L’expérience forme et prend forme : le global est dans le local

Cahier de l’entrée Participer / Démocratiser    

Argumentaire

L’indignation réveille la question : ce qui est légal n’est pas nécessairement légitime.

Ce n’est pas la désobéissance civile qui menace la démocratie, c’est l’obéissance aveugle. La conflictualité, comme l’indignation, sont des énergies qui font partie de la vie elle-même. Être « agressif », c’est s’affirmer devant l’autre en s’avançant vers lui , c’est refuser de se soumettre à sa loi, mais ce n’est pas la violence qui nie ou anéantit l’autre : « c’est chercher à construire avec lui une relation fondée sur la reconnaissance mutuelle de nos droits » . C’est utile de le rappeler dans un monde où les manifestations des violences faites à l’humain ont étendu leurs ravages. Massives et génocidaires dans le monde entier, elles prennent aussi les multiples visages de la violence économique et institutionnelle qui excluent silencieusement. Beaucoup de nos citoyens sont sans recours pour faire valoir leurs droits, c’est inacceptable.

L’impérieux « dégage ! » de la jeunesse arabe (1 habitant sur 2 a moins de 30 ans dans ces pays) qui nous vient de l’autre rive de la Méditerranée est une raison de ne pas désespérer. La génération qui nous succède se pose à son tour la question de transformer l’inacceptable en espérance. La démocratie, on le sait bien, n’est pas de génération spontanée. Comment fonder une autorité légitime dans un monde aux interactions enchevêtrées ? Quelle est ma responsabilité dans l’économie, la société, la culture et la nature ? et comment je peux relier ces grands domaines entre eux et avec ma vie personnelle ? Les réponses sont à inventer à nouveaux frais dans ce contexte inédit.

La proposition ci-dessous reconstitue le parcours d’une émergence du singulier au collectif.

Depuis les années 80, c’est celui de personnes d’engagement agissant pour que ça change, et qui ont appris en marchant que le pouvoir se prend dans l’action. Leurs raisons d’agir : le refus de l’exclusion comme une fatalité, ou, pour le dire en positif, le désir d’accomplissement de leur existence, dans lequel l’autre ait de la place. Les membres du collectif des P’ACTES souhaitent aujourd’hui partager et transmettre comment - en apprenant les uns des autres - il est possible de bâtir et de renouveler… à une mesure modeste, car les résistances au changement sont puissantes ! Tant d’énergie dépensée par les intérêts-forteresse et les systèmes en place pour que … rien ne change ! Mais, les effondrements viennent à leur heure comme la dissidence de l’Est nous l’a appris.

Cette contribution propose :

1- Un constat lucide, collectivement élaboré dans un cahier de propositions de fin 2004.

2- Quelques expérimentations singulières de membres des P’ACTES pour éclairer le chemin de l’indignation à l’engagement et témoigner comment ils ont réussi à inscrire des changements dans la vie sociale et politique, dans leur désir de refonder l’économie et la démocratie à partir des territoires.

3- Une proposition : la construction des convergences comme modalité d’organisation des solidarités.

Comment sensibiliser d’autres acteurs

Voyager pour apprendre : une pratique vieille comme le monde, à redécouvrir aujourd’hui.

La production et les échanges sont mondialisés. Nos sociétés n’y sont pas préparées. Pourtant la gestion de l’alimentation, du travail, des ressources naturelles, de la sécurité, du vivre ensemble sont inscrites dans des relations d’interdépendance. Trouver des solutions concertées, viables, pérennes, n’a jamais été aussi difficile. Dans ce contexte inédit, le chemin d’une approche territoriale intégrée doit être rendu praticable et balisé !

Le « Voyage Apprenant » crée les conditions propices pour apprendre les uns des autres.

La rencontre repose sur une façon d’être « entre pairs ». Elle n’évalue pas dans une posture externe. Sans renoncer à ses convictions, les jeux de rôle liés aux fonctions institutionnelles sont mis au vestiaire le temps du voyage. L’écoute et l’observation sont bienveillantes, critiques et contributives. Sur une voie encore mal balisée, le dialogue recherche une meilleure compréhension mutuelle des logiques d’action des uns et des autres. Roder son analyse par l’observation, le questionnement et l’échange, consolider ses analyses, élargir ses réseaux de relations, s’inspirer en confiance de l’expérience des autres, tels sont les objectifs.

