société durable
La jeunesse est un pilier essentiel pour le développement durable de la société. En effet, le développement durable est intrinsèquement tourné vers les générations futures, dans une perspective de solidarité inter générationnelle. Il est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (1). En juillet 2010, la Stratégie Nationale pour le Développement durable pour 2010-2013 posait un cadre pour l’avenir : environnement, économie et social, trois piliers indissociables pour s’inscrire dans une démarche « d’économie verte et équitable » (2). En avril de la même année, le député Francis Vercamer remettait au Premier Ministre un rapport parlementaire soulignant le rôle majeur de l’économie sociale pour l’innovation sociétale (3). Dans ce contexte, l’économie sociale doit investir massivement sur les jeunes générations, si elle veut pérenniser son rôle de catalyseur d’innovation. Mais pour être efficient, cet investissement ne doit pas seulement être tourné « vers » la jeunesse, il doit aussi l’impliquer dès maintenant car les efforts d’aujourd’hui ne seront durables que s’ils sont perpétués demain. Plus important encore, cette implication est une nécessité pour permettre un renouvellement des idées et des solutions aux problématiques contemporaines.
En dépit des clichés qui les considèrent comme des problèmes à résoudre, nous affirmons que les jeunes portent en eux des potentiels importants en termes de créativité et d’innovation sociétale, en particulier dans le domaine économique. En tant que futurs travailleurs et créateurs d’activités mais également en tant que consommateurs et citoyens, les jeunes ont un rôle à jouer dans le développement et le renouvellement des pratiques et des engagements de l’économie sociale. Les jeunes ont une connaissance des pratiques et des innovations technologiques qui sont un atout pour l’innovation et l’expérimentation mais également, en dehors de toute création d’activité, ils sont les garants des modes de vie qui permettront aux valeurs d’équité, de responsabilité et de coopération d’être intégrées au projet d’une société durable. En effet, loin d’être individualistes comme on les dépeint trop souvent, les jeunes se socialisent par leurs pairs, en groupe. Leur recherche de réalisation personnelle et de construction professionnelle ne se pense pas comme la lutte de l’un contre les autres, mais à coté et avec les autres. Ils sont à la recherche de solidarités et de nouvelles dynamiques, qui respecteraient leurs identités et donneraient un sens à leur avenir.
Une récente étude du RTES (4) sur les initiatives des jeunes montre qu’elles visent majoritairement à développer des biens ou services innovants qui n’existaient pas et que leurs initiatives sont créatrices de liens sociaux de proximité sur les territoires, en particulier dans le domaine de la préservation de l’environnement. D’après l’étude du RTES, ces jeunes poursuivent un idéal de liberté et d’autonomie pour la création de leur propre emploi dans le cadre de projet porteurs de sens. Les principes de coopération, la dimension collective de l’entreprise et la démocratie économique au cœur de l’économie sociale sont particulièrement adaptés pour la création d’activités par les jeunes. Dans le même temps, l’étude souligne que les jeunes ne se revendiquent souvent pas de l’économie sociale, même s’ils en partagent les valeurs fondamentales.
Jeunesse et économie sociale, une communauté de valeurs mais un manque de communication
D’une manière générale, les jeunes ne connaissent pas les pratiques et les engagements de l’économie sociale en tant que projet de société et manquent de contacts avec ses acteurs. Ainsi, les jeunes - qu’ils soient lycéens, étudiants ou sortis du système éducatif formel - ignorent le plus souvent ce qu’est l’économie sociale ; leur formation initiale ne les a pas initiés à son histoire, ni donné l’occasion d’une réflexion sur l’articulation entre économie, démocratie et environnement.
L’économie sociale est un projet de société de démocratisation de l’économie. Elle s’appuie sur des groupements de personnes qui articulent des logiques de coopération et d’équité dans l’exercice de leurs métiers, dans la gouvernance de leurs entreprises et tout au long des filières économiques du producteur au consommateur. Les métiers de l’économie sociale ne sont pas des métiers à part : importateurs, développeurs informatiques, épiciers, restaurateurs, artisans, formateurs, graphistes, couturiers, industriels, agriculteurs, imprimeurs … sont autant de métiers où les démarches d’une économie sociale peuvent prendre vie par la manière d’organiser le travail, de choisir fournisseurs et prestataires, de construire une offre au service de la population et de respecter l’environnement.
Le rapport du député Vercamer fait un constat et nous lance un défi : l’économie sociale reste finalement assez méconnue malgré sa présence forte au quotidien sur les territoires. Outre le constat général du manque de communication dont souffre l’économie sociale, est pointé le fait qu’elle n’est pas enseignée aux jeunes générations. En effet, une récente étude menée par le Conseil Supérieur de l’Economie Sociale et Solidaire sur l’enseignement de l’économie sociale a mis en évidence l’absence de ce sujet dans les programmes des enseignements secondaires, malgré l’intérêt des professeurs. Si les filières universitaires dédiées à l’économie sociale se développent, beaucoup reste à faire au niveau des universités, pour aller au-delà d’une conception de l’économie sociale en tant qu’économie de niche, dont le champ se limiterait à l’insertion, au social et à la philanthropie. Ainsi, deux propositions du rapport du député Vercamer visent à promouvoir l’économie sociale dans les cursus de l’éducation nationale, en particulier dans les filières du secondaire et de l’université. Le rôle que doivent jouer les entreprises de l’économie sociale dans cette optique est également souligné et ces dernières sont invitées à prendre leurs responsabilités en la matière.
