Cahier de l’entrée Se loger / Habiter
Le développement de l’habitat individuel, la spéculation foncière et la démission de la collectivité vis-à-vis du marché, transforment nos villes en ghettos : quartiers de riches, lotissements de classes moyennes, cités de pauvres, quartiers d’exclus…
Le « vivre ensemble » est menacé, la ville « ségréguée » sur le modèle nord américain a remplacé la ville « métissée » capable de brasser et d’intégrer les populations, les cultures, les aspirations individuelles et les combats collectifs.
Ainsi à Pamiers en Ariège, une petite ville de 16 000 habitants de tradition ouvrière (entreprise sidérurgique), où coexistaient jusqu’à la fin des années 80, activités et populations dans un centre dense et animé, les classes moyennes sont allées construire des pavillons dans des lotissements sans grâce au milieu des champs, les personnes âgées et démunies n’ont eu d’autre choix que de rester dans un centre ancien où l’habitat indigne ne recule qu’au profit d’investisseurs locatifs peu scrupuleux, les commerçants ferment les uns après les autres pour aller s’installer en périphérie…
Pour inverser cette tendance lourde qu’aucun aménagement urbain ne peut durablement freiner, il faut redonner l’envie de vivre ensemble dans la ville dense, l’envie de parler à ses voisins, de s’enrichir de ses différences, de consommer localement, de circuler à pied ou à vélo, de sortir le soir déambuler dans les rues piétonnes en y croisant les autres habitants, de faire vivre une culture populaire au quotidien…
Nous pensons que les projets d’habitat coopératif peuvent et doivent permettre d’esquisser des réponses à cette indignation : en réhabilitant l’habitat collectif et la convivialité d’un voisinage assumé, en permettant de conjuguer l’usage individuel de son logement et l’accès collectif à la propriété, en favorisant la mixité sociale et générationnelle, en rendant chacun responsable de la gestion de son immeuble et de son quartier.
Nous pensons aussi et surtout que l’habitat coopératif urbain :
peut permettre d’anticiper de manière active et solidaire les conséquences du vieillissement et de la perte d’autonomie,
de préparer la transition énergétique en favorisant un habitat plus écologique, le développement des transports en commun et du co-voiturage,
de favoriser la démocratie participative, le renouveau de la citoyenneté et d’une éducation populaire décidément émancipatrice.
Il faut conduire à terme les expériences engagées, puis recenser les réussites et communiquer largement auprès des acteurs du logement, de l’économie sociale et des collectivités locales.
En sus des conditions énumérées ci-dessus :
l’évolution de la législation et la création d’un véritable statut pour l’habitat coopératif,
l’émergence d’outils financiers solidaires dédiés à l’habitat coopératif,
le soutien affirmé des grandes familles de l’économie sociale,
seront autant de facteurs indispensables au développement de cette initiative.
650 logements vacants au centre de Pamiers et le plus fort taux d’habitat indigne du département.
15 familles et 25 personnes au sein du projet (de 3 mois à 72 ans), dont 5 familles monoparentales au RSA, 5 couples ou personnes seules de plus de 60 ans, 3 couples avec enfants…
Un immeuble ancien à rénover intégralement, disposant de 1 500 mètres carrés de surface potentiellement habitable et 650 mètres carrés de cour.
15 appartements de 30 à 120 mètres carrés et 200 mètres carrés d’espaces coopératifs : salle polyvalente (réunions, activités associatives et culturelles ouvertes sur l’extérieur…), chambres d’amis, buanderies, atelier, salle de jeu pour les enfants.
Une rénovation intégrale de l’immeuble pour un montant prévisible de 3 millions d’Euros.
300 000 Euros fonds propres amenés solidairement au démarrage par les coopérateurs les plus aisés.
300 000 Euros de subventions sollicitées auprès de l’Agence Nationale de l’Amélioration de l’Habitat (ANAH) pour un programme de 7 logements sociaux et très sociaux.
500 000 Euros recherchés auprès d’investisseurs « éthiques » (personnalités locales désirant soutenir le projet tout en plaçant leur argent dans une opération immobilière non spéculative, organismes financiers solidaires…).