Le dispositif itinérant de capitalisation d’expériences expérimenté entre 2007 et 2009 a réuni élus, entrepreneurs, habitants, syndicalistes, administrations, associations, chercheurs. Tous sont engagés par leurs activités, leurs mandats, leurs responsabilités dans le fonctionnement d’une économie territoriale ouverte, du secteur marchand, service public, tiers secteur, ou bien dans l’entraide bénévole. Ils ont à cœur d’organiser des complémentarités et d’installer les coopérations pour y parvenir. C’est la raison de leur intérêt pour les relations partenariales: englobées /englobantes, obligées /volontaires, routinières ou de qualité, inexistantes et pourtant souhaitables.

Témoignages d’organisateurs et de participants.

  • Apprendre par soi-même : « Le fait de pouvoir observer des personnes en action dans un projet, les entendre présenter le projet sur place, vaudra toujours mieux que la présentation elle-même. Ce qui nous intéresse ultimement c’est de rapporter chez soi dans nos contextes, nos atmosphères et nos cultures dont nous connaissons les particularités locales, une expérience vue ailleurs, mais adaptable chez nous ». Jacques Fiset, Directeur général du Centre local de développement de Québec (Accueil d’une délégation internationale dans l’Aude, avril 2009).

  • À quoi ça sert ? : « À la construction collective des outils pour travailler ensemble sur les mêmes sujets ». France Joubert, président du Centre Européen de Ressources des Groupements d’employeurs et président des Pactes Locaux (1ère rencontre en Poitou-Charentes, décembre 2007

  • Mais aussi à capitaliser … et découvrir que c’est bien plus - et déjà bien mieux - qu’un fourmillement d’initiatives décousues et dispersées : « S’exposer pour raconter, avec des principes qui encadrent, permet de catalyser des années de réflexions et d’actions ; et valide ou prépare une action publique transversale, interinstitutionnelle ». Alain Laurent, Délégué général de TER_RES-Territoires Responsables (organisateur de la 2ème rencontre en Auvergne, accueillie par Jean-Claude Mairal, Vice-président de la Région, mai 2008).

  • Voyager pour construire des alternatives : En cinq jours d’un programme de découverte et de dialogue, Ben Quiñones, Philippin, dit « avoir compris le langage de l’approche territoriale. En Asie, on parlerait d’approche intégrée. Il faut rassembler ces histoires apprenantes pour montrer au monde que c’est une alternative ». Il distingue deux niveaux : « Un 1erniveau « à la base » : l’enracinement des projets locaux concrets avec des catalyseurs, des porte-parole, ou le portage par un élu qui obtient peu à peu un consensus autour d’objectifs de développement local qui font sens, contribuent à enrayer la dévitalisation territoriale. Un 2èmeniveau « intermédiaire » : des études de cas pour obtenir un effet de collection, discuter au sein d’un groupe de réflexion non académique, car il faut comprendre ce que l’on a appris pour porter des propositions ». Asia Alliance for Solidarity Economy, organisateur de la V°rencontre à Manille en2013 (Délégation internationale accueillie dans l’Aude, avril 2009).

Conditions du développement

Les P’ACTES illustrent les processus de convergences volontaires qui se construisent actuellement entre diverses initiatives, organisations et réseaux pour renouveler les relations entre société civile et pouvoirs publics sur une base territoriale de dialogue et d’engagement. C’est un passage obligé pour franchir l’obstacle actuel de la méconnaissance et l’enfermement dans la marginalité.

Au Comité des Régions européennes, le 23 novembre 2010, les P’ACTES ont présenté leur plaidoyer. Ils considèrent le développement local durable comme une issue par le haut de la crise actuelle, à certaines conditions :

• Une stratégie conçue et appliquée en vue d’obtenir des réponses concrètes aux problèmes essentiels qui se posent au quotidien : gestion des ressources communes, activités et emplois, conditions de vie et services, dans une perspective d’ouverture et d’articulation solidaire entre les territoires.

• Une stratégie inscrite dans une perspective de moyen et long terme d’intégration dans le droit commun, des réponses locales et régionales (interactions territoriales et coopérations).

• La responsabilité partagée est son principe directeur. La Gouvernance multi niveaux son instrument. Elle inclut la société civile organisée comme partie prenante dans la conduite d’action, en tant qu’acteur collectif de l’économie réelle et de la gouvernance territoriale.

• Une stratégie multi-fonds dans un cadre programmatique facilitateur, des règles d’application simples et transparentes.

• Des objectifs de résultats définis par des indicateurs quantitatifs (combien) et des indicateurs qualitatifs (comment) tels que : satisfaction des besoins essentiels dans l’économie réelle; qualité du vivre ensemble; résilience; vitalité démocratique et culturelle; diminution de la dépendance énergétique, alimentaire ou financière exogènes.

