Indignation serait autour de la confiscation du pouvoir économique entre quelques mains et au sein d’un «milieu» homogène (hommes blancs de plus de cinquante ans, d’origine sociale et économique déjà favorisée), l’éloignement de l’immense majorité des lieux de décisions économiques, la marginalisation extrême de certains et, globalement, l’absence de démocratie économique.

Nous faisons en effet le constat sur le terrain des nombreux obstacles auxquels les femmes, qui souhaitent créer une activité économique, font face : être femme (face à la vision dominante de l’entrepreneur masculin), être d’origine immigrée et ne pas avoir de qualifications universitaires reconnues (malgré une richesse d’expériences professionnelles, sociales, multiculturelles, etc).

Nous nous indignons également de l’inadaptation des politiques publiques et des moyens existants par rapport aux réalités des initiatives de terrain. Par exemple, les dispositifs de formation existants aujourd’hui ne répondent pas à un projet monté collectivement par des femmes, éloignées de l’emploi et peu qualifiées, qui souhaitent recevoir une formation professionnalisante. Ce sont les projets qui doivent s’adapter aux directives administratives et non celles-ci aux transformations sociales en cours. 

La question du développement et de l’essaimage de ces initiatives solidaires est particulièrement compliquée. Un des moyens serait de permettre aux acteurs de terrain de travailler en réseau, or cela s’avère très difficile, sachant qu’il est quasiment impossible d’obtenir des financements publics pour l’animation des réseaux (sauf si les réseaux sont créés à l’initiative des pouvoirs publics).

L’Agence pour le Développement de l’Economie locale (ADEL) accompagne des collectifs de femmes éloignées de l’emploi, souvent immigrées et sans qualification reconnue, à créer une activité économique. Ces initiatives solidaires sont une autre façon de pratiquer la démocratie. Des personnes hors du système économique se mettent à défendre leurs droits et à gérer elles-mêmes la création et la pérennisation de leur activité économique, qui constitue de plus une réponse à des questions de société et à des besoins sociaux (restauration, garde d’enfants, etc). A travers le montage de leur projet, les femmes acquièrent une capacité à négocier avec les représentants des pouvoirs publics et se font reconnaître comme des actrices économiques à part entière.

Nous nous indignons de la confiscation du pouvoir économique entre quelques mains et, globalement, de l’absence de démocratie économique.