Cahier de l’entrée Coopérer/ Mutualiser
En février 2011, plus de quatre millions de personnes sont inscrites à Pôle emploi (catégories A, B, C) soit une augmentation de 4% sur une année.
Le nombre de personne en difficultés d’insertion sur le marché du travail a fortement augmenté avec 37,8 % des personnes inscrites à Pôle emploi qui le sont depuis plus d’un an.
La crise économique et la précarité de l’emploi sont des facteurs importants de cette augmentation puisque les fins de CDD, fins de missions d’intérim et licenciements économiques constituent le tiers des motifs d’inscriptions à Pôle emploi.
(Données DARES)
Pour permettre l’accompagnement et le retour à l’emploi de ces personnes, des outils existent pour construire des parcours d’insertion : les plans locaux pour l’insertion et l’emploi, plateforme territoriale de cohérence des politiques d’insertion et d’accompagnement des publics, les structures de l’insertion par l’activité économique, acteur fondamentaux dans la mise en œuvre des parcours d’insertion, les contrats aidés, mesures de facilitation pour l’insertion…
En cette période de crise à la fois économique et sociale, la nécessité de mobiliser au mieux et de renforcer ces outils parait évidente.
Et pourtant, l’enveloppe financière pour les mesures en faveur de l’Insertion par l’Activité Economique (IAE) inscrite dans la loi de finances 2011 est équivalente à celle de 2010 et la programmation des contrats aidés est revue à la baisse (340 000 (contrat d’accompagnement dans l’emploi en 2011, contre 400 000 en 2010 et 50 000 contrats d’insertion dans l’emploi en 2010 contre 120 000 2011). Les réseaux de l’insertion par l’activité économique constatent un « désengagement progressif de l’État » en faveur du secteur
D’une façon plus générale, ce sont de moins en moins de financements de droit commun qui sont mobilisés sur le champ de l’insertion sociale et l’économique.
Pourtant des initiatives montrent que des démarches peuvent être conduites pour agir conjointement en faveur du développement économique des territoires et de l’insertion durable des personnes en difficultés.
Ces démarches reposent sur des coopérations fortes entre les acteurs.
• Mobilisation et implication des élus locaux
• Souhait d’agir des associations et des acteurs concernés
• Travail partenarial inscrit dans une relation de confiance
• Nécessité d’une cohérence globale entre les financeurs qui redonne du sens à au travail des structures. Les PLIE ont cette capacité d’impulser ce lien entre l’ensemble des financeurs
En 2009, 108 261 personnes ont été en parcours d’insertion professionnelle dans le cadre des PLIE
A partir des données transmises par les PLIE, on mesure que 22 131 personnes accompagnées par les PLIE ont bénéficié d’une étape en ACI ou SIAE dont :
• 61 % en ACI
• 14 % en AI
• 13 % en EI
• 8 % en ETTI
• 3 % dans une Régie de Quartier ou un GEIQ
Ces étapes ont été cofinancées par les PLIE à hauteur de 39 millions d’euros. Ces financements des PLIE ont été attribués comme suit :
• ACI 30,9 millions d’euros
• EI 4,4 millions d’euros
• ETTI 0,4 million d’euros
• AI 1,4 millions d’euros
• Régies de quartier 1,8 millions d’euros
• GEIQ 0,2 million d’euros
(Données issues du rapport Consolidation des PLIE 2009 - www.ville-emploi.asso.fr/category/publications-2/rapports-de-cons...)
La réussite de ces initiatives repose notamment sur leur prise en compte des spécificités territoriales.
Il est donc difficile de définir une règle de collaboration entre les PLIE et les structures d’IAE et l’ensemble des acteurs concernés.
Néanmoins, la diffusion de ce type d’initiative est possible grâce aux démarches de partage d’échanges d’expériences, de mutualisation, de coopération, au sein de chacun des grands réseaux de l’insertion mais aussi entre les réseaux eux-mêmes.
Pour cela, des outils existent : bases d’initiatives, guides de bonnes pratiques, guides méthodologiques.
• Inscrire l’insertion par l’activité économique dans les projets de développement économiques territoriaux
• Diversifier les domaines professionnels et les activités économiques dans lesquels les parcours d’insertion peuvent s’envisager (« éviter les secteurs bateaux de l’insertion par l’activité économique »)
• Considérer ces activités comme un réel vecteur de développement du territoire.
