Cahier de l’entrée Participer / Démocratiser
Je m’indigne en tant que Citoyen du Monde, militant, animateur de multiples structures au niveau de :
· l’économie solidaire et distributive,
· de l’insertion par l’économique,
· du mouvement des chômeurs.
Je m’indigne, face à :
·Un système basé sur l’exploitation de l’Homme par l’Homme ;
·Un système qui oblige des êtres humains (sous prétexte qu’ils sont des facteurs de production) à vendre leur force de travail ;
·Un système où tout s’achète pour être vendu le plus cher possible ;
·Un système où on spécule et où la croissance et la compétitivité semblent être les facteurs essentiels ;
·Un système où les 358 personnes les plus riches du monde possèdent autant que 2,3 milliards des plus pauvres ;
·Un système où les uns gèrent le superflu, amassent, conservent, alors que d’autres vivent dans l’exclusion, la précarité et manquent de l’essentiel.
Je m’indigne, quand le Chef de l’État capitaliste dans lequel nous vivons, ose suspecter les chômeurs et les personnes en situation de précarité de TRICHER ;
Je m’indigne, en prenant connaissance des « mesurettes » proposées par la parti socialiste, qui se contente de gérer à gauche le système capitaliste ;
Je m’indigne, quand je, quand nous constatons que si tous les habitants de la Terre vivaient comme les européens occidentaux, il faudrait la surface de trois planètes pour produire ce dont nous avons besoin et pour absorber nos déchets ;
Je m’indigne, en constatant que l’environnement se dégrade en permanence et que l’énergie nucléaire n’est toujours pas remise en question ;
Je m’indigne, quand les banques coopératives n’ont pu empêcher la prolifération de l’ultra libéralisme ;
Je m’indigne, quand on se gargarise avec des mots tels que « social », « bénévolat », « charité » alors qu’il s’agit de se serrer les coudes, d’être solidaire.
Je m’indigne, quand l’égoïsme, l’individualisme viennent à remplacer la passion de l’humanité, la recherche du bien commun.
Et c’est dans cet esprit,
Que je développe l’idée, la conviction que l’économie capitaliste doit céder sa place à une économie solidaire, alternative, circulaire et distributive ;
Que je développe le constat qu’on ne peut moraliser ce qui est immoral ??? qu’on ne peut tolérer ce qui est intolérable ???
Qu’il faut tout simplement commencer, recommencer à résister, oser aller à contre-courant, prendre des risques, s’opposer (tout en respectant l’adversaire), lutter, analyser, proposer, expérimenter, prendre le risque de la création continue, comprendre et… découvrir :
que la monnaie, l’argent n’est rien, rien qu’un déclencheur d’activité destiné à faciliter les échanges et non pas à spéculer, à distribuer équitablement les produits ;
que l’Etat doit mettre en place des caisses de solidarité chargées d’émettre une masse monétaire équivalente aux richesses produites ;
que les ressources de la planète doivent être gérées avec prudence, avec le souci permanent des générations futures ;
que l’entreprise doit devenir un espace où la personne en est la raison d’être, où les uns et les autres retrouvent le plaisir d’entreprendre, se partagent les tâches, les responsabilités et le pouvoir et produisent des biens, des services utiles à la population ;
que le travail doit être considéré comme un service civique, rémunéré par un revenu spécifique ;
que le LIEN est plus important que le BIEN .
Car il est important que l’entreprise d’économie solidaire soit un exemple de démocratie active, d’autogestion.
Cela implique aussi que les partenaires réfléchissent ensemble et se mettent d’accord sur quatre questions qui peuvent se résumer ainsi :
que va-t-on faire ensemble ? (c’est le projet économique)
avec qui ? (règles d’admission, de démission, d’exclusion)
qui commande ? (modalités prise de décision)
comment partagera-t-on les résultats ?
Ceci nous amène à clarifier la notion de pouvoir. A ce sujet, il s’agit d’appliquer le principe : un partenaire = une voix. Et par ailleurs, il faut accepter la délégation des pouvoirs : on délègue des pouvoirs au responsable (au singulier ou au pluriel sur des bases de confiance et de compétences de celles et ceux qui délèguent et de celles et ceux sur lesquels une autorité s’exerce).
Ceci n’exclut d’ailleurs pas la consultation, le partage des responsabilités, le contrôle mais élimine la méfiance.
que les activités informelles, les actes gratuits, les notions de services doivent être
encouragées et développées.
Car il faut avouer que l’activité se situe essentiellement dans ce qu’on appelle le secteur informel, non rémunéré, qui correspond à environ 75% de l’activité. En fait, il s’agit de toute une foule d’activités qui n’ont rien à voir avec le système formel de vendeur de biens et de services. Il s’agit pourtant, ou plutôt il pourrait s’agir, d’activités véritablement solidaires, qui ne sont pas prises en compte par les entreprises classiques.
Dans ce secteur, on a souvent l’impression que les gens interviennent individuellement et on l’habitude de dire « la famille me suffit ». Cette approche
apparaît comme étant logique, pleine de bon sens, car tout le monde semble
reconnaître la famille comme cellule de base de la société. Néanmoins, on se rend très vite compte des limites de cette famille étriquée, repliée sur elle-même. Bien souvent, elle n’a aucune vision universelle et aucune initiative ne peut donc en sortir.
On observe aussi souvent un va et vient entre le secteur privé et le secteur informel (pour bénéficier d’une couverture sociale, par exemple). Il s’agit donc d’intervenir dans ce secteur informel pour dépasser cette économie familiale en créant des réseaux pour permettre des échanges, susciter des expérimentations, faire l’apprentissage de relations sans argent, de don et de contre don, de solidarité, d’initiative.