Ils s’organisent autour de deux objectifs:

1 - devenir un collectif de ressources permanent, mutualiser l’expérience en apprenant les uns des autres (éducation populaire), transmettre leurs enseignements, multiplier le nombre de ceux qui les utilisent, se renforcer et s’affirmer ensemble.

2- exprimer une voix collective, indépendante, de plaidoyer auprès des institutions européennes, nationales, régionales et locales, de façon à fournir aux uns et aux autres le moyen de consulter la société civile collectivement constituée au sein des P’ACTES.

Données chiffrées

Depuis 1998, le Collectif a accueilli plus de cent personnes, pour un temps ou pour longtemps, avec des degrés d’implication variables et révisables en fonction des disponibilités. Par cercles successifs, depuis l’implication directe jusqu’aux manifestations d’intérêt, il touche actuellement plus d’un millier de personnes, du monde entier, et leurs réseaux.

Changement d’échelle possible

Relayer et organiser un développement local durable au service d’une économie territoriale coopérante, c’est nécessaire … et c’est possible.

Local / Global ne sont pas opposés, c’est à l’intérieur du local que les choses se passent.

Des acquis concrets ont été obtenus dans la durée et la diversité des contextes, ils servent à fonder une politique de la preuve par l’exemple. Car ils réponsent à des besoins essentiels tels qu’emploi, alimentation, développement local durable, culture, financement, services, citoyenneté. Ils témoignent ensemble du potentiel considérable de transformation sociale des innovations socioéconomiques et démocratiques.

Ces réalisations, bien que fragiles, refondent le contrat social en partant de l’économie réelle pour mieux vivre ensemble.

De nouveaux espaces publics de débat et de ressources sont installés . Ils portent l’objectif de recomposer des réponses par la coopération entre secteurs, collèges d’acteurs sur une base territoriale.

Ils combinent et s’affirment volontairement à différentes échelles :

  • régionales et locales dans les lieux de vie,

  • européenne car c’est la grande région dont ils font partie et dont ils sont politiquement les citoyens et électeurs,

  • membres actifs de la construction de demain, ouverts sur l’intercontinental car ils sont des citoyens du monde, membres de diverses mouvances, sensibilités et réseaux.

Facteurs de succès

Entre 2007 et 2009, les Pactes Locaux se mobilisent autour d’un objectif, au-delà de ce que chacun fait, sans être payé pour le faire. Ils apportent une contribution originale au débat français et européen, en partant de leur expérience et de réalisations territoriales probantes qui répondent à des problèmes clé d’aujourd’hui. Ils organisent 5 rencontres régionales, animées dans le cadre d’une plateforme de travail européenne.

Des praticiens–experts exposent les résultats d’expérimentations consolidées sur 5 thématiques articulées avec l’approche territoriale : travail, emploi en Poitou-Charentes ; tourisme responsable en Auvergne; développement local et économie solidaire au Luxembourg ; cohésion sociale et bien-être de tous en milieu urbain à Fontenay-sous-Bois ; solidarité rural/urbain et économie associée dans la métropolisation en Nord-Pas-de-Calais.

Le bilan de Lux’09 est un levier pour la suite. Les Pactes Locaux sont un collectif accueillant et modeste. C’est un carrefour qui ne porte pas la parole d’une organisation. Ils ont gagné en reconnaissance au-delà de ce qu’ils représentent comme « bataillons » ! C’est le fait d’une petite équipe, soudée par ses apprentissages et sa volonté, en tant que société civile, de prendre ses responsabilités et de transformer le système.

Les Pactes Locaux vont continuer en portant la proposition dans le projet européen de cohésion territoriale, sur les thématiques et dans les territoires où ses membres, ses partenaires associés et d’autres à venir, ont la volonté de contribuer à une politique de la preuve : partir des réalités et de l’expertise d’usage, illustrer, débattre et proposer comment de nouvelles formes d’organisations des solidarités sont possibles, et à quelles conditions elles peuvent être une des issues, de portée générale, à la crise actuelle.

Impacts de l’initiative

Des idées plus claires.

Une stratégie inscrite dans un calendrier européen et intercontinental à 2013.

Une démarche entre pairs, maintenant reconnue par ses pairs.

L’organisation

Historiquement, le Collectif des Pactes Locaux résulte de la volonté de mise en réseau et de production d’une intelligence collective. Parti d’un diagnostic partagé nourri d’une cinquantaine expériences locales, en 1996, le Collectif se constitue en 1998. D’abord informel, il se constitue en association en 2005 pour “promouvoir, consolider, améliorer, relier toutes les formes de coopération qui se préoccupent d’ancrer le changement dans son environnement territorial et humain”. Les domaines d’intervention de l’association, dans les faits, sont fonction de l’expertise d’usage de ses membres actifs, “praticiens en recherche” : la cohésion sociale, le développement durable, l’économie solidaire, le dialogue social territorial, la participation démocratique.