Ces démarches permettent sur le territoire :
• De proposer des étapes d’insertion vers l’emploi durable des personnes en difficulté, dans le cadre d’un accompagnement global de la personne,
• De développer sur les territoires de nouvelles activités, en particulier des activités d’utiliser sociale,
• De rendre les acteurs de l’insertion et les SIAE moteurs du développement de l’économie sociale et solidaire sur les territoires.
Ces initiatives se mettent en œuvre au travers :
De l’inscription du développement de l’insertion par l’activité économique dans les projets économiques des territoires
« A l’époque de la loi d’orientation, dite loi VOYNET, et de la loi de simplification de la coopération internationale, dite loi CHEVENEMENT, qui ont changé le paysage des intercommunalités, il y avait une discussion sur les projets de développement économique locaux qui étaient sans arrêt remis sur le métier. A chaque fois, on se bagarrait et on discutait avec les différents élus, pour inscrire le développement de l’insertion par l’activité économique comme étant une priorité du territoire. Aujourd’hui, nous avons un volet « économie sociale et solidaire » dans le schéma local de développement économique, dans lequel nous avons inscrit l’accompagnement au développement de l’insertion par l’activité économique comme étant une priorité et une valeur forte avec tous les arguments politiques : économie non dé-localisable et qui permet à certains publics de repartir vers l’emploi… » (PLIE de Lens Liévin)
« Sur le bassin d’Aurillac, le PLIE et un Chantier d’insertion se sont vu confier la réalisation d’un aménagement touristique, sur un lac de barrage, d’un site entièrement conçu et pensé pour les personnes handicapées moteurs et sensoriels. Cette réalisation a permis d’engager les élus locaux sur un projet plus vaste d’aménagement touristique sur l’ensemble du plan d’eau et a été retenu comme pôle d’excellence rurale en avril 2011 par l’Etat. L’aménagement global de ce plan d’eau pose d’ores et déjà la nécessité de réfléchir l’entretien et la maintenance de ce site. Le PLIE, dans les prochains mois, va proposer aux élus locaux de répondre à cette question par la création d’une régie de territoire, donc la création d’une nouvelle structure de l’insertion par l’activité économique » (PLIE du bassin d’Aurillac)
De la mise en place de dialogue de gestion entre les PLIE et les SIAE.
Dans le cadre du conventionnement, la participation des PLIE aux dialogues de gestion permet de défendre la place des publics et le rôle des structures de l’IAE dans le développement local sur le territoire.
« Nous sommes présents lors des dialogues de gestion des structures sur notre territoire, non pas en tant que financeur mais en tant que partenaire. » (PLIE du Pays Vermandois - Picardie)
« On co-construit l’aménagement du territoire. Les budgets n’étant pas extensibles, il faut avoir des priorités et nous en discutons avec les structures de l’IAE » (PLIE de Lens Lévin – Nord Pas de Calais)
« Le PLIE participe, sur son territoire, à un groupe de financeurs qui a retravaillé les attentes que nous pouvions avoir des structures d’insertion. Nous avons étudié l’ensemble des conventionnements, repris les points communs, et décidé de travailler sur le volet accompagnement socio-professionnel en établissant un cadre de références partagé. Nous avons essayé de définir, d’une façon commune, ce que l’on pouvait attendre d’un financement d’une structure d’insertion et avons partagé notre travail avec les réseaux. » (PLIE de la Métropole Nantaise – Pays de Loire)
« Le territoire dunkerquois dispose d’un réseau dense et varié de structures d’insertion par l’activité économique. Dans un contexte de resserrement des financements pour les SIAE, un groupe de travail animé par le PLIE a été organisé dès fin 2009 avec quelques SIAE dans le but d’échanger sur les priorités de financement et l’instauration d’un principe d’équité dans l’attribution des subventions. Cet échange a conduit à prioriser le financement des postes permanents dans les SIAE liés au suivi social et professionnel et/ou l’encadrement technique, à calculer un coût unique par poste d’insertion occupé par un participant PLIE pour établir le montant maximum de la subvention attribuable, et de ne retenir en premier lieu que les supports d’activité ayant évolué vers les secteurs présentant des possibilités d’emploi. Le dialogue avec les autres financeurs de l’IAE conduit progressivement à une co-instruction des projets des SIAE. L’exemple récent de la co-instruction des projets avec le Conseil Général du Nord a permis de réorienter vers le Département des structures que le PLIE ne pouvait plus financer. » (PLIE de l’Agglomération Dunkerquoise)
D’une démarche d’ingénierie de projet entre PLIE, Maisons de l’Emploi, SIAE qui permet :
• D’aider les structures de l’IAE à travailler sur la professionnalisation des salariés en insertion.
