Les Coopératives d’Activités et d’Emploi : coopérer et mutualiser pour lutter contre la paupérisation des porteurs de projets

Cahier de l’entrée Coopérer/ Mutualiser    

Argumentaire

Dans une optique de diminution du chômage, les personnes sans emploi sont de plus en plus encouragées à entreprendre pour créer leur activité. Depuis le début des années 90, les pouvoirs publics favorisent la création d’entreprises individuelles comme une des solutions au chômage de masse, notamment à travers la possibilité de créer des micros entreprises ou des auto-entreprises. La création de sa propre activité implique un savoir faire multiple et étendu tant au niveau administratif qu’en matière de commercialisation auquel les porteurs de projets sont souvent peu préparés et peu formés.

En outre le statut d’auto entrepreneur participe à une précarisation sociale des individus, à une atomisation de leur rapport au travail, et peut être vecteur d’isolement. En effet, faire d’un salarié un auto-entrepreneur peut le mettre dans une situation d’auto-exploitation volontaire où il tire une maigre plus-value de son travail. En outre, dans son rapport au client-donneur d’ordre, l’auto-entrepreneur reste isolé, dépendant et ne bénéficie d’aucune protection sociale. Favoriser la création de micro ou auto entreprise comme réponse au chômage, peut être source de fragilisation sociale et de paupérisation du tissu économique local par le développement de petites entités économiques isolées.

Données chiffrées

En 2010, le réseau Coopérer Pour Entreprendre comptabilisait 68 CAE, 75 en 2009 avec 3.758 entrepreneurs accompagnés pour 37.528.986 de chiffre d’affaire hors taxes générés.

Facteurs de succès

  • La valorisation du milieu coopératif comme source d’épanouissement professionnel.

  • Prise de conscience des consommateurs (marchés publics, secteur privés et particuliers) de la précarité qui peut être liée au statut d’auto-entrepreneur.

  • Meilleur visibilité nationale des CAE et du secteur de l’économie sociale et solidaire.

Impacts de l’initiative

Les entreprises partagées que sont les CAE permettent, par le biais de la mutualisation et de la coopération, d’apporter une réponse pérenne aux personnes souhaitant entreprendre et vivre de leurs activités. Ancrées sur des territoires urbains comme ruraux, les CAE sont des outils de développement local au sein desquelles elles stimulent la création d’activité de manière sécurisée. De plus, il existe un retour sur investissement pour la collectivité : ainsi dans de nombreux cas, pour un euros de subventions perçues par les collectivités territoriales, la CAE reverse trois euros de contributions fiscales et sociales, ceci sans comptabiliser l’économie réalisée sur les prestations sociales non versées. Par ailleurs, les CAE se positionnent comme acteurs économiques de leur territoire et sont force de propositions innovantes sur les thématiques de développement économique local et d’économie sociale et solidaire.

L’organisation

Situées au cœur des CAE, la mutualisation et la coopération représentent les moyens, les buts et les dynamiques qui permettent à ces modèles d’exister.

La mutualisation en CAE permet aux entrepreneurs de minimiser les risques et d’avoir accès à des services complémentaires. Ainsi, la mutualisation leur permet de disposer de services administratifs et comptables, d’un accompagnement en gestion et commercialisation de leur projet, d’outils de communication et d’une assurance professionnelle à un coût réduit.

Cette mutualisation est basée sur la solidarité entre les entrepreneurs, le montant des prélèvements étant calculé pour chaque entrepreneur en fonction d’un pourcentage du chiffre d’affaire qu’il a réalisé. De plus, les porteurs ne projets ne contribuent à ce pot commun qu’à partir du moment où leur activité se développe.

Enfin la dimension collective favorise la coopération au sein même de la CAE. En effet, les entrepreneurs ayant des compétences complémentaires ont la possibilité de travailler ensemble, que cela soit sur des nouveaux projets ou bien en répondant à des appels d’offres pour les marchés publics. De plus, cela leur permet d’échanger avec des personnes confrontées à une situation similaire à la leur et de développer leur réseau professionnel. En somme la CAE permet des opportunités d’affaires auxquelles les porteurs de projets ne pourraient prétendre en tant que travailleurs indépendants.

Les acteurs (Qui ?)

Réunies au sein du réseau Coopérer Pour Entreprendre, les CAE sont des structures qui accompagnent des personnes dans la création et le développement de leurs activités professionnelles.

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

Le modèle des Coopératives d’Activités et d’Emploi® (CAE) permet d’entreprendre de manière collective et coopérative dans le cadre de l’économie sociale et solidaire. A travers la mutualisation et la coopération qui sont au cœur de leur mode de fonctionnement, ces entreprises partagées permettent l’insertion sociale et économique des travailleurs.

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

L’entrepreneuriat individuel est source de paupérisation économique territoriale, d’isolement et génère des carences en termes de protection sociale.

Témoignages

Témoignage d’un entrepreneur-salarié en CAE

« Pour toute la partie administrative, les devis, les factures… Je cherchais la meilleure solution et je dois dire que l’idée de la coopérative m’a beaucoup plu. Déjà je ne suis plus seule face à des questions administratives, des appels d’offres et je peux échanger avec l’équipe et les autres entrepreneurs. A plusieurs nous pouvons répondre à des demandes culturelles très variées ce qui offre plus de possibilités. Le fait de partager des ateliers de formation : comptabilité, communication… Et de mettre en place des actions collectives me donne un meilleur équilibre dans mon travail. »