La structure, porteuse de l’initiative

Depuis 2007, l’association développe une démarche européenne, en relation intercontinentale avec le RIPESS sur « la participation démocratique et l’ancrage territorial d’une autre économie », portée par un collectif européen informel: Les P’ACTES européens, European P’ACTS en anglais.

Les acteurs (Qui ?)

Des promoteurs d’initiatives de dimension collective: praticiens de différents collèges, professions, sensibilités, qui partagent l’approche territoriale comme point d’entrée dans leur activité.La qualité de la participation de personnes volontaires a généré une capacité collective de portage d’idées, d’invention, de diffusion d’expériences, jusqu’au présent cahier de propositions, six ans plus tard. Engagées à la fois dans des pratiques locales à partir de leurs prédilections, de leurs savoir faire et de leurs engagements personnels, ces personnes fabriquent plus et autre chose que la somme de leurs compétences individuelles et contribuent à « baliser » le champ des possibles : Comment relier l’individuel et le collectif ? Le « micro » et les dimensions plus larges jusqu’au mondial ? Le sectoriel et le systémique ? La générosité et le professionnalisme ? Son existence a progressivement ouvert un espace national et européen de débat permanent sur la question de la cohésion sociale, et, plus largement, sur les processus de coopérations locales et leurs effets.

Les partenaires

Le collectif des organisations qui s’engagent dans le portage des P’ACTES dans le dans le projet européen sont:

L’APFP Association Promotion Fédération des Pays - France ;

BEST Berliner Entwicklungsagentur für Soziale Unternehmen und Stadtteilöknomie –Allemagne;

le CERGE Centre Européen Ressources Groupements d’Employeurs ;

la FPH Fondation pour le Progrès de l’Homme-Suisse-France;

In Loco Development Association – Portugal;

la MCM Maison Citoyenneté Mondiale Mulhouse ;

OPE Objectif Plein Emploi,GD Luxembourg;

Pactes Locaux France ;

Technologie Netzwerk Berlin e.V –Allemagne ;

RIPESS Europe Réseau Intercontinental de Promotion de l’Economie Sociale et Solidaire Europe ;

URGENCI Urban-Rural network: GEnerating New forms of exchange between Citizens.

International.

La FPH renouvelle sa confiance au Pactes Locaux lorsqu’ils s’engagent dans cette démarche.

Proposition pour influencer les décideurs

• Le partenariat avec les autorités locales et régionales est indispensable à la recomposition de réponses viables et équilibrées. La question essentielle qui réunit les gouvernements locaux et les habitants est d’améliorer le bien-être des membres de la communauté et de prendre les décisions et les mesures aptes à améliorer ce bien-être et à faire croître la valeur sociétale globale. Mais, souvent, les autorités locales et régionales ne reconnaissent pas les habitants comme leurs partenaires naturels dans la gestion des biens communs. À cause de cela, beaucoup de talents locaux et d’expertise sont perdus. Et bien que des moyens publics considérables soient consacrés aux politiques sociales réparatrices, elles n’atteignent pas leur cible d’élimination de l’exclusion.

• Assumer sa part de responsabilité et contribuer à transformer le système, c’est apprendre à devenir partenaire, se conforter mutuellement dans la légitimité et produire ensemble. C’est aussi tenir compte de ses forces pour se positionner et admettre que chaque composante de la réponse ne peut réussir à elle seule et s’organiser. La démarche des P’ACTES, développée avec ses pairs est maintenant reconnue par ces pairs. C’est un espace de dialogue à multi-niveaux en recherche des leviers démocratiques pour rendre l’idée et la pratique de pactes territoriaux, locaux et régionaux, compréhensibles et applicables à différents contextes .

Propositions pour convaincre l’opinion

«Faire pacte» c’est peut-être simplement se déclarer capables, collectivement, de s’organiser pour trouver des réponses aux besoins que l’on rencontre.

C’est, ensuite, s’engager dans l’action. Finalement, les Pactes Locaux préfigurent

une forme de travail collectif pour la société actuelle et future.

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

Partir des ressources individuelles et collectives transforme radicalement la perspective.

Les membres des Pactes Locaux se reconnaissent en affirmant un autre paradigme pour l’action publique dans un Manifeste aux parlementaires de septembre 1998. Il réunit une 30ne de signataires et cible deux voies de progrès principales :

  • « s’appuyer sur un cadre de droit commun dont les acteurs locaux puissent se saisir afin de sortir des mesures expérimentales ou dérogatoires ».