« Les réunions thématiques ou les visites sur place dans les SIAE permettent d’identifier des pistes de progression pour les supports d’insertion. En lien avec nos partenaires, nous suscitons la mise en place de formations, sensibilisations, d’accompagnement afin d’amener les SIAE ou les participants à acquérir des exigences de travail proches de l’entreprise « classique » : Hygiène et sécurité en entreprises, livret de compétences et processus d’évaluation, formation des encadrants et référents… » (PLIE de l’Agglomération Dunkerquoise)
• D’assurer un lien dans la construction des parcours d’insertion.
D’une démarche d’ingénierie de formation entre PLIE, Maisons de l’Emploi, SIAE qui permet :
• D’identifier les besoins en matière de formation des personnes en parcours,
(Au regard des possibilités d’emploi locales et des besoins identifiés avec les entreprises du secteur marchand, dans le cadre des clauses insertion par exemple)
• De mettre en œuvre des réponses possibles en termes de formation
« Avec le pôle formation de la Maison de l’Emploi, nous identifions des possibilités d’emploi et organisons des modules de formation courts par filière métier pour des personnes en parcours d’insertion. L’objectif est de leur permettre d’acquérir un minimum de compétences nécessaires avant mise en relation avec une entreprise. Les SIAE sont associées à cette démarche pour proposer en parallèle de la formation une mise en situation professionnelle en contrat aidé. Un module de formation « Homme toutes mains » a par exemple été organisé en 2010 pour répondre aux emplois captés par la cellule emploi Services à la Personne » (PLIE de l’Agglomération Dunkerquoise)
• D’identifier les sources de financement possibles
D’un appui à la professionnalisation des structures de l’IAE :
En particulier sur le volet administratif et financier, les structures de l’IAE étant souvent confrontées à une complexité des dossiers de demande de financement.
« Nous travaillons sur l’appel à projet et l’instruction des dossiers. Pour ces deux premières problématiques, nous avons décidé de faire des ateliers d’écriture de dossiers. » (PLIE d’Angers Loire Métropole – Pays de Loire)
« Une équipe de chargés de mission présente individuellement aux SIAE susceptibles de déposer une demande de financement les documents à renseigner. Aussi, des ateliers thématiques sont organisés pour présenter les modalités de remplissage d’indicateurs dans le cadre du FSE » (PLIE de l’Agglomération Dunkerquoise)
Pour favoriser ces initiatives il est opportun de s’appuyer sur les PLIE et les Maisons de l’Emploi qui existent sur les territoires. Les PLIE et les Maisons de l’Emploi sont présidés par des élus locaux, associent l’ensemble des partenaires du territoire et interviennent dans une logique d’animation du territoire qui facilite le dialogue entre les acteurs.
Ces outils, et en particuliers les PLIE, peuvent ici apporter un soutient à la fois en termes d’ingénierie, de recherche de financeurs mais aussi de financement direct d’opérations avec le soutient du FSE
Par ailleurs, les PLIE permettent d’inscrire les étapes dans les structures de l’IAE dans le cadre d’un accompagnement individuel et sur la durée de la personne jusqu’à son intégration dans un emploi durable.
Dans ces initiatives, chaque projet donne lieu à une ingénierie financière spécifique qui peut mobiliser les financements suivant :
• Etat,
• FSE,
• Conseil Régional,
• Conseil Général,
• Fonds des OPCA
• Chambres consulaires
• Convention de revitalisations, FNE,
• Etc.
Les PLIE mobilisent le FSE autant que possible, comme une aide au démarrage des activités pour être ensuite relayé par d’autres modes de financement
Ces initiatives peuvent être animées par les PLIE ou les Maisons de l’Emploi qui sont des lieux de coopération entre un nombre très large d’acteur sur les territoires.
Ces initiatives sont conduites en forte coopération avec les structures de l’insertion par l’activité économiques.
D’autres acteurs sont aussi des parties prenantes essentielles de ces initiatives : Direccte, Pôle emploi, Mission Locales, acteurs de la création d’activité,
Les CDIAE (Conseils départementaux de l’insertion par l’activité économique) sont aussi des lieux de concertation important pour ces initiatives.