L’expérimentation et interaction des jeunes avec les entreprises de l’économie sociale, source d’apprentissage mutuel et de liens inter-générationnels
En tant qu’acteurs de l’économie sociale, nous constatons que l’apprentissage est trop souvent théorique et didactique et laisse peu d’espace pour la rencontre et l’interaction avec des professionnels. Les politiques publiques soulignent depuis de nombreuses années le manque de lien entre le monde de l’enseignement et le monde économique. Nous pensons que le contact avec des professionnels de l’économie sociale, la transmission de savoirs faire et de savoir être aux jeunes leur permettra de développer leurs potentiels et de tester leurs capacités à créer de nouvelles opportunités économiques coopératives et équitables. Pour cela, il s’agit de mettre en œuvre des pédagogies actives, où les jeunes seront amenés à être les acteurs de leurs apprentissages, à faire des expériences concrètes et à développer des compétences qui seront mobilisables sur le marché du travail, même si leurs initiatives ne les mènent pas à la création d’activités économiques. Dans le même temps, la plus-value personnelle qu’apportent l’expérimentation et la dynamique d’un projet, en dehors de tout critère de réussite ou d’échec, a un effet positif sur l’inscription des jeunes dans le paysage social, culturel, économique et sur leur professionnalisation. Sont en jeu le développements des compétences et la formation non formelle, la connaissance et l’expérience du monde du travail, la création de son propre emploi et la réinscription dans un parcours professionnel voulu et une dynamique économique inscrite dans le développement des territoires.
Notes
(1) Cette définition, posée par le « rapport Brundtland » en 1987 fait aujourd’hui toujours référence, Préambule de la SNDD 2010-2013.
(2) La Nouvelle Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD) 2010-1013 a été adoptée le 27 juillet 2010 par le comité interministériel pour le développement durable.
(3) Ce rapport, sous-titré « L’Economie Sociale et Solidaire, entreprendre autrement pour la croissance et l’emploi », tire 3 constats suite à sa mission et définit 4 orientations pour l’avenir. Pour les mettre en œuvre, le rapport fait 50 propositions concrètes d’actions, dont la promotion des Coopératives d’Activité et d’Emploi (proposition n°35)
(4) « Jeunes et initiatives économiques solidaires », RTES, novembre 2010, édition Sansonnet.
La plateforme d’émergence de projets et une initiative de COOPANAME SCOP-SA, en partenariat opérationnel avec l’association MINGA et l’association PLUS LOIN.
Coopaname, créée en 2004, propose à ceux qui souhaitent se mettre « à leur compte » de créer leur emploi salarié au sein d’une entreprise coopérative (SCOP-SA). Coopaname regroupe aujourd’hui plus de 450 coopérateurs répartis en 5 établissements qui couvrent l’ensemble du Grand Paris. Les coopérateurs de Coopaname se protègent mutuellement leurs parcours professionnels et construisent une forme innovante d’organisation économique qu’ils gèrent démocratiquement. Collectivement, les coopanamiens se dotent du droit du travail, d’une protection sociale, de la formation continue, d’outils financiers, de mécanismes de solidarité et d’opportunités économiques collectives. Au travers de cette « mutuelle de travail », c’est un projet de changement social et une réflexion sur l’économie qui sont mis en pratique : réinventer l’entreprise afin qu’elle soit un outil démocratique d’épanouissement, de socialisation, d’émancipation, au service des aspirations de chacun.
jeunes qui s’interrogent sur leur avenir professionnel
jeunes porteurs de projets
étudiants
entrepreneurs et professionnels de l’économie sociale membres de nos organisations et des organisations partenaires
enseignants des lycées techniques et professionnels, les animateurs et éducateurs
associations de quartiers et d’éducation populaire
universités, en particulier les enseignants en économie, chaire ESS, personnels en charge de l’insertion professionnelle des jeunes
Une plateforme multipartenariale pour promouvoir la citoyenneté économique des jeunes franciliens et faciliter l’émergence de leurs projets dans une logique coopérative et équitable pour un développement durable.
Pour cela, la plateforme expérimente avec les jeunes des formes innovantes d’accompagnement multiacteurs appliquant les principes d’une pédagogie active et de construction collective d’une réflexion sur l’économie et le travail, de projets économiques et de création d’emplois.
