Cahier de l’entrée Financer / épargner
En les informant qu’un capital « patient » existe !
Etant donnée la réalité de l’économie de marché, où les opérateurs financiers font payer très cher la prise de risque, le modèle que proposent les coopératives de capital patient n’est viable que si quatre conditions sont réunies :
que les citoyens-épargnants acceptent le risque sans demander en retour une rémunération à hauteur de ce que le marché libéral propose,
que la gestion de la coopérative soit assurée par des professionnels entourés d’un réseau de bénévoles (les CIGALES y tenant un rôle essentiel, Tech-Dev pour le Fonds Afrique de Garrigue)
que le risque inhérent à l’asymétrie de l’information soit minimisé par l’existence de réseaux sociaux proches du terrain,
que la collectivité publique reconnaisse l’utilité sociale du modèle et l’encourage par des modalités appropriées, garanties et déductions fiscales, pour atténuer la prise de risque.
Son capital s’élève à 4 130 000 euros (02/2011).
C’est grâce à l’épargne de ses 830 sociétaires qui recherchent une affectation utile de leur épargne, que Garrigue investit, encourageant ainsi une pratique citoyenne de l’économie.
Il es essentiel de comprendre la spécificité du capital risque solidaire, ou capital « patient ». La comparaison avec le capital risque classique porte sur la motivation et le mode de gestion du risque.
Motivation : le capital « patient » n’est pas investi en vue d’une accumulation ultérieure mais est conçu comme étant au service du travail qui seul est créateur de richesses. Il intervient donc dès la création de l’entreprise comme une véritable avance de trésorerie, récupérable lorsque l’entreprise aura trouvé son rythme de croisière. Toute entreprise économiquement « viable » est éligible – à condition qu’elle réponde à un réel besoin non satisfait – même si sa rentabilité financière ne dépasse pas le taux du livret A.
La gestion du risque est donc la question technique centrale de l’activité financière en ESS.
Les sociétés de capital risque classiques ne s’intéressent qu’aux entreprises promettant des rentabilités exorbitantes et ne pouvant être atteintes le plus souvent qu’en externalisant le coût des dommages qu’elles provoquent dans le tissu social et environnemental. Or les acteurs de l’ESS présentent comme caractéristiques principales :
un traitement interne des problématiques sociales et environnementales,
une faible profitabilité, y compris pour les « succes story », tout en n’étant pas à l’abri d’un risque d’échec non négligeable.
Ces caractéristiques rendent difficile la compensation des pertes des entreprises les plus fragiles par les plus-values financières des plus fortes.
Ancrage territorial et forte implication bénévole.
Garrigue a l’agrément préfectoral « Entreprise Solidaire » (au sens de l’article L.443-3-1 du Code du travail ). Elle peut ainsi bénéficier de l’épargne salariale solidaire. OSEO-SOFARIS reconnait Garrigue comme acteur financier efficient et permet de garantir jusqu’à 70% des fonds propres investis.
Les épargnants peuvent, en outre, bénéficier de réductions d’impôts l’année de leur souscription.
Depuis 25 ans, Garrigue a contribué avec les CIGALES à montrer la voie d’un développement soutenable en participant à la création des toutes premières entreprises en France dans leur domaine : développement écologique de territoires délaissés (Ardelaine, 1985), énergies renouvelables (Atout vent, 1987), commerce équitable (Andines, 1987), insertion (la Table de Cana, 1988), commerce et restauration bio (Nouveaux Robinson 1993), voiture partagée (Auto Partage Provence, 2004), coopérative d’activités et d’emplois (Oxalis, 2004), habitat écologique (Tierr Habitat, 2005)…
L’affectation actuelle de l’argent
La coopérative a aujourd’hui stabilisé ses interventions dans 98 entreprises (février 2011).
Elle donne le choix à ses souscripteurs entre six domaines d’investissement :
Produits Bio et éco-Produits (19%)
Energie et environnement (19%)
Commerce équitable (23%)
Développement local et lutte contre les exclusions (32%)
Petites entreprises africaines (7%)
Un directoire, composé de cinq membres bénévoles (dont 3 encore en activité professionnelle), décide des investissements à réaliser. Les choix se font en accord avec un conseil de surveillance, qui compte parmi ses membres des réseaux de l’économie alternative (Nef, CIGALES, etc.). Les sommes placées dans le capital des entreprises (SARL, SA ou Scop + sociétés coopératives d’intérêt collectif (S.C.I.C.)) varient de 7500 à 30000 euros (voire davantage dans le cas d’entreprises en développement). En général, les investissements ne dépassent pas 33 % du capital de l’entreprise. Le placement se fait pour une durée minimale de cinq ans. Garrigue intervient aussi en compte courant d’associé.