• Structures de l’Insertion par l’Activité Economiques
• Entreprises de l’Economie Sociale et Solidaire
• Acteurs économiques, partenaires de la création d’entreprises
• Direccte,
• Pôle emploi,
• Mission Locales
• CDIAE
Il est nécessaire que les financements de droits communs soient inscrits dans la durée et que l’on considère les activités d’utilité sociales comme un élément du développement de l’économie sociale et solidaire sur les territoires et comme un facteur d’attractivité du territoire.
Dans les périodes où les moyens financiers se font rares, nous devons faire preuve d’imagination et de créativité pour trouver des solutions nouvelles afin de travailler un peu autrement demain.
Réactivons nos partenariats solidaires et cohérents, retrouvons nos pratiques articulées, soyons solidaires ensemble.
Il est nécessaire de convaincre les élus que les projets d’insertion par l’activité économique n’aboutissent pas à la création d’emploi « précaire » ou « d’assistance » mais qu’ils viennent bien à la fois favoriser les parcours d’insertion vers l’emploi durable et apporter de nouvelles activités au profit des habitants du territoire.
Pour mobiliser et impliquer les partenaires de la création et les acteurs économiques, il est important de considérer ces activités dites d’utilité sociale comme un réel vecteur de développement du territoire.
Pour convaincre l’opinion, des actions peuvent être envisagées :
• Développement d’une démarche de promotion des supports d’insertion (forum, …) et de création d’outils de communication (site internet, annuaire …)
• Valorisation des emplois créés ou impulsés par les SIAE (sorties dynamiques par année, …)
• Instauration de « clubs » SIAE
Sur certains territoires, des partenariats entre PLIE (Plans Locaux pour l’Insertion et l’Emploi), Maisons de l’Emploi, structures de l’insertion par l’activité économique (SIAE) et acteurs de la création d’entreprises permettent de conduire une démarche concertée de développement économique du territoire et d’insertion des personnes en difficultés.
Ces initiatives permettent de développer des parcours d’insertion professionnelle individualisés, avec une prise en compte de la personne dans sa globalité, mais aussi de développer des services et des activités nécessaires sur les territoires et d’agir ainsi sur l’attractivité du territoire.
Ces initiatives reposent sur des coopérations fortes entre les acteurs et permettent le développement et la consolidation d’activités d’utilité sociale ou la création de nouvelles activités.
Les outils territoriaux pour l’emploi que sont les PLIE et les Maisons de l’Emploi peuvent être animateurs de ces démarches en intervenant en faveur de la création d’activités qui apportent un intérêt territorial et une plus-value en termes de développement local.
Ces activités d’intérêt territorial interviennent autant en faveur de l’accompagnement vers l’emploi et du maintien dans l’emploi qu’en faveur du développement local au travers d’activités nouvelles répondant à des besoins jusqu’alors peu ou pas suffisamment satisfaits.
Dans ces initiatives, chaque projet donne lieu à une ingénierie financière spécifique qui peut mobiliser les financements suivant :
• Etat,
• FSE,
• Conseil Régional,
• Conseil Général,
• Fonds des OPCA
• Chambres consulaires
• Convention de revitalisations, FNE,
• Etc.
Dans une situation de crise économique et sociale forte et de désengagement des financements de droits communs, les acteurs locaux doivent coopérer et mutualiser leurs savoir-faire afin d’accompagner les personnes en difficulté d’insertion et rendre les territoires attractifs et dynamique.
Témoignage de Benoit DECQ, Directeur du PLIE de Lens Liévin (Nord Pas de Calais) :
« Nous disposons d’un territoire urbain de 375 000 habitants et couvrons l’ancien bassin minier du Pas de Calais qui souffre énormément (partie des 3 derniers de la classes, avec Maubeuge et Calais en termes de bassin d’emploi – site de l’INSEE avec bassins d’emploi classés en fonction du taux de chômage ; dernier chiffre connu : 15,7 % de taux de chômage dans des villes comme Avion de 20 000 habitants où le taux de chômage moyen est de 35 %).
Sous la casquette PLIE, la stratégie que nous avons mise en place depuis plus de 10 ans (début 1999) est de développer l’insertion par l’activité économique sur le territoire.
Quelques chiffres : Au départ : 7 structures dont 5 AI, 1 EI, 2 ACI
Onze ans après : plus de 35 structures avec un passage de plus de 3 000 personnes/an et 1800 équivalents temps plein.