Il s’agit donc là aussi d’organiser, d’animer, d’inventer, d’imaginer un statut associatif permettant à des partenaires solidaires d’autogérer des activités hors circuit marchand, de relier le secteur formel et le secteur informel.
Ceci suppose :
une formation permanente d’éducation populaire, de militants de l’autogestion, pour faire comprendre les mécanismes, connaître et mettre en lien des expérimentations ;
un développement économique capable de satisfaire les besoins réels de l’être humain ;
une croissance maîtrisée, un développement durable et… pourquoi pas, une véritable décroissance ;
des rapports humains basés sur une notion de partenariat où les uns et les autres se traitent d’égal à égal ;
une prise en compte de l’individu en fonction de ce qu’il est et non de ce qu’il a ;
un travail considéré comme faisant partie intégrante de la vie (il ne s’agit pas de travailler pour vivre après : on ne gagne pas son paradis à la sueur de son front).
Car c’est ainsi
qu’on apprend à partager l’abondance et non la pauvreté,
que producteurs et consommateurs deviennent responsables de la répartition des richesses,
qu’on prend conscience que les affaires du monde sont les affaires de tout le monde,
qu’il s’agit de permettre à chaque individu de s’épanouir pleinement dans le respect, le souci de réaliser le bien commun de vivre ensemble,
et qu’enfin, la recherche du bien commun remplace celle du profit.
Que je développe l’idée de l’urgence et qu’il faut commencer aujourd’hui et sans plus tarder à expérimenter, en évitant de tomber dans le piège de la gestion de la précarité et en ayant conscience de nos possibilités et nos limites.
Cela passe effectivement par de multiples expériences :
des coopératives de production où effectivement on applique les règles un Homme (avec un grand H) = une voix ;
des coopératives d’activités porteuses de projets concrets et innovants ;
des SCIC : Sociétés Civiles d’Intérêts Collectifs (1 partenaire = 1 voix) ;
des structures d’insertion par l’économique qui redonnent aux personnes le goût de d’agir et de produire ensemble et leur permettent d’être reconnues socialement ;
des systèmes d’échanges locaux (les SEL)) monnaies complémentaires (Le Sol par exemple) qui permettent d’échanger, de créer du lien social en empêchant la spéculation.
Et… cela sera possible à condition d’y croire, de s’investir (dans le bon sens du terme).
Que je développe l’utopie réaliste qui consiste
à mettre en place un revenu d’existence (qui est réel partage efficace des richesses, de la naissance à la mort comme usufruit de l’énorme patrimoine que nous trouvons en naissant, patrimoine qui est le fruit d’une oeuvre collective) un ticket pour la vie permettant à tous les individus de vivre….ensemble ;
à développer les expériences de Monnaies solidaires et distributives car n’oublions pas que la Monnaie n’est rien qu’un déclencheur d’activités pouvant servir de moyen d’échange et qu’à terme on devrait la remplacer par une monnaie distributive créée en même temps que les biens et services lors de leur mise en vente et détruite à chaque achat ;
à remplacer la propriété privée par la notion de propriété d’usage ;
et enfin j’affirme qu’il faut arrêter d’en parler et le faire, que les Présidentielles et les présidentiables ne solutionneront pas nos problèmes (sinon ils l’auraient déjà fait depuis longtemps), que la politique c’est l’affaire de tout le monde, que l’individu, que la citoyenne, le citoyen doit passer du stade de sujet à un rôle d’acteur.
Voilà pourquoi :
Je fais la preuve à travers la Mutuelle et le Crédit Solidaire que nous avons mis en place au niveau de la MCM (Maison de la Citoyenneté Mondiale) de Mulhouse.
Je fais la preuve à travers le restaurant solidaire que nous avons lancé à Mulhouse , où tout le monde peut avoir la même chose dans son assiette et… payer son repas 6 ou 10 euros ses possibilités financières.
Je fais la preuve, que dans le Magasin pour Rien que nous avons lancé (un magasin où tout le monde peut y amener son superflu et où chacune et chacun peut emmener pour Rien : c’est à dire gratuitement 3 objets) : on récupère, on répare et on remet en circulation ;
Je fais la preuve, quand à travers la monnaie complémentaire LE SOL nous apprenons à échanger sans pour autant perdre notre âme en spéculant ;
Je fais la preuve, quand nous rénovons des logements sociaux avec la participation active des occupants ;
Je fais la preuve, quand nous mettons en place un réseau d’expériences multiples avec nos amis allemands et suisses ;
Je fais la preuve, quand nous montons des projets AVEC (et non pour) des personnes vivant dans la précarité ;
Je fais la preuve, en communiquant nos utopies réalistes dans la Revue sur l’économie distributive LE COLIBRI que nous avons mis en route ;
Et je pourrais continuer à énumérer tout cela, pour dire qu’ici (chez nous) et ailleurs, il existe des expérimentations alternatives.
Voilà pourquoi, nous devons passer du stade de l’expérimentation à un stade supérieur, en généralisant nos alternatives.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres je dis, je hurle RAS - LE - BOL ! Car aujourd’hui plus que jamais il ne s’agit pas seulement de s’indigner, mais de se mettre en colère, de riposter, de lutter, de démontrer preuve, expérimentations concrètes à l’appui, qu’une autre manière de travailler, de se nourrir, de se loger, de rêver, en un mot de vivre, est non seulement nécessaire mais possible.