Des aides classiques pour l’accès à la propriété (PSLA, prêt à taux zéro, 1% logement…).
Un partenariat à négocier avec une banque coopérative.
Il faut d’abord réussir à réaliser notre projet et la trentaine d’autres en France qui explorent courageusement les voies innovantes de l’habitat coopératif.
Il sera peut-être possible alors de convaincre les acteurs du logement (coopératives HLM, collectivités locales et territoriales, ANAH, banques…) d’être moins frileux et plus entreprenant dans ce domaine.
Il faudra ensuite communiquer et donner à voir à un public plus large, tout ce que peut apporter cette nouvelle façon d’habiter sur le plan social, économique et environnemental.
La clé du succès va être évidemment d’arriver à boucler un plan de financement de 3 millions d’Euros pour un groupe de 15 familles dont plus de la moitié n’ont pas d’apport personnel et des revenus très modestes.
Mais l’accompagnement par l’AERA a été déterminant dans la constitution du groupe et de sa motivation.
Enfin, la dynamique coopérative dont la philosophie et les principes de fonctionnement portent le projet, apparaît comme un facteur déterminant de sa réussite.
Nous attendons de la réussite de notre projet, qu’il suscite d’autres initiatives d’habitat groupé ou coopératif à Pamiers.
En effet, dans le cadre de l’OPAH RU, la municipalité et la communauté de communes ont entrepris de racheter des immeubles vétustes, îlot par îlot, pour dégager des espaces de rénovation urbaine mixant logement, services publics, activités économiques.
Nous proposerons de lancer un appel à projets pour des groupes de futurs habitants qui feraient le choix d’implanter leur projet d’habitat au centre d’une petite ville disposant de tous les services et d’une liaison ferroviaire cadencée avec la capitale régionale Toulouse.
Mais nous attendons aussi et surtout de notre projet, qu’il amorce une dynamique de reconquête démographique du centre ville favorisant la mixité sociale et générationnelle.
Il s’agit en effet de donner envie à des jeunes ménages de « faire construire » en ville plutôt qu’au milieu des champs, à des personnes âgées de s’organiser solidairement pour « bien vieillir dans la ville », tout en favorisant le maintien et le relogement sur place des ménages et personnes seules qui vivent aujourd’hui de manière précaire et indigne dans le quartier.
Nous attendons enfin du projet, qu’il suscite et alimente une dynamique de vie culturelle et sociale dans le quartier.
Tous les futurs habitants du projet sont d’ores et déjà très investis dans la vie sociale et culturelle. Ils entendent bien faire de leur implantation au cœur du vieux Pamiers, une opportunité de développement et de partage de leurs activités : promotion du vélo, jardins partagés, AMAP, théâtre, musique, philosophie…
La structure qui porte la conception du projet est une association : Penser la Ville à Pamiers.
La maîtrise d’ouvrage de la construction sera vraisemblablement une société coopérative de construction.
L’immeuble lui même sera une copropriété fédérant :
Une SAS coopérative, propriétaire des espaces collectifs partagés.
Une SCI « classique » qui sera le bailleur social des 7 logement sociaux et très sociaux financés par l’ANAH.
Les familles accédantes à la propriété.
La structure qui nous permet de lancer le projet est une association loi 1901, « Penser la Ville à Pamiers ». Sa vocation n’est pas uniquement de porter ce projet, mais d’associer plus généralement les citoyens de Pamiers à une réflexion sur l’avenir et le fonctionnement de leur ville. Cet aspect nous semble essentiel pour ancrer un projet dont la première finalité est de loger 15 familles, mais dans un contexte et un projet plus large, de réhabilitation du vivre ensemble en ville.
Cependant le projet lui même sera constitué de trois entités juridiques distinctes mais indissociables :
Une société civile immobilière classique, « bailleur social » de la partie du programme en logements sociaux et très sociaux.
Une société civile coopérative qui détiendra les espaces collectifs, dont chaque habitant (qu’il soit locataire sociale dans la DCI ou accédant à la propriété) détiendra des parts et sera associé à la gouvernance.
Une copropriété avec un fonctionnement coopératif, pour « coiffer » juridiquement les deux personnes morales précédentes et les personnes physiques accédant à la propriété.