Nous sommes devenus une force économique sur le territoire. C’est le point de départ et l’aspect le plus important des choses. Le premier travail n’a pas été de développer les structures mais de convaincre les deux communautés d’agglomérations d’inscrire le développement de l’insertion par l’activité économique dans les projets économiques du territoire. Je suis donc fier de vous donner les chiffres que je viens d’énoncer.
Cette inscription dans le schéma de développement économique est importante car nous la rappelons régulièrement aux maires dans la négociation des moyens (par exemple lors d’une demande de location de locaux pour une structure d’insertion). Le cadre a permis de créer une dynamique et c’est le premier point que je souhaitais souligner.
Le deuxième point à mettre en avant est la méthode que nous avons employée pour créer, non pas toutes les structures (certaines sont issues de porteurs de projets) mais certaines d’entre elles. L’idée a été d’éviter les secteurs bateaux de l’insertion par l’activité économique (le bâtiment, le traitement des espaces verts…) et de diversifier les domaines professionnels et les activités économiques dans lesquels nous sommes intervenus.
On a mis en place un dispositif avec des crédits d’ingénierie qui viennent du conseil général (axe 2 du FSE). On cherche des idées dans un petit comité de pilotage. Quand l’idée est trouvée, on conventionne avec une structure existante, peu importe laquelle, pendant une durée qui varie entre six et neuf mois. On salarie quelqu’un qui a les compétences adéquates. Pour la personne, c’est un challenge de créer son entreprise et de prendre son autonomie. Pendant six à neuf mois, il y a l’étude de marché, le montage économique, le projet social, la recherche des locaux, la recherche de capitaux. On accompagne toutes ces étapes, y compris parfois les porteurs de projets que l’on a hébergés dans les PLIE pour créer leur structure (soit dix à douze sur la trentaine de structures créées).
Le système fonctionne, même s’il y eu quelques échecs. C’est une pépinière d’entreprises (ou une écloserie) sans murs : pas de bâtiment pour le faire mais un accompagnement sur le plan juridique, technique, de marchés, de recherche de financement, de tour de table pour le capital… On mobilise tout le réseau autour de nous pour intervenir dans chacun de ces domaines. Voilà notre méthode phare pour développer ce type de structures. »
Témoignage de Martine Cool, Directrice du PLIE de Blanc Mesnil (Ile de France) :
« Au moment de la création du PLIE en 2003, il y avait sur la commune une seule structure d’insertion par l’activité économique qui était une régie de quartier en grande difficulté avec un directeur qui jouait tous les rôles (directeur, encadrant, commercial…).
Le PLIE a joué un rôle d’accompagnement de cette structure et d’aide à la création de nouvelles structures d’insertion par l’activité économique qui étaient en nombre insuffisant sur le territoire.
Nous avons impulsé la création d’une repasserie sous forme de chantier d’insertion. A la demande du Conseil général, nous avons travaillé le montage d’un chantier d’insertion consistant à rénover un hydravion. Le Musée de l’air et de l’espace du Bourget, situé à proximité de notre territoire, avait récupéré un hydravion du début du XXe siècle. La restauration de celui-ci demandait dix ans de travail. Une association s’est créée, un chantier d’insertion a été mis en place pour que cet hydravion, qui sera ensuite installé dans le musée de l’air et de l’espace, puisse faire l’objet d’un chantier d’insertion.
Nous avons accompagné ce montage.
Aujourd’hui, nous accompagnons le montage d’un autre chantier d’insertion, une ressourcerie recyclerie. Nous intervenons à la demande de la Ville.
La première fonction du PLIE par rapport à l’IAE est l’accompagnement au montage de projet, l’ingénierie d’action, l’accompagnement à la création.
Le deuxième soutien est le soutien financier avec le souci de se dire que le FSE doit être, autant que possible, une aide au démarrage et être ensuite relayé par d’autres modes de financement car il n’est pas durable. On l’a fait sur la régie de quartier où l’on a injecté fortement du FSE pour l’aider à se structurer. Au bout de trois ans, la régie a réussi à développer ses marchés et son budget. On a pu petit à petit retirer le FSE pour le réinjecter dans d’autres projets. On fait donc en sorte que les structures puissent après gagner une certaine autonomie.