  • « inscrire l’action dans la proximité, car c’est à cette échelle que les dynamiques de responsabilisation et les solidarités concrètes se nouent. Les chômeurs et les exclus, les associations, les travailleurs sociaux, les entreprises, les syndicats et les élus, tous les acteurs sociaux, doivent y être associés. Pour construire une réelle dynamique partenariale, un pacte local suppose une analyse de la situation menée en concertation, des objectifs communs négociés et la mise en œuvre d’un cahier des charges rigoureux et souple » .

La construction par étapes de références et d’outils.

Le collectif se constitue sur la base d’un diagnostic partagé de 50 expériences, surtout en France, et reste longtemps informel. Il est adossé et partenaire de la Fondation pour le Progrès de l’Homme, proche des vues que Pierre Calame, son directeur, élabore dans ces années sur la question du territoire . Dans les années suivantes, une convention pluri -annuelle avec la DIES lui permet d’élaborer ses acquis dans un dossier « pour des territoires innovants et solidaires» et d’exercer des fonctions de veille et de soutien mutuel, de formaliser une grille de lecture des dynamiques de territoires repérées. Le Pacte Local est défini comme “une dynamique collective territoriale, un processus construit dans la durée, avec un système de relations qui porte une action. Il permet à tous les acteurs concernés, unis par des valeurs humanistes, de construire, de façon contractuelle, des réponses adaptées aux spécificités de chaque société locale, en particulier ses spécificités culturelles ». Cet outil pédagogique met ensuite en perspective le dire et le faire par des visites à de territoires (Basse Normandie, Meurthe et Moselle, Agglomération de Dijon, Haut-Nyonsais dans la Drôme…) afin d’être amendée et validée.

Un diagnostic d’étape, lucide et partagé, de l’approche territoriale de la cohésion sociale dans les mutations est formalisé en 2004 dans un cahier de propositions.

Ressources, financements et moyens utilisés

Les moyens rémunèrent une animation qui permet une mutualisation en continu entre pairs qui a produit un véritable capital immatériel d’expérience. Sa caractéristique est de mettre en relation le dire et le faire dans des voyages apprenants (illustrer) ; la mise en débat public pour proposer: lnterpellation, plaidoyer,incluant un retour sur place des avancées auprès des « bases territoriales » des membres et des associés.

Les financements sont principalement ceux de la Fondation pour le Progrès de l’Homme dans la durée, complétés de conventions (DIESS 2011, Régions, partenaires occasionnels, des interventions…).

Sans l’engagement volontaire non rémunéré des personnes, parce qu’elles trouvent, en retour positif, personnel, professionnel ou militant, les Pactes Locaux n’existeraient pas.

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

Le refus de l’exclusion comme une fatalité et pour le dire en positif, le désir d’accomplissement de sa propre existence, dans lequel l’autre ait de la place

Témoignages

Porté par Roger Winterhalter, un militant qui prendre fait et cause pour le combat du peuple algérien pour l’indépendance, la liberté, le droit au respect. « C’est ainsi que j’ai compris que les affaires du monde sont les affaires de tout le monde. Depuis cette époque, je milite, je me bats avec mes moyens et mes limites ». Fondateur avec Brigitte Carraz de:La Maison de la Citoyenneté Mondiale de Mulhouse depuis 2002 qui agit pour aider à se relever et à se prendre en charge. Comment ? groupes de parole et forums pour résister, lutter, s’exprimer, imaginer une autre manière de vivre ensemble. Ces expérimentations sont reliées à celles des voisins, allemands et suisses dans un réseau transfrontalier.

Porté dans le Collectif par France Joubert: syndicaliste , il fait la preuve par l’exemple que « le GE, c’est le circuit court de l’emploi!". En 1980, il est à contre-courant quand il dit qu’on peut travailler ensemble. Comme délégué régional de la CFDT, il accompagne l’ancrage et la promotion des Groupements d’Employeurs dans la Région Poitou-Charentes, car c’est un outil de travail exigeant qui accompagne les mutations, facilite le travail temps partagé en sécurisant la condition des salariés, qui oblige les entreprises employeurs à coopérer. Sous statut associatif, à but non lucratif, le GE instaure un tiers-acteur entre employés et employeurs : espace de dialogue autour de ce qui constitue son bien commun (la qualité et la fidélité de la main d’oeuvre). Il est aujourd’hui en phase d’essaimage dans différents pays d’Europe. Cet outil transforme durablement les relations société civile, pouvoirs publics, et acteurs socioéconomiques dans les territoires. « Le GE, c’est le circuit court de l’emploi! »