Cahier de l’entrée Soigner /Prévenir
Dans la réalité toulonnaise et la région PACA, l’accès aux soins reste très fragile actuellement, même si les populations précaires ont des droits ouverts à la C.M.U. En partant des droits fondamentaux de tous c’est-à-dire santé, logement,…, porter la parole de ce public est un élément essentiel pour faire remonter les difficultés et se mobiliser pour tous. Le constat est connu de tous les acteurs. Il peut prendre des connotations particulières à travers chaque activité et chaque territoire. La réalité d’aujourd’hui est qu’il y a de plus en plus de personnes qui renoncent aux soins pour des raisons financières. La loi sur la C.M.U. n’est pas appliquée correctement d’une région à l’autre de la France : si la C.P.A.M. du Var ouvre des droits en C.M.U. en 24 heures, ce n’est pas le cas dans les Bouches-du-Rhône où cela demande plusieurs mois. Il est à noter que la C.P.A.M. de Toulon est très réactive. Mais une ouverture de droit n’indique pas systématiquement un réel accès aux soins. Néanmoins, face à cela, la mission d’un Travailleur Social sur Toulon est très différente dans le Haut-Var. Sur les territoires du Haut-Var, l’accès aux soins est plus difficile en raison des moyens de communication, de transport peu ou pas existants, ce qui entraîne une prise en charge supplémentaire de la C.P.A.M. avec l’utilisation de V.S.L.
D’autres difficultés constatées
Un problème de compréhension entre médecin et patient : il y a aujourd’hui une stigmatisation des bénéficiaires de la C.M.U. et les patients se sentent très mal face à ce « statut ». Les professionnels de santé ne sont pas assez formés sur la problématique de la précarité. Leur cursus de formation ne met pas suffisamment l’accent sur une meilleure prise en charge de cette patientèle.
Beaucoup de familles qui travaillent ne peuvent plus payer de cotisation mutualiste : cela contribue au non-accès aux soins.
Il manque de nombreuses structures de proximité afin de répondre à l’urgence dans des délais raisonnables : cette non-réponse coupe également l’accès aux soins.
Le dépassement d’honoraires entraîne également une situation médicale précaire.
Les problèmes de santé freinent l’intégration sociale et professionnelle. Il existe trop de cloisonnement ; il faut arriver à globaliser et à faire du lien.
La politique de prévention aujourd’hui se restreint et se change en politique de répression, alors que la prévention coûte moins cher que le curatif.
Dans le secteur de l’Éducation Nationale, les établissements scolaires ont de moins en moins d’infirmières scolaires, alors que la visite médicale est obligatoire lorsque l’enfant entre en classe élémentaire.
Les familles monoparentales deviennent une population touchée par le renoncement aux soins : qui s’occupera des enfants lors de l’hospitalisation du parent ?
Les jeunes entre 16 et 22 ans en rupture familiale renoncent aux soins dentaires, optiques, à l’hygiène corporelle. Les douches municipales n’existent plus, l’association SPHINX a fermé ses portes, le Point Ecoute Jeunes de la ville de Hyeres a été supprimé.
Malgré le droit à la santé, de plus en plus de personnes renoncent aux soins pour des raisons financières (le « reste à charge »).
On constate des inégalités territoriales dans l’ouverture des droits CMU, notamment en termes de délais de traitement des dossiers. De plus, ouvrir des droits CMU est une chose, accéder réellement aux soins en est une autre.
Des problèmes de désertification médicale existent également. Des territoires sont dépourvus de certaines spécialités (psychiatrie par exemple), ce qui coûte très cher en transports à la Sécurité Sociale.
Il y a parfois incompréhension ou stigmatisation entre patients bénéficiaires de la CMU et professionnels de santé, voir refus de soins.
Les professionnels de santé manquent de formation sur les problématiques de précarité, et inversement, les professionnels de l’insertion sont peu armés face aux difficultés de santé de leur public accompagné. Les publics en insertion sont souvent peu conscientes de leur propres difficultés de santé.
En dehors des publics les plus exclus, l’accès à une complémentaire apparaît de plus en plus difficile. En particulier, les publics « juste au dessus du seuil CMU » (600 euros/mois) sont dans une situation médicale précaire.
Les problèmes des personnes en insertion sont saucissonnés (chaque intervenant s’occupe d’un « morceau » de la personne), il y a peu de coordination. La nouvelle loi HPST (Hopital, Patients, Santé, Territoire) accentue la dissociation entre santé et social, alors que la loi de 2002 incite à travailler en réseau et en partenariat.