Il doit conjuguer :
Des financements éthiques et solidaires
Des aides au logement de l’Etat et des collectivités
Des prêts bancaires
Et bien sûr l’apport en captal, le paiement d’annuité ou de loyers par les habitants.
Une associations citoyenne, « Penser la Ville à Pamiers » ouverte à tous les habitants qui pensent qu’une autre manière d’habiter la ville est possible.
Quinze familles très diverses (composition, âge, revenus…) engagées depuis un an dans le projet dont elles ont élaboré les valeurs dans une charte.
L’AERA (et son directeur architecte et philosophe), une association toulousaine qui accompagne le groupe de futurs habitants dans l’élaboration du projet.
Une étudiante en dernière année d’architecture, qui réalise son mémoire en établissant les premiers plans de notre projet.
Le Maire de Pamiers qui croit à l’intérêt du projet pour relancer l’attractivité du centre ville.
La communauté de Communes du Pays de Pamiers qui aide à financer le travail de l’AERA et monte le dossier de demande de subventions à l’ANAH.
L’ANAH et l’Office Public des HLM de l’Ariège, sollicités pour réfléchir aux différentes possibilités de solliciter les aides au logement social.
Un notaire « militant » qui nous conseille bénévolement et fera partie des « investisseurs éthiques » pour la partie sociale du programme.
Et puis le Crédit Coopératif que nous allons solliciter, l’association Habicoop qui nous met en relation avec d’autre projets d’habitat coopératif, les investisseurs éthiques que nous devons encore trouver…
Il y a d’abord les jeunes qui vont habiter l’immeuble. Des petits qui vont y grandir (4) et des ados (5) qui seront partis d’ici 2 à 4 ans pour aller faire des études ou trouver un premier travail. Pour ceux là nous espérons que le projet dont la charte précise dans son article 7…
• chaque enfant au sein de la coopérative est un individu à part entière et à ce titre mérite le respect et l’attention de tous les coopératrices et coopérateurs,
• les enfants, et les parents du point de vue de leur responsabilité éducative, doivent pouvoir participer pleinement à la vie collective dans le respect des règles de la coopérative,
• dans l’espace privatif, seuls les parents sont responsables de l’éducation des enfants et nul ne s’autorise à intervenir, en dehors des cas prévus par la loi,
• dans l’espace coopératif, toute coopératrice, tout coopérateur, est en droit de rappeler aux enfants quels sont les principes et règles propres à la coopérative,
… constituera pour eux une première expérience coopérative, c’est à dire d’éducation populaire et d’émancipation.
Et puis il y a notre souhait de démontrer et de donner envie aux jeunes qui s’installent dans la vie active et familiale, qu’il y a une vraie alternative au rêve pavillonnaire, une autre relation possible à ses voisins, bref une manière d’habiter autrement, plus écologique, plus sociale, plus solidaire et surtout à terme, plus raisonnable économiquement.
La ville de Pamiers et la communauté de communes du pays de Pamiers
L’ANAH
L’AERA
Habicoop
Et à venir nous l’espérons : le Crédit Coopératif, la NEF, la future « faîtière » sur le modèle de la « foncière » de Terre de Liens…
Habiter autrement, travailler autrement, consommer autrement, se déplacer autrement pour mieux vivre demain, pour préparer la transition énergétique, pour restaurer le contrat social…
Il nous faut une Loi instituant un véritable statut pour l’habitat coopératif.
Il faut convaincre les poids lourds de l’économie sociale (banques coopératives, mutuelles d’assurance, outils financiers solidaires, grandes SCOP du bâtiment, de mettre leur créativité professionnelle et la défense de leurs valeurs au service du développement de l’habitat coopératif.
Arriver à faire voter une proposition de Loi instituant un véritable statut pour l’habitat coopératif.
Même argumentaire que pour le point précédent.
Il s’agit d’un projet d’habitat coopératif, porté par quinze familles qui souhaitent réhabiliter l’idée d’habitat collectif, avec une volonté de mixité sociale et de solidarité intergénérationnelle dans un centre ancien constitué en grande partie d’immeubles vétustes et de logements indignes ou vacants.
