Cahier de l’entrée Consommer / Se nourrir
Boire et se nourrir sont les premiers besoins fondamentaux. Pourtant, en France, les problèmes de santé (allergies, diabète, obésité, cancers, maladies cardio-vasculaires, carences…) liés à une alimentation mal équilibrée ou de mauvaise qualité ne cessent de croitre. Des problèmes sont apparus avec l’industrialisation de la production, de la transformation et de la distribution des aliments : excès de sel, de sucre, de gras, de viande, de colorants et conservateurs, déficit de sels minéraux et de fibres.
On s’indigne du rôle de la publicité pour ces produits, qui touche en premier les enfants et les adolescents. Chacun se retrouve à éplucher les revues de consommateurs et à décrypter les petits caractères d’étiquettes compliquées et incomplètes pour s’assurer de la qualité des produits qu’on achète. Nous sommes désorientés par la profusion des messages contradictoires en matière d’alimentation.
On s’indigne que les personnes les plus modestes soient les plus touchées par les inégalités sociales de santé liées à l’alimentation. 7,8 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, et parmi elles plus de 3 millions ont recours à l’aide alimentaire. Des associations, des acteurs de l’économie sociale et solidaire se retrouvent avec la charge de les nourrir et /ou de les conseiller. Selon ANDES , si pour ces personnes, l’accessibilité économique à des produits frais est le frein le plus évident à une alimentation équilibrée, ce n’est pas le seul. Manque de savoir-faire culinaire, manque de motivation pour faire les courses, la cuisine ou se mettre à table, souhait de faire plaisir aux enfants en leur offrant des produits attrayants comme on en voit à la télévision sont autant de raisons culturelles et sociales qui font que les personnes en situation de précarité se nourrissent mal.
Dans la restauration collective, les cantines scolaires, les cuisiniers et les diététicien-ne-s obéissent à des recommandations (PNNS , GERMCN , PNA ) fortement influencées par les lobbies de l’industrie agroalimentaire, de la viande et des produits laitiers. Des organismes tel qu’ONILAIT incitent, par l’attribution de subventions spécifiques, à la consommation des produits laitiers, alors que de nombreuses études indiquent qu’il n’est pas bon d’en consommer autant.
On s’indigne des gaspillages effarants de nourriture qui atteignent 40% de la quantité d’aliments produits dans les pays riches.
On s’indigne du bilan énergie-carbone des cultures sous serre, des produits surgelés ou transformés, des produits exportés.
On s’indigne qu’un milliard d’être humains souffrent de la faim, à cause de la pauvreté mais aussi à cause de la raréfaction des denrées alimentaire dans les pays du Sud, du fait de l’occupation de plus en plus importante de terres agricoles par des cultures industrielles de type agro-carburants ou destinées à l’alimentation du bétail. Pourtant, la FAO estime qu’on pourrait nourrir la planète à condition de diminuer la part des produits d’origine animale au profit des protéines végétales dans l’alimentation.
De multiples acteurs (Citoyens, élus, associatifs, scientifiques…), cherchent et militent dans la même direction, mais ne se connaissent pas toujours. Par exmple, les associations qui ont la charge de nourrir les plus démunis sont souvent éloignés des milieux scientifiques de la nutrition. Il convient de favoriser leurs rencontres en créant le Réseau de l’alimentation soutenable.
Nous proposons de porter cette initiative depuis le territoire de Plaine centrale, avec l’espoir de l’élargir.
Danièle Cornet, vice présidente de Plaine centrale chargée de l’insertion et l’économie sociale et solidaire
Edwige Fadeieff, vice-présidente de Plaine centrale chargée de la restauration collective
Natalie Gandais, collaboratrice politique
La dimension culturelle de l’alimentation, les habitudes prises dans l’enfance et l’adolescence, impliquent que le réseau de l’alimentation soutenable aura à proposer des pistes d’éducation à l’alimentation, notamment dans le cadre de la restauration solaire.
Plusieurs partenariats sont envisagés :
partenariats d’idées avec l’Association des diététiciens et nutritionistes critiques, l’Université d’été de l’alimenation durable, le Réseau environnement santé, les ONG Nord-Sud,
partenariats financiers dans le cadre de l’appel à porjet du PNA (plan national pour l’alimentation), du réseau d’échange de savoir du futur SRDEI (stratégie régionale de développement économique et d’innovation de la Rgion ile de France)
partenariats locaux avec les acteurs de l’ESS du territoire de Plaine centrale et les ateliers La santé dans l’assiette de la Ville de Créteil
partenariats politiuqes avec les parlementaires qui partagent nos objectifs de développement soutenable
Lors du mois de l’ESS 2010, nous avons organisé à Alfortville une projection-débat sur le thème de l’alimentation. Avec des acteurs du territoire (Restos du cœur, Epicerie sociale, Délices d’Alice, Artisans du monde…), et un nutritionniste qui a exposé comment les repas traditionnels des pays du Sud, qui font appel aux protéines végétales, sont adaptés si on veut se nourrir « mieux et moins cher ». Son message a été très bien perçu, notamment par des représentantes des associations qui étaient heureuses de découvrir qu’un scientifique de renom pouvait promouvoir la cuisine de leurs pays d’origine.
D’autre part, dans le cadre de notre délégation à la restauration collective, nous travaillons à l’introduction des produits de l’agriculture biologique, des circuits courts, du commerce équitable. Cela implique, pour des raisons de coût, de chercher à remplacer les protéines animales par des protéines végétales. Nous sommes donc confrontées à la résistance des personnels qui obéissent aux directives nationales en matière de nutrition.
En matière de nutrition et d’alimentation, les pouvoirs publics, sous la pression des lobbies de l’industrie agro-alimentaire, véhiculent des informations et des consignes qui entrent en contradiction avec ce qui serait nécessaire de mettre en oeuvre pour que chacun, au Nord comme au Sud, puisse se nourrir bien et suffisament.
Dans le cadre de nos mandats, nous constatons que des élus, des acteurs de l’ESS, des citoyens, des chercheurs, des médecins, cherchent à promouvoir un nouveau modèle alimentaire, basé sur la consommation de produits frais et peu ou pas transformés, issu d’une agriculture respectueuse de l’environnement, et capable de nourrir chacun, à commencer par les plus démunis « chez nous » , tout en adoptant une vision de long terme qui permettrait de faire régresser la faim dans le monde. C’est notamment en développant la connaissance d’un meilleur usage des protéines végétales qu’on peut y parvenir.