Les objectifs de la plateforme s’articulent autour de trois axes :
sensibilisation des jeunes à l’économie sociale pour un développement durable
amorçage de projets professionnels de jeunes dans le cadre de l’économie sociale
incubation de projets d’activités économiques portés par des jeunes
Axe 1 - sensibilisation à l’économie sociale pour un développement durable
L’axe 1 vise à promouvoir la citoyenneté économique des jeunes. Il s’agit de leur faire prendre conscience que chacun d’eux peut en être l’acteur, quelque soit son âge, sa formation ou son activité professionnelle. Les actions déployées dans ce cadre leur permettent de découvrir concrètement les pratiques et les engagements de professionnels exerçant leur métier en appliquant des logiques de coopération, d’équité et de respect de l’environnement. Notre but est de leur donner à comprendre ce que travailler et entreprendre dans l’économie sociale veut dire dans une perspective de développement durable.
Objectifs
Sensibiliser les jeunes en leur permettant de :
S’initier aux engagements d’une économie coopérative et équitable
Découvrir des métiers par la rencontre de professionnels en exercice
Réfléchir leurs parcours de formation et à leurs projets
Progresser dans leurs choix professionnels et extraprofessionnels
Pour réaliser ces objectifs la plateforme déploie des actions adaptées en direction des lycéens en formation technique et professionnelle ; des jeunes sortis du système scolaire et des étudiants
Axe 2 : Amorçage
Le principe de l’amorçage est d’ouvrir à des jeunes les espaces de travail des entrepreneurs membres de nos organisations et de nos partenaires en s’immergeant dans un « bain entrepreneurial » alliant éthique et économique, quel que soit le secteur d’activité, pour leur permettre de se mettre concrètement en mouvement sur un projet professionnel et/ou de mûrir une idée d’activité, même si celle-ci est encore très vague.
S’il vise l’acquisition de compétences mobilisables du point de vue de leur avenir professionnel, l’objectif premier de l’axe « Amorçage » n’est pas d’apprendre un métier, mais plutôt de découvrir l’exercice d’un métier dans le cadre de l’économie sociale, auprès de ces entrepreneurs qui mettent l’éthique et la coopération au coeur de leur activité. Ainsi, l’amorçage se conçoit comme une nouvelle forme de compagnonnage ; il favorise le développement de relations mentorales entre d’une part des jeunes en quête d’un avenir professionnel qui leur permette de se réaliser et d’autre part, des entrepreneurs de l’économie sociale qui ont fait le chemin avant eux.
Objectifs
Il s’agit de permettre aux jeunes de développer leur créativité, d’explorer leurs envies de projets et d’interroger leurs aspirations professionnelles dans un cadre coopératif pour :
Développer des compétences mobilisables pour leur insertion professionnelle
Favoriser l’expression d’aspirations entrepreneuriales dans l’économie sociale
Détecter des porteurs de projets
Pour réaliser ces objectifs la plateforme déploie des actions d’immersion mentorale adaptées en direction de stagiaires en formation initiale et de jeunes demandeurs d’emploi porteurs de projets.
Axe 3 : Incubation
L’incubation de projets vise à accompagner dans une dynamique collective, des projets portés par des jeunes dès la naissance de l’idée jusqu’à la réalisation et la pérennisation des activités et des emplois qu’elles auront permis de créer. L’axe 3 s’adresse à tous les jeunes qui, à partir d’une idée ou d’une envie, cherchent à créer une activité ayant une dimension économique et une vocation à se développer dans un cadre économique coopératif et équitable.
Notre philosophie est de pouvoir offrir à tout porteur de projet un a priori positif sur son idée et non de lui présenter en premier lieu les difficultés et les obstacles qu’il pourrait rencontrer (ce qui est souvent un « réflexe » en matière d’accompagnement entrepreneurial), ni de porter un jugement de valeur sur ses désirs et ses envies. La mise en œuvre d’une telle méthode suppose la reconnaissance chez les jeunes porteurs de projets de certains droits :
Droit à être écouté : tout jeune qui le sollicite est reçu. Si sa démarche ne peut intégrer la plateforme, il est réorienté vers la structure adéquate et cette orientation est accompagnée ;
Droit à avoir des idées : tout jeune porteur de projet est intégré, sans sélection préalable et sans prérequis ;
Droit de prendre son temps : aucun impératif de durée n’est imposé quant au rythme d’avancement des projets ;
Droit à l’erreur : la non-concrétisation de l’idée en projet n’est pas considérée comme un échec, mais est valorisée comme une expérience personnelle et professionnelle formatrice.
Objectifs
Accompagner dans la durée l’émergence de projets d’activités portés par des jeunes dans un cadre économique coopératif et équitable
Sécuriser et pérenniser les activités économiques développées par des jeunes, par leur intégration aux organisations et réseaux de l’économie sociale
manque de connaissance des jeunes sur l’économie sociale en tant que projet de société de démocratisation de la société pour un développement durable
manque d’interactions entre les jeunes et leurs aînés sur la question des métiers dans une logique de coopération et d’équité
manque d’opportunités pour les jeunes d’apprendre de manière non formelle et d’expérimenter concrètement ce qu’exercer un métier dans l’économie sociale veut dire