La coopérative mène une politique de régionalisation de son activité qui s’est concrétisée en 2003 par la mise en Ĺ“uvre d’une section régionale en Ile de France, puis en Bretagne, à La Réunion et en Rhône-Alpes.
De plus, une section « Fonds Afrique » a été créée en 2006, en partenariat avec l’association TECH-DEV, pour investir dans des petites entreprises d’Afrique francophone afin qu’elles puissent se développer sur des marchés locaux et régionaux.
GARRIGUE, SA Coopérative à capital variable, capital minimum de 1 000 000 €
61, rue Victor Hugo, 93500 Pantin - www.garrigue.net -
Capital « patient » considéré comme avance de trésorerie nécessaire au démarrage de l’entreprise et à son développement dans les premières années.
Garrigue est une société coopérative à capital variable créée en 1985 par les « inventeurs » des CIGALES pour compléter la capitalisation d’entreprises à forte plus-value sociale.
Ses sociétaires sont des épargnants solidaires, personnes physiques ou morales.
En plus des CIGALES qui sont historiquement liées à Garrigue et des coopératives régionales de même statut, tous les membres de Finansol sont des partenaires potentiels apportant prêts et garanties aux entreprises de l’ESS.
Outre les CIGALES une place particulière revient à la NEF, parce qu’elle a été fondée spécifiquement pour les mêmes entreprises. Le Crédit Coopératif s’intéresse aussi de près à ces entreprises.
Il existe des alternatives aux investissements en bourse, devenez sociétaire d’une coopérative d’épargnants solidaires.
Regardez davantage du côté du capital patient, il permet, à moindre frais pour la collectivité, de faire émerger les entreprises socialement innovantes qui feront la richesse de notre pays.
L’avenir de la création d’entreprises solidaires consiste à regrouper davantage de citoyens et de moyens financiers tout en conservant cette capacité de mise en relation de proximité et de prise de risque partagée entre épargnants et entrepreneurs.
voir le message ci-dessous
Faire passer des témoignages dans les médias…
Il est possible d’agir avec notre propre capacité d’épargnant, en nous regroupant dans une coopérative de mutualisation du risque telle que GARRIGUE afin d’investir directement en fonds propres dans des entreprises solidaires.
Les Cigales, naturellement, mais aussi toutes strutures locales d’accompagnement des entreprises.
Les seules ressources proviennent des plus values éventuelles et des intérêts des comptes courants.
La coopérative s’engage à ce que les frais de fonctionnement ne dépassent pas 2% de ses encourts financiers.
Je constate une augmentation du nombre et de l’intensité des crises sociales et écologiques partout dans le monde du fait notamment de l’opacité et du déficit démocratique des mécanismes économiques et financiers !
Témoignage de Remi AMET, gérant de l’entreprise « les Établissements Fontaine » établie à Saint Maur des Fossés dans le Val-de-Marne, plomberie chauffagiste spécialisée dans l’énergie solaire thermique et photovoltaïque.
Rémi Amet souhaitait réaliser un projet qui visait le développement d’une activité solaire. Il décide de le faire par le biais de la reprise d’une entreprise dont les activités plus traditionnelles seraient à même d’assurer un revenu stable à l’entreprise et ainsi d’amoindrir les risques que pouvait comporter un projet uniquement consacré au solaire.
Sa rencontre avec les CIGALES et Garrigue a eu lieu par le biais d’un conseiller de la Plateforme d’Initiative « Seine Amont Initiative ». Parce que le projet ne semblait pas être assez solide financièrement, le conseiller dirigea Rémi Amet vers les CIGALES et la Nef.
En 2004 deux CIGALES se lancent dans l’aventure. Grâce à ce partenariat et au vu des besoins financiers importants que requérait le projet, Garrigue intervient alors pour compléter les fonds propres. Rémi Amet nous explique que sans ces soutiens: « nous n’en serions sans doute pas là aujourd’hui ».
« Le travail commun réalisé avec les CIGALES, a d’abord porté sur la gestion de l’entreprise ; il est à présent davantage centré sur le développement des activités. Garrigue complète par des apports en technique financière ».
[Propos recueillis par Judith Schneider, permanente à l’AR CIGALES IDF]