Globalement, on travaille de moins en moins sur la prévention (les budgets sont en diminution, les acteurs de la prévention disparaissent faute de financement), et de plus en plus sur la répression. C’est un très mauvais calcul, même du point de vue purement comptable.
Il n’y a quasiment plus d’infirmerie au collège, la médecine scolaire est en chute libre.
Les jeunes connaissent mal leurs droits, notamment en termes de santé. Le nombre de jeunes en souffrance psychique est inquiétant.
Les dépassements d’honoraires accentuent la précarité.
Sur 100 personnes accueillies en insertion sociale et professionnelles, 80 renoncent aux soins.
10 % des français et 1 jeune sur 2 n’ont pas les moyens de s’offrir une complémentaire santé.
40 à 45 % de ceux qui ont une complémentaire retardent leurs soins.
Il est malheureusement peu de chance que les constats énoncés soient exclusivement réservés au territoire toulonnais !
Les besoins sont importants (cf les constats dans la partie Indignations)
Les initiatives comme l’IPSI, Promosoins, Mission locale sont basées sur les partenariats entre les milieux professionnels et entre le public et le privé. Car l’investissement public sur la prévention est un bon calcul
Ces initiatives permettent de trouver de nouvelles voies solidaires pour retrouver la relation de confiance, pour permettre aux personnes démunies de reprendre confiance en elles.
Il est préconisé un travail sur la connaissance du système santé à l’éducation nationale et en extrascolaire, et plus largement une meilleure communication de l’existant (parution-travaux).
Pourquoi ne pas prévoir des systèmes qui encouragent les médecins à participer à des collectifs.
Les ETTI (Entreprise de Travail Temporaire d’Insertion), les ETAQ (Espace Territorial Accès Qualification) pourraient être associés dans l’IPSI.
Enfin, il faut renforcer la professionnalisation des acteurs et leur permettre de libérer du temps et du financement pour des opérations de prévention.
La prise en compte de la personne dans sa globalité
Les coûts évités (prévention)
Mission locale de Toulon : faire connaître le système de santé à son public. Partenariat avec le dispositif IPSI, via un référent santé dans la mission locale qui aide les jeunes à retrouver leurs droits. Un jeune qui sort du système scolaire avec une faible qualification ne connaît pas ses droits.
Projet refusé par Hirsh puis financé par le FIPJ (Fond Insertion Pour les Jeunes). Référente santé en lien avec la CPAM qui accompagne le jeune à monter son dossier
Ipsi : mis en place dans le cadre d’un groupe de travail COTEFE 07 (dans le cadre d’une commission sur les causes d’exclusion). Grâce à un financement du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Mutualité Française a été missionnée pour monter le projet (Laurent Frappa assure la coordination). Formation dans les 25 chantiers d’insertion sur les problématiques santé. L’IPSI assure l’interface entre les professionnels de santé, les chantiers d’insertion, et la CPAM. L’IPSI (Interface Prévention Santé Insertion) est un dispositif qui a pour vocation de faciliter l’accès à la santé pour le public en insertion (Chantiers d’insertions, structures ETAPS, Missions Locales, centres de Formation, CFA). Il a permis de mettre en place une formation de 18 jours pour les accompagnateurs socioprofessionnels du réseau afin d’aiguiser leurs regards sur les problématiques santé et revêtir ainsi le statut de référent santé dans leurs structures. Ils sont ainsi en capacité de mieux répondre et orienter face aux difficultés de santé de leurs publics. L’IPSI s’est doté d’un site Internet sur lequel nous retrouvons notamment le référencement des structures ressources sur lequel ils peuvent s’appuyer (www.83.ipsipaca.fr).
Ce réseau se rencontre de manière bimestrielle afin de se tenir informé de l’actualité santé : colloques, séminaires, formations, interventions… Les référents santé font remonter les besoins de leurs bénéficiaires et nous tentons d’y répondre en développant des projets ciblés.
Parmi ces projets nous retrouvons la programmation de rencontres santé avec des professionnels de santé sur les thèmes prioritaires au public précaire : souffrance psychique, accompagnement psychologique, addictions… Nous avons aussi développé un temps fort : le forum santé IPSI en juin lors duquel l’ensemble des membres du réseau sont conviés à orienter leurs bénéficiaires sur les stands des partenaires qui proposent une sensibilisation adaptée sur les thèmes sollicités par leurs référents santé. Thème de cette année : les addictions, en 2012 : l’alimentation.