Destiné d’abord à loger ses futurs habitants de manière solidaire et écologique, le projet a aussi pour ambition de redonner au centre ville, à l’habitat collectif et au « vivre ensemble » une attractivité économique, sociale et culturelle qui encourage d’autres familles à faire le choix de la densité urbaine et de la mixité sociale.
Nous rêvons de contribuer ainsi, à faire d’ici quelques années du centre ancien de Pamiers, un modèle d’écoquartier coopératif et solidaire qui encourage les jeunes ménages à faire le choix des petites villes plutôt que de l’étalement urbain.
Plus de détails sur www.habitercooperatifapamiers.org
Coopératives HLM, collectivités locales, banques coopératives, outils financiers solidaires.
L’apport des coopérateurs en fonction de leurs possibilités (de 500 € à 100 000 €).
Les subventions de l’ANAH, bonifiées par la communauté de communes dans le cadre de l’OPAH de renouvellement urbain.
L’apport des investisseurs éthiques.
Les aides de l’Etat pour l’accession sociale à la propriété.
Les prêts bancaires.
La mixité sociale et générationnelle de nos villes est gravement compromise par spéculation foncière, l’étalement urbain et le manque de volonté politique : il faut réhabiliter l’habitat collectif et le « vivre ensemble » !
Futurs habitants :
Louisa (3 mois) est la fille de Sylvie et Gérard. Elle ne le sait pas encore mais elle va grandir dans un immeuble coopératif, avec une salle de jeux partagée où elle côtoiera Elise et Marina les filles de Alice et Franck. La crèche puis la maternelle et l’école sont à 5 minutes à pied et comme ses parents travaillent (et militent) tous les deux, il n’y aura aucun problème pour attendre qu’ils rentrent dans l’appartement de Carole, Janine ou Alain…
Alain (72 ans) est seul depuis la mort de sa femme il y a deux ans, dans une trop grande maison. Il a choisi d’habiter un petit appartement dans le projet coopératif dont il sera « l’ancien » ou le « vieux sage » ou encore un « grand-père partagé ». Ancien ingénieur, passionné par la problématique du vivant, militant associatif et écologique, Alain apportera son expérience et surtout sa capacité d’écoute.
Marianne (49 ans) vit seule avec son fils de 13 ans. Elle vient de s’installer à son compte comme reflexologue. Mais il lui faudra encore un an ou deux avant de pouvoir se passer des aides sociales pour vivre. Son appartement comprendra une pièce pour son activité professionnelle.
Peter (49 ans) vit seul et s’occupe à mi temps de son fils de 7 ans. Après avoir été assistant d’anglais au Lycée, il fait une formation de psychothérapeute et compte s’installer d’ici une année. Ses qualités relationnelles seront précieuses au sein du groupe (très divers) de futurs habitants.
Rosa (62 ans) vit seule avec le minimum vieillesse. Propriétaire d’une petite maison dans un village isolé, elle va pouvoir la revendre pour habiter un petit appartement et profiter de la proximité des services et du train.
Etc…
Partenaires :
Pierre, notaire à Pamiers (de père en fils), mais surtout citoyen dans sa ville, engagé dans plusieurs œuvres caritatives. Le projet l’a séduit pour son côté social et surtout pour l’effet d’entraînement qu’il pourrait avoir sur la réhabilitation du centre ville. Il conseille le projet bénévolement et comptera parmi les investisseurs éthiques qui constitueront le capital de la SCI bailleur social.
Corinne, chargée de mission habitat à la communauté de communes. Le projet correspond point par point à la philosophie de l’opération d’amélioration de l’habitat et de rénovation urbaine dont elle a la charge. Elle s’implique fortement dans le montage du dossier ANAH et fait le lien avec les élus.
André, maire de la ville et président de la communauté de communes. Il trouve le projet utopique mais pressent que son succès pourrait être une clé pour l’attractivité du centre ville, dont il n’a pas réussi jusque là à inverser la détérioration.
José, entrepreneur en bâtiment, un des premiers à avoir tenté des rénovations de qualité dans le centre-ville pour y attirer une plus grande diversité de locataires. Il estime que notre projet peut faire basculer les choses du bon côté et nous apporte ses précieux conseils de professionnel.