circuits courts: pour construire la souveraineté et la sécurité alimentaire dans les territoires

Cahier de l’entrée Consommer / Se nourrir 

Argumentaire

Entre 2006 et 2009, les usages agricoles ont perdu 1% au profit de l’industrie, des services, des transports, de l’habitat et des loisirs. L’élevage recule, les productions végétales progressent. Les sols agricoles ont perdu en moyenne 93.000 hectares sur les trois dernières années.

En France, l’urbanisation maitrisée par une minorité a conduit à la destruction de plus 10 millions d’hectares de bonnes terres agricoles, de proximité. Ces terres auraient favorisé la création de circuits courts entre paysans et consommateurs, et peut être permis à 8 millions de français de les utiliser, comme le font 16 millions de japonais depuis de nombreuses années.Une ferme disparait en Europe toutes les 3 minutes. Allons nous accepter la disparition de notre agriculture paysanne?

Allons nous gâcher 10 millions d’hectares supplémentaires dans les

prochaines années ?

Qui en définitive décide ? Qui profite de l’urbanisation extensive?

Les citoyens sont-ils réellement associés à ces décisions ?

Ne devrions nous pas décider démocratiquement comment doit être

« affecté » et « géré » le sol sur lequel nous vivons?

Ne faut-il pas contribuer à un nouveau développement d”une agriculture de qualité, de proximité?

Comment sensibiliser d’autres acteurs

Informations via les structures territoriales (conseils généraux, intercommunalités..) et les outils de développement économiques locaux et régionaux

Conditions du développement

  • la volonté politique de rassembler les citoyens et structures du territoire pour impulser l’organisation de ces circuits

  • la vigilance sur la santé des exploitations agricoles débouchant sur l’organisation avec celles qui sont en difficulté de circuits courts en solidarité avec les villes voisines

  • l’aide à l’ouverture de magasins paysans et d’ateliers de transformation coopératifs

Données chiffrées

Les circuits courts, ce sont en gros 86 000 exploitations concernées en France si l’on se réfère aux résultats de la dernière enquête sur les structures d’exploitation agricoles. Ils sont présents plus particulièrement dans certaines productions. La vente directe est pratiquée par 67 % des horticulteurs, 50 % des producteurs de vins de qualité, légèrement moins par les maraichers et par 42 % des producteurs de fruits. A l’inverse, elle intéresse plus rarement les producteurs de viande et ceux de grandes cultures. (données mai 2010 INRA)

Ce mode de commercialisation est assez largement répandu, en France, notamment dans le sud est et dans le nord du pays :

► 88.600 exploitations agricoles réalisaient de la vente directe en 2005, soit 16,3% des exploitations agricoles dont 47% qui transforment les produits.

► Ces exploitations représentent une part importante de l’emploi agricole avec 26,1% du total des UTA (Unité de Travail Agricole).

► Les marchés de producteurs représentaient en 2007 plus de 1000 exploitations et 100.000 consommateurs.

Changement d’échelle possible

Au Japon, avant la récente catastrophe, on recensait 16 millions de japonais se servant dans les Tekkeis (équivalents des AMAP françaises). Au prorata de la population, on pourrait déboucher sur 8 millions de français se servant en circuits courts! Cette marge montre la possibilité d’un réel développement , d’autant que l’aspiration à une alimentation de qualité et une offre d’agriculture biologique voire raisonnée se développent conjointement.

De plus en plus d’élus territoriaux s’intéressent à ces modes d’approvisionnement pour leurs cantines et restaurants intercommunaux.

Le département de l’Allier a réussi à introduire en 4 ans 80% de viandes issues du département dans les restaurants des collèges. « Des villes comme Lorient, Brest ou Aubagne ont fait repasser des terres dédiées à l’urbanisation en terres agricoles, pour installer des producteurs », relève ainsi Yuna Chiffoleau, chercheuse à l’Inra, engagée dans le Réseau rural français. Pour autant, « prendre des décisions fortes par rapport au foncier demande du courage politique », face aux pressions des riverains ou des spéculateurs immobiliers, tout particulièrement en périphérie des villes…

Les collectivités peuvent aussi accueillir des marchés en circuit court en mettant des terrains à disposition et en participant au financement de « l’animation et du travail en amont pour rassembler les producteurs », Ainsi, « les marchés des producteurs de pays », créés par la chambre d’agriculture de l’Aveyron, « animent les cités et font vivre généralement des producteurs de proximité, qui font à leur tour vivre le milieu rural… »