Ce réseau se développe sur l’aire Toulonnaise, existe depuis 2 ans et compte à présent 25 structures adhérentes.
Promosoins : association, créée en 1992, intervenant dans le domaine de la santé et de l’action sociale pour « permettre dans le VAR l’accès aux soins des plus démunis et favoriser leur insertion par la santé ». Lien hôpital/associations. Travaille avec les SDF. Promosoins est peut-être ainsi un palier « santé » pour une population qui a peur du corps médical et qui a ainsi besoin de retrouver confiance. Les professionnels de santé qui Ĺ“uvrent au sein de cette structure sont animés d’un élan de solidarité. C’est un réseau de médecins bénévoles qui accueillent une population précaire. Des professionnels de santé libéraux ont également intégré ce réseau solidaire.
Une notion qui se perd, c’est l’accueil, la reconnaissance, le respect de la dignité. L’absence de ces valeurs renvoie à la population précaire une image négative ; c’est ainsi que Promosoins l’aide à se remettre en « selle » pour mieux s’accepter. Il faut briser « une solitude ».
Mairie de la Seyne sur Mer : des actions de prévention auprès des citoyens (obésité, cholestérol…)
Maison de santé : Un projet de création existe sur La Seyne-sur-Mer, en face de l’hôpital. Il aurait pour vocation de devenir un accompagnement psychologique pour les jeunes et ramènerait les problèmes à l’échelon territorial afin de trouver des solutions territoriales. Cette notion de territoire est fondamentale. L’idée est d’associer toutes les instances concernées pour ne pas oublier les personnes qui sont réellement concernées et mettre chacun face à ses responsabilités.
Mais la Maison de Santé ne doit pas devenir un ghetto et elle doit aussi s’appuyer sur les structures de proximité.
Une Maison de Santé est en projet dans le Haut-Var : c’est une initiative qui pourrait s’intégrer sur ce territoire en intercommunalité et en étant composée de médecins itinérants, ce qui permettrait aux petites communes de faire appel à un médecin, alors qu’aucun professionnel de santé n’est installé sur place.
ISATIS : consultation gratuite d’un psychologue en direction des bénéficiaires du R.S.A, financée par le Conseil Général.
S-TIM : structure d’accompagnement psychologique, préalable à l’insertion. Le rôle des accompagnateurs est de réaffirmer des droits et servent de médiateurs.
Centre de Santé de La Colombe : cette structure a le mérite d’exister. Néanmoins, les patients doivent s’y présenter avec une prescription médicale. Et les résultats du bilan de santé ne sont pas toujours transmis aux travailleurs sociaux qui suivent les populations précaires.
Mission locale à Toulon
Interface Prévention Santé Insertion – IPSI
Promosoins
Mairie de la Seyne sur Mer
Maison de santé
ISATIS
S-TIM
Centre de Santé de La Colombe
Les partenaires de terrain
Associations (santé, social, IAE), mutuelles, professionnels de santé, institutions publiques (CPAM), collectivités locales et territoriales (mairie, Conseil Régional)
Venez soutenir le tissu associatif et les accompagnateurs (jeunesse, insertion) sur les questions de santé et de soins
La santé est primordiale pour avoir un accès au travail. La formation des professionnels de santé aux questions de la précarité est primordiale. Les maisons de santé sont peut être une solution, y compris les maisons de santé itinérantes. Donnez les moyens aux acteurs de la prévention de travailler.
Travaillons à une meilleure communication sur l’existant, pour que nous puissions tous connaître les initiatives (santé, prévention, insertion, jeunesse) sur nos territoires
Le tissu associatif, les réseaux mutualistes et les collectivités territoriales luttent pour :
Maintenir une action de prévention
Informer les jeunes sur leurs droits et les aider à les ouvrir (les jeunes sont dans une grande ignorance de leurs droits et de la question de l’accès aux soins)
Faciliter les interfaces, les passerelles entre les réseaux professionnels et milieux (de la santé, de l’insertion, du social, de la jeunesse)
Les professionnels de santé, les publics, les travailleurs sociaux, les institutions, l’hôpital, les C.C.A.S. doivent, ensemble, mettre sur la table les initiatives qui fonctionnent afin de corriger les politiques locales territoriales et les difficultés rencontrées pour faciliter un réseau de politique de santé et sociale.
La (mauvaise) santé est un des principaux facteurs d’échec de la réinsertion des personnes
Vidéo IPSI à visionner sur www.etatsgenerauxesspaca.org/tables-citoyennes-3.html