Dans une troisième étape, le PLIE va accompagner les structures dans le développement de nouveaux marchés pour les rendre plus autonomes. C’est l’exemple de la repasserie. Nous avons d’abord aidé au montage : six repasseuses participantes du PLIE travaillent dans la repasserie. L’intérêt du projet est de toucher des femmes qui n’ont, pour la plupart, jamais travaillé et qui ont le plus souvent d’énormes soucis d’apprentissage de la langue (beaucoup appréhendent mal le français), des problèmes de logement, de santé, de famille. C’est un lieu bien encadré où elles ont une activité valorisante qui leur permet de remettre le pied à l’étrier. Cela permet de travailler parallèlement sur tous les freins périphériques. Puis, il fallait aider la repasserie à trouver des marchés. On s’est mis en relation avec la société Aéroports de Paris sur le Bourget en leur disant que nous avions une repasserie (et non un chantier d’insertion, ce n’est pas leur problème) qui faisait un travail de qualité. Depuis deux ans, la repasserie se rend deux fois par semaine sur la plateforme aéroportuaire, s’arrête avec le véhicule, récupère le linge à repasser et le ramène 48 h après. »
Témoignage de Catherine Gaveriaux, Directrice du PLIE du Pays en Vermandois (Picardie) :
« Ce PLIE est situé en milieu rural, avec 31 000 habitants, 53 communes (dont la plus grande a 6 000 habitants, une autre de 3500 habitants, une de 1000 et une de 500 habitants), un territoire relativement vaste avec des communes très éloignées les unes des autres, un taux de chômage extrêmement important situé entre 20 et 25 % (un ancien bassin textile et beaucoup de contrats aidés et de courte durée).
La relation entre le PLIE et l’IAE existe de longue date et, est indispensable dans un contexte où peu d’entreprises se développent du fait notamment du manque d’efforts faits pour l’amélioration des infrastructures. Les outils de l’IAE sont essentiels pour travailler l’accès à l’emploi, la mobilité, le comportement au travail, et utiliser tout ce qui peut être action de formation.
Le PLIE du Vermandois utilise et accompagne des outils en ingénierie de projet.
Depuis un an, le PLIE a aidé à la création d’une entreprise d’insertion. L’expérience a été assez originale. Nous avions un chef d’entreprise qui utilisait les services de l’association intermédiaire pour des publics peu qualifiés. Sous un statut SARL SCIC (société coopérative d’intérêt collectif), l’entreprise et l’association intermédiaire sont devenus sociétaires ainsi que diverses autres institutions.
Nous étions avec le PLIE dans une alternance entre l’ingénierie de projet et le développement et nous sommes allés rechercher des fonds classiques de droit commun en dehors du FSE.
Nous continuons à suivre cette entreprise, dans laquelle nous sommes complètement immergés, dans le cadre du suivi des publics (quatre personnes embauchées en contrat à durée déterminée d’insertion et un responsable de site). Nous nous partageons la supervision de l’entreprise. Au-delà de l’accompagnement des publics, nous sommes très attentifs au développement de l’entreprise.
Au niveau du PLIE, les structures d’IAE ont été transformées par la mise en place des dialogues de gestion. Nous sommes présents lors des dialogues de gestion des structures sur notre territoire, non pas en tant que financeur mais en tant que partenaire. Nous ne pouvons pas demander des résultats aux structures d’insertion s’il n’y a pas quelque chose derrière. L’axe 4 est important même si les structures l’ont un peu délaissé. En deux ans, nous avons vu un changement dans les dialogues de gestion. »
Témoignage d’Armand Raucher, Directeur du PLIE d’Angers Loire Métropole (Pays de Loire) :
« Une des raisons de la création du PLIE en 1995, est qu’il y avait sur le territoire un certain nombre d’entreprises d’insertion et il manquait un organisme pour faire progresser les personnes qui passaient dans les structures d’insertion et pour assurer un lien dans la construction des parcours d’insertion. Ce lien fort avec les structures d’insertion a été conservé.
Nous travaillons beaucoup sur les parcours d’insertion avec les structures d’insertion du territoire (au nombre de 28). Nous avons été à l’origine de la création d’un certain nombre d’elles (ex. la régie de quartier à Angers qui est la rencontre entre les habitants, les bailleurs sociaux et la collectivité, et étant proche de la collectivité nous avons permis de faire se rencontrer ces différents partenaires).