Facteurs de succès

la mutualisation des moyens des territoires et de l’économie sociale, notamment via des circuits courts financiers et la finance solidaire

l’association des chambres d’agriculture via les dispositions du Plan Barnier( pour l’instant plus ou moins abandonné) au mouvement de création de nouveaux circuits courts

Impacts de l’initiative

  • Stopper l’hémorragie agricole et rurale

  • développer une nouvelle culture du gout des produits frais saisonniers,

  • contribuer au développement de l’agriculture biologique,

  • créer un rapport de force avec la GMS (Grande distribution) pour faire évoluer ses pratiques

  • resserrer les liens villes- campagnes, agriculteurs avec les autres catégories de la population, les élus avec les habitants de leurs territoires

L’organisation

pluripartenariat

Le modèle financier

  • contrats entre agriculteurs et consommac’teurs

  • fidélisation des clients (prélèvements périodique, préfinancement à la commande)

  • achat de terre et d’exploitation par des organisations de l’économie sociale comme terre de lien ou via des systèmes comme les cigales (inventer des « cigales rurales »)

  • prêts des banques mutualistes

prêts de terres par des collectivités à l’exemple de « planète Lilas " installée dans un parc urbain départemental du Val de Marne

Les acteurs (Qui ?)

Les agriculteurs, les citoyens, les élus territoriaux, les finances solidaires, les banques de l’économie sociale…

Les jeunes

Installation de jeunes agriculteurs

éducation au gout, à l’agriculture, à la nature

Les partenaires

Élus territoriaux, syndicats agricoles, comités d’entreprises, associations locales, entreprises et établissements publics locaux tels que maisons de retraites, établissements scolaires, hôpitaux, restaurateurs locaux pour les débouchés.

Message à l’opinion

Allier l’utile à l’agréable en préservant des emplois locaux et en mangeant sain, en fréquentant la campagne

Message aux décideurs

contribuer au développement de l’emploi local, au réveil de la ruralité, à la sécurité et à la souveraineté alimentaire

Message à ceux qui font l’ESS

Produire autrement, financer des emplois utiles, contribuer à des échanges équitables et durables préservant l’environnement, n’est-ce pas la vocation de nos organisations?

Proposition pour influencer les décideurs

Ça marche ailleurs et ça donne une bonne image

Propositions pour convaincre l’opinion

Argumenter sur la souveraineté alimentaire, sur la santé, faciliter leur accès à ces circuits, fixer un « juste prix » des produits,

Présentation de l’initiative (Quoi ?)

Contribuer à mutualiser les efforts et les moyens de l’économie sociale, des élus territoriaux et des citoyens pour multiplier les circuits courts alimentaires dans la diversité.

Ressources, financements et moyens utilisés

autofinancement; aides territoriales, nationales et européennes à l’installation; systèmes de financement type « terre de lien » pour l’installation

Synthèse de mon indignation en une seule phrase

face à la régression de l’agriculture, à la disparition des terres et des fermes agricoles sur notre territoire, il est nécessaire de contribuer à créer des circuits courts alimentaires, permettant le développement d’une agriculture paysanne.

Témoignages

Planète Lilas : une association qui salarie un maraicher sur un terrain attribué dans le parc des Lilas par le département du Val de Marne et qui distribue les produits en AMAP, fait de la pédagogie et des animations pour la ville de Vitry.

Où ?

L’association Planète Lilas propose une activité maraîchère de 2 hectares, située sur le parc départemental des lilas à Vitry/Seine, lieu de tradition agricole.

Comment ?

La culture est assurée par le jardinier salarié, avec la participation régulière des adhérents bénévoles et saisonnière des jeunes volontaires du Service Civil International. La vente a lieu 2 fois / semaine sur le jardin et un panier hebdomadaire est proposé.

Pourquoi ?

Planète Lilas s’inscrit dans une démarche de commerce équitable en vendant à un prix accessible des légumes non traités, cultivés localement, dans le respect de l’environnement et de notre santé. Elle propose des activités pédagogiques aux scolaires, initie les adhérents au jardinage et organise des événements festifs, créant ainsi un lieu de convivialité auquel vous êtes invité à vous joindre

.planete-lilas.ouvaton.org/