Le PLIE a aidé au développement d’une structure d’insertion. Un chantier d’insertion déjà existant avait pour activité l’édition de jeux et comportait deux postes. Le développement s’est fait par d’autres activités, de logistique, de petites missions de sous-traitance avec des industries. Le projet du chantier porte aujourd’hui sur la fabrication de couches lavables. Il comprend, la fabrication, mais aussi un système de ramassage auprès de structures collectives (crèches, haltes garderies), et de lavage assuré par des entreprises de l’économie sociale et solidaire. »
Témoignage de Christian MORGO, Directeur du PLIE de la Communauté d’Agglomération du Bassin d’Aurillac (Auvergne) :
« Le PLIE de la Communauté d’Agglomération du Bassin d’Aurillac intervient sur un territoire rurbain de 57 000 habitants, sur lequel le développement touristique est un enjeu économique.
En 2009, le PLIE de la CABA a fait adopter au CDIAE du Cantal la création d’un chantier d’insertion environnemental sur trois ans, valorisant pour le public en insertion, et servant de support à des objectifs d’insertion spécifiques annuellement.
Le PLIE a soumis au Conseil Communautaire de la CABA la réalisation, dans le cadre de ce chantier, d’un aménagement touristique, sur un lac de barrage, d’un site entièrement conçu et pensé pour les personnes handicapées moteurs et sensoriels :
• un sentier sur palissade de 2 km pour fauteuils,
• des postes de pêche à la carpe de nuit pour pêcheurs en fauteuil roulant (avec la Fédération Handicarpe),
• un leu de baignade équipé de matériel pour mise à l’eau en fauteuil,
• aménagement de la base de voile pour la pratique avec personnes handicapées moteur.
Le chantier, qui peut se résumer par « une insertion au service d’une autre insertion », a servi de support à des actions d’insertion spécifiques :
• un atelier de coaching professionnel pour le retour à l’emploi (2009),
• un atelier de découverte des métiers de l’environnement pour des jeunes de moins de 26 ans, avec la mise en place de parcours formatifs CAP ouvrier paysagiste (2010),
• un atelier de mobilisation pour le public RSA (2011).
De la conception à la réalisation, les travailleurs du chantier ont été mobilisés sur leur propre créativité, dans le respect de normes écologiques et dans une démarche de développement durable.
Cette réalisation, entièrement effectuée par un public en insertion, sera unique sur le territoire national en lac intérieur.
Par l’ingénierie du PLIE et d’une ACI, cette réalisation a permis d’engager les élus locaux sur un projet plus vaste d’aménagement touristique sur l’ensemble du plan d’eau et a été retenu comme pôle d’excellence rurale en avril 2011 par l’Etat.
L’aménagement global de ce plan d’eau pose d’ores et déjà à terme le problème de l’entretien et de la maintenance de ce site. Le PLIE, dans les prochains mois, va proposer aux élus locaux de répondre à cette question par la création d’une régie de territoire, donc la création d’une nouvelle structure de l’IAE. »
Témoignage de Michel TIBIER, Directeur du PLIE de l’Agglomération dunkerquoise (Nord Pas de Calais) :
« Historiquement, le PLIE de l’Agglomération Dunkerquoise a toujours été proche du réseau de l’Insertion par l’Activité Economique, aussi bien en tant que financeur de la plupart des structures qu’animateur du réseau pour l’accueil et le suivi en cours de contrat aidé de personnes accompagnées dans le cadre de parcours PLIE.
Agglomération d’environ 200 000 habitants, le dunkerquois reste fortement outillé en Structures d’Insertion par l’Activité Economique puisque près de 25 structures portent une ou plusieurs activités d’insertion. Au total, ce sont près de 1000 postes en chantier d’insertion ou entreprise d’insertion pourvus sur l’agglomération, complété par plusieurs milliers d’heures de mises à disposition par l’association intermédiaire et l’entreprise de travail temporaire d’insertion. »
L’IAE est alors devenue en quelques années vectrice d’emploi et d’activités économiques pour le territoire. Certaines Structures d’Insertion par l’Activité Economique sont même positionnées comme vivier de compétences pour les employeurs locaux, en particulier pour les secteurs en difficulté de recrutement.
Aujourd’hui, le contrat aidé en Structures d’Insertion par l’Activité Economique représente environ 25 % des étapes d’insertion mobilisées par les référents de parcours du PLIE. Au-delà de contribuer à la remobilisation au travail, cette étape majeure dans le parcours d’insertion permet d’offrir aux personnes positionnées la possibilité de progresser techniquement dans un environnement professionnel, tout en bénéficiant d’actions complémentaires concourant à la levée des freins à l’emploi durable, avec l’appui d’encadrants et de référents socioprofessionnels.
Dans son rôle de financeur et dans un contexte de resserrement des subventions accordées à l’IAE, Entreprendre Ensemble - porteur du dispositif PLIE – s’est attaché à maintenir la même offre d’insertion sur son territoire.
Pour ce faire, en marge des instances d’instruction des projets déposés au PLIE, Entreprendre Ensemble a renforcé sa collaboration avec l’ensemble des partenaires financeurs pour répartir au mieux les subventions et permettre aux SIAE de conforter leur offre de services en matière d’accompagnement. A titre d’exemple, le PLIE finançait dans les SIAE en 2010 un poste en insertion en SIAE à hauteur de 1100 € / poste. En 2011, suite à la co-instruction des projets avec le Conseil Général du Nord, le PLIE a pu intervenir à hauteur de 1850 € / poste. Ce même travail doit à présent être généralisé aux financeurs de l’IAE.
Au-delà de ce travail lié aux instructions, le PLIE s’est aussi mis en quête de nouveaux leviers de financement pour le réseau de l’IAE. L’une des pistes activées relève des clauses insertion dans les marchés publics, et plus particulièrement l’achat de prestations d’insertion par les collectivités et les bailleurs via l’article 30 du code des marchés publics. Entreprendre Ensemble reste ainsi en tête de file pour valoriser auprès des donneurs d’ordre l’offre de services de l’IAE sur le bassin d’emploi
Le PLIE s’est aussi penché sur la réalisation d’un diagnostic de l’IAE sur son Bassin d’Emploi. Un groupe de travail avec plusieurs partenaires (élus, financeurs …) a été créé afin de veiller sur les impacts des baisses de financement dans les SIAE. Ce suivi des SIAE permet ainsi d’anticiper de futures difficultés pour les structures et d’engager des stratégies partagées de consolidation des supports d’insertion.
Dans son rôle d’animateur de l’IAE, le PLIE poursuit un objectif d’information des structures sur les nouvelles dispositions liées à l’insertion, l’emploi, la formation, et tend aussi à la diversification des supports d’insertion. Ceci amène ainsi à accompagner la création de nouvelles structures et aussi l’évolution des supports existants.
Par exemple, en 2009, le bassin d’emploi dunkerquois a vu l’implantation d’un centre d’appel téléphonique avec à terme près de 500 emplois à pourvoir. Dans ce contexte, le PLIE a ainsi contribué à la création d’un centre d’appel en atelier et chantier d’insertion agréé pour 12 postes en insertion. Cette création a répondu à un souhait d’innover en matière d’insertion par l’économique, et plus particulièrement sur un secteur présentant des possibilités d’emploi locales.
De la même manière, le PLIE a accompagné la création d’une entreprise de travail temporaire d’insertion, seule SIAE n’existant pas sur le bassin d’emploi et pouvant apportant des réponses aux entreprises comme dans le cadre des clauses insertion.
Dernier exemple, face à l’évolution des métiers du bâtiment vers l’ecoconstruction et avec une offre d’insertion locale très monovalente (peinture, revêtement …), le PLIE tend à renforcer l’information des SIAE sur les futurs compétences recherchées, et ainsi faire que ces SIAE redéfinissent leur offre d’insertion par l’intégration de ces nouvelles donnes.
D’une manière globale, le PLIE accompagne ainsi le réseau de l’IAE afin que les supports d’activité puissent évoluer au maximum vers les secteurs potentiellement recruteurs.
Le PLIE s’appuie aussi fortement sur les SIAE pour développer des actions liant insertion, formation et emploi. En 2010, le PLIE, avec l’appui du pôle formation de la MDE et de la cellule Services à la Personne, a développé et financé un module de formation Hommes toutes Mains pour des personnes en contra aidé en SIAE. Au terme du contrat et de la formation, les personnes ont intégré une cellule emploi afin de devenir prioritaire sur les futures offres à pourvoir. Cette démarche devrait être reproduite sur d’autres secteurs d’activités.
Finalement, dans son animation, le PLIE accompagne les SIAE vers un accès aux marchés. Pour ce faire, les supports d’insertion doivent être le plus en corrélation possible avec une réelle demande des maîtres d’ouvrage. Le PLIE aide ainsi à mettre en relation les donneurs d’ordre avec les prestataires potentiels, et accompagne aussi le réseau à être en capacité de répondre aux marchés.
Le PLIE agit ainsi en permanence aux côtés des SIAE, par le biais de financements, mais aussi par une assistance technique continue. »